Par Eric
Ruiz
Un curieux
message pour commencer l’année 2020,
Parce que,
je commencerais par dire ce que Michée disait il y a très longtemps déjà :
« L'homme de bien a disparu du pays, Et il n'y a plus de
juste parmi les hommes; Ils sont tous en embuscade pour verser le sang, Chacun
tend un piège à son frère… Ne crois pas à un ami, Ne te
fie pas à un intime ».
A-t-on touché vraiment le fond à ce point-là ?
Eh oui, ce
ne sont pas des bons vœux qui ont sonné à mes oreilles (j’aurai préféré), mais
en écoutant les informations concernant l’emprisonnement d’un homme politique
français, pour corruption, un mot a sonné bizarrement à mes oreilles, celui de « clientélisme ».
Il y a une
forme de pratique dont on n’aime pas parler ni s’entretenir : c’est bien celle
du clientélisme.
Qui y
a-t-il derrière ce mot (en apparence un mot fait pour le commerce plus que pour
parler de la foi) ?
La
clientèle, je vous l’accorde, n’est pas un mot à employer à l’origine pour des
croyants, mais plutôt pour désigner des agents économiques d’une branche
d’activité précise.
On parle
alors d’un commerce rendu fructueux par sa grande clientèle d’acheteurs.
Non, ici,
il y a un glissement obscur vers le bas, du statut de client.
Généralement
quand on parle de faire du clientélisme, c’est pour désigner un acte de gratitude et de reconnaissance envers une
ou plusieurs personnes… mais cette démarche est loin
d’être désintéressée.
Par
exemple, on ne va pas donner de l’argent en échange d’un service rendu ou d’un
bien acquis, mais là, on va faire un don simplement par pure générosité. C’est du
favoritisme.
En fait,
cette générosité, cet élan de cœur dissimule une intention cachée : celle
de s’accaparer les bons et les loyaux sentiments de celui qui est favorisé.
C’est un
acte de séduction.
Cet acte
on le sait, est très employé dans les milieux politiques pour « s’acheter
des voix » et pour que ces voix soient des porte-parole fidèles du
messager politique, du futur élu.
Mais si on
y regarde bien, « faire du clientélisme », ce n’est pas une
expression spécifique à une branche d’activité mais c’est un acte honteux qui
s’emploie dans tous les milieux.
Et comme c’est un acte peu reconnaissable, caché,
sournois, et disons-le, hypocrite…
La
religion, le religieux encore une fois, n’est pas exempt de ce stratagème.
Je dirais même qu’il est comme le
politique, qu’il en use et en abuse.
Cette
reconnaissance déguisée ne se matérialise pas forcément par un don d’argent
d’ailleurs;
C’est
aussi : donner à un croyant une forme de responsabilité. Par exemple le
nommer diacre, ou lui confier la direction des chants qu’on appelle très
pompeusement la louange ;
Pour celui
qui n’est jamais sur le devant de la scène, c’est lui permettre aussi
d’apporter parfois une petite parole d’encouragement qu’il a sur le cœur ;
pour d’autres se sera de chanter, de jouer d’un instrument de musique, de
s’occuper de la sonorisation ; de gérer la publication de tracts, de
revues, d’administrer le site internet etc.
Toutes ces
occasions cachent très souvent, hélas, une forme de clientélisme.
Car le but
premier, je le répète n’est pas de reconnaître le don de l’autre à sa juste
mesure, mais de l’impliquer, de le favoriser pour le manipuler.
C’est un
cadeau qu’on lui a fait ; et c’est comme ça que le don doit-être ressenti : comme une faveur, une action
honorifique.
Le clientéliste
sera alors amené à favoriser les responsabilités de son entourage pour atteindre
surtout une chose importante : Pour que la personne favorisée rende la pareille, en se
rendant fidèle à l’Eglise. Faire en sorte qu’elle se sente toujours
redevable ; et par conséquent d’éviter de sa part toute pensée l’amenant à
regarder ailleurs et à vouloir agir autrement.
D’une
certaine manière, on achète son silence (cette omerta tant connue et pratiquée
par les parrains de la mafia, se réitère ici…)
Quitter le
groupe qui lui a tant donné serait alors un véritable déchirement et la douleur
de rester dans une assemblée tiède, à moitié vraie, sera moins pénible ; et
même, cette douleur serait ressentie plus juste, que de prendre parti pour la
vérité.
Voilà,
comment on préfère se taire dans l’assemblée, plutôt que de parler et de
provoquer un trouble.
En parlant
de trouble :
De nos
jours, ce n’est pas un hasard si tant de femmes prêchent.
Elles sont
les plus nombreuses dans les assemblées, les plus revendicatrices aussi (n’y
voyez pas de misogynie de ma part).
Les
pasteurs ont trouvé un moyen de les rendre moins exigeantes, en les laissant s’exprimer
derrière la chair et pendant les cultes ; Elles professent le don qu’elles
croient avoir reçu de Dieu : la prophétie.
Quelle
Église de nos jours n’a pas sa prophétesse ?
Aujourd’hui,
tout est bon pour garder le troupeau dans son enclos religieux.
Même faire
venir des enseignants lointains, prestigieux, de confessions religieuses
différentes etc..
Oui, cette
forme de largesse, d’ouverture d’esprit et de générosité déguisée, est de la
corruption.
Parce
qu’elle est empreinte de manipulation et de coercition.
Jésus-Christ,
bien-sûr, lui aussi a été tenté comme tout être humain à subir les effets de
cette mauvaise complaisance.
« Le diable le transporta encore sur une
montagne très élevée, lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire et
lui dit : je te donnerai tout cela si tu te prosternes pour m’adorer ».
La réponse
de Jésus n’a pas été dans le sens de se justifier en disant par exemple : « Mais,
j’ai déjà tous les royaumes du monde. Tout ce qui est à mon Père est à
moi et je ne recherche pas ma propre gloire mais celle de mon Père qui m’a
envoyé».
Non, Jésus
a dénoncé directement le stratagème
« Retire-toi satan : c’est le Seigneur
ton Dieu que tu adoreras et c’est lui seul que tu serviras ! ».
Jésus n’a
pas considéré le cadeau offert, mais uniquement, la raison du cadeau :
adorer un autre Dieu.
Alors bien-sûr,
les mauvais esprits ne nous montrent pas, à nous, simple croyant, le règne sur
le monde entier, mais ils nous placent comme pour Jésus, sur une montagne très
élevée afin de nous montrer les royaumes qui sont à notre porté ;
Ils nous
placent sur un sommet pour nous faire ressentir la jouissance que procure la
domination.
Qu’est-ce
que c’est bon de se sentir la tête et non la queue ! Quelle jouissance de voir les autres convoiter
ce que nous avons reçu !
C’est
notre gloire qui nous séduit alors, et bien-sûr, nous nous mettons (sans y voir
toutes les conséquences nuisibles) un fil à la patte.
Ezéquiel
le prophète, montrait la femme adultère, la prostituée qu’est Israël mais aussi
ceux de l’Eglise aujourd’hui, car l’histoire et le comportement se répètent et
suivent les mêmes mauvais penchants (Il n’y a rien de nouveau sous le soleil) :
Ézéchiel 16 :33
«32 tu as été la
femme adultère, qui reçoit des étrangers au lieu de son mari. 33A toutes les prostituées
on paie un salaire; mais toi, tu as fait des dons à tous tes amants, tu les
as gagnés par des présents, afin de les attirer à toi de toutes parts dans
tes prostitutions. 34Tu as été le contraire
des autres prostituées, parce qu'on ne te recherchait pas; et en donnant un
salaire au lieu d'en recevoir un, tu as été le contraire des autres ».
Vous avez vu : un clientéliste, c’est
une prostituée qui donne un salaire à son client. Rien n’est caché pour Dieu.
Le soudoyeur croyant se protéger, se met encore plus en danger que le soudoyé.
« Que
sert-il à un homme de gagner tout le monde, s'il perd son âme? »
disait Jésus.
Alors il y a une expression mieux connue que
le clientélisme pour exprimer une faveur par l’argent, par les présents, ou par
une meilleure place : c’est « graisser
la patte de quelqu’un ».
La graisse de l’animal a depuis longtemps
fait référence à la richesse.
Mais on pense que cela venait du moyen-âge, alors
que l’origine date de beaucoup plus tôt encore.
La graisse devait être mise à part par le
donateur comme par le sacrificateur au temps de Moïse.
Lisons : Lévitique 7 :22-25
« L'Eternel dit à Moïse: «Transmets ces instructions aux
Israélites: Vous ne mangerez aucune graisse de bœuf, d'agneau ou de
chèvre. La graisse d'une bête trouvée morte ou
déchiquetée pourra servir à n'importe quel usage, mais vous ne la mangerez
pas. Si quelqu'un mange de la graisse des
animaux qu'on offre à l'Eternel en sacrifices passés par le feu, il sera exclu
de son peuple ».
A la lecture de ce
passage on comprend mieux que graisser la patte signifierait : offrir à
manger la graisse de l’animal qui a été offert en offrande.
En fait :c’est
vouloir donner plus que ce que vaut l’offrande.
Voilà la signification de graisser la patte : c’est
montrer par la graisse une intention différente, celle d’acheter autre chose
que le rachat de ses fautes, acheter
les faveurs de celui qui va bénéficier de l’offrande.
Le pot de vin a exactement la même signification.
Autrefois, le fait d’offrir un verre à une personne,
signifiait tout simplement : qu’on lui offrait une place privilégiée.
Si vous
croyez en Dieu ne vous compromettez pas en offrant des cadeaux en vue d’obtenir
un avantage.
De là même
manière ne vous laissez pas corrompre en acceptant des largesses des autres.
C’est un péché qui vous fera perdre votre âme si vous persévérez dans
ce genre d’ignominie!
Michée 7 :3 « Leurs mains sont habiles à faire le mal: Le
prince a des exigences, Le juge réclame un salaire, Le grand manifeste
son avidité, Et ils font ainsi cause commune. »
Le juge, celui qui fait office d’annoncer la vérité, il
réclame un salaire. Cela parait juste, mais là aussi la traduction n’est pas appropriée.
Le mot hébreu d’origine est shalaam [shil-loom’] qui a le sens de :
cadeau, pot de vin.
Le prophète, celui qui enseigne la Bible réclame un pot de
vin.
N’est-ce pas le caractère de notre époque aussi ?
Politiques, lobbyistes, banquiers ne sont-ils pas en
conflit d’intérêts permanents ?
C’est un pléonasme de dire que leur trait d’union à tous
est le cadeau, le pot de vin.
C’est vrai
aussi, que la pratique de faire des cadeaux est une vieille tradition.
Au temps
du premier roi d’Israël, Saül avait toujours un cadeau à offrir au prophète
quand il allait lui rendre visite. (1 Samuel 9 :7)
Mais
est-ce pour autant que toutes les traditions soient bonnes ?
Nous
connaissons justement les intentions trompeuses de Saül. Ces intentions sont
inscrites dans le cœur tortueux de l’homme.
Proverbes
17 :23 « Le méchant accepte en secret des
présents, Pour pervertir les voies de la justice. »
Il y a
toujours eu deux façons de faire du commerce et la Bible emploie deux mots
différents : acheter-vendre et trafiquer.
Ezéchiel au
chapitre 27 nous montre la prophétie de malheur qui pèse sur Tyr ce grand port
de commerce qui trafiquait ;
Ezéchiel affirme qu’il y a un cantique
funèbre pour ceux de Tarsis qui trafiquaient, tout comme Javan, Tubal et Meschec qui donnaient en
plus des esclaves et des ustensiles d’airain. Ceux de la maison de Togarma
offraient des chevaux, des cavaliers, des mulets ; les enfants de Dedan
offraient des cornes d’ivoire et de l’ébène etc, etc.
Quant à Michée
le prophète, il continue dans sa description et insiste (comme tout prophète
d’ailleurs), sur les châtiments à venir :
«L'homme
de bien a disparu du pays, Et il n'y a plus de juste parmi les hommes… Le meilleur
d'entre eux est comme une ronce, Le plus droit pire qu'un buisson d'épines. Le
jour annoncé par tes prophètes, ton châtiment approche. C'est alors qu'ils
seront dans la confusion.… »
Ne croyez
pas que je suis en train de vous juger et de juger les autres pour me placer en
justicier et en donneur de leçons.
J’ai
moi-même subi ce genre d’oppression engendrée
par le clientélisme. Et je m’en suis plus que contenté. Je jouais de la batterie
dans l’assemblée, je m’occupais du site internet et je jouissais d’autres
faveurs.
J’acceptais
qu’on me graisse la patte même si parfois je me sentais repris.
J’ai aimé
être dans ce genre de situation où l’on se sent favorisé par rapport aux autres,
où l’on se sent utile pour Dieu, utile dans « la main de Dieu »
(c’est ce que je croyais avant, dans mes ténèbres).
Mais comme je vous l’ai dit : manger
à la meilleure table ou s’asseoir aux premières places, possède un revers de
médaille.
C’est de
ne plus pouvoir se défaire d’un lien : invisible pourtant, mais un lien
tellement efficace avec celui ou celle qui vous a favorisé.
Moi, je
suis déterminé :
Je ne veux pas être celui qui fera
comme on m’a fait ;
c’est pourquoi ce message est important.
En
dénonçant l’imposture, on se place soi-même du côté de la lumière ; et on
se pose la question (tout comme on pose la question à son entourage) :
Suis-je, par mes cadeaux, par mes actes de générosité, en train de vous mettre
un fil à la patte ? Vous sentez-vous redevable ?
Je vais
aller même, plus loin…
Suis-je
par mes messages, par le fait de vous interpréter certaines de vos visions, et
de vos songes comme une araignée qui aurait tissé une toile entre vous et
moi ?
Si la
réponse est oui, alors éloignons-nous de ce mal !
Remettons
les pendules à l’heure ; Et brûlons
cette graisse sur l’autel, qui ne
serait être mangée par personne.
En clair, nous ne nous
devons rien, aucune obligation l’un vis-à-vis de l’autre.
La seule
fidélité à avoir est envers notre Seigneur et envers celles et ceux avec qui
nous avons tissé un vrai lien d’amour (par le mariage par exemple).
Nous nous
devons, ce que notre cœur nous demande lorsqu’il nous appelle à la fidélité et
à l’amour.
C’est le
sens de notre baptême d’eau ; celui de s’engager pour ceux que Dieu aime,
de les chérir comme lui-même nous chéri.
Mais attention, il n’y a pas de
favoritisme.
Dieu ne fait pas de favoritisme. Il
se montre intransigeant avec le péché :
Si nous nous éloignons de Dieu
par le péché, même après vingt ans, trente ans de fidélité, ou même plus ;
et qui que nous soyons : frères, sœurs, pasteurs, évangélistes,
docteurs, prophètes, il ne pourra plus nous chérir. Il l’a annoncé avec Moïse,
celui qui mange la graisse des offrandes sera exclu de son peuple.
Amen
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