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Par Eric
Ruiz
Commençons par un constat : Dans beaucoup d’assemblées, certains livrent leurs frères à satan dans le but de leur apprendre ce qu’est la justice de Dieu. Or, qui doit décider que l’autre doit souffrir ou qu’il mérite l’enfer?
Pour
répondre à cette question, il me semble judicieux d’aborder en premier le thème
de la cruauté.
La
cruauté, c’est un penchant très présent chez l’être humain. Elle est comparée
souvent à quelques animaux dits « cruels »
comme certains félins qui aiment faire durer l’agonie de leur proie, ou jouer
avec elle avant de s’en rassasier.
Mais ce
trait de caractère se manifeste surtout chez l’être humain qui non seulement
fait souffrir l’autre, mais plus, il y prend un malin plaisir. Voir souffrir
son ennemi jusqu’à l’extrême est un plaisir malsain au gout de miel qui devient
de plus en plus répandu de nos jours.
N’ayons
pas peur des mots : la cruauté est un démon sanguinaire très actif.
Mais ne
soyons pas influencés que par des grands noms de l’histoire. Des Staline ou des
fanatiques islamistes ne sont pas les seuls icones à exercer ce pouvoir
maléfique. Dans tous les milieux l’être cruel sévit.
Dans les
faits, tout n’est pas aussi visible, car ce caractère démoniaque développe une
stratégie. C’est tout un jeu d’attitudes et de comportements qui vont s’entre
mêlées dans le but d’assouvir ce plaisir.
Si bien
que sans le soupçonner pour autant, dans bien des relations, l’enjeu caché, c’est celui de la
cruauté.
Finir par
voir souffrir son ennemi, ou le voir capituler dans la souffrance procure une
jouissance indescriptible chez la personne animée de ce sentiment pervers. Oui
c’est du sadisme.
Pas si loin de nous, ceux qui parmi les chefs de l’Empire romains avaient instauré la peine de mort par la crucifixion, manifestaient sans aucun doute une extrême cruauté, car le supplice de la croix était une véritable torture pour le supplicié, qui pouvait durer plusieurs jours, puisqu’on finissait par casser les os des jambes pour arrêter le supplice et permettre à la mort d’arriver rapidement.
Je ne
suis pas en train de pointer du doigt nos sociétés ancestrales en les montrant
plus cruelles que les nôtres, mais je souhaite montrer que la cruauté à des
manifestations différentes d’une société à une autre, comme d’une personne à
l’autre ; et que notre société occidentale, moderne et progressiste n’a jamais
réussie à ôter la cruauté de ses pratiques.
La cruauté primaire (qui consite à mettre à mort une personne sans une pointe d’émotion) a simplement laissé place à une cruauté moins visible cachée souvent sous une forme de propagande.
Je
m’explique : La propagande, c’est une technique de persuasion pour faire
changer les idées et les pratiques d’autrui.
Alors, par
exemple : amener un peuple à travailler dur, à s’épuiser, avec de mauvaises conditions de
vie, liant l’humiliation aux privations, dans le but d’obtenir l’adhésion de
tous, et plus encore, la soumission générale : C’est une forme de
propagande dure et cruelle. Combien de dictateurs, de tyrans ont abusé de cette
cruauté-là en la justifiant parce que le résultat est positif : il
n’extermine pas l’autre, il le rend docile et malléable. L’oppresseur a obtenu une
soumission, une obéissance totale, un rassemblement autour de lui.
Et pour
lui, c’est une force, pour Dieu, c’est la pire des faiblesses. Pharaon n’y a
pas survécu.
Je ne
prends pas cet exemple au hasard : les Égyptiens ont maintenu les hébreux
dans cet état d’oppression et de serviabilité cruelle pendant de très
nombreuses années.
Mais
regardons de manière plus large, toute société religieuse tend à adopter cette
sorte de cruauté à l’égard de ses fidèles, toujours pour le même but :
celui d’avoir leur entière soumission, et afin qu’ils obéissent à tous leurs
commandements, leurs lois et leurs dogmes.
N’est-ce
pas la certitude de détenir la vérité qui rend les gens cruels ?
Alors
bien entendu, la cruauté fait partie de cette nature humaine pècheresse dont il
faut à tous prix se séparer (et même crucifier).
Croire
que l’autre est cruel et que vous êtes, vous, un ange comparé à tous les
autres, c’est refuser de voir ses propres mauvais penchants.
Et puis, Babylone est cruelle
par essence et sa cruauté est entrée dans l’Eglise.
Pourquoi ?
Parce qu’il y a toujours un peuple qui se croit saint et qui pense être débarrassé de sa souillure.
Ce peuple
saint aime montrer sa piété, il prie pour ses ennemis. Les croyants cruels ont
à priori des paroles bienveillantes, consolatrices, mais cette soi-disant bonté
cache un autre cœur, puisque d’un autre côté en se moquant, ils osent dire : «
ce qui lui arrive est bien fait pour lui,
il aurait dû nous écouter et croire notre Dieu, à l’inverse il a fait comme il
a voulu, il n’a que ce qu’il mérite après tout ».
Et bien penser comme cela ou dire les choses ainsi, animé par des sentiments de jalousie, en étant revanchard, ou rempli de vantardise, c’est être cruel.
Alors, à l’inverse, ceux qui ne disent rien sont-ils exempt de cruauté ?
Absolument pas. La cruauté
commence déjà par être indifférent aux souffrances de l’autre. C’est le premier stade. Ceux
qui venaient voir Jésus-Christ sur la croix même sans rien dire, montraient par
leur indifférence, le plaisir qu’ils ressentaient en voyant de telles pratiques
horribles.
Allons
plus loin, dans les exemples :
Un chrétien qui voit son frère
dans la souffrance et qui pense que l’aider est inutile car en faisant ainsi, il
n’apprendra rien et qu’il continuera dans sa folie, n’agit-il pas lui aussi en
être cruel ?
Or, si ce
frère ne le rejette pas, s’il n’est pas violent, en paroles ou en actes, n’est-il
pas apte à recevoir de l’aide ?
Si on a
les moyens d’abréger la souffrance de l’autre et qu’on ne le fait pas ; si
on décide de le laisser mijoter un peu
plus longtemps dans ses épreuves, n’est-ce pas agir par orgueil, en se
gargarisant d’avoir une connaissance supérieure ?
Et le
comble c’est que ceux qui agissent ainsi
se déculpabilisent, et éloignent d’eux tout esprit de cruauté, puisqu’ils se
persuadent qu’ils agissent intelligemment et spirituellement dans le seul but
d’aider leur frère.
Ils
placent la morale au-dessus de toute leçon d’éducation.
Or, la
morale n’est-elle pas à un certain
moment la forme la plus élevée de la méchanceté et par là de la cruauté ?
Question
qui a du sens :
-Est-ce à certains de décider
de la souffrance des autres, et de décider ce que ils méritent ou pas ?
Si l’on
pense que oui, alors on agit comme un juge, comme un roi tyrannique, et non
comme un frère. Notre verdict est fortement influencé par l’injustice et la
cruauté. En un mot on pratique sa justice et non celle de Dieu.
Mais au
fond quand on est à ce point moralisateur, ne s’imagine-t-on pas que Dieu est
comme cela en premier ?
Job, alors qu’il était rongé par le mal voyait Dieu cruel. Job parlant à Dieu lui dit : « Tu es devenu cruel pour moi; tu t'opposes à moi avec toute la force de ton bras » (Job 30 :21).
Ne soyons
pas naïf, une majorité pense que Dieu agit avec ceux qui lui désobéissent en
les humiliant, en les laissant dans leur souffrance et en se réjouissant même
de les voir grincer des dents.
N’est-il
pas lui aussi cruel à certains moment, comme il l’a été avant que Jésus-Christ
ne porte nos péchés et ressuscite ? Dieu n’est-il pas cruel en laissant
son peuple élu en exil, oppressé par des rois étrangers tyranniques et sadiques ?
Pour
répondre :
Voilà ce que L’Eternel Dieu a dit à Moïse : « J'ai vu la souffrance de mon peuple qui est en Egypte, et j'ai entendu les cris que lui font pousser ses oppresseurs, car je connais ses douleurs Je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens, » (Exode 3 :7-8)
Premier
point : Dieu
délivre de la main des Égyptiens parce qu’il n’est jamais cruel. Il n’est
jamais cruel, non pas parce qu’un ange ou qu’un prophète est là pour parler à
sa place et adoucir ses propos, mais simplement parce que ce n’est pas sa
nature.
Deuxième
point : Dieu le père n’a aucune
raison, et encore moins de plaisir à voir souffrir celles et ceux qui lui
désobéissent.
Par
contre, il les prévient que s’ils sont rebelles, ils choisiront la souffrance,
l’exil, l’oppression, l’humiliation, le travail forcé, comme Adam et Ève l’ont
choisi en premier.
Troisième
point : Dieu n’est pas cruel,
il est juste.
En
rejetant la lumière, vous accepter les ténèbres.
Mais Dieu ne vous y abandonne pas. La balle est dans votre camp. Son esprit se meut au-dessus des ténèbres… et dans quel but ? Pour vous y extraire et vous amener à la lumière.
Dans
toute situation conflictuelle sévère, Dieu savait qu’il y aurait un massacre
pour les uns, un moment propice au salut pour les autres.
Avant la chute des murailles de
Jéricho, les rois des Amoréens, les rois des cananéens, ont commencé à avoir la
crainte de l’Eternel, quand ils apprirent les prodiges que l’Eternel avait fait
pour Israël, « ils perdirent courage et furent
consternés, leur cœur se fondit »
(Josué 5 :1) ;
Et certains de Jéricho, j’en suis
persuadé, avaient la crainte de Dieu, rien qu’en voyant les murailles
s’effondrer au son des trompettes.
D’autres au contraire s’endurcissaient davantage et préparaient leur propre perte et celle de leur famille en s’équipant pour le combat.
Autre
exemple : Pensez-vous une seconde que Dieu prenait plaisir à voir son fils
unique souffrir sur la croix. Il a abrégé ses souffrances. Jésus-Christ est
mort bien avant l’heure (cette heure prévue par les romains).
Jésus
rendit l’esprit quand il sut que tout était accompli. Lorsque les soldats
vinrent pour lui briser les os des jambes, (parce le sabbat arrivait et qu’il
fallait que tous les condamnés soient enterrés), Jésus était déjà partit.
Et pour
nous ses enfants, Dieu agit-il pareil qu’avec son fils ?
« Aucune tentation ne vous est
survenue qui n'ait été humaine, et Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que
vous soyez tentés au-delà de vos forces; mais avec la tentation il préparera
aussi le moyen d'en sortir, afin que vous puissiez la supporter. » (1Corinthiens
10 :13)
Un Dieu dont la compassion serait absente, serait infidèle
dans ses promesses et cruel de surcroît.
Il nous laisserait nous dépatouiller tout seul dans nos
difficultés, sans nous permettre d’en sortir, alors que nous lui supplions de
nous venir en aide.
Pensez-vous une seconde que le Psaume 34 ne réponde qu’à
certains et pour certains évènements :
« Quand un malheureux crie, l'Eternel
entend, Et il le sauve de toutes ses détresses. » ?
« Pas de pardon,
pas de pitié, massacrons-les » ou « tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens », ces paroles
célèbres prononcées par le légat du pape face aux résistants albigeois
considérés comme hérétiques ne sont pas un slogan de notre Dieu Sauveur.
Dieu pour chacun, pour chacune a toujours préparé une porte
de sortie car la nature divine est repentante et salvatrice.
La réprimande de Dieu vaut mieux que l’humiliation d’un
homme cruel.
Pourtant peu en sont convaincus puisque l’insensé voit la
réprimande de Dieu comme cruelle et il ne l’accepte pas.
Il démontre par-là que c’est lui qui voit la cruauté
partout et qu’en plus
C’est lui qui condamne, qui se moque du malheureux, qui n’éprouve
aucune empathie pour celui qui souffre, c’est lui qui aime voir souffrir ceux
qu’ils manipulent car ils seront encore plus dociles et obéissants, lui qui
opprime et même tue pour arriver à ses fins.
C’est le dieu de ce monde, satan, le prince des ténèbres
qui est aux commandes.
Est-ce un hasard si les prophètes de Dieu ont été attaqués avec le plus de mépris et de cruauté, par ceux justement qui se réclament être les vrais envoyés de Dieu ?
Mais pour nous qui aimons la lumière, haïssons la cruauté
en manifestant un même sentiment envers nos frères, en ne faisant aucune
différence entre eux et nous, en nous aimant malgré nos divergences.
Prendre plaisir à la souffrance de l’autre ou trouver que
l’autre mérite de souffrir, c’est satanique.
La compassion, elle, nous fait réaliser que s’ils
souffrent, nous souffrons aussi. Le fils de Dieu, face à la cruauté extrême des
gens à son égard leur a répondu : « Père pardonne-leur, ils ne
savent ce qu’ils font ».
Amen
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