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Par Eric
RUIZ
Un temple est d’autant plus solide que ses fondations sont profondes. Si nous sommes des êtres animés de qualités profondes et non superficielles, nous aimons et recherchons par conséquent, tout ce qui possède de la profondeur. Et notre foi peut alors avoir de solides fondations. Chercher sans cesse à, donner du sens à ses prières, est la preuve d’une telle profondeur en soi.
« Le malheur atteint souvent le juste, Mais l'Éternel l'en délivre toujours. » (Psaumes 34 :19).
Ce verset fait souvent écho chez le croyant, qu’il soit de
confession juive comme de confession chrétienne d’ailleurs. Dès que survient un
malheur, sa prière va dans ce sens.
Je me rappelle l’avoir répété dans mes prières lorsqu’une
maladie ou une mauvaise nouvelle m’arrivait ; ou lorsque je n’arrivais
plus à surmonter un problème.
Et cela me faisait du bien parce que je mettais alors toute
ma conviction dans cette délivrance qui devait arriver comme une fatalité dans
ma vie ; une délivrance légitime, parce qu’elle répond à une personne de
foi.
Je rabâchais ces mots (Le malheur atteint souvent le
juste, Mais l'Éternel l'en délivre toujours. ), je les
répétais inlassablement comme une victoire déjà acquise ; comme aussi pour
exorciser le malheur qui m’arrivait, qu’il parte vite et loin, et surtout que
ce malheur ne me laisse pas dans la détresse, qu’il ne me tire pas vers le bas.
Que ma paix et ma foi continuent à exister.
J’avais, il faut le reconnaître, peur pour mon témoignage,
peur de montrer des faiblesses, là où au contraire je devais montrer une force
intangible.
J’avais auparavant, parlé de ma foi à « des
inconvertis » (c’est de cette façon
qu’on appelait celles et ceux qui ne croient pas en Dieu), et je ne voulais pas
leur montrer un manque de foi, par une
défaillance quelconque. Je ne voulais pas qu’à cause d’une mauvaise attitude, je
puisse leur donner une raison de se détourner de Dieu. Je me devais de rester
digne et stoïque dans l’épreuve.
Je sais que je n’étais pas le seul à vivre l’épreuve ainsi
et ce combat n’était, c’est vrai, pas facile. Je devais sans cesse lutter avec cette « vanité de la foi »,
qui consiste à se montrer victorieux
même dans la détresse.
Mais, j’ai vu que « l’Éternel est près de ceux qui ont le cœur brisé, j’ai vu qu’il vient sauver ceux qui ont l’esprit dans l’abattement ». Ce qui est d’ailleurs mot pour mot le verset précédant le Psaume 34 :19 qu’on vient de lire.
Dieu est fidèle, il vient au secours du malheureux.
Mais, j’ai compris une voie de sagesse par excellence. Si nous avons joué double jeu avec Dieu, notre délivrance est partielle. Elle n’est pas totale, parce que nous ne sommes alors pas justifiés par le Seigneur.
En fait, le malheur sera vécu très différemment si nous
avons été fidèles dans notre foi ou si nous avons caché une infidélité à son
égard.
En soi, ce n’est pas le malheur qui est terrible, c’est
comment nous le traversons de l’intérieur.
Si je regarde au malheur qu’a traversé Joseph le fils de Jacob,
qui a été trahi, d’abord par ses frères puis abandonné, prêt à mourir dans une
citerne ;
Vendu comme esclave ensuite aux Égyptiens, puis emprisonné
plusieurs années, car à nouveau trahi par la femme de Potiphar (officier de
Pharaon), le traitant d’avoir essayé de la violer (parce qu’il se refusait à
elle)… on peut dire que son épreuve est horrible par son injustice, sa dureté et
sa longévité. Le fils préféré de Jacob n’a véritablement pas été épargné.
Et pourtant, on ne voit jamais Joseph se plaindre de son sort, ni prier chaque jour « que l’Éternel le délivre de son malheur !» ; Où le voit-on tomber dans une détresse comme celle qu’a exprimée Job par exemple ? Au contraire, le texte de la Genèse nous dit que « l’Éternel était avec lui et donnait de la réussite à ce qu’il faisait ».
Non,
Joseph a été TOTALEMENT
délivré de son malheur. D’abord en devenant le bras
de commandement de Pharaon, mais pas seulement…
La preuve profonde est qu’il n’a rien gardé de mauvais dans son cœur. Il n’a jamais eu cet esprit revanchard ; Ni contre la femme de Potiphar ni vis-à-vis de ses frères. Il les a tous pardonné malgré l’abominable complot dont il a été l’objet ; la preuve étant qu’il les a comblé de bénédictions, lorsque des dizaines d’années plus tard ils sont venus en Égypte faisant face à une famine terrible.
Alors, Joseph a-t-il été gâté par la nature, avec un
caractère plus fort que les autres?
Ou bien a-t-il reçu une onction supérieure à celle que nous
pouvons recevoir de Christ aujourd’hui ?
Ce que je crois, n’est pas le résultat d’une simple prise
de conscience ou d’une révélation, ce que je crois m’a valu de passer par
différentes épreuves.
Ma vie de foi m’a fait comprendre mes différents choix et elle
m’a ouvert les yeux sur les épreuves qui arrivaient ensuite.
Les épreuves où j’ai été à moitié délivré se sont faites parce
que ma foi était empreinte de tiédeur.
Celles où j’ai été délivrées totalement, celles qui m’ont
valu de traverser la tempête sans sombrer, ont été celles où j’étais proche de
Dieu, en étant intègre, en observant sa loi sans compromis, ni faux semblants.
Une épreuve où j’ai été totalement délivrée :
Quand ma mère est décédée, c’est un être très proche de moi
qui est parti. Un cordon d’amour indestructible nous liait et nous lie toujours.
Ce malheur, j’en ai été TOTALEMENT délivré, pas
plusieurs semaines, plusieurs mois ou plusieurs années plus tard, non… délivré sur le moment même.
Dieu a instantanément fermé et recousu la plaie qui était
dans mon cœur. Ma tristesse, c’est même transformée en joie. Joie de la revoir
très prochainement, joie de la savoir dans le lieu qu’elle espérait, joie
provoquée par le Saint-Esprit.
Ensuite, il y a une autre sagesse à saisir :
-Pour celui qui n’est pas entièrement délivré de son
malheur, sa destinée ne suivra pas pour lui un chemin d’évolution. Il ne
connaitra ni la joie de la réussite, ni l’accomplissement
de sa foi. Il n’aura plus cette impression d’hériter des bénédictions célestes.
Il aura même la terrible impression de tourner en rond ou de piétiner sur
place. Pourquoi ?
Parce que son cœur aura toujours de l’amertume. Il sentira comme
un gout amer après chaque fête, après chaque célébration ou au retour de chaque
cérémonie. Il aura toujours un pincement au cœur, un relent de tristesse intérieure ;
comme aussi des images douloureuses du passé lui revenant à l’esprit, lors de
nouvelles rencontres par exemples ; et même en formulant de nouveaux
projets, il ne pourra totalement se réjouir.
Il ne pourra jamais se réjouir complètement du bien qui lui arrive.
Ce constat n’est pas du tout le même pour celui qui a été
entièrement délivré.
-Celui qui est totalement délivré est heureux dans son
activité. Il est heureux parce qu’il a plongé les regards dans la loi parfaite
et qu’il s’est mis à l’œuvre. Lire la Bible, l’écouter, méditer sur elle ne
suffit pas. Dieu ne nous justifie pas pour cela. L’apôtre Paul insiste bien sur
ce point dans la lettre aux Romains : « Seuls ceux qui mettent en pratique la loi de Dieu sont justifiés » ;
Et ce bonheur d’être justifié se voit. Il est visible par le fait de progresser
toujours davantage : PROGRESSER,
ce verbe est synonyme d’enrichissement dans la bible ;
« C'est la bénédiction de l'Éternel qui enrichit (qui fait progresser), Et il ne la fait suivre d'aucun chagrin ».
Ce proverbe de Salomon, que nous trouvons dans le livre des
Proverbes au chapitre 10 verset 22, je le comprends tellement différemment
aujourd’hui :
La
délivrance est totale si nous
n’avons plus aucun chagrin dans le cœur.
Si nous ressentons encore de mauvaises ondes comme on dit, ou
que nous souhaitons nous préserver d’ondes négatives, c’est que la bénédiction
n’est pas totale. Elle a été suivie par un chagrin, par une douleur, une
souffrance aiguë qui dure intérieurement. Les
plaies du corps ont certes cicatrisé, mais celles du cœur demeurent grande
ouvertes.
Voilà les sentiments qui sont synonymes de chagrin :
l’aversion, l’hostilité, l’inimitié, la rancœur, la colère, les remords, la
jalousie, l’abandon, ou encore le sentiment d’injustice.
Toutes ces impressions demeurent et font souffrir et elles empêchent toute progression au disciple.
Quelle leçon avons-nous à comprendre de cet enseignement ?
Eh bien, que « Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile
pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, » nous dit Paul dans la deuxième lettre à Timothée
chapitre 3 verset 16.
Dieu souhaite-t-il nous montrer que notre délivrance
partielle, suivie d’un chagrin est forcément notre condamnation ?
Souhaite-t-il-nous révéler que nous sommes l’ivraie de la
récolte en étant encore tourmenté ?
Ou bien souhaite-t-il nous tendre une nouvelle fois la main pour nous montrer notre erreur, notre égarement et la porte que nous devons pousser pour entrevoir un nouvel avenir ?
Le verset qui suit, le 17 est clair quant aux intentions du
Saint-Esprit: C’est « afin que l'homme de Dieu soit
accompli et propre à toute bonne œuvre. ».
Si l’objectif est l’être accompli en Dieu, cela veut bien
dire que le Seigneur ne prend pas plaisir à nous voir nous priver de sa totale
bénédiction. Il prend plaisir à notre évolution, à nos changements de cap, à
notre conversion ou reconversion. Il aime nous voir quitter les ténèbres d’un
pas ferme et décidé.
Nous venons de le lire : « toute
écriture inspirée de Dieu est utile… pour corriger (pour nous corriger) ».
Clairement, de l’injustice nous passons à la justice ;
De l’égarement nous passons à la clairvoyance ; de la tristesse à la joie.
Le disciple s’il veut être accompli ne peut se passer d’une
telle correction. Il ne
peut se satisfaire d’une demi-bénédiction.
Il ne peut être déchiré par deux sentiments opposés :
par la joie d’un côté et la tristesse de l’autre.
Par conséquent, si
nous sommes encore partagés et chagrinés, c’est que notre délivrance est
partielle, c’est que notre cœur nous condamne.
Nous avons besoin d’un brisement et d’une véritable
conversion.
Nous aurons beau dire et prier avec insistance que :
« Le malheur atteint souvent le juste, Mais l'Éternel l'en
délivre toujours ». Rien de profond ne se passera. Les oppressions
continueront à nous habiter et la morosité sera notre quotidien.
Amen
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