dimanche 28 novembre 2021

LES LIMITES DE LA BONTÉ DIVINE

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Par Eric Ruiz


La bonté nous est souvent montrée à travers une personne qui a un bon cœur et qui est généreuse dans ses actes vis-à-vis de son entourage. Elle est pleine de bonnes intentions envers les autres, elle ne cherchera jamais à nuire à autrui.

C’est vrai… mais cette définition est-elle suffisante ? Il faut aller plus loin.

D’abord, parce que la bonté humaine touche à la convoitise.

Nombreux sont ceux qui font excès de grandeur d’âme, pour se donner de la valeur aux yeux des autres. Tout est calculé, lorsqu’on veut récolter une bonne réputation, jusque dans sa manière de donner.

Là aussi, la bonté n’est pas une question de volonté mais plutôt d’élan de cœur. L’effort pour l’acquérir est nul.

Nous ne devons pas rechercher la bonté, mais l’attendre.

Oui j’ai bien dit attendre, car la véritable bonté vient d’ailleurs, elle ne vient pas de nous. C’est pourquoi la vérité, elle aussi provient d’ailleurs. La bonté d’ici-bas possède un drôle de parfum.

Et, je trouve cette citation d’un ancien cardinal français tellement de l’ordre du vécu : « La bonté ! C’est bien le moyen le plus facile de ressembler à Dieu » ; et je citerai aussi les mots d’un écrivain malien qui nous renvoie vers l’origine de ce parfum malodorant : «  on se demande si en matière de bonté, le diable n’est pas plus généreux que le bon Dieu ».

L’imitation, l’imposture, le diable sont là tapis derrière ce caractère divin.

 

Donc, sans que cela soit surprenant Jésus-Christ, lui, nous demande d’aller plus loin…mais autrement

Par exemple, « Ne pas rendre le mal par le mal », c’est un niveau bien supérieur de bonté.

Quand nous sommes confrontés à une injustice, la supporter c’est bien…mais la bonté va encore plus loin. C’est faire du bien à celui qui vous à causer du mal et sans en attendre de retour.

Bon, cela parait facile à dire mais à faire…Ce genre de bonté pour le commun des mortels cela semble quand même rare voire impossible.

Même pour un croyant. Beaucoup diront : « je fais du bien à mes ennemis, je prie pour eux, je pardonne leur faute, je fais ce que la Bible dit de faire », mais dans la réalité, ils font le contraire, ils usent de la délation, ils s’énervent après eux, se fâchent avec eux et finalement les exclus, les excommunient de leur assemblée.

Comment faire du bien à celui qui vous a trainé dans la boue, qui vous a escroqué, humilié ou à celui qui a tenté à votre vie ?

Il mériterai c’est vrai, votre vengeance ou au mieux il mérite son châtiment. La bonté semble n’appartenir qu’à Dieu en fin de compte. Seul Dieu est bon après tout!

Par conséquent, faire du bien à celui qui vous a offensé à ce point, demande d’avoir reçu au préalable la grâce de Dieu, en s’étant abaissé au plus bas.

Comme je le disais la semaine dernière, la bonté de Dieu nécessite en premier, d’avoir reçu sa grâce. La bonté est un fruit de la grâce.

Regardez, il y a même de la bonté dans la colère de Dieu, car elle n’est pas comme celle de l’être humain, elle ne dure pas toujours.  Par ses châtiments aussi durs soient-ils, notre créateur vient sauver celui qu’il l’a rejeté.

Dieu voit celui qu’il l’a trahi se mettre à genoux, se lamenter sur lui-même, se mettre dans tous ses états. Il le voit le supplier de toute son âme de l’épargner.

Que fait-il, alors ?

Dieu se laisse attendrir et il revient même sur sa décision de lui ôter la vie.

Un grand cas d’école, c’est celui du roi Achab qui régna sur Israël avec son épouse Jézabel.

1 Roi 21 : 25 « Il n'y a eu personne qui se soit vendu comme Achab pour faire ce qui est mal aux yeux de l'Eternel, et Jézabel, sa femme, l'y excitait. 26Il a agi de la manière la plus abominable, en allant après les idoles, comme le faisaient les Amoréens, que l'Eternel chassa devant les enfants d'Israël. »

Et voici le châtiment de Dieu prononcé sur lui, par Elie :

«  je vais faire venir le malheur sur toi; je te balaierai, j'exterminerai quiconque appartient à Achab, celui qui est esclave et celui qui est libre en Israël, 23L'Eternel parle aussi sur Jézabel, et il dit: Les chiens mangeront Jézabel près du rempart de Jizreel. 24Celui de la maison d'Achab qui mourra dans la ville sera mangé par les chiens, et celui qui mourra dans les champs sera mangé par les oiseaux du ciel ».

Lorsque le roi Achab entendit ces paroles venant du prophète Elie, il se décomposa. Et au verset 27  : 

« Achab déchira ses vêtements, il mit un sac sur son corps, et il jeûna; il couchait avec ce sac, et il marchait lentement. 28Et la parole de l'Eternel fut adressée à Elie, le Thischbite, en ces mots: 29As-tu vu comment Achab s'est humilié devant moi? Parce qu'il s'est humilié devant moi, je ne ferai pas venir le malheur pendant sa vie; ce sera pendant la vie de son fils que je ferai venir le malheur sur sa maison. »

La bonté de Dieu l’amène à revoir ses jugements, à les reconsidérer en faisant du bien, même à ceux qui ont agi comme des démons sanguinaires ;Puisque Achab poussé par Jézabel sa femme, pour s’accaparer un champs, avait fait tuer son propriétaire.

Dieu se repend alors du châtiment qu’il avait prévu de faire (mais au passage il ne supprime pas l’expiation, il fait venir le malheur sur la maison du criminel mais plus tard après sa mort).

Eh bien cette bonté-là, ne doit pas être son exclusivité à lui et à lui seul. Dieu demande à ses enfants obéissants d’agir comme lui agit.

Et dans les faits, c’est de savoir pardonner à celui qui vous a causé du tort et s’il se repend et revient vers vous la tête basse, le cœur en morceau… vous devez lui faire du bien.

En fait, vous ne devez pas lui faire du bien, vous lui faite du bien, parce que la nature de Dieu en vous, vous y pousse naturellement. Vous n’êtes pas lié à une obligation de principe, mais à un cœur bien disposé conduit par l’esprit de Dieu.

Maintenant vous connaissez cette expression : « trop bon trop bête, pour ne pas dire pire (trop con) ».

Et au regard d’Achab comme d’autres prédateurs de son genre, lui donner raison, n’est-ce pas agir un peu comme un simplet, comme un naïf, pour finalement se faire facilement berner par de fausses repentances ?

Pourquoi leur effacer leurs fautes, si facilement (après tout, il suffit de se mettre à genoux, jeûner, plusieurs jours et le tour est joué)?

La suite de l’histoire d’Achab va tellement dans ce sens.

Le roi d’Israël a oublié son mauvais visage d’autrefois, et le voilà qui profite de sa situation nouvelle avec Dieu pour refaire le mal. Quel manipulateur !

Sa repentance était-elle si profonde que cela ? on en doute fortement. Elle ne durera pas longtemps, son cœur contrit est redevenu vite endurci, puisque trois ans plus tard, le voilà à nouveaux qui consulte ses quatre cents faux prophètes pour savoir s’il peut attaquer les Syriens, en l’occurrence Ramoth en Galaad et remporter la victoire contre lui.

Et, il attend d’eux la réponse qu’il souhaite entendre : «  oui, tu seras vainqueur ! ».

Le roi d’Israël est toujours à vouloir décider par lui-même, et toujours à se croire supérieur par son onction royale (voilà l’idolâtrie).

Achab ne voulait pas écouter le prophète Michée, qui était le seul à ne pas aller dans son sens. Il l’avait exclu par haine. Ce prophète venait chaque fois, à lui, pour prédire des calamités.

Mais il était la bonté de Dieu pour lui, et c’est la bonté de Dieu qu’il a rejeté, alors

Pour finir, Achab, toujours aussi fourbe, et animé par de mauvais esprits, décida de se déguiser pendant les combats pour ne pas être découvert et tué.

Où est la foi d’Achab ?  A-t-il fini par duper la bonté de Dieu ? A-t-il été plus malin et s’est-il octroyé sa grâce par ruse ?

Dieu lui a laissé sa chance, certes, mais Achab l’a méprisé. Il s’est lui-même montré tel qu’il est : invariable dans le mal. Et, au passage, son affront démontre encore une fois la grandeur d’âme de notre Seigneur, qui ne revient pas sur sa parole : «  il ne rejette pas celui qui vient à lui ».

Alors la fin du roi d’Israël sera donc ce qu’Eli avait prophétisé pour lui.

Il sera d’abord blessé par les flèches des Syriens, puis mourra à la suite de ses blessures, se vidant de son sang.

On ne se moque pas de la bonté de Dieu. Le roi criminel mourra comme ceux de sa maison « les chiens léchèrent le sang d'Achab, et les prostituées s'y baignèrent, selon la parole que l'Éternel avait prononcée ».

Ce qu’il faut retenir de l’expérience d’Achab, c’est que l’engagement avec notre Dieu n’est décidément pas à prendre à la légère et sa bonté n’est pas elle aussi à dénigrer ;

Et, profiter du fait que sa bonté durera toujours et qu’elle sera encore plus vécue intensément pour ceux qu’il a oints, n’est pas bon signe. En tous les cas ce n’est pas un signe de santé spirituelle.

C’est trop facile de chanter les psaumes, de célébrer la bonté éternelle de Dieu, en se persuadant que ses faveurs le lie à nous, ses enfants.

Croire que Dieu est obligé de nous bénir, parce qu’il est lié à sa parole c’est encore plus mesquin et tordu d’esprit ; et pourtant c’est une doctrine tellement répandue.

Là encore, les désirs d’impunité de l’homme, transcendés par le diable, iraient jusqu’à enchainer notre créateur avec sa bonté.

Non, être infidèle rompt vraiment l’alliance. C’est nous est nous seul qui nous privons de la bonté divine. En profitant d’elle nous nous séparons d’elle. 

C’est comme un fils qui renie son père alors qu’il est venu le sauver de la mort, le soigner, le nourrir, lui donner des biens, plus, lui donner ses biens propres en héritage ; l’entourer de serviteurs, de prophètes ; et qu’en retour cet enfant ingrat et meurtrier  dilapide l’héritage, opprime les serviteurs, tue les prophètes, et pour finir, préfère devenir un enfant illégitime avec pour père satan…

La colère de Dieu se substitue alors à sa bonté.

Et, comme ce fils s’est allié à satan, il croit que la colère qui arrive sur lui est celle de son nouveau père, celle de satan. Alors que Dieu en est l’auteur. C’est Dieu qui le châtie, qui lui fait vivre son temps d’expiation. Mais cet enfant devenu illégitime est aveuglé. Il se bat alors contre Dieu pensant se battre contre ses démons.

Or, nous avons plus à craindre de sa colère que celle de satan. « celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui ».

Le jugement de Dieu est sans appel avec ceux qui malgré sa grande bonté, sa grande clémence, abusent de la situation et persistent dans le mal après avoir été éclairé, pardonné, oint. Ils reçoivent alors, comme Achab une puissance d’égarement.

Dieu emploie même les moyens forts pour faire tomber celui qui prend plaisir à tromper 1 Roi 22 :19 :

«  J’ai vu l’Eternel assis sur son trône et toute l’armée des cieux se tenant près de lui, à sa droite et à sa gauche ».

Cette armée céleste était prête pour agir contre Achab, pour le faire tomber, lui et tous ses faux prophètes.

Dieu est intègre, il va au bout avec ceux qui font le mal comme avec ceux qui font le bien.

Pour le mal : » Certes, le méchant ne restera pas impuni »(Proverbes 11 :21)

Et pour ceux qui font le bien :

« Moi je ne t'oublierai point. Voici, je t'ai gravée sur mes mains; Tes murs sont toujours devant mes yeux. »(Esaïe 49 :15-16)

Il faut reconnaitre aussi une chose : ce que nous demande le Seigneur à nous qui suivons Christ n’est pas  différent du tout de ce qu’il demandait autrefois aux Hébreux.

Il n’y a pas une grâce spéciale pour nous et une demi-grâce pour les autres, ceux des temps anciens qui n’auraient pas connu Christ.

Sa bonté est la même en tout temps. Il n’est pas meilleur avec les disciples de Christ et moins bon avec les enfants d’Israël. « Il est le même hier aujourd’hui et pour toujours ».

Voilà ce que dit le prophète Michée à Israël 6 :8 versions Darby

« Il t'a déclaré, o homme, ce qui est bon. Et qu'est-ce que l'Éternel recherche de ta part, sinon que tu fasses ce qui est droit, que tu aimes la bonté, et que tu marches humblement avec ton Dieu? ».

Tout est dit ici : la droiture (l’obéissance) la bonté et l’humilité. Tout marche ensemble d’un même pas, aussi bien pour l’Hébreu qui était sous la loi de Moïse que pour le disciple de Christ.

Alors ma prière depuis plusieurs jours est bien entendue reliée à ce que dit Michée : « Seigneur : que je fasse ce qui est bon, droit et juste, que je sois ambassadeur de ta bonté et que mon comportement soit toujours revêtu d’humilité, car sans toi, il ne me restera que l’imitation et l’imposture ».

Amen

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