dimanche 21 mars 2021

L’EFFONDREMENT : la déresponsabilisation

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Par Eric Ruiz

 Notre société repose sur un socle très branlant : celui de la déresponsabilisation, le leitmotiv : « ce n’est pas moi ou ce n’est pas de ma faute, ce n’est pas à moi de porter le chapeau, je ne suis pas responsable de ça ! »

Cette réaction progresse de manière exponentielle, dès que la situation devient gênante, on préfère fuir alors devant ses propres responsabilités.

A tous les niveaux de la société, c’est vrai, on cherche à déresponsabiliser chaque citoyen face à ses erreurs et à ses manquements ;

Déjà un système très organisé et lucratif d’assurances le prouve : l’assurance individuelle, l’assurance voiture, l’assurance maladie, l’assurance habitation, l’assurance scolaire, l’assurance vie, etc…

Si vos enfants ou vous-même commettez un préjudice, une assurance vous couvre et rembourse les dommages que vous avez causés.

Ce confort n’a pas l’air négatif au premier abord ; c’est même un gage de tranquillité important, mais c’est déjà la porte ouverte à la déresponsabilisation ; cela revient à chercher un autre, un tiers pour réparer ses fautes.

Alors bien-sûr, je ne dis pas de se débarrasser de ses polices d’assurance. Déjà parce que beaucoup sont devenues obligatoires.

Mais faisons attention à notre attitude. Agissons-nous toujours en responsable ?

 

Prenons un exemple :

Récemment, un lycéen dont j’avais la responsabilité en stage, (en s’amusant)  a démolit une cloison du gîte dans lequel nous étions hébergés.

Il ne s’est pas confondu de honte et d’embarras.

Il savait qu’un système était prévu pour rembourser les travaux.

Il a prévenu ses parents, qui plutôt que de réprimander leur fils, nous ont juste demandé de prévenir leur police d’assurance pour qu’administrativement les choses soient faites.

Et quand, avec le chef d’établissement nous avons opté pour une sanction, l’élève s’est insurgé et a demandé pourquoi… une telle punition alors que le préjudice allait être réparé.

Cet exemple en est un parmi tellement d’autres du même acabit. Et ce qui saute aux yeux c’est l’attitude irresponsable du jeune et de ses parents.

 

Déjà au départ dans la Genèse, dans le jardin d’Eden, la déresponsabilisation est criante.  Et elle témoigne de la chute originelle de l’homme.

Genèse 1 : 11-12

Dieu posa cette question à Adam :

« Est-ce que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais défendu de manger? 12L'homme répondit: La femme que tu as mise auprès de moi m'a donné de l'arbre, et j'en ai mangé ».

Adam, plutôt que d’endosser la responsabilité des faits, cherche à se déresponsabiliser sur sa femme : Ce n’est pas moi, c’est Eve, voilà sa première réaction. Il ne méritait pas une sanction. En d’autres termes Adam aurait pu rétorquer : « Sanctionne là à ma place, c’est quand même à cause d’elle que j’en ai mangé ».

Un peu plus loin, ce fut le tour de Caïn de se déresponsabiliser de son frère Abel,

Genèse 4 :9 : «  L'Eternel dit à Caïn: Où est ton frère Abel? Il répondit: Je ne sais pas; suis-je le gardien de mon frère? 10Et Dieu dit: Qu'as-tu fait? ».

Vous voyez… toujours la même réplique face à la faute :

« Ce n’est pas moi, ce n’est pas à moi de le surveiller, je ne suis pas responsable de lui! ».

En se dédouanant de toute responsabilité, nous cachons nos fautes. La question de Dieu à Caïn : « Qu'as-tu fait? » met en évidence le mal caché.

 

Or, il est vital que, nous, humains nous endossions la responsabilité de nos faits et gestes et que nous veillions les uns sur les autres.

Parce que Dieu a établi un système où forcément, il y aura toujours un prix à payer par celui qui commet la faute, et non pas par une tierce personne.

Croire qu’il existe un système gratuit, automatique, sans efforts où on a juste à se passer les mains sous l’eau pour que les conséquences de la faute disparaissent, c’est un aveuglement complet. Et pourtant c’est le système que beaucoup prône comme un progrès social, une victoire spirituelle.

Souvenons-nous qu’avec la loi mosaïque, même les fautes commises par omission ou par inadvertance subsistaient et par conséquent, elles devaient être couvertes ou réparées par le sang, le sacrifice d’un animal offert sur l’autel, sans quoi la faute n’était pas réparée et le coupable risquait la mort.

La loi de Moïse n’est pas morte et elle revit chez l’irresponsable. Car les fautes, nos fautes si elles ne sont pas confessées restent du venin et nous empoisonnent.

C’est ce que font les hypocrites, ils habillent leurs fautes d’un habit de couleur. Ils maquillent, enjolivent. Ils font du cache misère.

Jésus le disait « quand tu pries ne fais pas comme les hypocrites… »

A force de mots répétés et de se trouver mille excuses, ils ont l’impression de se libérer de leur fautes. Mais ce n’est qu’une simple impression. Une femme vertueuse n’a pas besoin de se cacher derrière toute une panoplie de maquillage pour cacher ses imperfections. Elle assume ce qu’elle et ne joue pas la séductrice.

Donc (un conseil) ne prie pas, alors que tu retiens les fautes des autres. Va d’abord te réconcilier avec ton frère et viens présenter ton offrande ».

Aujourd’hui le christianisme a changé complètement la donne, Christ est devenu la police d’assurance du croyant. Les chrétiens font comme le monde, Christ est leur système d’assurance. Voilà une des nombreuses raisons d’un christianisme paganisé.

Aimer la doctrine des hommes c’est aimer le monde.

On commet une transgression, on prie, on s’excuse devant Dieu et on remercie Jésus-Christ d’avoir purifié nos fautes… et le tour est joué.

Après tout, le fils de Dieu a donné sa vie pour nous c’est à lui d’endosser lui-même le prix de nos fautes.

Prier dans ce sens, c’est un peu comme si à chaque transgression on écrivait à sa police d’assurance en finissant son courrier par un simple remerciement pour les démarches administratives. On sait que de toute manière un chèque bancaire est prévu à cet effet.

Dieu est-il notre chéquier ? Prépare-t-il des chèques à l’avance pour nous ? Pourvoit-il à toutes nos fautes sans conditions ? Est-ce juste de penser ainsi ? L’agneau immolé a-t-il cette vocation aussi ?

A en voir le désarroi général, et la triste condition de vie des chrétiens dans le monde, permettez-moi d’en douter sérieusement.

A en voir l’effondrement des Eglises, des Temples aussi. Et les païens, qui constatent l’hypocrisie et cette folie de la foi, ne rient-ils pas de ce témoignage pitoyable ?

 

« Crois, et tu seras sauvé toi et toute ta famille…».

En sortant ce verset de son contexte, le salut s’obtiendrait bien facilement : il suffirait de croire pour être sauvé.

Mais, dans le contexte, Paul et Silas étaient en prison et un tremblement de terre leur ouvrit les portes.

Le geôlier qui était responsable d’eux était alors prêt à se donner la mort, croyant qu’ils avaient fui.

Mais Paul et Silas n’avaient pas cette intention de s’enfuir et de porter préjudice au gardien. Paul l’appela, lui parla et lui redonna espoir.

Le geôlier avait déjà tout sacrifié dans son cœur pour avoir la foi.

Il pouvait alors donner sa vie pour Dieu.

Croire n’était plus que la dernière étape.

Vous voyez comment il est facile de balayer d’un revers de main la responsabilité qui va avec la foi.

Le geôlier a dû aller au bout. Il savait qu’il allait assumer les conséquences de la fuite de ses prisonniers dont il était responsable ; mais il devait fléchir les genoux devant Dieu pour croire.

Or, un chrétien de nos jours, n’assume plus les conséquences de ses actes, il ne veut plus supporter les effets de ses fautes.

Et à l’évidence, il cherche partout un réparateur. Et Christ est devenu l’image tant recherchée par la religion :

Un sauveur inconditionnel prenant notre responsabilité sur lui.

Cette théorie est depuis longtemps devenue le nouveau catéchisme, le nouveau paradigme de la religion chrétienne.

C’est plus que de l’infantilisation, c’est de la corruption.

 

Le premier verset de la lettre aux Hébreux nous mettait pourtant en garde :

Alors pourquoi, certains ont-ils laissés les éléments de la parole de Christ ? ont-ils jusqu’à abandonner ce qui est parfait, pour poser de nouveau le fondement de la foi en Dieu ?

Si on en revient au 1er siècle, que se faisait-il concrètement au temps des apôtres ?

Actes 19 : 19-20

« Plusieurs de ceux qui avaient cru venaient confesser et déclarer ce qu'ils avaient fait. 19Et un certain nombre de ceux qui avaient exercé les arts magiques, ayant apporté leurs livres, les brûlèrent devant tout le monde: on en estima la valeur à cinquante mille pièces d'argent. 20C'est ainsi que la parole du Seigneur croissait en puissance et en force. »

Là aussi, comme avec le geôlier, il y a un prix à payer pour la foi.

Et la louange et l’offrande envers Dieu étaient loin de ressembler à celles d’aujourd’hui.

Il y a un prix dans la confession de la foi. Ce n’est pas juste déclarer oralement ses fautes passées.

Confesser ici, c’est le mot grec « exomologeo » qui a le sens d’un engagement, on s’engage à ; il y a une action démonstrative, comme un contrat, comme vouloir se mettre entièrement à la disposition de quelqu’un. 

Si le Saint-Esprit agissait puissamment à Ephèse par Paul, c’est parce que les croyants qui se convertissaient en payaient sérieusement le prix.

Le prix à payer dans la confession de ses fautes, allait jusqu’à brûler ce qui avait de la valeur et qui coûtait très cher(cinquante mille pièces d’argent).

Quel gâchis ! Ils auraient pu vendre ces livres plutôt que de les brûler.  

Vous imaginez : cette somme est un véritable butin. Ils auraient pu acheter des maisons avec cette fortune !

Mais voilà, la responsabilité de leurs actes demandait que les autels soient rallumés pour brûler, pour se séparer publiquement de leurs faux dieux.

Voilà pourquoi « la parole du Seigneur croissait en puissance et en force. »

 

S vous lisez ce passage d’Actes 19 : vous remarquerez que ceux qui se livraient à des actes magiques, le faisaient « dans le nom de Jésus » ; ils se disaient chrétiens. Ils n’étaient pas des jeunes chrétiens convertis.

Mais ils avaient une caractéristique : ils avaient divinisé les apôtres. Ils priaient en associant Paul avec le nom de Jésus.

Leur foi reposait sur des actes magiques, tout comme aujourd’hui.

 

Alors concrètement que faire ?

 

Eh bien, si vous avez en votre possession des écrits, des témoignages, des vidéos, n’importe quoi, montrant cette foi basée sur la déresponsabilisation du croyant, vous devez agir.

Tout ce qui va dans le sens ou Christ est un sauveur inconditionnel, qui vous engage à le suivre sans renoncement ou encore qui montre un Dieu qui se substitue à vos fautes, comme par magie, sans que vous ayez besoin de lever le petit doigt, doit être éliminé publiquement, devant des témoins.

 

Maintenant, si vous n’avez rien, mais que vous désirez montrer votre confession de foi, alors écrivez sur une feuille de papier ce qu’on vous a enseigné de faux et brûler la devant des témoins comme signe de séparation définitive;

C’est à cette condition que vous retrouverez une foi remplie de force et de puissance.

 

A présent, je me dois de relever aussi, le problème sous-jacent de la responsabilité, c’est sa relation avec la culpabilité.

Car même si elle ne montre pas forcément le coupable, la responsabilité a une épée de Damoclès avec la culpabilité.

Etre responsable c’est tout faire pour ne pas tomber sous une loi et devenir un coupable.

Cette peur d’être traité d’irresponsable, met une pression terrible sur les épaules des concernés et aujourd’hui, cette peur est tellement palpable partout.

Par exemple être un parent responsable nécessite de bien éduquer ses enfants pour ne pas être traité de coupable du fait qu’ils soient insolent, rebelles et qu’ils tournent mal par la suite.

En fait regardons bien… ce qui rend les personnes irresponsables, ce n’est pas un manque de compétence de leur part : c’est leur manque d’amour.

La culpabilité augmente en même temps que la haine, le mépris, le déni, l’ignorance des autres.

Et plus la culpabilité grandie et plus on se sent irresponsable, c’est ce qui occasionne alors tant de violence.

Autre exemple : Pourquoi y a-t-il autant d’irresponsables dans l’assemblée des croyants ?

Pour les mêmes raisons : la haine des frères est devenue chose commune.

Le chapitre 19 du Lévitique nous montre cette haine, ce venin dans l’assemblée. Il nous dévoile par quelle tactique il gagne du terrain.

Et cela commence en premier par ne plus respecter sa mère et son père et ne plus observer les sabbats(verset 3).

Rappelons que les sabbats servent à dévoiler les ténèbres pour ceux qui ne reçoivent plus la lumière, car la lumière montre les mauvaises œuvres des ténèbres (hypocrisie,  médisance,  calomnie, accusation, mensonge…)

A partir du verset 5 le texte de la Thora insiste sur « l’action de grâce », l’offrande, mais celle qui n’est pas agrée, pourquoi ?

Parce que c’est celle où « la victime n’est pas mangée entièrement » ;

Il y a du reste puisque la victime est encore mangée au troisième jour alors qu’elle aurait dû être brûlé au feu.

C’est quoi cette victime au juste?

Eh bien (le verset 7 nous précise que c’est une chose qui est devenue infecte) c’est la médisance, la calomnie, le mensonge… qui auraient dû disparaitre avec la repentance.

Continuez à ressasser les mêmes accusations (arriver au troisième jour d’une repentance) cela fait que « l’on portera la peine de son péché ».

L’autre que l’on a jugé comme un irresponsable vous renverra la même image d’irresponsable, et vous serez alors violent, intraitable, et vous vous couperez de l’assemblée.

Vous serez cette personne-là cette personne qui « sera retranchée de son peuple »

Pourquoi ?

Car (verset 8) vous profanez alors ce qui est consacré à l'Eternel:

Vous profanez qui ?

Les autres, par toujours le mensonge, la tromperie, les faux jugements (verset 11)

Les versets suivants font état de la même offense par le fait aussi d’opprimer son prochain, de lui retenir son salaire, de ne point avoir d’égard à la personne du pauvre, et de favoriser la personne du grand, riche.

Tout cela c’est haïr son frère.

Et même quand vous insulter un sourd ou que vous faite un croche patte à un aveugle vous profanez le temple.

Celui qui est sourd et aveugle ne l’est pas forcément par les sens mais spirituellement. Et agir contre eux de cette manière aussi désinvolte et méprisante, c’est encore haïr son frère.

Et « celui qui hait son frère est un meurtrier » nous rappelle l’apôtre Jean.

 

Alors la cause  profonde  de l’effondrement social, économique et spirituel : c’est la haine qui a transformé les gens, les croyants en irresponsables.

 

Alors pour conclure :

-Soyons des êtres responsables et pour cela bannissons la haine,

-refusons de voir Christ comme celui qui va nous purifier sans que nous ayons tout brulé de cette chair (la victime accusatrice) ou sans que nous ayons renoncé à nous-mêmes.

-Ne fuyons pas la responsabilité de veiller les uns sur les autres, en particulier sur celles et ceux qui nous entourent.  Jésus disait à Pierre : « Quand tu seras converti, affermi tes frères ! »

-Rendons à chacun ses droits ; regardons chacun comme un être supérieur à soi à bien des égards et regardons-le comme un être entièrement responsable.

 

C’est ainsi que nous lutterons de la meilleur des façons qui soit contre l’effondrement.

Amen

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