dimanche 28 janvier 2024

DIEU EST-IL RADICAL ?

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Par Eric Ruiz

 

Le monde se radicalise ; on assiste à un phénomène de plus en plus significatif : la radicalisation. 

Les nombreux courants de pensées disparaissent les uns après les autres; et on assiste à deux courants de pensées qui s’opposent l’un à l’autre. Par exemple l’épidémie mondiale du Covid 19 a mis en lumière un combat acharné entre les pro-vax (favorable à la vaccination) et les anti-vax. Entre les deux, on a effacé tous ceux qui aurait une vue moins radicale ; 

C’est blanc ou c’est noir, c’est bien ou c’est mal !

En politique, les choses sont très claires. Tous ceux qui ne pensent pas comme la classe dirigeante sont traités d’extrémiste de droite ou d’extrémiste de gauche. En Occident, il y aurait ceux qui sont attachés au fondement de la république, de la laïcité et les autres, catalogués d’extrémistes.

Les autres, parce qu’ils n’ont pas la même idéologie ont forcément tort. Ils sont considérés comme des loups, des diables. On ne doit plus leur donner la possibilité de s’exprimer.

On ne dialogue plus avec eux, on les méprise du regard ou par la parole, ou on passe son chemin.

Le terme « modéré » qui veut dire sobre, calme, tempéré tend à disparaitre. L’être humain ne pense plus posément, il pense, animé par la précipitation, la peur, l’angoisse, et cherche à agir vite. Alors, il se raccroche à un groupe qui le rassure et qu’il considère comme juste et compétent.

En religion c’est exactement le même procédé de radicalité. Le doute n’est plus permis. Celui qui doute n’a plus la foi. Le doute est alors un aveu de culpabilité. Pourtant le doute permet de se remettre en cause, de réfléchir sur le bien-fondé de ses convictions. Le doute envisage une nouvelle manière de voir et d’agir.

Or, la religion cherche à l’évacuer rapidement : « N’ayez pas de de doute : Vous êtes les fils de la lumière, eux sont les fils des ténèbres ; Vous êtes les sauvés, eux sont les perdus; Vous êtes les vrais disciples eux ce sont les faux. L’enfer, c’est pour les autres, pour vous, c’est le paradis qui vous attend ».

Apporter de la nuance devient : faire le jeu des autres en voulant manipuler et tromper ; ou être tiède, fade et peu viril dans sa foi.

Le danger de la radicalité est tout de suite évident : la porte grande ouverte à la violence et la guerre. En faisant abstraction de la diplomatie, de la circonspection en refusant d’être prudent, avisé et réfléchi, on grille les étapes pour arriver à une solution radicale : la guerre.

L’autre qui pense différemment, c’est l’ennemi.

À notre époque où le wokisme est la nouvelle religion : Celle ou celui qui ne défend pas la cause LGBT (celle qui concerne les lesbiennes, les gays, les bisexuels et les transgenres), par exemple et qui parle librement de ses idées opposées, s’expose à l’ignominie, à être considérés comme un partisan des violences sexuelles. Il devient suspect d’abord, et très vite, on cherchera dans sa vie des indices pour le rendre coupable.

On le trainera sur la place publique (les réseaux sociaux du net en faisant grandement partie) pour le couvrir de honte, le piétiner et l’éliminer.

 

Donc l’idéologie guerrière est présente à tous les étages de la société occidentale. Les feux sont allumés partout.

 

Mais alors, Dieu se montre-t-il lui-aussi radical ?

 

On pourrait le croire à lire les versets séparément de leur contexte.

Si on se réfère aux prophètes, le jugement divin est implacable. Osée :

Osée 4 :5 « 5Tu tomberas de jour, Le prophète avec toi tombera de nuit, Et je détruirai ta mère. 6Mon peuple est détruit, parce qu'il lui manque la connaissance ».

Vous voyez, Dieu détruit celles et ceux qui font le mal, ou qui ont brisé l’alliance avec lui, ils n’ont plus sa connaissance. Dieu parait donc radical de ce point de vu… oui, seulement si on ne lit pas les autres chapitres et versets qui suivent.

Chapitre 5 :15 : »L’Eternel dit : Je m'en irai, je reviendrai dans ma demeure, Jusqu'à ce qu'ils s'avouent coupables et cherchent ma face. Quand ils seront dans la détresse, ils auront recours à moi ».
Les mots clés sont « jusqu’à ce qu’ils s’avouent coupable » ; la radicalité se transforme alors en compassion pour celles et ceux qui avouent leurs fautes alors qu’ils sont accaparés par de grandes épreuves.

De même, nous lisons chapitre 11 :9 ; « Je n'agirai pas selon mon ardente colère, Je renonce à détruire Ephraïm; Car je suis Dieu, et non pas un homme, Je suis le Saint au milieu de toi; Je ne viendrai pas avec colère. ».

Dieu n’a pas la radicalité d’un homme. Je dirais même que le plus modéré chez les êtres humains est encore plus radical que Dieu dans sa modération.

Là où le couperet tomberait sans appel, Dieu entend le cri, il ressent le besoin réel de ce cri de repentance et il sauve.

C’est ce qu’il a fait avec Job : Il l’a sauvé alors qu’il se repentait dans la poussière et la cendre (Job 42 :6).

Beaucoup n’ont pas vu que le Dieu unique a ce caractère de l’agneau doué de repentance.

Dieu se repent du mal qu’il voulait faire à un peuple méchant.

-Il se repent dans le livre de la Genèse en voyant l’attitude de Noé ;

-Il se repent d’avoir établi comme roi d’Israël Saül (1 Samuel 15 :11) ;

-Il se repent  en délivrant Israël du roi de Babylone. (Jérémie 42 :10).

-Même Jonas refusant d’aller à Ninive se plaint du caractère de Dieu qui est compatissant, miséricordieux et qui se repent du mal qu’il voulait faire à ses ennemis (Jonas 4 :2).

Et cette repentance commence très tôt. Le passage de Genèse chapitre 1 verset 2 à 3 nous montre la repentance divine face à un monde de chaos, une terre rendue Tohuw Bohuw. La terre était remplie d’esprits de vanité, donc de vaniteux, de Lucifers et cela entraina alors le chaos total, le Bohuw.

Le fruit de la repentance divine fut ce nouvel ordre : la séparation des ténèbres et la création de la lumière, dès le premier jour de la nouvelle création.

Dieu nous demande de nous repentir comme il le fait lui-aussi depuis toujours. Il ne prend pas un air de supériorité devant sa créature. Il aime se repentir face à des êtres humains qui qui ne font pas une gloire de leur orgueil.

Le mot qui revient sans cesse en lui est sans doute : « laissons leur une chance de plus » ?

Il le dit certes autrement mais n’est-ce pas ainsi que nous le comprenons dans les livres des prophètes :

« À cause de mon nom, je suspends ma colère; À cause de ma gloire, je me contiens envers toi, Pour ne pas t'exterminer….Néanmoins j'ai retiré ma main, et j'ai agi par égard pour mon nom... Mais avec un amour éternel j'aurai compassion de toi, Dit ton rédempteur, l'Eternel…Je réparerai leur infidélité, J'aurai pour eux un amour sincère; Car ma colère s'est détournée d'eux. » ?

Avez-vous pensé que lorsque vous vous repentez, Dieu lui aussi se repent du mal qu’il a pu vous causer.

Sans repentance de part et d’autre, les conséquences auraient été radicales pour nous tous : La mort la seule issue.


Parce que c’est certain, sans l’aide du Saint-Esprit, on passerait vite d’un extrême à un autre. Dieu serait alors un loup pour les infidèles et un agneau pour les élus. Une vue simpliste qui arrange beaucoup de ceux qui ne marchent pas droit. Cela montre quand même que les chrétiens sont comme les juifs, comme les musulmans ; ils sont attirés par une religion intransigeante et sans faille, d’une rigueur et d’une logique extrêmes. Ils vomissent la mollesse de la foi et ils aiment l’épée qui tranche. En cela la frontière avec l’idéologie du Djihad islamique est bien mince.

Là aussi deux courants s’opposent : un évangile d’indulgence face à un évangile radical. La vérité n’est ni dans l’un ni dans l’autre. Ni dans un évangile laxiste qui laisse le péché se cacher et les masques proliférer, ni dans un évangile dur et légaliste, qui fait la même chose que le premier : des hypocrites.

La vérité prend sa source dans un Évangile de la repentance pour Dieu et pour ses enfants. 

 

Or, les profondeurs de Dieu sont insondables. Regardez : L’Eternel demande le divorce à Moïse en cas d’adultère. Mais il dira par Jésus de Nazareth que c’est à cause du cœur dur que cette loi existe.

Jésus apporte une nuance, une modération qui cause beaucoup de souci à notre époque. Car l’idéologie dominante c’est la radicalité.

Et les questions des chrétiens tournent autour de ce principe. Ils attendent une réponse radicale. Prenons l’exemple du divorce. On a le droit de divorcer ou on n’a pas le droit de divorcer. La nuance ne les intéresse pas, elle les angoisses. Ils veulent une loi stricte qui soit sans équivoque.

Si quelqu’un pèche, qu’il succombe par son péché ! Cette condamnation est sur les lèvres de beaucoup. La majorité dira : «  il mérite ce qui lui arrive ». Est-ce juste ?

La femme adultère méritait la lapidation au vue de la loi hébraïque. Pourtant Jésus n’a pas regardé son péché, il a vu autre chose que nous humain ne voyons pas forcément ; il a vu l’état de son cœur. Ne lui a-t-il pas dit : « je ne te condamne pas, va et désormais ne pèche plus » ?

C’est une chance qu’il lui a laissé ; une chance d’échapper à sa malédiction pour gouter au salut, une chance de se convertir. Une chance de changer sa nature pour revêtir Christ.

Et nous, devons-nous brandir la bannière de la radicalité et affirmer haut et fort : « que cette femme pécheresse vive ce qu’elle mérite ! A-t-elle pensé à son mari, à ses enfants, à sa famille ? Ce n’est pas elle qui en souffre, ce sont ses proches… Elle doit payer de ses fautes » ; Ca, c’est la pensée dominante.

Jésus ne s’est pas précipité pour juger cette femme. Il s’est baissé, calmement, faisant des formes sur le sol avec son doigt, pendant que l’agitation était à son comble. Le fils de Dieu attendait dans la sobriété que le Saint-Esprit lui parle.

Le premier commandement n’est-il pas d’aimer avant de juger ? D’aimer l’autre comme soi-même ?….

Sommes-nous aussi dur et intransigeant pour nous que nous le sommes pour les autres ?

Certainement pas.

Dieu, lui, se sacrifie. Il s’est incarné en Jésus-Christ pour nous sauver. Il a sacrifié ce qui lui est le plus cher : son fils unique.

Sa radicalité dans l’amour laisse à réfléchir sur notre niveau d’amour. Notre amour propre, notre intérêt personnel ne passe-t-il pas trop souvent avant les autres ?

Dieu c’est vrai est radical, il laisse l’amour l’envahir à la place de la raison.

La raison est une conseillère dure et radicale. Elle lui donne à chaque fois raison pour détruire un peuple soumis à son instinct et à ses dieux.

Regardez dans le premier livre de la Bible, Genèse 7 :4 : Dieu est résolu à aller au bout de ce qu’il a décidé pour l’homme. 

« J’exterminerai de la face de la terre tous les êtres que j’ai faits ». Face à tant de méchanceté et de cruauté humaine, Dieu se repent d’avoir fait l’homme et la femme.

20 fois dans la Bible nous avons les deux mots « j’exterminerai… » ; 20 : C’est le nombre qui montre la parole de Dieu descendant du ciel avec violence (comme une boule de feu) une parole exterminatrice envers un peuple qui s’est laissé dominer par le mal.

Or, nous sommes toujours là. La vie humaine continue d’exister, parce que Dieu n’a pas écouté sa raison. Parce qu’il a toujours agit radicalement en faveur de celles et ceux qui reviennent en toute humilité de leurs mauvaises voies. Son cœur fléchit alors radicalement pour des âmes repenties, pour des êtres qui pleurs amèrement sur leur état.

Noé et sa famille en échappant au déluge, ont fait partie de ces gens qui ont permis que les générations continuent à se suivre et qu’un vingt et unième siècle existe.

 

Alors pour me résumer, le côté radical de l’amour de Dieu est salutaire. Sans cette radicalité personne ne serait sauvé. Nous ne serions même pas nés sur cette terre.

Dieu se serait séparé définitivement des ténèbres (ces ténèbres dont nous avons partagé les desseins).

La Bible ne contiendrait que deux versets. Dieu aurait laissé cette terre Tohuw Bohuw se détruire seule.

Il n’aurait jamais restauré la terre en 7 jours. Mais depuis le début Dieu se complait avec son fils. Les anges (je parle de ses serviteurs fidèles) ne le satisfont pas entièrement s’ils n’ont personne à édifier. Dieu veut un vis-à-vis comme lui, qui a sa personnalité, une âme attachée à celle de Christ ; une épouse fidèle qui peut hériter de sa puissance.

Mais pour cela, l’être humain doit vivre un mystère : celui des 7 tonnerres. Alors prions pour la repentance de ceux que nous connaissons. Prions pour notre repentance à nous.

Amen

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