dimanche 27 décembre 2020

LE SERMON SUR LA MONTAGNE COMME VOUS NE L’AVEZ JAMAIS ENTENDU

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Par Eric Ruiz

Béatitudes ou Sermon ?

C’est bizarre d’avoir nommé ce si bel enseignement de Jésus sur la montagne : « Le sermon sur la montagne ».

Une si bonne nouvelle… des théologiens l’ont nommé : « sermon ».

C’est sans doute comme cela qu’ils ont dû la percevoir en fin de compte, cette bonne nouvelle.

Alors qu’en ce temps de Noël, ceux qui célèbrent la venue du fils de Dieu en chair, devrait inciter à la joie, à la réjouissance comme un cadeau céleste, la bonne nouvelle de Jésus.

Mais la fête est ternie, le cœur n’est pas à la réjouissance chez beaucoup, mais à l’angoisse ; cette angoisse de vivre ou de revivre une autre année de maladies, de solitudes, de séparations, de restrictions, d’incertitudes, d’alternance de confinement, de couvre-feu, et de misère économique.

Donc face à une telle déroute se faire sermonner serait sans doute plus approprié que de proclamer la joie de vivre ;

Parce que sermonner, qui est le verbe qui découle de sermon, signifie plutôt enguirlander, blâmer, disputer, passer un soufflet. Se faire remettre sur les rails ; bref se faire corriger.

Jésus, sur la montagne semblait plutôt être dans une attitude de partage, puisqu’il met en avant la gloire du Père et son royaume dès les premières phrases. Un royaume ouvert pour que de belles âmes y entrent, et il dévoile qu’elles sont heureuses (ces âmes) d’être si peu considérées par le commun des mortels ; parce que Dieu contrairement aux hommes, les considèrent comme les plus grandes.

Le serviteur sera plus grand que le maître. Jésus le dit dans Matthieu 23 :11-12

« Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. 12Quiconque s'élèvera sera abaissé, et quiconque s'abaissera sera élevé. »

Alors le fils de l’homme commence par dire : «  Heureux  les pauvres en esprit car le royaume des cieux est à eux ! » (Matthieu 5 :3).

Jésus, ici, s’adresse plutôt à ceux qui reçoivent facilement des moqueries pour leur niveau d’instruction ou pour tous ceux qui ont un niveau de compréhension si faible, si méprisable et tellement peu enviable. Eh bien, ces derniers seront les premiers.

Jésus est radical dans son discours, il ne laisse aucune échappatoire possible ; et c’est peut-être pour cela que ses paroles sont perçues comme un sermon.

C’est plutôt une annonce de malheur pour ceux qui aiment et qui convoitent les premières places.

Pour eux, ils ne le disent pas, mais c’est évident, Jésus devrait commencer ses répliques par  « Malheur » et non pas  par « heureux ».

Ils ne veulent pas, eux, être pauvre d’esprit, affligés, affamés, assoiffés, débonnaires, persécutés, outragés. Ce n’est pas une bénédiction, mais c’est une véritable punition que de vivre de telles humiliations :

Le Sermon sur la montagne devrait être alors l’antinomie de la bonne nouvelle de Jésus :

Il devrait se lire comme un texte dans un miroir qui projette un message inverse.

Méditez ce discours inverse, que je vais vous lire là maintenant, car il est très révélateur des puissants d’aujourd’hui et de ce qu’ils entendent eux par ce sermon de Jésus: une véritable malédiction, en fait.

« -Malheur ou malheureux les riches en esprit, les intelligents parce qu’ils se trompent de royaume. Ils prennent leur propre royaume pour le royaume des cieux ;

(ils se félicitent, se réjouissent, se congratulent de ce qu’ils produisent, eux)

-Malheureux ceux qui se réjouissent de leur condition car ils seront aigris et amers.

-Malheureux les impitoyables et les querelleurs car ils seront coupés de leur héritage.

-Malheureux ceux qui s’accaparent la justice et la tronque car ils récolteront eux-mêmes le crime et crouleront sous les délits et les complots.

-Malheureux les cœurs durs car ils récolteront la méchanceté contre eux-mêmes.

-Malheureux ceux qui se contentent d’un cœur impur car ils ne verront qu’un faux dieu, ils ne se confieront que dans leurs idoles.

-Malheureux ceux qui provoquent la guerre car ils seront appelés fils du diable.

-Malheureux ceux qui persécutent mes enfants, car ils se ferment la porte du royaume.

-Malheureux serez-vous, lorsque vous outragerez, que vous persécuterez et que vous direz faussement toute sorte de mal, sur mes enfants.

Vous serez alors dans la tristesse et la désolation la plus profonde parce que vous serez coupés de votre héritage et que vous deviendrez la queue et non la tête.

Parce que vous avez persécuté les prophètes comme ceux qui étaient avant vous ; eh bien vous serez foulés aux pieds et jetés dehors car vous n’avez aucune saveur. Vous êtes les ténèbres de ce monde ».

Cà c’est un terrible sermon ; mais n’est-ce pas ce que montre Jésus en montrant les enfants du jour ? N’y-a-t-il pas en opposition les enfants de la nuit ?

Je ne suis pas en train de rajouter à la parole, en disant et en expliquant l’Evangile de cette façon-là, car c’est dans l’esprit de ce que Jésus sermonnait aux scribes et aux pharisiens dans l’Evangile de Matthieu au chapitre 23.

La lumière luit dans les ténèbres. Elle montre celui qui est heureux dans l’épreuve et elle dévoile celui qui est ténébreux. Il a l’attitude inverse de celui qui reçoit la lumière. Il est malheureux au final.

Tous ceux qui sont malheureux ont retranché la parole de Dieu. Ils ont négligé les petits commandements.

Revenons à la chronologie de l’histoire.

Une grande foule avait suivi Jésus. On lit cela au chapitre précédent, au dernier verset Matthieu 4 :24 : « Une grande foule le suivit, de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée, et d'au-delà du Jourdain ».

Puis, Jésus monta sur cette montagne ;

Et il faut se rendre à l’évidence, ce ne sont pas des béatitudes, qu’il vient annoncer, mais pour beaucoup plutôt un terrible jugement.

C’est le premier grand discours du fils de l’homme. Nous sommes au moment où Jésus commençait à peine à prêcher, et à dire à la place de Jean-Baptiste : Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche »  (Matthieu 4 :17).

Alors, oui ses auditeurs sont béats, ils ont la bouche grande ouverte, parce qu’ils sont stupéfaits de ce qu’ils entendent. Ils ne sont pas dans l’admiration mais plutôt dans la consternation.

A la fin de tous ces discours, Matthieu 7 :28 nous donne l’effet produit sur son auditoire : « la foule fut frappée, comme stupéfait de sa doctrine », à Jésus.

Et moi, je pose la question :

Qui parmi cette foule a pu vraiment s’identifier  à celui qui est heureux?

Pas grand monde.

Même parmi ses disciples, il devait y avoir des grincements de dents.

La plupart de ceux qui avaient suivi Jésus, étaient motivés pour recevoir un miracle ;

Et bien qu’ils s’étaient repentis en regrettant leurs mauvaises actions passées, ils ne s’attendaient pas du tout à une telle révélation de sa part.

Cela ne fait aucun doute, la deuxième partie du discours de Jésus se termine par un véritable sermon.

Pire, Moise et la loi semble être complètement dépassés.

Tous les cœurs religieux assis-là à l’écouter, ne devaient pas en revenir.

Vous vous rendez-compte !

A partir de maintenant, plus besoin de passer à l’acte :

-se mettre en colère tout simplement contre son frère équivaut à le tuer ;

-regarder une autre femme pour la convoiter revient à exercer déjà un adultère avec elle (plus besoin de la toucher).

-Celui qui répudie sa femme commet un adultère et celui qui reçoit une femme répudiée fait de même.

On pouvait se venger aussi autrefois… mais là,

-celui qui réclame œil pour œil dent pour dent doit se contenir et ne pas résister au méchant. Il lui tend sa joue droite, lui donne son manteau et comme si cela n’est toujours pas suffisant, il doit être son compagnon de route si ce dernier en éprouve le besoin.

-Celui qui prêtait serment devant Dieu ne devra plus le faire, mais c’est sa parole à lui seul qui comptera.

-Celui qui haïssait son ennemi doit maintenant lui pardonner et le bénir.

Et Jésus, couronnant le tout, leur demande à tous de devenir parfait comme leur Père céleste est parfait.

Vous imaginez ce qu’il est en train de leur dire ?

Il leur demande de continuer à faire ce qui est juste… mais avec des conditions totalement contraire à leurs habitudes.

-sans être vu des autres ;

-de prier, dans sa chambre, seul, dans le secret ;

-D’arrêter de prier pendant des heures en demandant ce dont on a besoin, car c’est une offense à Dieu le Père de prier ainsi, lui qui connaît tout de nous ; -Il leur demande de jeûner dans le secret aussi sans en faire étalage, sans montrer une tête de circonstance.

Est-ce une moquerie ou bien une fumisterie ? Qu’est-ce que cherche à provoquer Jésus avec un tel discours ?

C’est ce que devait penser la grande majorité des auditeurs présents.

Jésus demande à des juifs, à des méridionaux, des orientaux, donc à un peuple qui aime s’exprimer en forçant leur voix en gesticulant, en exagérant, en étant expansif, en faisant du spectacle, de changer leur nature et d’agir maintenant secrètement, loin du regard des autres et de ne rien faire pour attirer l’attention.

Vous voyez, on comprend mieux le côté « sermon », maintenant.

Eh bien en cette fin d’année 2020, Dieu nous fait le même sermon.

Beaucoup d’entre nous, même en essayant de faire belle figure, le reçoit déjà ainsi dans leur vie quotidienne.

Ils sont désorientés face à leurs croyances.

On les oblige presque à agir secrètement, à se confiner.

Où sont passées les paroles de béatitudes commençant par « heureux » ?

Arrêtons le spectacle !  Soyons nous-mêmes et agissons comme ce que nous sommes devenus :

Avons-nous pris conscience de ce que nous sommes en réalité ?

Sommes-nous si importants que cela ?

Ou bien, ne sommes-nous pas des êtres incultes, débonnaires, simples d’esprit, outragés par la vie, diminués, brisés par les échecs ?

C’est seulement ainsi que nous redeviendrons réceptif à Dieu.

Nous devons capituler face à l’ennemi et reconnaître notre défaite.

Nos désirs, nos rêves de gloire et de réussite sont tombés à l’eau. Ils ne sont que chimères.

Nous devons repasser par la case départ, et redevenir comme un petit enfant dépendant de son père ; Nous devons réapprendre le respect, la soumission et l’étonnement.

Mais pour réapprendre la foi, nous devons arrêter nos traditions ; arrêtez de louer Dieu quand il est l’heure de le supplier à genoux et commencer par se revêtir d’un habit de deuil plutôt qu’un habit de fêtes.

Amos 5 :21 nous donne l’heure juste qu’il est au 25 décembre 2020:

« Je hais, je méprise vos fêtes, Je ne puis sentir vos assemblées.Je n'y prends aucun plaisir…ce que vous sacrifiez … Je ne les regarde pas…Eloigne de moi le bruit de tes cantiques; Je n'écoute pas le son de tes luths ».

Voilà le gout de la fête de noël 2020!

Les croyants sont aujourd’hui déroutés, ils n’ont plus de gout ni d’odorat. Ils ne ressentent plus rien, tout comme les effets de ce virus à couronne.

Avez-vous toujours à cœur de sortir vos instruments de musique et de chanter la gloire de Dieu ?

Car notre Seigneur a lui-même terni la fête :

16 « C'est pourquoi ainsi parle l'Eternel, le Dieu des armées, le Seigneur; Dans toutes les places on se lamentera, Dans toutes les rues on dira: Hélas! hélas! On appellera le laboureur au deuil, Et aux lamentations ceux qui disent des complaintes ».

Si vous devez chanter, chanter plutôt des chants de lamentations que des chants de joie, car les temps sont mauvais.

Amos rajoute au verset 13 :« Voilà pourquoi, en des temps comme ceux-ci, le sage se tait; ».

Les soi-disant sages de notre temps s’ils ouvrent la bouche c’est pour mentir ou calomnier leur prochain.

Regardez les médecins par exemple, ils ont chacun un avis différent, et ils s’écharpent, s’insultent sur la place publique pour affirmer qui a la plus grande sagesse.

Mais de moins en moins de monde n’est écouté, car plus personne n’a confiance dans ses élites.

Pourquoi sont-ils tous si dépassés ?

La cause est générale : l’hôpital ressemble à l’Eglise et l’Eglise ressemble à l’hôpital:

Les pasteurs et les Eglises ont tous un avis différent et montrent du doigt et salissent ceux qui ne croient pas comme eux (comme les médecins).

Nous avons partout des malades soignant d’autres malades sans que personne ne connaisse le bon remède.

Pourquoi ?

Verset 12 :« vos crimes sont nombreux, Vos péchés se sont multipliés; Vous opprimez le juste, vous recevez des présents, Et vous violez à la porte le droit des pauvres. ».

Alors descendons tous de notre piédestal en même temps que nos idoles le font (puisque ce virus à ce côté positif, celui de dévoiler les idoles) ; et détruisez « l’étoile de votre Dieu que vous vous êtes fabriqué! » (Amos 5 :26).

La béatitude ne se trouvera qu’après avoir entendu et compris le sermon puis après avoir pratiqué ce qui est juste.

Amen

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