dimanche 6 août 2023

LE MALHEUR ATTEINT SOUVENT LE JUSTE, MAIS L’ETERNEL L’EN DELIVRE TOUJOURS

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Par Eric RUIZ

 

Un temple est d’autant plus solide que ses fondations sont profondes. Si nous sommes des êtres animés de qualités profondes et non superficielles, nous aimons et recherchons par conséquent, tout ce qui possède de la profondeur. Et notre foi peut alors avoir de solides fondations. Chercher sans cesse à, donner du sens à ses prières, est la preuve d’une telle profondeur en soi.


« Le malheur atteint souvent le juste, Mais l'Éternel l'en délivre toujours. » (Psaumes 34 :19).

Ce verset fait souvent écho chez le croyant, qu’il soit de confession juive comme de confession chrétienne d’ailleurs. Dès que survient un malheur, sa prière va dans ce sens.

Je me rappelle l’avoir répété dans mes prières lorsqu’une maladie ou une mauvaise nouvelle m’arrivait ; ou lorsque je n’arrivais plus à surmonter un problème.

Et cela me faisait du bien parce que je mettais alors toute ma conviction dans cette délivrance qui devait arriver comme une fatalité dans ma vie ; une délivrance légitime, parce qu’elle répond à une personne de foi.

Je rabâchais ces mots (Le malheur atteint souvent le juste, Mais l'Éternel l'en délivre toujours. ), je les répétais inlassablement comme une victoire déjà acquise ; comme aussi pour exorciser le malheur qui m’arrivait, qu’il parte vite et loin, et surtout que ce malheur ne me laisse pas dans la détresse, qu’il ne me tire pas vers le bas. Que ma paix et ma foi continuent à exister.

J’avais, il faut le reconnaître, peur pour mon témoignage, peur de montrer des faiblesses, là où au contraire je devais montrer une force intangible.

J’avais auparavant, parlé de ma foi à « des inconvertis » (c’est de cette  façon qu’on appelait celles et ceux qui ne croient pas en Dieu), et je ne voulais pas  leur montrer un manque de foi, par une défaillance quelconque. Je ne voulais pas qu’à cause d’une mauvaise attitude, je puisse leur donner une raison de se détourner de Dieu. Je me devais de rester digne et stoïque dans l’épreuve.

Je sais que je n’étais pas le seul à vivre l’épreuve ainsi et ce combat n’était, c’est vrai, pas facile. Je devais sans cesse lutter avec cette « vanité de la foi », qui consiste à se montrer victorieux même dans la détresse.

Mais, j’ai vu que « l’Éternel est près de ceux qui ont le cœur brisé, j’ai vu qu’il vient sauver ceux qui ont l’esprit dans l’abattement ». Ce qui est d’ailleurs mot pour mot le verset précédant le Psaume 34 :19 qu’on vient de lire.

Dieu est fidèle, il vient au secours du malheureux.

Mais, j’ai compris une voie de sagesse par excellence. Si nous avons joué double jeu avec Dieu, notre délivrance est partielle. Elle n’est pas totale, parce que nous ne sommes alors pas justifiés par le Seigneur.

En fait, le malheur sera vécu très différemment si nous avons été fidèles dans notre foi ou si nous avons caché une infidélité à son égard.

En soi, ce n’est pas le malheur qui est terrible, c’est comment nous le traversons de l’intérieur.

Si je regarde au malheur qu’a traversé Joseph le fils de Jacob, qui a été trahi, d’abord par ses frères puis abandonné, prêt à mourir dans une citerne ;

Vendu comme esclave ensuite aux Égyptiens, puis emprisonné plusieurs années, car à nouveau trahi par la femme de Potiphar (officier de Pharaon), le traitant d’avoir essayé de la violer (parce qu’il se refusait à elle)… on peut dire que son épreuve est horrible par son injustice, sa dureté et sa longévité. Le fils préféré de Jacob n’a véritablement pas été épargné.

Et pourtant, on ne voit jamais Joseph se plaindre de son sort, ni prier chaque jour « que l’Éternel le délivre de son malheur !» ; Où le voit-on tomber dans une détresse comme celle qu’a exprimée Job par exemple ? Au contraire, le texte de la Genèse nous dit que « l’Éternel était avec lui et donnait de la réussite à ce qu’il faisait ».

Non, Joseph a été TOTALEMENT délivré de son malheur. D’abord en devenant le bras de commandement de Pharaon, mais pas seulement…

La preuve profonde est qu’il n’a rien gardé de mauvais dans son cœur. Il n’a jamais eu cet esprit revanchard ; Ni contre la femme de Potiphar  ni vis-à-vis de ses frères. Il les a tous pardonné malgré l’abominable complot dont il a été l’objet ; la preuve étant qu’il les a comblé de bénédictions, lorsque des dizaines d’années plus tard ils sont venus en Égypte faisant face à une famine terrible.

Alors, Joseph a-t-il été gâté par la nature, avec un caractère plus fort que les autres?

Ou bien a-t-il reçu une onction supérieure à celle que nous pouvons recevoir de Christ aujourd’hui ?

 

Ce que je crois, n’est pas le résultat d’une simple prise de conscience ou d’une révélation, ce que je crois m’a valu de passer par différentes épreuves.

Ma vie de foi m’a fait comprendre mes différents choix et elle m’a ouvert les yeux sur les épreuves qui arrivaient ensuite.

Les épreuves où j’ai été à moitié délivré se sont faites parce que ma foi était empreinte de tiédeur.

Celles où j’ai été délivrées totalement, celles qui m’ont valu de traverser la tempête sans sombrer, ont été celles où j’étais proche de Dieu, en étant intègre, en observant sa loi sans compromis, ni faux semblants.

 

Une épreuve où j’ai été totalement délivrée :

Quand ma mère est décédée, c’est un être très proche de moi qui est parti. Un cordon d’amour indestructible nous liait et nous lie toujours.

Ce malheur, j’en ai été TOTALEMENT délivré, pas plusieurs semaines, plusieurs mois ou plusieurs années plus tard, non…  délivré sur le moment même.

Dieu a instantanément fermé et recousu la plaie qui était dans mon cœur. Ma tristesse, c’est même transformée en joie. Joie de la revoir très prochainement, joie de la savoir dans le lieu qu’elle espérait, joie provoquée par le Saint-Esprit.

 

Ensuite, il y a une autre sagesse à saisir :

 

-Pour celui qui n’est pas entièrement délivré de son malheur, sa destinée ne suivra pas pour lui un chemin d’évolution. Il ne connaitra ni la joie de la réussite, ni  l’accomplissement de sa foi. Il n’aura plus cette impression d’hériter des bénédictions célestes. Il aura même la terrible impression de tourner en rond ou de piétiner sur place. Pourquoi ?

Parce que son cœur aura toujours de l’amertume. Il sentira comme un gout amer après chaque fête, après chaque célébration ou au retour de chaque cérémonie. Il aura toujours un pincement au cœur, un relent de tristesse intérieure ; comme aussi des images douloureuses du passé lui revenant à l’esprit, lors de nouvelles rencontres par exemples ; et même en formulant de nouveaux projets, il ne pourra totalement se réjouir.

Il ne pourra jamais se réjouir complètement du bien qui lui arrive.

Ce constat n’est pas du tout le même pour celui qui a été entièrement délivré.

-Celui qui est totalement délivré est heureux dans son activité. Il est heureux parce qu’il a plongé les regards dans la loi parfaite et qu’il s’est mis à l’œuvre. Lire la Bible, l’écouter, méditer sur elle ne suffit pas. Dieu ne nous justifie pas pour cela. L’apôtre Paul insiste bien sur ce point dans la lettre aux Romains : « Seuls ceux qui mettent en pratique la loi de Dieu sont justifiés » ; Et ce bonheur d’être justifié se voit. Il est visible par le fait de progresser toujours davantage : PROGRESSER, ce verbe est synonyme d’enrichissement dans la bible ;  

« C'est la bénédiction de l'Éternel qui enrichit (qui fait progresser), Et il ne la fait suivre d'aucun chagrin ».

Ce proverbe de Salomon, que nous trouvons dans le livre des Proverbes au chapitre 10 verset 22, je le comprends tellement différemment aujourd’hui :

La délivrance est totale si nous n’avons plus aucun chagrin dans le cœur.

Si nous ressentons encore de mauvaises ondes comme on dit, ou que nous souhaitons nous préserver d’ondes négatives, c’est que la bénédiction n’est pas totale. Elle a été suivie par un chagrin, par une douleur, une souffrance aiguë qui dure intérieurement. Les plaies du corps ont certes cicatrisé, mais celles du cœur demeurent grande ouvertes.

Voilà les sentiments qui sont synonymes de chagrin : l’aversion, l’hostilité, l’inimitié, la rancœur, la colère, les remords, la jalousie, l’abandon, ou encore le sentiment d’injustice.

Toutes ces impressions demeurent et font souffrir et elles empêchent toute progression au disciple.

Quelle leçon avons-nous à comprendre de cet enseignement ?

 Eh bien, que « Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, » nous dit Paul dans la deuxième lettre à Timothée chapitre 3 verset 16.

Dieu souhaite-t-il nous montrer que notre délivrance partielle, suivie d’un chagrin est forcément notre condamnation ?

Souhaite-t-il-nous révéler que nous sommes l’ivraie de la récolte en étant encore tourmenté ?

Ou bien souhaite-t-il nous tendre une nouvelle fois la main pour nous montrer notre erreur, notre égarement et la porte que nous devons pousser pour entrevoir un nouvel avenir ?

Le verset qui suit, le 17 est clair quant aux intentions du Saint-Esprit: C’est « afin que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre. ».

Si l’objectif est l’être accompli en Dieu, cela veut bien dire que le Seigneur ne prend pas plaisir à nous voir nous priver de sa totale bénédiction. Il prend plaisir à notre évolution, à nos changements de cap, à notre conversion ou reconversion. Il aime nous voir quitter les ténèbres d’un pas ferme et décidé.

Nous venons de le lire : « toute écriture inspirée de Dieu est utile… pour corriger (pour nous corriger) ».

Clairement, de l’injustice nous passons à la justice ; De l’égarement nous passons à la clairvoyance ; de la tristesse à la joie.

Le disciple s’il veut être accompli ne peut se passer d’une telle correction. Il ne peut se satisfaire d’une demi-bénédiction.

Il ne peut être déchiré par deux sentiments opposés : par la joie d’un côté et la tristesse de l’autre.

Par conséquent, si nous sommes encore partagés et chagrinés, c’est que notre délivrance est partielle, c’est que notre cœur nous condamne.

Nous avons besoin d’un brisement et d’une véritable conversion.

Nous aurons beau dire et prier avec insistance que : « Le malheur atteint souvent le juste, Mais l'Éternel l'en délivre toujours »Rien de profond ne se passera. Les oppressions continueront à nous habiter et la morosité sera notre quotidien.

Amen

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