vendredi 24 octobre 2025

QUAND LA FOI est attaquée par LA PREFERENCE FAMILIALE

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Par Eric Ruiz

 

1.     « Entre la justice et ma mère, je choisis ma mère » ou « Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice ».

Ces deux affirmations très fortes qui se rejoignent dans les faits, et qui sont sans doute issues d’un récit connu, m’a interloquée. C’est vrai que l’attachement affectif envers une mère ne permet pas facilement d’opter pour la justice. La préférence familiale n’est pas objective. C’est le cœur qui choisi et on est près alors à s’asseoir sur ses principes et sur ses valeurs. Même si ce sont ses valeurs qu’on vénère le plus.

On préfère alors être injuste si c’est pour faciliter la vie de sa propre mère ou pour lui éviter un désagrément.

Combien de passe-droits se font et se sont faits avec la préférence familiale ? Combien de choix se font sur un fils, un cousin, un ami de la famille, plutôt que sur une personne qui mérite davantage le choix ; Et la question que l’on attend de moi :

 

2.     Et les Eglises échappent-elles à la préférence familiale ?

 

Un nouveau converti  à Christ dirait : « on n’est pas dans le monde mais dans un endroit sacré où la vérité et la justice priment ; Et Jésus choisirai j’en suis certain la justice de son Père, plutôt que l’amour filial ». Ce nouveau converti, bouillant pour Dieu aurait certainement raison.

Et c’est tout à fait ce que Jésus de Nazareth préfère d’ailleurs dans Luc 8 :21 « On lui dit: Ta mère et tes frères sont dehors, et ils désirent te voir. Mais il répondit: Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique. ». En d’autres termes Jésus met la justice à sa vraie place. Et pratiquer la justice s’est commencer à se préparer pour les noces de l’agneau, puisque le vêtement de fin lin de l’agneau est fait par les œuvres justes des saints. Alors pas étonnant que ceux qui obéissent à la parole de Dieu soient privilégiés à leur famille biologique. La question n’est pas de dénigrer ou de mépriser sa mère et ses frères de sang. Jésus souhaite insister sur la foi. C’est que la foi prime sur les sentiments humains. Nous devons certes aimer nos parents, les honorer, mais la justice de Dieu prévaut dans notre vie ; et les choix de Dieu même s’ils contredisent les sentiments et les choix humains sont plus importants à respecter. Ainsi nous devons être près à quitter père et mère pour notre foi. Nous devons avoir la foi d’Abraham qui était près à sacrifier son fils Isaac. Ne vous inquiétez de rien disait Jésus. L’inquiétude c’est les païens qui s’inquiètent des choses du monde. « Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu; »

 

3.     La dynastie pastorale

 

Or, je me suis penché sur ce qui se passe dans les Eglises institutionnelles à caractères protestantes, évangéliques ou pentecôtistes.

Et j’ai été étonné de constater le nombre impressionnant de familles qui dirigent les Eglises.

Et chose étonnante, l’institution laisse faire. Aussi chaque assemblée locale est autonome. Elle peut établir ses propres règles internes. La préférence familiale peut alors s’exercer librement ; Il y a juste un encouragent à la prudence pour éviter la concentration du pouvoir et préserver l’équilibre spirituel.

Pourtant, malgré ces recommandations, on observe assez souvent des dynasties pastorales. Le fondateur est pasteur principal, son épouse est prophétesse ou pasteure associée ou elle est « la responsable des femmes », un de leur fils ou une de leur fille est responsable de la louange ou pasteur adjoint.

La dynastie pastorale est chose courante dans les Eglises pentecôtistes africaines, mais pas seulement, dans les assemblées néo-évangéliques américaines,  comme dans certaines méga-Eglises charismatiques francophones que l’on trouve en Afrique, aux Antilles, et bien-sûr en France. C’est un phénomène mondial.

On assiste alors à un véritable népotisme.  Le népotisme n’est pas une doctrine de l’Évangile, c’est un délit comme l’adultère l’est aux yeux de Dieu. C’est une lettre de divorce avec Dieu, pourquoi ? Parce que c’est un abus de pouvoir que l’on pratique en faveur de sa famille ou de ses amis proches les privilégiant au détriment des autres qui mériteraient davantage à être aidés ou favorisés.

Foi ou clan familial ? On ne sait plus.

En France, dans des petites assemblées, non affiliées aux grandes fédérations chrétiennes, il n’est pas rare de voir le pasteur et son épouse tout diriger, les cultes, les finances, la gestion, les décisions. La dérive despotique et tyrannique est évidente. Fini la transparence financière, Fini la collégialité spirituelle. Fini l’amour du prochain. Le gourou devient la figure unique de l’assemblée.

Le plan de séduction est bien amené, parce que dans bien des cas, il existe des instances de décisions autres que familiales. La collégialité semble exister. Mais en fin de compte le mal existe encore plus.  La réalité est masquée, puisqu’à la fin c’est toujours le clan familial qui décide à qui on attribue les dons, les salaires ou les responsabilités. La collégialité n’est qu’un vernis.

D’ailleurs, les décisions sont facilitées par le fait que les membres auront tendance à être infantilisés par la famille pasteur, qui est perçue comme une autorité parentale.

Or sans voir le mal partout, même si les membres d’une famille sont tous de bons et loyaux chrétiens, convertis, baptisés, mais qu’ils aient investis les postes clés de l’Eglises, ce n’est pas très rassurant sur le pluralisme de la foi. Au départ le témoignage de fidélité sera sans doute impressionnant, puisque le sentiment d’une famille unie cohérente dans la foi et le service aux autres interpellera n’importe qui. Mais déjà dans la famille pastorale, il y aura des risques accrus de jalousie et de division entre frères et sœurs d’une même fratrie au sujet des postes à responsabilités, ou parce que certains n’éprouvent pas ou plus le désir de prendre la succession de l’Eglise. Et le risque de perdre le contrôle de l’Eglise sera un sujet d’actualité.

Le contrôle de l’assemblée est une bonne chose, à condition que ce contrôle ne soit pas concentré entre quelques mains et entre des personnes qui peuvent avoir des intérêts subjectifs, comme les membres d’une même famille. La chair qui a des désirs contraires à ceux de l’esprit aura les mains libres pour exercer un favoritisme qui deviendra forcément de plus en plus important. Voilà comment très vite l’impiété entre dans une assemblée, parce que face à l’injustice certains sont poussés à haïr leurs frères de foi, tandis que d’autres sont incités à être des oppresseurs.

« L’amour certes ne soupçonne pas le mal » selon 1 Corinthiens 13, mais il est écrit aussi dans le même chapitre : « il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche point son propre intérêt, » La sagesse voudrait que les postes à responsabilité de l’Église soient répartis selon les compétences bien diverses qui ne répondent plus à des critères familiaux mais aux ministères que Dieu donne lui-même à l’Eglise, selon son bon vouloir. En résumé, on devrait se soumettre à la direction du Saint-Esprit plutôt qu’à la famille dirigeante.

 

4.     L’esprit royaliste

 

Nous ne sommes plus sous un héritage royal, où le fils ainé du roi prenait la succession du royaume. Il devait le faire pour que l’héritage spirituel de son père continue à vivre de génération en génération. Le roi d’Israël comme celui de Juda avaient la mission de briser les idoles, de détruire les hauts lieux et les autels, de nommer les prêtes selon la loi ou de célébrer le seul vrai Dieu lors des fêtes en respectant les coutumes ; par conséquent de maintenir ou de rétablir la foi de leurs ancêtres ; la même foi que celle d’Abraham, d’Isaac, et de Jacob.  Ils étaient oints pour cela. Ils ont pour ainsi dire tous échoué dans leur mission. Même les rois intègres ont échoué.

 

Aujourd’hui encore, un croyant qui a cette mission royale dans le cœur chasse le Saint-Esprit et se donne une mission qu’il n’a plus à faire. Parce qu’avec Jésus de Nazareth, il n’y a plus de roi et de mission comme telle. La résurrection de Jésus-Christ a établi une alliance où le Saint-Esprit ne fait acception de personne. L’onction ne tombe pas sur un membre particulier, un héritier parce qu’il serait le fils d’un grand pasteur… elle tombe sur toute chair que Dieu a ointe. Et Dieu fait toujours respecter sa parole. Alors, si l’organisation de l’Eglise suit une voie humaine, c’est que la chair a pris le pouvoir sur l’esprit, et le diable viendra briser la sainte communion.

L’esprit diabolique cherche la longévité, et disons-le il cherche une forme d’éternité en propageant le nom (l’identité familiale) à travers les siècles. Comment maintenir un pouvoir, une doctrine, un nom, si ce n’est à travers un clan qui survivra de génération en génération. Le clan familial, c’est  alors une stratégie très efficace qui permet de conserver cet héritage dans le temps. Nous l’avons vu avec le roi d’Israël Jéroboam qui a marqué durablement l’histoire religieuse du royaume d’Israël, influençant presque tous les rois après lui et façonnant à son image l’identité du royaume du nord pendant des siècles.

Le culte de Jéroboam a entraîné Israël dans une apostasie durable, menant à la destruction du royaume par les Assyriens en 722 avant Jésus-Christ.

Mais cet esprit royaliste ne s’est pas arrêté-là, à cette date. Au temps de Jésus le nazaréens, la littérature juive (je vise surtout le talmud de Babylone) fait référence au grand prêtre du Temple, Caïphe (secrètement détesté) pour son népotisme. Le talmud dit : « Ils sont grands prêtres, leurs fils trésoriers, leurs gendre surveillants du temple et leurs serviteurs battent le peuple à coups de bâton » Pas étonnant que Jésus est venu renverser les tables et chasser les marchands du Temple qui étaient à la solde de Caïphe.

 

Concrètement, qu’est-ce qui se passe quand toute une assemblée est dirigée par un couple de croyants ? L’esprit de Jézabel revient au galop.

Petit retour en arrière dans l’histoire, avec le livre des Rois ou des Chroniques. Le roi d’Israël Achab avait épousée la princesse phénicienne Jézabel. Personne ne pouvait arrêter les décisions diaboliques de cette reine acariâtre et cruelle.  Elle voulait tout pour elle et son mari. Elle poussa son mari à s’accaparer, illégalement et par le crime, la vigne de Naboth qui était près de leur palais et dont le roi rêvait d’acquérir. Achab qui était faible s’est laissé complètement manipuler par elle. Eh bien c’est ce qu’il en est dans les assemblées ou un couple de pasteur qui a la main mise sur les cultes et les décisions du groupe s’octroie de plus en plus de passes droits et de privilèges. L’un poussant toujours l’autre à vouloir plus.

La question que pose Jézabel au roi : «  Est-ce bien toi maintenant qui exerces la souveraineté sur Israël? » C’est la même question aujourd’hui que l’on pose au pasteur dirigeant : «  Est-ce bien toi qui dirige cette Eglise ? »

Et la grande majorité trouvera de bonnes raisons à ce qu’ils soient autant honoré. Après tout l’image d’un couple de pasteur se doit de montrer l’abondance et la foi de leur Eglise. Ils sont comme une vitrine sur l’extérieur. C’est là encore l’orgueil d’un esprit royaliste.

Que nous dit Esaie 53 : « Qui a reconnu le bras de l’Eternel. Il n'avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, Et son aspect n'avait rien pour nous plaire. »

Et puis, « le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards, ( L.Segond) ne vient pas avec l’apparence (Martin) ne vient pas de manière à attirer l’attention (Darby). » Le royaume de Dieu c’est le corps de christ dans des croyants unis ensemble par le Saint-Esprit, sans fioritures ni privilèges.

 

5.     Conclusion

 

Alors, je sais que certains en m’écoutant ou en me lisant se diront, « mais moi je suis dans une Église ou je connais une assemblée, où le couple pastoral est exemplaire » ; Et ils se diront que je vois le mal partout en généralisant. Je leur dirais que Dieu révèle en son temps ce qui a été caché et dissimulé aux yeux de chacun. J’ai vécu pour ma part 25 années dans une communauté chrétienne. Je ne voyais dans l’assemblée où je vivais que la stricte volonté de Dieu. Je ne voyais pas en mal le fait que la famille pastorale ait des privilèges. Mais au jour du Seigneur, les ténèbres sont apparues, révélées par une lumière forte, faisant s’écrouler la Babylone chrétienne dont je faisais partie.

Le monde est entré dans l’Église chrétienne. Il y est entré par de multiples manières différentes. Le népotisme ou la préférence familiale est une grande particularité des Eglises modernes.

Elles ont des modèles sociaux qui les inspirent fortement. Dans le show-biz, par exemple, ont ne comptent plus les enfants de stars qui accèdent facilement à la célébrité grâce aux relations et au nom de leurs parents. Le terme « nepo baby » (abréviation de nepotism baby) désigne les enfants de célébrités qui bénéficient d’un accès privilégié aux carrières artistiques.

Ce concept est devenu viral de nos jours.

 

 Alors toutes ces dérives du monde dont la foi chrétienne s’est emparée comme un breuvage divin et qu’elle s’en est délectée goulument, ces dérives doivent attirer l’attention de beaucoup de nos frères et sœurs en Christ. Pourquoi ? Parce que Dieu détruira ce système inique, mais avant il ouvrira les yeux de son peuple, comme il l’a fait aussi avec moi. « Mais l'heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. » (Jean 4 :23). Amen

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