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Par Eric
Ruiz
1. « Entre la justice et ma mère, je choisis ma mère » ou « Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice ».
Ces deux
affirmations très fortes qui se rejoignent dans les faits, et qui sont sans
doute issues d’un récit connu, m’a interloquée. C’est vrai que l’attachement
affectif envers une mère ne permet pas facilement d’opter pour la justice. La
préférence familiale n’est pas objective. C’est le cœur qui choisi et on est
près alors à s’asseoir sur ses principes et sur ses valeurs. Même
si ce sont ses valeurs qu’on vénère le plus.
On préfère
alors être injuste si c’est pour faciliter la vie de sa propre mère ou pour lui
éviter un désagrément.
Combien de
passe-droits se font et se sont faits avec la préférence familiale ?
Combien de choix se font sur un fils, un cousin, un ami de la famille, plutôt que
sur une personne qui mérite davantage le choix ; Et la question que l’on
attend de moi :
2.
Et les Eglises échappent-elles à la
préférence familiale ?
Un nouveau
converti à Christ dirait : « on
n’est pas dans le monde mais dans un endroit sacré où la vérité et la justice
priment ; Et Jésus choisirai j’en suis certain la justice de son
Père, plutôt que l’amour filial ». Ce nouveau converti, bouillant pour
Dieu aurait certainement raison.
Et c’est
tout à fait ce que Jésus de Nazareth préfère d’ailleurs dans Luc 8 :21 « On lui dit: Ta
mère et tes frères sont dehors, et ils désirent te voir. Mais il répondit: Ma mère
et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent
en pratique. ».
En d’autres termes Jésus met la justice à sa vraie place. Et pratiquer la
justice s’est commencer à se préparer pour les noces de l’agneau, puisque le
vêtement de fin lin de l’agneau est fait par les œuvres justes des saints.
Alors pas étonnant que ceux qui obéissent à la parole de Dieu soient privilégiés
à leur famille biologique. La question n’est pas de dénigrer ou de mépriser sa
mère et ses frères de sang. Jésus souhaite insister sur la foi. C’est que la
foi prime sur les sentiments humains. Nous devons certes aimer nos parents, les honorer, mais
la justice de Dieu prévaut dans notre vie ; et les choix de Dieu même
s’ils contredisent les sentiments et les choix humains sont plus importants à
respecter. Ainsi nous devons être
près à quitter père et mère pour notre foi. Nous devons avoir la foi d’Abraham
qui était près à sacrifier son fils Isaac. Ne vous
inquiétez de rien disait Jésus. L’inquiétude c’est les païens qui s’inquiètent
des choses du monde. « Cherchez
premièrement le royaume et la justice
de Dieu; »
3.
La dynastie
pastorale
Or, je me suis penché sur ce qui se passe dans les Eglises
institutionnelles à caractères protestantes, évangéliques ou pentecôtistes.
Et j’ai été étonné de constater le nombre impressionnant de
familles qui dirigent les Eglises.
Et chose
étonnante, l’institution laisse faire. Aussi chaque assemblée locale est
autonome. Elle peut établir ses propres règles internes. La préférence
familiale peut alors s’exercer librement ; Il y a juste un encouragent à
la prudence pour éviter la concentration du pouvoir et préserver l’équilibre
spirituel.
Pourtant, malgré ces recommandations, on observe assez
souvent des dynasties pastorales. Le fondateur est pasteur principal, son
épouse est prophétesse ou pasteure associée ou elle est « la responsable
des femmes », un de leur fils ou une de leur fille est responsable de la
louange ou pasteur adjoint.
La
dynastie pastorale est chose courante dans les Eglises pentecôtistes
africaines, mais pas seulement, dans les assemblées néo-évangéliques
américaines, comme dans certaines
méga-Eglises charismatiques francophones que l’on trouve en Afrique, aux Antilles,
et bien-sûr en France. C’est un phénomène mondial.
On assiste alors à un véritable népotisme. Le
népotisme n’est pas une doctrine de l’Évangile, c’est un délit comme l’adultère
l’est aux yeux de Dieu. C’est une lettre de divorce avec Dieu, pourquoi ?
Parce que c’est un abus de pouvoir que l’on pratique en faveur de sa famille ou
de ses amis proches les privilégiant au détriment des autres qui mériteraient
davantage à être aidés ou favorisés.
Foi ou clan familial ? On ne sait plus.
En France, dans des petites assemblées, non affiliées aux
grandes fédérations chrétiennes, il n’est pas rare de voir le pasteur et son
épouse tout diriger, les cultes, les finances, la gestion, les décisions. La dérive
despotique et tyrannique est évidente. Fini la transparence financière, Fini
la collégialité spirituelle. Fini l’amour du prochain. Le gourou
devient la figure unique de l’assemblée.
Le plan de séduction est bien amené, parce que dans bien
des cas, il existe des instances de décisions autres que familiales. La
collégialité semble exister. Mais en fin de compte le mal existe encore
plus. La réalité est masquée, puisqu’à
la fin c’est toujours le clan familial qui décide à qui on attribue les dons,
les salaires ou les responsabilités. La collégialité n’est qu’un vernis.
D’ailleurs, les décisions sont facilitées par le fait que
les membres auront tendance à être infantilisés par la famille pasteur, qui est
perçue comme une autorité parentale.
Or sans voir le mal partout, même si les membres d’une
famille sont tous de bons et loyaux chrétiens, convertis, baptisés, mais qu’ils
aient investis les postes clés de l’Eglises, ce n’est pas très rassurant sur le
pluralisme de la foi. Au départ le témoignage de fidélité sera sans doute impressionnant,
puisque le sentiment d’une famille unie cohérente dans la foi et le service aux
autres interpellera n’importe qui. Mais déjà dans la famille pastorale, il y
aura des risques accrus de jalousie et de division entre frères et sœurs d’une
même fratrie au sujet des postes à responsabilités, ou parce que certains
n’éprouvent pas ou plus le désir de prendre la succession de l’Eglise. Et le risque
de perdre le contrôle de l’Eglise sera un sujet d’actualité.
Le contrôle de l’assemblée est une bonne chose, à condition
que ce contrôle ne soit pas concentré entre quelques mains et entre des
personnes qui peuvent avoir des intérêts subjectifs, comme les membres d’une
même famille. La chair qui a des désirs contraires à ceux de l’esprit aura les
mains libres pour exercer un favoritisme qui deviendra forcément de plus en
plus important. Voilà comment très vite l’impiété entre dans une assemblée,
parce que face à l’injustice certains sont poussés à haïr leurs frères de foi,
tandis que d’autres sont incités à être des oppresseurs.
« L’amour certes ne soupçonne pas le mal »
selon 1 Corinthiens 13, mais il est écrit aussi dans le même
chapitre : « il ne fait rien de malhonnête, il ne
cherche point son propre intérêt, » La sagesse voudrait que les postes à responsabilité de l’Église soient
répartis selon les compétences bien diverses qui ne répondent plus à des
critères familiaux mais aux ministères que Dieu donne lui-même à l’Eglise,
selon son bon vouloir. En résumé, on devrait se soumettre à la
direction du Saint-Esprit plutôt qu’à la famille dirigeante.
4.
L’esprit
royaliste
Nous ne sommes plus sous un héritage royal, où le fils ainé
du roi prenait la succession du royaume. Il devait le faire pour que l’héritage
spirituel de son père continue à vivre de génération en génération. Le roi
d’Israël comme celui de Juda avaient la mission de briser les idoles, de
détruire les hauts lieux et les autels, de nommer les prêtes selon la loi ou de
célébrer le seul vrai Dieu lors des fêtes en respectant les coutumes ; par
conséquent de maintenir ou de rétablir la foi de leurs ancêtres ; la même
foi que celle d’Abraham, d’Isaac, et de Jacob. Ils étaient oints pour cela. Ils ont pour
ainsi dire tous échoué dans leur mission. Même
les rois intègres ont échoué.
Aujourd’hui encore, un croyant qui a cette mission royale
dans le cœur chasse le Saint-Esprit et se donne une mission qu’il n’a plus à
faire. Parce qu’avec Jésus de Nazareth, il n’y a plus de roi et de mission
comme telle. La résurrection de Jésus-Christ a établi une alliance où le
Saint-Esprit ne fait acception de personne. L’onction ne tombe pas sur un
membre particulier, un héritier parce qu’il serait le fils d’un grand pasteur…
elle tombe sur toute chair que Dieu a ointe. Et Dieu fait toujours respecter sa
parole. Alors, si l’organisation de l’Eglise suit une voie humaine, c’est que
la chair a pris le pouvoir sur l’esprit, et le diable viendra briser la sainte communion.
L’esprit diabolique cherche la longévité, et disons-le il
cherche une forme d’éternité en propageant le nom (l’identité familiale) à
travers les siècles. Comment maintenir un pouvoir, une doctrine, un nom, si ce
n’est à travers un clan qui survivra de génération en génération. Le clan
familial, c’est alors une stratégie très
efficace qui permet de conserver cet héritage dans le temps. Nous l’avons vu
avec le roi d’Israël Jéroboam qui a
marqué durablement l’histoire religieuse du royaume d’Israël, influençant
presque tous les rois après lui et façonnant à son image l’identité du royaume
du nord pendant des siècles.
Le culte de Jéroboam a entraîné
Israël dans une apostasie durable, menant à la destruction du royaume par
les Assyriens en 722 avant Jésus-Christ.
Mais cet esprit royaliste ne s’est
pas arrêté-là, à cette date. Au temps de Jésus le nazaréens, la littérature
juive (je vise surtout le talmud de Babylone) fait référence au grand prêtre du
Temple, Caïphe (secrètement détesté) pour son népotisme. Le talmud dit : « Ils sont grands prêtres, leurs fils
trésoriers, leurs gendre surveillants du temple et leurs serviteurs battent le
peuple à coups de bâton » Pas étonnant que Jésus est venu renverser
les tables et chasser les marchands du Temple qui étaient à la solde de Caïphe.
Concrètement, qu’est-ce qui se passe quand toute une
assemblée est dirigée par un couple de croyants ? L’esprit de Jézabel
revient au galop.
Petit retour en arrière dans l’histoire, avec le livre des
Rois ou des Chroniques. Le roi d’Israël Achab avait épousée la princesse
phénicienne Jézabel. Personne ne pouvait arrêter les décisions diaboliques de
cette reine acariâtre et cruelle. Elle
voulait tout pour elle et son mari. Elle poussa son mari à s’accaparer,
illégalement et par le crime, la vigne de Naboth qui était près de leur palais
et dont le roi rêvait d’acquérir. Achab qui était faible s’est laissé
complètement manipuler par elle. Eh bien c’est ce qu’il en est dans les
assemblées ou un couple de pasteur qui a la main mise sur les cultes et les
décisions du groupe s’octroie de plus en plus de passes droits et de privilèges.
L’un poussant toujours l’autre à vouloir plus.
La question que pose Jézabel au roi : « Est-ce bien toi maintenant qui exerces la souveraineté
sur Israël? » C’est la même question
aujourd’hui que l’on pose au pasteur dirigeant : « Est-ce
bien toi qui dirige cette Eglise ? »
Et la grande majorité trouvera de bonnes raisons à ce
qu’ils soient autant honoré. Après tout l’image d’un couple de pasteur se doit
de montrer l’abondance et la foi de leur Eglise. Ils sont comme une vitrine sur
l’extérieur. C’est là encore l’orgueil d’un esprit royaliste.
Que nous dit Esaie 53 : « Qui a
reconnu le bras de l’Eternel. Il n'avait ni beauté, ni éclat pour
attirer nos regards, Et son aspect n'avait rien pour nous plaire. »
Et puis, « le royaume de Dieu ne vient pas de
manière à frapper les regards, ( L.Segond) ne vient pas avec l’apparence
(Martin) ne vient pas de manière à attirer l’attention (Darby). »
Le royaume de Dieu c’est le corps de christ dans des croyants unis ensemble par
le Saint-Esprit, sans fioritures ni
privilèges.
5.
Conclusion
Alors, je
sais que certains en m’écoutant ou en me lisant se diront, « mais moi je
suis dans une Église ou je connais une assemblée, où le couple pastoral est
exemplaire » ; Et ils se diront que je vois le mal partout en
généralisant. Je leur dirais que Dieu révèle en son temps ce qui a été caché et
dissimulé aux yeux de chacun. J’ai vécu pour ma part 25 années dans une
communauté chrétienne. Je ne voyais dans l’assemblée où je vivais que la
stricte volonté de Dieu. Je ne voyais pas en mal le fait que la famille
pastorale ait des privilèges. Mais au jour du Seigneur, les ténèbres sont
apparues, révélées par une lumière forte, faisant s’écrouler la Babylone
chrétienne dont je faisais partie.
Le monde
est entré dans l’Église chrétienne. Il y est entré par de multiples manières
différentes. Le népotisme ou la préférence familiale est une grande
particularité des Eglises modernes.
Elles ont
des modèles sociaux qui les inspirent fortement. Dans le show-biz, par exemple,
ont ne comptent plus les enfants de stars qui accèdent facilement à la
célébrité grâce aux relations et au nom de leurs parents. Le terme «
nepo baby » (abréviation de nepotism baby) désigne les enfants de
célébrités qui bénéficient d’un accès privilégié aux carrières artistiques.
Ce concept est devenu viral de nos jours.
Alors toutes ces dérives du monde dont la foi
chrétienne s’est emparée comme un breuvage divin et qu’elle s’en est délectée
goulument, ces dérives doivent attirer l’attention de beaucoup de nos frères et
sœurs en Christ. Pourquoi ? Parce que Dieu détruira ce système inique,
mais avant il ouvrira les yeux de son peuple, comme il l’a fait aussi avec moi.
« Mais l'heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs
adoreront le Père en esprit et en vérité; car ce sont là les adorateurs
que le Père demande. » (Jean 4 :23). Amen

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