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Par Eric Ruiz
Lors de mon dernier message je vous parlais de la cruauté dans l’Église. Une cruauté souvent cachée dans des comportements étonnamment bienveillants mais dont les intentions sont maléfiques. Cette cruauté ne va pas non plus, sans que le discours, la parole elle-même soit cruelle. Le faux évangile prêché est par essence cruel.
Cet évangile-là se réjouit que certains soient toujours esclave de leur péché.
Il se réjouit qu’une race soit condamnée
à périr définitivement. Il se réjouit que Christ ne revient que pour certains,
en méprisant les autres.
Ses partisans se réjouissent d’être la
seule génération où Christ viendra se révéler à elle et chercher ses élus.
Un disciple mature ne devrait pas se poser la question de la vérité, ou bien de savoir si un dogme apporté par un mouvement chrétien est vrai ou faux. Et pareillement, passer son temps à scruter les Écritures bibliques pour se persuader que les versets vont dans le même sens, ce n’est pas la bonne manière de chercher la vérité.
Pourquoi ? Parce que si un iota de cruauté émane de cet évangile apporté, il est forcément faux.
L’Évangile, la Bonne Nouvelle n’apporte
pas une mauvaise nouvelle. L’enfer comme la perdition n’est pas avec elle.
Tout ce qui est contraire au caractère de Dieu qui est l’agneau devrait nous montrer le mensonge et l’imposture.
Donner gloire à l’agneau, c’est chasser toute parole cruelle annoncée comme vérité.
Regardez un faux évangile : Les dogmes
qui s'y rattachent sont durs et sans compassion pour un peuple qui est pointé
du doigt comme étant inculte, impur et sans valeur. Les lois émises sont alors
systématiques.
Dans le faux évangile on passe son temps
à s’occuper du sort des autres ; on s’occupe de l’extérieur ; alors
que l’intérieur est oublié. On identifie un corps de croyant anathème,
antichrist et on le combat sans chercher à combattre ce qui serait antichrist
en nous-mêmes.
L'enfer y
est trop souvent présenté comme la sanction définitive et sans appel. Un lieu
éternel de souffrance. Et sur un ton moqueur, ne dit-on pas en s’adressant aux
autres : « On vous avait pourtant prévenu de vous repentir et vous ne
nous avez pas écouté, c’est bien fait » ?
On dirait les paroles de Jonas prophète d’Israël face
aux habitants de Ninive.
Le soi-disant croyant qui s'est fabriqué un Dieu
à son image est devenu intransigeant, sans considération avec ceux qui
n’ont pas sa foi. Le soi-disant croyant est sectaire en se
plaçant dans un groupe de savoir privilégié, et il est radical avec ceux qui
n’adhèrent pas à sa connaissance. Aucune place n'est laissée à la grâce. Le
peuple est déjà choisi et les critères sont arbitraires.
Alors que
faire du dogme de l'enlèvement de l’Église?
Un enlèvement serait prévu, mais il est secret. Il est
prévu pour échapper aux griffes de satan et il ne concerne que l’Épouse de
Christ, la véritable Église.
L'épouse est enlevée et elle ne passe pas par la
mort et donc elle n'aurait pas besoin de résurrection.
J'ai cru cette ineptie, pire cette hérésie pendant des
années. Dès les premiers mois de ma conversion, je baignais dans cette fausse doctrine.
Il faut dire qu’en 1989 j’avais acheté ma première Bible. J’étais fier d’avoir
acheté une « Scofield ». C’est la première Bible conçue avec des
chaines de référence et des commentaires.
Cette Bible vendue à des millions d’exemplaire a été la référence
mondiale à partir de 1917. Cet homme, Cyrus Ingerson Scofield est né le 19 août 1843. C’est un théologien américain de la fin du XIX et début
du XXème siècle mondialement plébiscité. Les références de cette Bible et ses
commentaires sont devenus le fondamentalisme des chrétiens évangéliques d’aujourd’hui.
Et je lisais les commentaires de la première épitre
aux Thessaloniciens chapitre 4 verset 17 qui disent, je cite : « une révélation concernant le retour de
Christ : l’enlèvement de l’Église et la réunion de tous les croyants ».
Et les commentaires de Scofield ne s’arrêtent pas là, puisqu’il précise ensuite
pour le chapitre 5 verset 4 que « Paul
passant du pronom « ils » au pronom «vous » suffit à prouver
qu’il n’a jamais pensé que l’Église, corps de Christ resterait sur terre au
moment de la colère du jour du Seigneur ».
Scofield
fait dire-là à Paul ce qu’il n’a jamais pensé lui-même.
Avec Scofield et tous ceux qui viendront confirmer ses
dires par des nouvelles mises à jour biblique, ou même par de nouveaux mouvements
spirituels (revivaliste, pentecôtiste, branhamiste, etc. …) démontrent
tous que l’endoctrinement au sujet de l’enlèvement est bien enraciné
profondément dans la mémoire collective depuis longtemps …
Scofield n’a fait que de généraliser un dogme qui arrivait
à point nommé pour conquérir le monde par l’évangélisation.
L’enlèvement
est devenu la vache sacrée dont il fallait porter le regard sans cesse.
Et versets à l’appui ; je cite 1 Thessaloniciens
5 :4 : « Mais vous, frères, vous n'êtes pas dans
les ténèbres, pour que ce jour vous surprenne comme un voleur (pour Scofield,
c’est le jour de l’enlèvement)…Ne dormons donc
point comme les autres, ».
L’évangéliste Dwight Lyman Moody ami très proche de
Scofield (il aura une extrême influence sur le monde chrétien), décida de
réveiller les esprits et de concentrer
ses forces sur l’objectif suivant : « sauver le plus d’âmes de
l’enfer, car Christ pouvait revenir à tout moment » et nous surprendre
comme un voleur.
L’urgence
de l’enlèvement permit alors un système de propagande
chrétienne le plus grand jamais réalisé à ce jour et le mieux organisé. Ce sont
les bases de « l’évangélisme mondial » dont nous connaissons les
fruits aujourd’hui qui a été mis sur pied. Moody institua le porte à porte par
exemple, comme les campagnes d’évangélisation aussi.
Il faut souligner ce fait crucial qui est la vérité :
ce qui est cruel c’est que
la tête de cet immense rassemblement des sauvés dans l’Église fut dicté non pas
par Christ, mais par la volonté humaine d’amener au salut le monde entier en
une seule génération.
Un beau challenge, je vous l’accorde, s’il n’avait pas été que pour la seule gloire de l’homme.
Pour moi, qui ne savait rien, mais qui aimait Dieu, cela
me convenait bien de faire partie des « chouchous du Seigneur » et
d’être un petit témoin pour rassembler le plus large possible. Je me sentais
honoré et fier de faire partie de cette race prédestinée qui croit dans une
vérité que beaucoup rejettent.
Parce qu’on nous prêchait qu’il faut avoir la foi
pour être enlevé ; avoir la foi, c’est croire à l’enlèvement pour faire
partie des élus qui seront enlevés. Ne
pas croire à l’enlèvement, c’est ne pas avoir la foi. Et cela nous disqualifierait automatiquement. Notre
méfiance montrerait alors que nous ne faisons pas partie de l’Épouse de Christ.
J’ai vu cette
nouvelle doctrine de la foi renforcée par le
témoignage de nombreux chrétiens qui ont eu des visons de l’enlèvement.
Ces visions sont cruelles et en premier pour eux.
Pourquoi en premier pour eux ?
Parce qu’ils ont besoin d’elles pour croire. La vision
devient leur confirmation que la vérité est là. Ils ont vu des morts sortir des
tombeaux et monter au ciel, ou pire ils ont vu certains êtres humains enlevés
pendant que d’autres croyants étaient en plein désarroi, réalisant leur manque
de foi…parce que leurs pieds restaient fixés au sol.
Ces visions leur sont cruelles parce que cela les
conforte dans la fausse croyance qu’ils sont choisis et que leur élection a
déjà eu lieu et que leur sort est déjà scellé. Or, je rappelle que personne ne
peut savoir s’il a reçu une couronne de gloire, car c’est la persévérance en
Christ qui nous l’a fait gagner.
« J'ai
combattu le bon combat, j'ai achevé la course, j'ai gardé la foi. Désormais la couronne de justice m'est réservée » ou « le feu
éprouvera ce qu'est l'œuvre de chacun. Si l'œuvre
bâtie par quelqu'un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense. Si l'œuvre de quelqu'un est consumée, il perdra sa récompense;
pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu. ». Il est beaucoup question de feu, de course et de combat,
plus que d’air et d’enlèvement.
C’est l’épreuve du feu qui montre la qualité
indestructible du matériau (ce matériau noble que notre âme régénérée devient).
Si nous avons été fidèles dans le feu de l’épreuve comme dans la durée, nous
achèverons la course avec une récompense.
La connaissance et la foi en l’enlèvement éviteraient
tout ce chemin de croix en offrant de
manière miraculeuse cette élévation verticale.
Quelle course ! Non pas à la foi mais à la
vision.
Qui n’a pas reçu sa vision ? Qui n’a pas reçu sa
confirmation qu’il est bien un élu ? Il doit le demandé à Dieu, il doit prier
pour qu’il vous donne une vision.
Voilà l’autre côté de la cruauté, cette fois-ci pour celles
et ceux, qui se demandent s’ils sont bien agréables à Dieu parce que rien de
surnaturel ne vient les surprendre.
On se laisse séduire alors par des pratiques occultes.
Et ce sont des anges maléfiques qui remplissent alors
les songes des uns et des autres.
Le résultat est désastreux et cruel à la fois. Tout un peuple qui met sa confiance
et sa foi dans l’interprétation de ses visions.
Un autre aspect cruel de la théorie de
l’enlèvement est de laisser croire qu’il permettra d’éviter la mort comme d’éviter
la souffrance, la grande tribulation qui va avec ; Car Scofield a prédit
que cette grande tribulation sera de sept ans et que les dernières années
seront insoutenables par leur degré de pénibilité. Combien de chrétiens sont
séduits par cette grâce inespérée qui les ferait échapper à tant d’épreuves, en
évitant la souffrance sans oublier la mort.
Or, tous nous devons passer par la mort. Les
témoignages bibliques sont foisons. Pourquoi en premier lieu ? Parce que
Christ est la résurrection et la vie. Et ce chemin est pour tous. Sinon il
n’est pas le chemin.
Paul démontre durant tout un chapitre aux Corinthiens le 15ème de la première épitre que la résurrection est au centre de la foi et de toute prédication: « ce que tu sèmes ne reprends point vie s’il ne meurt » (1 Corinthiens 15 :36)
Pourquoi l’enlèvement est-elle une théorie si cruelle ?
Parce qu’elle pousse inévitablement un petit groupe d’élus,
à regarder son prochain qui ne croit pas comme lui, comme perdu.
Ce petit groupe se réjouit qu’un peuple d’incultes
sera dans le malheur, tandis qu’eux connaitrons la félicité. La joie que procure
le malheur des autres devient plus forte que la joie de vivre aimé de Christ.
Aimer voir ou aimer apprendre que des peuples se font
massacrer sous prétexte qu’ils adorent le nom d’un autre Dieu, cette jouissance-là est un
véritable Évangile de cruauté.
La croyance absolue dans un amour discriminant est
cruelle parce qu’elle pousse aussi à accepter toute sorte de contraintes, de
travail forcé, de principes et de coutumes comme étant une porte d’entrée
indispensable au salut. Ils subissent des injustices humaines comme étant juste,
car ils y voient le prix à payer pour gagner le ciel.
Ensuite la cruauté est pour celles et ceux qui croient
dans cette doctrine et qui se pose mille questions sur leur proche disparus
(puisqu’ils n’ont pas été enlevés connaitront-ils néanmoins le salut ?).
C’est cruel et diffamant pour un apôtre comme Paul à
qui on assigne de fausses intentions : Celles entre autre de parler d’un
mystère pour une génération future.
Scofield a parlé de la révélation d’un grand mystère,
là ou Paul, Silas et Timothée n’y voyait que des mots de réconforts pour les Thessaloniciens.
Chapitre 4, verset 18 : « Consolez-vous donc les uns les autres par ces paroles. »,
ou
« ne vous affligiez pas comme les autres qui n'ont point
d'espérance »
Paul parlait pour cette Église de Thessalonique qui
cherchait juste à se rassurer sur ses morts, sur ses chers disparus. Leur
séparation avec eux sera-t-elle définitive ? Paul répond à cette
inquiétude en montrant que tous au son de la trompette, au cri de rassemblement
les morts en Christ comme les vivants se rejoindrons en Christ, car Dieu vise
une union en lui. Il rassemble les familles. Il réunifie, il ne sépare pas ce
qu’il a unit sur terre. Il ne met pas non plus les vivants plus méritants que
les morts. Paul, Timothée et Silas emploient une métaphore qui sera transformée
par les contemporains de Scofield en un mystère secret révélé. Pour plus de détails
je vous renvoie sur le message du 3 avril 2022 ; « la génération de
l’enlèvement »
Alors maintenant je voudrais rappeler Hébreux chapitre
6.
« …tendons à ce qui est parfait,
sans poser de nouveau le fondement du renoncement aux œuvres mortes, de la
foi en Dieu,(qui devient la foi dans l’enlèvement) 2de la doctrine des baptêmes, de l'imposition des mains, de
la résurrection des morts (avec l’enlèvement
de l’Église), et du jugement éternel. 3C'est ce que nous ferons, si Dieu le permet. »
Et surtout j’insiste sur le verset 1 qui
dit : « laissant les éléments de la parole
de Christ ».
Les éléments : l’Écriture nous dit de ne pas nous
attacher au détail que sont les raisons et les causes, le commencement,
l’origine, bref tout ce qui fait naitre la connaissance, la gnose. Mais alors à quoi s’attacher ?
Eh bien au caractère de notre Dieu, à l’agneau qui nous
donne le « la » comme en musique la note juste pour accorder nos
instruments et jouer la musique juste du Saint-Esprit.
Mais cela ne peut s’obtenir que si nous bannissons le mal, si
nous nous séparons réellement de nos œuvres mortes issues de la cruauté de nos
pensées comme de nos actes.
Amen
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