dimanche 16 juin 2024

LA CRUAUTE DANS L’EGLISE

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Par Eric Ruiz

Commençons par un constat : Dans beaucoup d’assemblées, certains livrent leurs frères à satan dans le but de leur apprendre ce qu’est la justice de Dieu. Or, qui doit décider que l’autre doit souffrir ou qu’il mérite l’enfer?

Pour répondre à cette question, il me semble judicieux d’aborder en premier le thème de la cruauté.

La cruauté, c’est un penchant très présent chez l’être humain. Elle est comparée souvent à quelques animaux  dits « cruels » comme certains félins qui aiment faire durer l’agonie de leur proie, ou jouer avec elle avant de s’en rassasier.

Mais ce trait de caractère se manifeste surtout chez l’être humain qui non seulement fait souffrir l’autre, mais plus, il y prend un malin plaisir. Voir souffrir son ennemi jusqu’à l’extrême est un plaisir malsain au gout de miel qui devient de plus en plus répandu de nos jours.

N’ayons pas peur des mots : la cruauté est un démon sanguinaire très actif.

Mais ne soyons pas influencés que par des grands noms de l’histoire. Des Staline ou des fanatiques islamistes ne sont pas les seuls icones à exercer ce pouvoir maléfique. Dans tous les milieux l’être cruel sévit.

Dans les faits, tout n’est pas aussi visible, car ce caractère démoniaque développe une stratégie. C’est tout un jeu d’attitudes et de comportements qui vont s’entre mêlées dans le but d’assouvir ce plaisir.

Si bien que sans le soupçonner pour autant, dans bien des relations, l’enjeu caché, c’est celui de la cruauté.

Finir par voir souffrir son ennemi, ou le voir capituler dans la souffrance procure une jouissance indescriptible chez la personne animée de ce sentiment pervers. Oui c’est du sadisme.

Pas si loin de nous, ceux qui parmi les chefs de l’Empire romains avaient instauré la peine de mort par la crucifixion, manifestaient sans aucun doute une extrême cruauté, car le supplice de la croix était une véritable torture pour le supplicié, qui pouvait durer plusieurs jours, puisqu’on finissait par casser les os des jambes pour arrêter le supplice et permettre à la mort d’arriver rapidement.

Je ne suis pas en train de pointer du doigt nos sociétés ancestrales en les montrant plus cruelles que les nôtres, mais je souhaite montrer que la cruauté à des manifestations différentes d’une société à une autre, comme d’une personne à l’autre ; et que notre société occidentale, moderne et progressiste n’a jamais réussie à ôter la cruauté de ses pratiques. 

La cruauté primaire  (qui consite à mettre à mort une personne sans une pointe d’émotion) a simplement laissé place à une cruauté moins visible cachée souvent sous une forme de propagande.

Je m’explique : La propagande, c’est une technique de persuasion pour faire changer les idées et les pratiques d’autrui.

Alors, par exemple : amener un peuple à travailler dur,  à s’épuiser, avec de mauvaises conditions de vie, liant l’humiliation aux privations, dans le but d’obtenir l’adhésion de tous, et plus encore, la soumission générale : C’est une forme de propagande dure et cruelle. Combien de dictateurs, de tyrans ont abusé de cette cruauté-là en la justifiant parce que le résultat est positif : il n’extermine pas l’autre, il le rend docile et malléable. L’oppresseur a obtenu une soumission, une obéissance totale, un rassemblement autour de lui.

Et pour lui, c’est une force, pour Dieu, c’est la pire des faiblesses. Pharaon n’y a pas survécu.

Je ne prends pas cet exemple au hasard : les Égyptiens ont maintenu les hébreux dans cet état d’oppression et de serviabilité cruelle pendant de très nombreuses années.

Mais regardons de manière plus large, toute société religieuse tend à adopter cette sorte de cruauté à l’égard de ses fidèles, toujours pour le même but : celui d’avoir leur entière soumission, et afin qu’ils obéissent à tous leurs commandements, leurs lois et leurs dogmes.

N’est-ce pas la certitude de détenir la vérité qui rend les gens cruels ?

Alors bien entendu, la cruauté fait partie de cette nature humaine pècheresse dont il faut à tous prix se séparer (et même crucifier).

Croire que l’autre est cruel et que vous êtes, vous, un ange comparé à tous les autres, c’est refuser de voir ses propres mauvais penchants.

Et puis, Babylone est cruelle par essence et sa cruauté est entrée dans l’Eglise.

Pourquoi ?

Parce qu’il y a toujours un peuple qui se croit saint et qui pense être débarrassé de sa souillure.

Ce peuple saint aime montrer sa piété, il prie pour ses ennemis. Les croyants cruels ont à priori des paroles bienveillantes, consolatrices, mais cette soi-disant bonté cache un autre cœur, puisque d’un autre côté en se moquant, ils osent dire : «  ce qui lui arrive est bien fait pour lui, il aurait dû nous écouter et croire notre Dieu, à l’inverse il a fait comme il a voulu, il n’a que ce qu’il mérite après tout ».

Et bien penser comme cela ou dire les choses ainsi, animé par des sentiments de jalousie, en étant revanchard, ou rempli de vantardise, c’est être cruel.

Alors, à l’inverse, ceux qui ne disent rien sont-ils exempt de cruauté ?

Absolument pas. La cruauté commence déjà par être indifférent aux souffrances de l’autre. C’est le premier stade. Ceux qui venaient voir Jésus-Christ sur la croix même sans rien dire, montraient par leur indifférence, le plaisir qu’ils ressentaient en voyant de telles pratiques horribles.

Allons plus loin, dans les exemples :

Un chrétien qui voit son frère dans la souffrance et qui pense que l’aider est inutile car en faisant ainsi, il n’apprendra rien et qu’il continuera dans sa folie, n’agit-il pas lui aussi en être cruel ?

Or, si ce frère ne le rejette pas, s’il n’est pas violent, en paroles ou en actes, n’est-il pas apte à recevoir de l’aide ?

Si on a les moyens d’abréger la souffrance de l’autre et qu’on ne le fait pas ; si on  décide de le laisser mijoter un peu plus longtemps dans ses épreuves, n’est-ce pas agir par orgueil, en se gargarisant d’avoir une connaissance supérieure ?

Et le comble c’est que ceux  qui agissent ainsi se déculpabilisent, et éloignent d’eux tout esprit de cruauté, puisqu’ils se persuadent qu’ils agissent intelligemment et spirituellement dans le seul but d’aider leur frère.

Ils placent la morale au-dessus de toute leçon d’éducation.

Or, la morale n’est-elle  pas à un certain moment la forme la plus élevée de la méchanceté et par là de la cruauté ?

Question qui a du sens :

-Est-ce à certains de décider de la souffrance des autres, et de décider ce que ils méritent ou pas ?

Si l’on pense que oui, alors on agit comme un juge, comme un roi tyrannique, et non comme un frère. Notre verdict est fortement influencé par l’injustice et la cruauté. En un mot on pratique sa justice et non celle de Dieu.

Mais au fond quand on est à ce point moralisateur, ne s’imagine-t-on pas que Dieu est comme cela en premier ?

Job, alors qu’il était rongé par le mal voyait Dieu cruel. Job parlant à Dieu lui dit : « Tu es devenu cruel pour moi; tu t'opposes à moi avec toute la force de ton bras » (Job 30 :21).

Ne soyons pas naïf, une majorité pense que Dieu agit avec ceux qui lui désobéissent en les humiliant, en les laissant dans leur souffrance et en se réjouissant même de les voir grincer des dents.

N’est-il pas lui aussi cruel à certains moment, comme il l’a été avant que Jésus-Christ ne porte nos péchés et ressuscite ? Dieu n’est-il pas cruel en laissant son peuple élu en exil, oppressé par des rois étrangers tyranniques et sadiques ?

Pour répondre :

Voilà ce que L’Eternel Dieu a dit à Moïse : « J'ai vu la souffrance de mon peuple qui est en Egypte, et j'ai entendu les cris que lui font pousser ses oppresseurs, car je connais ses douleurs Je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens,  » (Exode 3 :7-8)

Premier point : Dieu délivre de la main des Égyptiens parce qu’il n’est jamais cruel. Il n’est jamais cruel, non pas parce qu’un ange ou qu’un prophète est là pour parler à sa place et adoucir ses propos, mais simplement parce que ce n’est pas sa nature.

Deuxième point : Dieu le père n’a aucune raison, et encore moins de plaisir à voir souffrir celles et ceux qui lui désobéissent.

Par contre, il les prévient que s’ils sont rebelles, ils choisiront la souffrance, l’exil, l’oppression, l’humiliation, le travail forcé, comme Adam et Ève l’ont choisi en premier.

Troisième point : Dieu n’est pas cruel, il est juste.

En rejetant la lumière, vous accepter les ténèbres.

Mais Dieu ne vous y abandonne pas. La balle est dans votre camp. Son esprit se meut au-dessus des ténèbres… et dans quel but ? Pour vous y extraire et vous amener à la lumière.

Dans toute situation conflictuelle sévère, Dieu savait qu’il y aurait un massacre pour les uns, un moment propice au salut pour les autres.

Avant la chute des murailles de Jéricho, les rois des Amoréens, les rois des cananéens, ont commencé à avoir la crainte de l’Eternel, quand ils apprirent les prodiges que l’Eternel avait fait pour Israël, « ils perdirent courage et furent consternés, leur cœur se fondit » (Josué 5 :1) ;

Et certains de Jéricho, j’en suis persuadé, avaient la crainte de Dieu, rien qu’en voyant les murailles s’effondrer au son des trompettes.

D’autres au contraire s’endurcissaient davantage et préparaient leur propre perte et celle de leur famille en s’équipant pour le combat.

Autre exemple : Pensez-vous une seconde que Dieu prenait plaisir à voir son fils unique souffrir sur la croix. Il a abrégé ses souffrances. Jésus-Christ est mort bien avant l’heure (cette heure prévue par les romains).

Jésus rendit l’esprit quand il sut que tout était accompli. Lorsque les soldats vinrent pour lui briser les os des jambes, (parce le sabbat arrivait et qu’il fallait que tous les condamnés soient enterrés), Jésus était déjà partit.

Et pour nous ses enfants, Dieu agit-il pareil qu’avec  son fils ?

« Aucune tentation ne vous est survenue qui n'ait été humaine, et Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces; mais avec la tentation il préparera aussi le moyen d'en sortir, afin que vous puissiez la supporter. » (1Corinthiens 10 :13)

Un Dieu dont la compassion serait absente, serait infidèle dans ses promesses et cruel de surcroît.

Il nous laisserait nous dépatouiller tout seul dans nos difficultés, sans nous permettre d’en sortir, alors que nous lui supplions de nous venir en aide.

Pensez-vous une seconde que le Psaume 34 ne réponde qu’à certains et pour certains évènements :

« Quand un malheureux crie, l'Eternel entend, Et il le sauve de toutes ses détresses. » ?

« Pas de pardon, pas de pitié, massacrons-les » ou « tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens », ces paroles célèbres prononcées par le légat du pape face aux résistants albigeois considérés comme hérétiques ne sont pas un slogan de notre Dieu Sauveur.

Dieu pour chacun, pour chacune a toujours préparé une porte de sortie car la nature divine est repentante et salvatrice.

La réprimande de Dieu vaut mieux que l’humiliation d’un homme cruel.

Pourtant peu en sont convaincus puisque l’insensé voit la réprimande de Dieu comme cruelle et il ne l’accepte pas.

Il démontre par-là que c’est lui qui voit la cruauté partout et qu’en plus

C’est lui qui condamne, qui se moque du malheureux, qui n’éprouve aucune empathie pour celui qui souffre, c’est lui qui aime voir souffrir ceux qu’ils manipulent car ils seront encore plus dociles et obéissants, lui qui opprime et même tue pour arriver à ses fins.

C’est le dieu de ce monde, satan, le prince des ténèbres qui est aux commandes.

Est-ce un hasard si les prophètes de Dieu ont été attaqués avec le plus de mépris et de cruauté, par ceux justement qui se réclament être les vrais envoyés de Dieu ?

Mais pour nous qui aimons la lumière, haïssons la cruauté en manifestant un même sentiment envers nos frères, en ne faisant aucune différence entre eux et nous, en nous aimant malgré nos divergences.

Prendre plaisir à la souffrance de l’autre ou trouver que l’autre mérite de souffrir, c’est satanique.

La compassion, elle, nous fait réaliser que s’ils souffrent, nous souffrons aussi. Le fils de Dieu, face à la cruauté extrême des gens à son égard leur a répondu : « Père pardonne-leur, ils ne savent ce qu’ils font ».

Amen

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