lundi 10 mars 2025

VA-T-ON CONNAÎTRE HARMAGUEDON ?

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Par Éric Ruiz 

Le temps est encore venu de reparler d’Harmagueddon ou de Meguiddo.


Ces deux lieux mythiques n’en forment qu’un seul dans les faits. Harmagueddon est un mot dérivé de Har-Meguiddo, en hébreux, montagne de Meguiddo.  Ces deux termes vont dans le sens « d’un rassemblement de troupes ». Ces lieux sont souvent cités pour désigner la plus grande bataille des nations de la fin des temps.  Le concept religieux de l’apogée de la grande tribulation. Une coalition impressionnante de pays partenaires et adversaires qui s’affronteront à l’image d’une troisième guerre mondiale. Cette bataille finale terminée, elle devrait laissée place au règne de Dieu.

Ce site est néanmoins un lieu géographique qui se trouve au nord d’Israël, c’est une colline qui surplombe une grande vallée : la plaine de Jezréel, un lieu de jugement.

Alors, la question que l’on doit se poser est : Est-ce vraiment le lieu d’extermination de tous ces méchants hommes qui font parties des nations et qui vont se battre pour ne laisser la victoire qu’au peuple de Dieu, aux véritables croyants, qui eux seront protégés quoi qu’il arrive, d’une telle mise à mort ? Est-ce la mise à mort des incrédules, des violents, des sans foi, des idolâtres ?

On ne peut répondre à cette question sans se référer aux différents récits bibliques qui parlent de ce lieu.

Et surtout un récit très embarrassant pour les croyants de la Bible qui se trouve dans le  deuxième livre des rois au chapitre 23 et dans le deuxième livre des Chroniques au chapitre 35.

Pourquoi ce récit est-il si embarrassant ?

Parce qu’à Meguiddo est tombé le plus prestigieux roi de Juda : Josias.

Josias, loin d’être un roi rebelle et idolâtre fut au contraire le plus grand roi de Juda par son intégrité. Une figure emblématique pour le peuple juif.

Le verset 2 du 34ème chapitre du deuxième livre des Chroniques est sans détour : « Josias fit ce qui est droit aux yeux de l'Eternel, et il marcha dans les voies de David, son père; il ne s'en détourna ni à droite ni à gauche ».

Josias signifie L’Eternel guérit. Sa mission de guérison s’est manifestée à travers une œuvre spectaculaire de purification pour son peuple.

Le roi Josias fut roi à 8 ans. Mais dès l’âge de 20 ans, il renversa les autels des faux dieux, les statues consacrées, il brisa les idoles et leurs images en métal fondu. Arrivé à Jérusalem,  à l’âge de 26 ans il restaura le temple, et il replaça la loi et le livre de l’alliance donné à Moise à la place que Dieu l’avait décidé. Et surtout n’oublions pas qu’il restaura parfaitement la Pâque et la célébra comme elle l’était à l’origine.

 2Chroniques 35 : 18 ; « Aucune Pâque pareille à celle-là n'avait été célébrée en Israël depuis les jours de Samuel le prophète; et aucun des rois d'Israël n'avait célébré une Pâque pareille à celle que célébrèrent Josias, les sacrificateurs et les Lévites, tout Juda et Israël qui s'y trouvaient, et les habitants de Jérusalem. ».

Josias, par conséquent rétabli la vérité perdue et il eut un règne exemplaire qui dura 31 ans à Jérusalem. 31, un nombre qui me rappelle que c’est le moment où Dieu visite l’état de ses troupes, où il les passe en revue pour décider de leur sort. Et là, pourquoi Josias s’est-il retrouvé au milieu d’un combat entre Assyriens, babyloniens et Egyptiens ? (livre de Jérémie 46 :2).

Que faisait-il là comme si il y avait eu un loupé dans son parcours ? Comme si Josias avait été trompé pour qu’il écoute une mauvaise voie ?

Lisons le passage : 2 Chroniques 35 : 20 « Après tout cela, après que Josias eut réparé la maison de l'Eternel, Néco, roi d'Egypte, monta pour combattre à Carkemisch sur l'Euphrate. Josias marcha à sa rencontre; » Le roi d’Egypte Neco ne vient pas rencontrer Josias. Il vient soutenir les assyriens contre l’avancée babylonienne. C’est Josias qui vient couper la route des Egyptiens.

21 « Et Néco lui envoya des messagers pour dire: Qu'y a-t-il entre moi et toi, roi de Juda? Ce n'est pas contre toi que je viens aujourd'hui; c'est contre une maison avec laquelle je suis en guerre. Et Dieu m'a dit de me hâter. Ne t'oppose pas à Dieu, qui est avec moi, de peur qu'il ne te détruise. ». La maison dont parle Néco, c’est Babylone. Néco précise que Josias n’a pas à s’interposer car ce n’est pas son affaire. Néco est en paix avec le roi de Juda, il n’est pas en conflit avec Josias. Bien au contraire, il vient protéger Israël. Il précise d’ailleurs que Dieu lui a même demandé de se dépêcher.

23 « Mais Josias ne se détourna point de lui, et il se déguisa pour l'attaquer, sans écouter les paroles de Néco, qui venaient de la bouche de Dieu. Il s'avança pour combattre dans la vallée de Meguiddo. ».

Les paroles venaient de Dieu et Josias ne les écouta pas. Pourquoi a-t-il agit ainsi ? Pourquoi Josias s’est-il obstiné à attaquer Pharaon malgré tout ?

Le pire s’est que Josias s’est livré lui-même à la mort en agissant ainsi. La suite du texte biblique nous dit qu’il fut mortellement blessé et ramené sans vie à Jérusalem.

Alors, certains théologiens vont jusqu’à affirmer que c’était la volonté de Dieu qu’il finisse ainsi parce qu’une prophétie l’avait averti qu’il ne verrait pas les malheurs qui arriveront par la suite sur son peuple (en l’occurrence l’exil à Babylone).

Mais cette interprétation est cruelle, et  contredit la manière d’agir du Dieu de la Bible. Rappelons que Dieu a aussi dit au roi Salomon qu’à cause de son idolâtrie, il serait  sévèrement châtié mais qu’il ne verrait pas la division de son royaume de son vivant, en souvenir de son père le roi David.

Moi, ce que je crois, c’est que Josias avait pour mission de rétablir le temple. Sa mission s’arrêtait là. Et, sa mission n’était pas en péril avec la venue de Pharaon. Puisque le roi d’Egypte Néco n’avait aucune intention de s’attaquer au temple de Jérusalem.

La raison la plus probable est que Josias n’a pas écouté l’avertissement de Pharaon parce qu’il s’est donné une autre mission.

L’orgueil, la convoitise et l’idolâtrie ont gagné son cœur.

La convoitise, car Josias voulait sans doute reconquérir des territoires perdus. Idolâtre parce que qu’il se croyait plus fort que Pharaon ou que les autres rois ; qu’il surestimait ses forces ; que sa réussite et son pouvoir lui ont monté à la tête.

En un mot, Josias a succombé à la tentation.

Il a eu à ce moment-là les mêmes désirs que le roi Jéroboam qui signifie le peuple s’accroit. Il voulait régner sur un peuple plus nombreux.

Josias s’est alors retrouvé là où il n’aurait jamais du être s’il avait continué à être intègre et à obéir à Dieu.

Har-Meguiddo est donc un lieu de jugement. Mais n’ayons pas les yeux que sur ce lieu spécial au nord d’Israël, sous prétexte qu’il a toujours été le théâtre de nombreuses batailles.

Ce lieu est autant symbolique que réel. Ce point de séparation est une frontière antant géographique que spirituelle. Les limites sont celles qui séparent la sainteté de la souillure.  Cette montagne d’har-meguiddo montre surtout le rendez-vous que Dieu donne à ses adorateurs.  S’ils rentrent en conflit avec un autre peuple, c’est encore une fois des croyants qui vont s’y perdre, parce qu’ils n’auraient jamais dû y être présents. Pourquoi deviennent-ils violents ? Parce qu’ils sont devenus de faux adorateurs. Ce qui est le plus troublant, c’est que ces croyants-là ont obéi au départ à l’appel qu’ils ont reçu. Ils ont mené à bien leur mission. Ils ont répondu favorablement à leur ministère. Ils ont été zélés et parfois même adulés par un peuple nombreux. Ce sont de véritables hommes de foi.

Mais… ils ont succombé à la tentation, ils se sont donnés une autre mission. Dieu les a avertis et ils n’ont pas écouté l’avertissement. Ils se sont dits : c’est une prophétie venant d’un peuple idolâtre, comme les Egyptiens.

Leur prophétie ne vaut rien par rapport au ministère qu’ils ont reçu de Dieu et qu’ils ont manifesté à l’exemplarité. Ils n’ont de conseils à recevoir de personne. Dieu leur parle directement. Leur ministère est au-dessus de celui du simple croyant.

Mais je crois vraiment que pour Josias, les nombreuses prophéties concernant son peuple rebelle devaient à un moment le concerné aussi. Lui, le juste, qui a replacé les sacrifices d’animaux à leur place, il devait se sentir tellement au-dessus des autres. Josias s’est installé progressivement dans une attitude où il a contribué malheureusement a rassemblé son peuple pour l’exil.

Ecoutons la prophétie de Jérémie 25 :3 : « Depuis la treizième année de Josias, fils d'Amon, roi de Juda, il y a vingt-trois ans que la parole de l'Éternel m'a été adressée ; je vous ai parlé, je vous ai parlé dès le matin, et vous n'avez pas écouté. 4 L'Éternel vous a envoyé tous ses serviteurs, les prophètes, il les a envoyés dès le matin ; et vous n'avez pas écouté, vous n'avez pas prêté l'oreille pour écouter. 5 Ils ont dit: Revenez chacun de votre mauvaise voie et de la méchanceté de vos actions, et vous resterez dans le pays que j'ai donné à vous et à vos pères, d'éternité en éternité ; 6 n'allez pas après d'autres dieux, pour les servir ». 

Cet orgueil, cet excès de vanité a touché même celui qui a rétabli la parole de Dieu. Il s’est cru en dehors des prophéties de Jérémie. Il n’a pas assez veillez sur lui-même.

 

 Alors pour en revenir à la question de départ : ce lieu de jugement est-il la bataille du bien et du mal et ne s’adresse-t-il qu’à des démons avides de sang et de gloire ? Qu’à des gens méprisables ?  

Les récits bibliques nous montrent bien des nuances.

La première nuance c’est de ne pas se croire invincible par notre foi.

C’est de savoir qu’aucun être humain n’est à l’abri de tomber. Qu’il soit païen, idolâtre, simple croyant, mais aussi qu’il soit prophète, pasteur, docteur de la loi, roi, rien ne fait de lui un intouchable. Et se dire qu’avec l’Esprit saint, on est plus à l’abri qu’avant, qu’au temps de l’ancien testament, c’est un déni. La tentation est toujours la même.

Une autre nuance, c’est que cette tentation consommée aboutit à la longue à la déportation de tout un peuple comme ce fut le cas  pour celui de Josias ; un peuple qui fut persécutés par les égyptiens puis par les babyloniens.

Ne nous leurrons pas, cette persécution visible aujourd’hui sur beaucoup de chrétiens est la volonté de Dieu. Ces chrétiens n’ont pas écoutés les prophètes qui les reprenaient dans leur égarement et ils sont persécutés. Ils crient à l’injustice, mais pour Dieu ils n’ont que ce qu’ils méritent. Ils ont à la bouche des mots violents.

 

 Et ce qui sort de la bouche de ses esprits impurs rassemblés à Harmagueddon sont encore et toujours des mots violents issus de la convoitise, de l’orgueil et de l’idolâtrie.

Apocalypse 16 : 14 « Car ce sont des esprits de démons, qui font des prodiges, et qui vont vers les rois de toute la terre, afin de les rassembler pour le combat du grand jour du Dieu tout-puissant. 15 Voici, je viens comme un voleur. Heureux celui qui veille, et qui garde ses vêtements, afin qu'il ne marche pas nu et qu'on ne voie pas sa honte ! 16 Ils les rassemblèrent dans le lieu appelé en hébreu Harmaguédon. ».

Il se passera sans doute encore des combats terribles dans cette région du monde près de l’Euphrate, mais il se passera aussi des jours terribles pour ceux qui se joignent au mal croyant faire une œuvre juste.  Ils seront comme Josias, attisés par une sainte vengeance ou par une juste cause pour protéger leur bien. Mais au final Harmaguedon, c’est synonyme du combat final. C’est le dernier combat de notre existence si nous sommes dans cet état.

Comment se préserver de cet fin honteuse alors ?

Heureux celui qui veille, et qui garde ses vêtements, afin qu'il ne marche pas nu et qu'on ne voie pas sa honte, c’est la voie de la sagesse. Pourquoi ? Parce que le jugement de Dieu vient comme un voleur au moment où on ne s’y attend pas. Et celui qui veille ne sera pas trouvé nu. Nu, s’est être sans sagesse, être charnel et sans protection divine, être sans la foi véritable, sans les armes du Saint-Esprit.

Alors mes frères et sœurs ne nous retrouvons pas là où nous n’aurions jamais dû être. Rassemblés au milieu dans un combat qui n’est pas le nôtre. Mais mon message ne doit pas non plus vous tétanisé par la peur ou vous décourager, parce que la tâche est trop difficile ou parce que les exemples de chute pullulent.

Avant que l’apôtre Pierre renie Jésus par 3 fois, le fils de Dieu lui dit : « Simon, Simon, Satan vous a réclamés, pour vous cribler comme le froment. (Pour attiser la colère de Dieu) 32Mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point; et toi, quand tu seras converti, affermis tes frères. ».

Notre foi ne doit pas défaillir. Jésus-Christ nous aidera à réussir si nous persévérons et si nous nous affermissons mutuellement.

Amen