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Par Éric
Ruiz
Je ne rends plus grâce comme je le faisais pourquoi ?
Ce mercredi 12 mars, Dieu m’a montré que rendre grâce n’est pas pratiqué dans la vérité.
Certes, nous
devons rendre grâce en toute chose. Combien de fois ai-je entendu cette
exhortation, tirée de la première épître aux Thessaloniciens 5 :18 « Rendez grâces en toutes choses, car c'est à votre égard la
volonté de Dieu en Jésus-Christ. »
Je pense,
comme beaucoup d’entre vous, l’avoir entendu très souvent. Un chrétien ne cesse
de rendre grâce nous dit-on. Il doit témoigner de sa reconnaissance, c’est une
obligation, une loi venant du cœur, c’est
son sacerdoce premier. S’il ne le fait pas… une terrible conséquence lui pend
au nez ; il attristera l’Esprit Saint. « N'éteignez pas l'Esprit. »
C’est le verset qui suit cette exhortation.
Alors, si
un chrétien ne rend pas grâce dans l’assemblée, on ne tardera pas à le
reprendre et à lui dire d’ouvrir sa bouche plus souvent, sinon sa bénédiction lui
sera ôtée.
« Je vous en conjure par le Seigneur, que cette lettre soit
lue à tous les frères. » Paul finit sa lettre ainsi, n’est-ce
pas encore là un signe d’importance ?
Oui mais,
derrière cette formulation qui consiste à remercier fréquemment Dieu de tous ses
bienfaits ; à lui être reconnaissant pour ce que nous sommes ; à le
remercier d’avoir le gite et le couvert, la santé, le bien-être, de quoi vivre
décemment ; de pouvoir subsister soi et sa famille ou d’avoir une belle
situation professionnelle. Cette reconnaissance s’arrête-t-elle là ?… S’arrête-t-elle
sur une bénédicité, une simple prière avant de passer à table par exemple,
comme cette prière si souvent récitée : « Bénissez-nous, Seigneur, bénissez ce repas,
ceux qui l'ont préparé, et procurez du pain à ceux qui n'en ont pas ! Ainsi
soit-il ! « ? Ou lors d’un culte ou avant une messe, où l’on
voit les mains se lever et des voix chanter mille louanges de
remerciements ?
Cela me
fait penser à une situation, celle d’un enfant qui après avoir reçu un cadeau
remercie son père et s’en va, puis à chaque fois qu’il le croise dans la
journée, il ne cesse de le remercier à nouveau.
Ce serait
risible et ridicule n’est-ce pas ? Ce serait même énervant pour le père
qui prendrait son fils à part pour lui dire que le remercier une fois, ça va… Ensuite
cette rengaine devient pénible à entendre. Je ne suis pas sourd ou débile
dira-t-il.
Dieu
n’est-il pas notre Père ? Est-il si différent du père charnel qu’il a créé
sur la terre ? N’a-t-il pas cette relation de proximité avec nous ?
N’a-t-il pas lui aussi cette lassitude de nous entendre le remercier à longueur
de journée ?
Ce qui me
pose problème avec ces coutumes religieuses c’est la vision de la grâce.
Est-ce la
vraie vision de la grâce ?
Car la
grâce n’est-elle pas un don que nous avons reçu du ciel ? Et ce don
s’arrête-t-il juste à notre louange des lèvres ? Si c’est le cas, alors
notre louange ne répond qu’à des émotions ou à des ressentis. Rendre grâce
est-il toujours ce mélange opaque entre contentement et désir ? Notre
remerciement alors n’est-il pas balloté entre à la fois la reconnaissance du
bonheur et la peur de le voir disparaitre ou de ne jamais le posséder.
D’autres
religions ancestrales avaient mis un point d’honneur dans la recherche du
rendre grâce. Des religions polythéistes comme les Assyriens Babyloniens par
peur de perdre la protection de leur dieu ou de leur déesse, rendaient grâce
continuellement. Malheureusement à bien des égards le christianisme a été touché
par cette peur de perdre le don de l’esprit et la séduction est venue. La
séduction d’avoir un rite protecteur chrétien. Mais ne ressemble-t-il pas comme
deux gouttes d'eau aux rites babyloniens d’autrefois ?
Là aussi la
vérité n’est pas si loin. Il est important de s’intéresser à la fois au prétexte
et au contexte pour bien saisir le propos de Paul de Tarse.
Le
prétexte : c’est
l’occasion pour l’apôtre de repréciser la juste direction à prendre pour ne pas
s’endormir comme certains, et de veiller spirituellement ; D’être des
enfants de lumière et non de ténèbres (v 6).
Le contexte : Paul nous le donne puisqu’il
pousse ses frères non pas à louer Dieu comme un vis-à-vis invisible, mais à agir envers les autres qui eux sont
bien visibles.
Aux
versets précédent ; Paul les exhorte ainsi : « 11C'est
pourquoi exhortez-vous réciproquement, et édifiez-vous les uns les autres,
comme en réalité vous le faites.
12Nous vous prions, frères, d'avoir
de la considération pour ceux qui travaillent parmi vous, qui vous dirigent
dans le Seigneur, et qui vous exhortent. 13Ayez pour eux beaucoup d'affection,
à cause de leur œuvre. Soyez en paix entre vous. 14Nous vous en prions aussi, frères,
avertissez ceux qui vivent dans le désordre, consolez ceux qui sont abattus,
supportez les faibles, usez de patience envers tous. 15Prenez garde que personne ne rende
à autrui le mal pour le mal; mais poursuivez toujours le bien, soit entre vous,
soit envers tous. 16Soyez toujours joyeux. 17Priez sans cesse. Et RENDEZ GRACE
EN TOUTE CHOSES ».
Comprenez bien que le contexte de ces versets
nous montre par des exemples un prétexte qui aboutit à la conclusion :
c’est ainsi que vous rendrez grâce en toute chose (en étant joyeux, en prenant
garde que personne ne rende le mal pour le mal, etc).
Paul ne termine pas sa lettre par cette prière sans lien avec ce qu’il a dit avant : « 28 Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous! ». Ce n’est pas un tic de langage comme on l’entend bien souvent à la fin d’une rencontre entre frères et sœurs. C’est le prétexte de son texte. Que la grâce de notre Seigneur s’exprime par vous, qu’elle se voit dans la relation que vous avez avec autrui. Alors vous rendrez grâce en toutes choses.
Mais, revenons à l’histoire du père et de son
enfant. Si le père voit son enfant qui a reçu son cadeau, s’il le voit le partager
avec ses autres frères et sœurs… comment ? En étant très patient à leur
égard, en les reprenant quand ils agissent mal, en les avertissant quand ils
vivent dans le désordre, en manifestant de l’affection et de l’intérêt pour
chacun, en les consolant lorsqu’ils sont tristes, et en partageant le plus de
joie possible avec eux. Ce père n’est-il
pas alors dans la louange pour ce fils ou cette fille qui ressemble tant à lui
et qui prête un tel intérêt au cadeau qui lui a été offert ? Ce cadeau
c’est la grâce ; Et ce fils a été gracié et le voilà graciant les autres à
son tour. Et la boucle est bouclée quand les autres frères et sœurs, loin de se
rebeller face aux avertissements, acceptent et aiment être repris par leur
frère.
« Rendez grâce en toute chose » :
c’est exercer le plus grand don que vous avez reçu de Dieu.
« Vous avez reçu gratuitement, donnez
gratuitement. » (Matthieu 10 :8)
Ce que nous avons reçu c’est cette grâce d’aimer comme
notre Père aime. C’est ce don qui ne doit jamais cessé, sous peine de voir l’Esprit
du Seigneur s’éteindre en soi. « Abstenez-vous de toute espèce de
mal » encore un verset du même chapitre des Thessaloniciens,
qui va lui aussi dans ce sens de la grâce ; Vous avez reçu le bien, ne
cessez de le distribué »
Car : C’est ne plus être
sensible à son prochain qui fait que nous ne rendons plus grâce.
Nous
devons être avant tout pragmatique dans notre foi et arrêter de chercher des
moments de prières ou de méditations qui ne nous inspirent rien d’autres que
des mots de remerciements ou un état de paix et de contentement personnel.
Car arrivé
à ce stade, nous sommes dans une auto contemplation et une auto satisfaction.
Nous avons
taillé un Dieu à notre image ; celui d’un père se contentant juste d’un
petit merci de notre part.
Non, Dieu
est très pragmatique. Il se réjouit quand un de ses enfants est sauvé ; il
se réjouit quand des hommes se lèvent pour délivrer un peuple opprimé, quand
une veuve retrouve la nourriture pour elle et ses enfants, alors que la famine
l’en avait privé.
Soyons
comme lui est. Rendons grâce à Dieu d’avoir pu nourrir un affamé, d’être son
bras armé lorsqu’une personne est en danger, d’avoir pu être sa présence qui
console auprès d’un délaissé, d’avoir été là pour relever une personne tombée. D’avoir
pu parler à son enfant rebelle en ne tenant pas compte de ses fautes.
Il y en a des exemples multiples et variés de rendre grâce.
Alors,
bien-sûr la grâce nous fait repenser au manque de foi et à ses
conséquences ; Pourquoi ma famille est divisée ? Pourquoi j’ai des
échecs récurrents ? Pourquoi je souffre continuellement dans mon
corps ? Pourquoi suis-je si accablé alors que je loue mon Seigneur chaque
jour ?
Paul dans
sa lettre aux Thessaloniciens ajoute au verset 20 une chose qui semble rien à
voir avec la grâce ; il écrit : « Ne méprisez pas les
prophéties ».
Qu’est-ce que les prophéties ont à voir avec la
grâce ?
La grâce n’est-elle pas un don qui se donne en toute
libéralité sans que l’on ait besoin de nous la prophétiser ?
Ecoutez bien ceci : la prophétie est nécessaire …
quand on entend plus rien ou quand on pense n’avoir plus besoin de rien.
Parce ce
que : Etes-vous à l’écoute quand quelqu’un vient vers vous pour vous
reprendre et vous mettre en garde sur le fait que vous ne rendez pas grâce en
toute chose ? Ou parce que vos prières et vos louanges font grincer les
dents de Dieu ?
Est-ce
encore un fait unique dans l’histoire, quand le prophète Esaïe commence son
livre par cette mise en lumière ?
Esaïe 1 : 11 « Qu'ai-je affaire de la multitude de
vos sacrifices? dit l'Eternel. Je suis rassasié des holocaustes de béliers et
de la graisse des veaux; Je ne prends point plaisir au sang des taureaux, des
brebis et des boucs.
12Quand vous venez vous présenter
devant moi, Qui vous demande de souiller mes parvis?
13Cessez d'apporter de vaines
offrandes: J'ai en horreur l'encens, Les nouvelles lunes, les sabbats et les
assemblées; Je ne puis voir le crime s'associer aux solennités.
14Mon âme hait vos nouvelles lunes et
vos fêtes; Elles me sont à charge; Je suis las de les supporter.
15Quand vous étendez vos mains, je
détourne de vous mes yeux; Quand vous multipliez les prières, je n'écoute pas:
Vos mains sont pleines de sang. »
La suite du texte, c’est L’Eternel Dieu qui leur demande de rendre
grâce correctement, en toute vérité. Comment le fait-il ?
16Lavez-vous, purifiez-vous, Otez de devant mes yeux la méchanceté de vos actions; Cessez de faire le mal.17Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, Protégez l'opprimé; Faites droit à l'orphelin, Défendez la veuve »
Les textes bibliques ne peuvent pas être plus
clairs. Esaïe comme Paul parlent de la même manière sur l’importance de rendre
grâce en toutes choses. Il n’y a qu’une sorte de manière pour rendre grâce et
on ne peut tricher avec elle bien longtemps. Pourquoi ?
Parce « qu’un homme ne peut recevoir que ce qui lui a été donné
du ciel » Jean 3 :27 ; et par conséquent il ne peut
donner que ce qui provient de Dieu ; or, s’il n’a rien à donner ; il
rendra grâce par des rituels, par des lois, par une copie de l’original, par un
faux sacrifice de son amour. Ses efforts pour faire le bien l’épuiseront. Il
passera vite à autre chose. C’est pourquoi (on vient de le lire dans Esaïe 1)
rechercher la justice demande de se laver et de se purifier.
Alors pour résumer : ne plus être sensible à son prochain fait éteindre l’esprit. Nous ne rendons plus grâce à Dieu alors, nous ne formulons que des prières et des louanges sans contenus qui sont en horreur à notre Seigneur. C’est (il faut le dire alors) un rejet de la grâce que nous apportons en cadeau. Un cadeau qui a changé puisque l’esprit est abandonné aux profits de nos convenances personnelles. C’est tout bonnement tomber dans l’apostasie.
Alors ma prière celle qui m’est venue spontanément à la bouche, avant de m’endormir a été de rendre grâce à mon Dieu de pouvoir à mon tour rendre grâce en m’occupant de ses enfants, en ayant de la considération pour tous, en me centrant sur ses affaires, en pratiquant le bien autant que je puisse le faire.
Examinons les moments où Jésus a rendu grâce à son Père ;
Première constatation : il ne l’a
jamais fait seul.
-Parmi ces moments, un se trouve écrit dans Jean 11 :
41. C’est au moment où le fils de Dieu fit sa prière pour ressusciter
Lazare : « Ils ôtèrent donc la pierre.
Et Jésus leva les yeux en haut, et dit: Père,
je te rends grâces de ce que tu m'as exaucé. ».
Ayons le plus possible cette pensée en nous : Jésus a rendu grâce de ce que son Père l’exauçait
et agissait avec lui pour les autres. Jésus a reconnu le cadeau qu’il
offrait ; Ce cadeau de résurrection provient du Père et c’est lui le fils
de Dieu qui l’offre de sa part.
-Le deuxième moment où Jésus-Christ a rendu grâce se trouve
au passage de la multiplication des pains. Avant de nourrir la foule Jésus prit
les pains et rendit grâces puis
distribua à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule. Là aussi le
cadeau que le père va multiplier par un miracle s’offre par Jésus et ses
disciples. C’est cette grâce partagée dont il est encore question.
-Enfin, troisième moment (et pas des moindres) lors de la
dernière cène, Jésus prit le pain, rendit
grâce, le rompit et le donna à ses disciples en disant : « prenez, mangez, ceci est mon corps ». Il
fit de même avec le vin.
Ce dernier exemple du rendre grâce nous montre un
accomplissement parfait. Non pas à partir d’un simple partage de nourriture,
mais à partir d’un symbole beaucoup plus fort.
Sa chair donnée et son sang versé l’a été pour nous. Il
s’est engagé à tout faire pour nous.
Par conséquent, manger le corps du Christ nous engage. Il
nous engage totalement dans une action commune de grâce, impliquant Dieu et aussi
notre propre sacrifice. La grâce sans le sacrifice de Jésus ne nous permet pas
de sacrifier aussi nos vies, pour exercer la grâce à notre tour. C’est le
sacrifice, le sang de l’alliance qui nous amène à vivre une grâce entière et
complète. C’est ainsi et seulement ainsi que notre foi sera pleine de grâce et
de vérité.
Le cadeau que nous recevons et que nous partageons n’est
pas le nôtre. Alors
rendons grâce ensemble, d’un même cœur pour les prodiges que Dieu
fait à travers nous pour nos frères.
Amen