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Par Eric Ruiz
« 2Vous n'ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n'en retrancherez rien; mais vous observerez les commandements de l'Eternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris » (Deutéronome 4 : 2).
Il
y a une peur paralysante pour un croyant : celle de rajouter ou de retrancher
quelque chose de la parole de Dieu.
Et
c’est bien et c’est juste d’avoir cette crainte. Mais la réaction du croyant,
ne l’est pas, elle.
Parce
qu’il se sert des versets bibliques pour se justifier devant les hommes et
surtout devant Dieu. Il prend les versets pour se blanchir, se placé en odeur
de sainteté, en faisant attention de ne pas y ajouter un seul mot ou de ne pas
y retirer une seule virgule de peur d’être retranché de l’arbre de vie, donc
d’y perdre son salut.
Bien-sûr il fait référence au passage de l’apocalypse chapitre 22 : 18 « Si quelqu'un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre ; 19 et si quelqu'un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l'arbre de la vie et de la ville sainte, décrits dans ce livre ».
Aujourd’hui
certaines sectes religieuses très influentes usent et abusent de ces versets.
Elles
affirment que les versets de la Bible, (qui est le livre saint par excellence),
s’ils sont mal interprétés, se tourneront en malédiction.
C’est
un moyen très perspicace et persuasif pour que leurs fidèles lisent la Bible à
leur manière afin qu’ils leur soient soumis ; qu’ils ne sortent surtout
pas de la grille d’interprétation qu’ils ont reçue.
La peur de toucher à « la parole de Dieu » permet une des plus grandes manipulations religieuses de notre époque.
Mais que signifie ajoutez et retrancher ? Est-ce vraiment enlevez des mots ou en remplacer par d’autres pour en changer le sens ?
Le sens premier est révélé juste avant au verset 1 : Maintenant, Israël, écoute les lois et les ordonnances que je vous enseigne. Mettez-les en pratique, afin que vous viviez, et que vous entriez en possession du pays que vous donne l'Eternel, le Dieu de vos pères ».
Et pour bien que l’on comprenne que cette
mise en pratique est essentielle, elle est répétée encore un peu plus loin dans le
livre de Deutéronome, toujours au chapitre 4, verset 6 :
« Vous les
observerez (les lois et les ordonnances) et vous les mettrez en pratique; car ce sera là votre sagesse et
votre intelligence aux yeux des peuples, qui entendront parler
de toutes ces lois et qui diront: Cette grande nation est un peuple absolument
sage et intelligent. »
Ça
veut dire quoi ?
Ça
veut dire qu’en s’attachant au sens des mots nous faisons encore l’erreur, la
même erreur que celle de nous attacher aux symptômes d’une maladie et non à sa
cause réelle.
Donc,
si on recherche la cause : Eh bien, nous n’avons pas à discuter des lois
prescrites, mais à les vivre. Et c’est parce qu’on vit la parole que la sagesse
se voit.
La sagesse ne se voit pas
par le discours, par l’argumentation mais par la mise en pratique de la parole.
Donc, rien ne sert d’en parler, d’en estimer la part de réalité ou la part de possible... (ah ce verset, c’était pour hier, ah celui-ci c’est pour la fin des temps, ah non, celui-là c’est bien pour Israël, ah mais, il s’adresse à des impies, il ne nous concerne pas, nous croyants en Christ ; ah mais finalement c’était sous la loi de Moïse, avec Jésus, c’est différent…).
Vous voyez, nous devons
vivre ce qui est parole de Dieu, l’expérimenter et en tirer les conclusions qui
vont avec. Puis enseigner ces choses à nos enfants, pour que cela perdure.
Mais voilà beaucoup observent, les lois, les prononcent comme des mots magiques sur leur vie, mais ne les pratiquent pas.
Attention, en répétant sans cesse : « c’est pour les autres, c’est pour un autre temps », eh bien nous prenons le risque de retrancher, donc de limiter la Parole.
Lisons,
Apocalypse 10 :11
« Puis on me dit: Il faut que tu prophétises de nouveau sur (à) beaucoup de peuples, de nations, de langues, et de rois. ».
Jean reçoit des instructions à annoncer à beaucoup de peuples (pas seulement à un
peuple élu pour une génération), pour beaucoup de nations (donc pas seulement à
celles d’une époque définie), pour beaucoup de langues (il ne parle pas en
limitant ses prophéties à l’hébreu ou l’araméen, ou au grec) et enfin pour beaucoup
de rois (et des rois il y en a eu et des très connus bibliquement comme le roi
de Tyr, de Sodome ou de Babylone souvent associés au diable, ou les rois de
Juda, d’Israël etc, mais ce ne sont que quelques arbres qui cachent la foret,
car Dieu sait combien de nos jours se sont fait rois déjà sur leur propre vie
en n’écoutant qu’eux-mêmes).
Donc retrancher c’est restreindre, limiter, réduire.
En disant que l’Apocalypse ne s’adresse qu’à la fin des
temps, on limite la parole à une époque, on restreint la révélation et les
prophéties pour un temps éloigné. Et en faisant ainsi, on limite le jugement à
la fin ; on le cantonne à un seul et unique jugement dernier.
On place même ce jugement au ciel, pour un peuple qui n’est
plus sur terre, qui n’a plus de corps mais qui est mort.
Alors que l’apocalypse nous montre une multitude de jugements qui ont lieu en tout temps, puisque le trône de Dieu, donc son règne n’est pas qu’au ciel mais qu’il est aussi terrestre et qu’il vient juger avec ceux qui auront vaincu, persévéré dans la foi.
Il y a donc sur terre, si je reprends mon message sur les 4
sceaux, au moins 4 jugements; le jugement du cavalier blanc (le vaniteux,
le faux prophète qui se croit plus saint que les autres et vainqueur), le
jugement du cavalier rouge (le guerrier, l’oppresseur ; l’accusateur), le
jugement du cavalier noir (le faux justicier) et enfin celui du cavalier pâle, qui sème la
mort avec lui.
Tous ces jugements rejoignent bien-sûr les autres jugements,
comme celui de l’impie, du faux prophète, de la bête. Mais ce qu’il faut bien
comprendre c’est que constamment notre vie, parce qu’elle est semée d’obstacles,
d’épreuves et de tribulations en tout genre, doit nous amener à juger, donc à
discerner la part du bien et du mal qu’il reste en nous.
A quel moment, par exemple, peut-on jugé que nous sommes
bénis et sur le bon chemin de la foi?
Eh bien si nous sommes heureux en étant
persécutés pour la justice, heureux dans l’outrage et la persécution et heureux
lorsqu’on dira faussement de nous toute sorte de mal, à cause de Christ (Mathieu
5 :11).
Bref, en remettant tous ces jugements à la fin des temps, on change et on remet en question le fondement du jugement éternel. Un jugement qui a toujours été présent (Hébreux 6 :2).
Alors que le premier jugement est déjà tombé sur toutes les nations, en les faisant devenir aveugle sur la révélation. C’est pour ce jugement-là, en premier, que Jésus est venu (Jean 9 :39).
Alors, citer la lettre aux hébreux comme si il n’y avait qu’un
seul jugement, c’est être aveugle sur la révélation. Je cite ce
verset : « il est réservé
aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement, ».
Ici, il est question d’un jugement, c’est vrai, mais de quel
jugement ?
Dans le
contexte c’est celui du péché, qui est jugé par la résurrection (les
résurrections). Christ est venu abolir le péché par son
sacrifice. Sans Christ, ressuscité le péché continuerait indéfiniment son cycle
de la mort.
Donc heureux ceux qui ont part à la première résurrection car cela signifie que le péché a été vaincu en eux.
Donc, je le répète :
ce qui est visible dans l’acte de rajouter ou retrancher ce sont les
conséquences du mal mais ce ne sont pas les causes réelles.
Comment savoir concrètement si on a ajouté ou retranché ?
En fait, il y a un moyen simple et pratique de savoir si on
retranche à la parole.
On va prendre un exemple, il se trouve dans Esaïe 30 :15 « Car ainsi a parlé le Seigneur, l'Eternel, le Saint d'Israël: C'est dans la tranquillité et le repos que sera votre salut, C'est dans le calme et la confiance que sera votre force. ».
Un verset que j’ai dû entendre, comme vous, des centaines
de fois et que je me suis moi-même récité à maintes occasions.
Les croyants observent cette loi. Lorsqu’ils se sentent dépassés par les difficultés, les voilà qui récitent où chantent à haute voix ce verset : « c’est dans la tranquillité et le repos que sera MON salut » (il se l’approprie) ; lorsqu’ils se sentent affaiblis ils prient, « C'est dans le calme et la confiance que sera MA force. » ; sans oublier de louer et de remercier Dieu pour le calme et la confiance qu’ils vont recevoir par la foi...
et ils attendent que la paix, la tranquillité et le repos arrivent. Mais ils retranchent à ce moment-là à la parole.
Pourquoi ? En quoi retranchent-ils ?
Parce qu’ils ne vivent pas dans la tranquillité et le
repos. Ils font mentir ce verset par
leur inquiétude, par leurs nuits agitées, leur manque de patience, par leur
énervement qui perdure.
Pourtant ; ils affirment avoir tout observé de cette
parole.
Mais, ont-ils seulement lu, jusqu’à la fin ce verset 15 ?
Pourquoi ont-ils retranché « Mais
vous ne l'avez pas voulu! ».
Ils n’ont pas voulu de la paix, de la tranquillité, du repos.
S’ils avaient observé cette parole de Dieu, ils auraient
réfléchi aux conséquences de leur état.
Et ils se seraient posé la question Pourquoi ne peuvent-ils pas parvenir à la paix, à la tranquillité et au repos dans leurs épreuves ?
La réponse est dans le verset 15 d’Esaïe : « Parce qu’ils ne l’ont pas voulu ». Leur désobéissance les empêche d’observer et de vivre la parole de Dieu.
Mais y aurait-il une contradiction dans ce que je dis, car après tout, ils veulent la paix, ils prient pour l’avoir, ils veulent à tout prix la tranquillité ?
Oui… mais regardons les choses en profondeur ; leur
contradiction dévoile des racines plus profondes: n’ont-ils pas retranché le sacrifice qui va
avec la paix de Dieu ?
Il vient de là le problème :
Il y a une offrande obligatoire dans la parole de
Dieu ; et cette offrande, ce sont les jours de repentance, notre corps
animal mis sur l’autel des sacrifices pour y être brulé (je parle dans le sens
figuré bien-sûr), c’est la graisse animale qui devait être mis part pour Dieu
aussi (ce que l’on a de plus cher et vers quoi s’exerce le renoncement) c’est aussi
l’huile du pardon, c’est le parfum de la réconciliation, ou c’est encore amener
un plat sans levain, sans orgueil ni vanité.
Par conséquent, ne pas vivre la parole n’est pas forcément un
refus volontaire et conscient.
Ce refus peut s’expliquer par le fait de ne pas pouvoir la vivre (j’voudrais bien mais j’peux point). On veut la vivre mais on n’y parvient pas et la raison est d’avoir retranché dans le concret une chose essentielle de la parole.
Il faut revenir bien en arrière, à l’origine du sacrifice
effectué.
Caïn avait fait lui aussi un sacrifice pour Dieu comme son
frère Abel, mais il ne comprenait pas pourquoi, lui, il avait retranché la
parole.
En réalité, son sacrifice ne correspondait pas du tout à son état intérieur.
Quand on retranche une chose de la parole, l’âme reste impure et on ne peut plus alors vivre les autres choses. On se coupe de la révélation ; on se retranche alors de l’arbre de la vie.
Retrancher entraine la non possibilité de vivre la parole de Dieu, c’est une vraie sagesse de comprendre cela.
C’est ce que Jésus répliquait aux pharisiens, à ces religieux qui venaient lui dire qu’ils n’avaient rien retrancher eux, de la parole de Dieu, qu’il étaient justes : il avaient payé la dîme de la menthe, la dîme de l'aneth et celle du cumin ; Mais voilà, ils avaient laissé, ou retranché ce qui est le plus important dans la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité: c'est là ce qu'il fallait pratiquer, sans négliger les autres choses » Matthieu 23 :23 (d’où les malheurs qu’ils vont vivre déjà ici-bas : un terrible jugement terrestre).
Oui, mais revenir à l’autel, aux sacrifices c’étaient pour autrefois !
Cette croyance a retranché une part importante de la
vérité.
Notre temple intérieur fonctionne selon les mêmes principes
que le temple qui a été construit en pierre ; Rien d’impur ne peut y
entrer.
Et ce ne n’est pas un problème d’inintelligence de ne pas le voir, mais de cécité.
Jésus a dit Matthieu 5 :17: « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir…. 19Celui donc qui supprimera l'un de ces plus petits commandements,(justice, miséricorde, la fidélité) et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux; mais celui qui les observera, et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux ».
Voyez-vous, où se trouve la justice de Dieu ?… dans les petits commandements ; et ce sont ces petits commandements qui ont été attaqués. La justice divine a été bafouée en abolissant la loi et les prophètes.
Et rappelez-vous : c’est ce que reproche
Jésus aux pharisiens qui ont payé leur dîme, accomplis la tradition de leurs
pères, mais qui n’ont pas accompli la justice.
Verset 20 : « je vous le dis, si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux ».
Les petits commandements
sont aussi importants que les grands.
Ceux qui
se vantent d’être saint en disant qu’ils n’ont tué personne, (c’est le grand
commandement : ne pas tuer) évacuent un petit commandement de Dieu :
celui de s’examiner en profondeur pour brûler sur l’autel cette chair qui les
rend arrogant et méprisant.
Oui, ils
n’ont tué personne, mais celui qui se met en colère contre son frère, le
traitant d’imbécile, l’insultant, le méprisant reçoit le même jugement que
celui qui a tué son frère (Matthieu 5 :22).
Jésus dit
aussi la chose suivante : que l’offrande de l’autel existe toujours, mais que
c’est par la réconciliation qu’elle se fait en premier.
« laisse
là ton offrande devant l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère;
puis, viens présenter ton offrande. »
Voilà pourquoi dans les faits, il ne faut pas être léger… et que prendre conscience qu’on a ajouté ou retranché la parole, cela doit nous aider à comprendre que notre vie pratique de croyant est devenue fausse, d’une odeur désagréable pour Dieu.
J’en
reviens à ce que je disais au départ : ce n’est pas que je ne comprends
rien à la Parole, (si je retranche, ou que j’ajoute), mais c’est surtout que je
ne vis pas une vie de foi juste et que je me satisfais de la tiédeur.
Prions donc, que ces petits
commandements deviennent comme les grands dans nos cœurs afin que rien,
absolument rien ne soit rajouté ni retranché de la parole et que nous puissions
entrer dans la ville sainte, notre héritage.
Amen.
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