dimanche 20 août 2023

LE GRAND PROBLEME DU CŒUR HUMAIN

499

Par Eric RUIZ

 

Le cœur humain, c’est de cette façon que l’on nomme l’être intérieur dans la Bible. Mais l’hébreu leb, lebab signifie plus précisément : « le siège ou le sens de nos intentions ».

Le cœur possède des pensées, des intentions inexprimées et parfois inexprimables. Mais ces pensées sont très importantes car elles sont les vrais mobiles de nos actes.


Quand le prophète Jérémie dit que « Le cœur est tortueux par-dessus tout, et il est méchant: Qui peut le connaître? » (Jérémie 17:9).

Eh bien que veut-il dire précisément par cœur tortueux ?

Un cœur tortueux, c’est un cœur déloyal. Ce sont nos intentions qui sont déloyales et malhonnêtes. Le voilà ce cœur, qui se proclame juste et bon parce qu’il aime répondre aux besoins des gens, qu’il aime servir, aider, soutenir ; mais ce cœur cache son objectif premier qui est autre : C’est celui d’accroître sa richesse. Et par richesse on sous-entend les désirs tels que : l’auto satisfaction, la fierté, la bonne réputation, le pouvoir, le gain financier, la hiérarchie sociale, et pour finir un fruit de richesse en forme de maladie mentale ; la mégalomanie.

Cette déviance mentale, la mégalomanie, on l’a voit tous, chez les autres.

Qui n’a pas un exemple sous les yeux d’individus animés d’un désir constant de supériorité, un désir d’être admiré, tout en montrant un sérieux manque d’empathie ?

Mais, nous devons couper avec tous les clichés. Il n’y a pas que les Nebucadnestar, ou les despotes tyranniques qui ont cette tendance bien marquée.

 

Tout être humain a cette tendance innée à être narcissique.

 

Les stades du développement de l’enfant ont montré que très tôt l’enfant est égocentré et egocentrique, c’est-à-dire qu’il ramène tout à lui-même. Déjà à l’âge de deux ans, l’enfant a du mal à comprendre que les autres puissent avoir une autre pensée que lui.

Alors aspirer à se réaliser pousse à avoir de l’ambition ; et l’ambition dès qu’il s’exprime, ne demande qu’à grandir jusqu’à devenir dans certains cas démesurée. L’ambition est accrochée à notre vielle nature humaine puisqu’elle tire sa puissance dans le désir de l’autre.

 

Les désirs humains sont contraires à ceux de Dieu car ils ne sont pas linéaires. Dieu est intègre, c’est-à-dire qu’il prend, lui, un seul chemin qui est droit. Il ne fait aucun détour. Lorsqu’il dit une chose ou qu’il fait une chose, il n’a pas d’autres projets en parallèles qui servent un intérêt inavoué, bref, il n’a pas d’arrière-pensée ni d’intentions cachées.

 

L’homme naturel, complique tout ; Car, c’est plus fort que lui, lorsqu’il fait une action positive, il cherche comment cette action pourra lui être bénéfique autrement. Il cherche une plus-value pour lui-même d’abord.

Ne soyons pas des faux humbles en pensant échapper à ce genre de calcul. Le calcul se réalise souvent inconsciemment, sans qu’on en ait forcément eu le désir précédemment.

 

«  Le cœur a ses raisons que la pensée ne connait pas » nous rappelle justement le philosophe Blaise Pascal.

 

Celui qui fait une bonne action n’a sans doute, dans la plupart des cas, rien prémédité ; mais dans sa démarche s’ouvrira fatalement une porte lui étant personnellement destinée.

Alors bien-sûr, il y a une échelle d’addiction à ce genre de pensées parallèles ou d’arrière-pensées. Il existe bien des projets qui n’occasionnent aucun préjudice aux autres.

« J’ai rendu, par exemple, un service à une personne, cela m’a simplement conforté dans mon image d’homme bienveillant et attentionné ». Ça c’est le bas de l’échelle et on s’y accommode très bien ; Puis à l’autre extrémité de l’échelle, on trouve celui qui fait la promotion d’un médicament sachant que les risques de provoquer des dégâts graves voire mortels sont considérables. Les risques touchant la santé sont scandaleusement élevés. Mais voilà, le jeu des gains pour soi-même est trop fort et pousse à renoncer à faire marche arrière. La personne prend la décision de se laisser conduire par son ambition personnelle.

Arrivé à ce stade-là, l’arrière-pensée, les intentions profondes deviennent criminelles.

Pour notre Seigneur, celui qui chasse les prophètes de son assemblée dans la pensée profonde, dans l’intention de conserver et d’assouvir son autorité et son pouvoir, réalise le même crime.

Cette échelle des projets, des intentions du cœur montre en premier lieu ce que le livre de la Genèse dit « Je ne maudirai plus la terre, à cause de l'homme, parce que les pensées du cœur de l'homme sont mauvaises dès sa jeunesse ».

Ces pensées du cœur, c’est un démon qui est là dès le début et qui reste peu offensif au départ. C’est juste l’égo qui est flatté, mais cet égo peut pousser au crime à la fin, puisque ce démon en attire d’autres beaucoup plus méchants.

Regardez ce que dit Jésus-Christ dans (Marc 7 :21-22):

« Car c'est du dedans, c'est du cœur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les impudicités, les meurtres, les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie. »

Voilà pourquoi le prophète Jérémie emploie le mot « méchanceté » pour qualifier l’état du cœur tortueux ; car les démons attisent la méchanceté jusqu’à ne plus donner mauvaise conscience à celui qui place son bien être au-dessus de la vie (de l’existence même) des autres. Le mépris de l’autre devient total ; et l’amour de soi colossal.

D’autres traductions bibliques n’emploient pas forcément le mot « tortueux ».

Pour la version Martin : « cœur rusé désespérément malin » ; pour Darby : « cœur trompeur par-dessus tout, et incurable ».

Ces versions sont encore plus radicales que celle de Louis Segond (celle du cœur tortueux). Elles nous renvoient au cœur diabolique, qui ne peut plus changer puisqu’il est incurable.

Quand à Jésus-Christ, il nous dévoile ce cœur situé à l’extrémité de l’échelle ; ce cœur qui ne se soucie plus que de lui-même et qui a perdu toute empathie et compassion: » le cœur de ce peuple est devenu insensible; Ils ont endurci leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, » (Matthieu 13 :15).

Quand Jésus parle de croyants endurcis à ce point, il reprend ce qu’Esaïe dévoilait d’Israël. Il met en garde le cœur qui s’est tourné vers Dieu.

Ce cœur n’est pas à l’abri du danger, surtout si les racines de sa foi sont peu profondes.

Jésus ne parle pas d’exceptions, il parle à une foule nombreuse et pour une foule qui ne comprend rien à ses paraboles parce que leur cœur les a rendues aveugles.

Alors, Dieu ne nous demande pas de combattre notre vielle nature en optant pour une méthode qui chasserait nos arrière-pensées, nos mauvaises intentions. Il sait que c’est impossible.

Il n’existe aucune méthode humaine qui puisse chasser la nature humaine.

Aucune idéologie politique, philosophique ou religieuse ne peut réussir à changer les narcissiques (que nous sommes à des degrés différents). La peau du léopard reste avec ses tâches noires quoiqu’il fasse. Par conséquent se persuader d’agir avec bienveillance et générosité peut au mieux freiner ses ardeurs, pour un temps, mais c’est tout.

Quand un lion dort, il parait paisible et inoffensif, mais cela reste un terrible prédateur.

Eh bien, quand la sensibilité humaine est atteinte, que l’on devient insensible aux malheurs des autres, insensibles à leur besoin, à leur souffrance… alors plus rien ne peut enfreindre la progression du mal. L’instinct de prédateur est aiguisé.

L’autre ne devient plus sujet à nous émouvoir. C’est le moment de laisser libre cours à ses pulsions destructrices.

Les œuvres de la loi, que Moïse a reçues, elles aussi ont une portée restreintes.

Elles servent c’est indéniables ; D’abord en reprécisant l’attente de notre Seigneur. Il ne se contente pas d’un cœur à moitié purifié. Il commande (Deutéronome 30 :10) : « Tu reviendras à l’Eternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme. ».

De plus, la loi sert à mettre la lumière sur notre état d’âme, en révélant nos arrière-pensées, nos intentions dissimulées ; parce qu’elles révèlent à qui notre cœur s’est attaché (à Dieu ou à mammon ?).

Quand un Israélite n’obéissait plus aux commandements de l’Éternel, il montrait alors un cœur endurcit.

Or, si ce cœur est obéissant, c’est qu’il est attaché à Dieu, c’est qu’il reçoit ses paroles. Mais attention, c’est un état qui ne nous change pas définitivement, puisque les péchés partent et reviennent comme le flux et le reflux des marées.

Je pense que l’on commence à comprendre pourquoi tous les prophètes sont unanimes dans ce combat personnel à crier : « briser vos cœurs ! » à chaque endurcissement.

Le retour à la sensibilité ne peut se faire qu’à travers ce brisement.

Mais le brisement d’un cœur ne suffit pas à lui seul à le rendre pur à jamais. Cela ne suffit pas à changer la permanence de l’âme.

Le cœur devient pur, mais pour combien de temps ?

Sans Jésus-Christ, le cœur est toujours là à nous imposer ses ruses.

Il nous renvoie la pureté alors qu’il est corrompu.

Il est trompeur en nous montrant alors une fausse humilité, une fausse compassion, une sanctification qui n’en est pas.

Il nous fait croire que notre fond intérieur a véritablement changé parce qu’il est oint de l’esprit de Dieu ; alors que les arrière-pensées sont, elles, bien revenues.

Je le répète, mais c’est important, le temps et les épreuves sont là pour révéler la valeur de notre sacrifice.

La mise en garde faite aux Hébreux reste toujours la nôtre aussi : « Seulement fais bien attention à toi ! Veille attentivement sur toi-même tous les jours de ta vie, afin de ne pas oublier ce que tes yeux ont vu et de ne pas le laisser sortir de ton cœur ! Enseigne-le à tes enfants et à tes petits enfants » (Deutéronome 4 :9)

Enseigne-le, mais quoi donc ?

À Veiller attentivement sur toi-même tous les jours de ta vie,

Tout le livre du Deutéronome est un appel à veiller sans cesse sur son cœur, sur le sens profond de ses intentions, afin que son cœur reste pur.

Car combien de chrétiens pensent que malgré leurs arrières pensées, ils continuent néanmoins à être agréer et bénis de Dieu ?

Deutéronome 29 :19 est clair là-dessus : «  Que personne, après avoir entendu les paroles de cette alliance contractée avec serment, ne se glorifie dans son cœur et ne dise: J'aurai la paix, quand même je suivrai les penchants de mon cœur, et que j'ajouterai l'ivresse à la soif. »

Ne soyons pas léger, en s’accommodant d’une paix qui nous convient ; la soif : c’est l’intention connue. Mais l’ivresse, c’est le penchant de son cœur, c’est le mobile véritable qui est resté caché jusqu’à ce qu’il soit devenu visible.

Il n’est malheureusement pas rare de voir des croyants revenir à ce qu’ils ont vomi en se targuant quand même d’être des saints.

Ils retombent dans les mêmes péchés qu’autrefois.

Pourquoi ?

Parce qu’après avoir été brisé, après que nos actes aient montré plus que de l’empathie, de la compassion, après que Christ nous aient entièrement purifié ; notre cœur nouveau doit encore veiller sur lui-même.  

Les 7 lampes de notre chandelier doivent nous éclairer continuellement. Elles doivent nous illuminer intérieurement sans jamais s’éteindre, comme cela se faisait dans le tabernacle. Mais souvenons-nous qu’elles s’éclairaient les unes après les autres. Que le temps joue son rôle. La lampe de la fidélité ne s’allume qu’avec un cœur continuellement pur. Une huile coulant à toute heure.

Parce que le tentateur est endormi, mais il n’est pas détruit. Dans la réalité, ceux qui persévèrent dans des actes de justice portent un fruit. Ce fruit se voit parce que le mal tant à s’éloigner de plus en plus pour qu’à la fin, ce témoin fidèle ne succombe plus à la tentation.

Ce nouvel être qui est baptisé dans l’esprit saint, qui est adopté par le Père, peut alors manifester un cœur d’Agneau, le cœur de notre Père qui est au ciel.

Ce cœur d’Agneau est le but du disciple. Le lion, le prédateur que nous étions dans notre enfance, ce symbole de la force intérieure et de l’ambition est toujours là, mais son cœur a changé, ses intentions aussi, il a un cœur sans arrière-pensées, un cœur d’Agneau.

Il a tout du revêtement du lion mais son caractère en fait un agneau, un être de sacrifice, doux, docile et aimant, n’ayant d’autre ambition que de servir son Dieu.

Je terminerais par 1 Corinthiens 13, ce fameux passage sur l’amour pur. « Si je n’ai pas l’amour (la charité, cet amour agapeo) je ne suis rien »

« L’amour ne soupçonne pas le mal ». Eh bien, L’amour pur ne juge pas son prochain, il ne le condamne pas, il n’a aucune mauvaise pensée sur l’autre. Il attend patiemment, sans aucune arrière-pensée, que le Saint-Esprit dévoile la vérité.

Amen

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire