dimanche 11 octobre 2020

ÉSAU, FILS d’ISAAC est-il LE GRAND PERDANT DE L’HISTOIRE ?

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Par Eric Ruiz

 

Nous avons vu avec le message précédent que Jacob a reçu sa bénédiction et qu’il l’a vécu pleinement.

Or, cette bénédiction ressemblait à un plat délicieux : du blé et du vin en abondance, la parole de Dieu le matin, un pouvoir de domination sur son entourage,  des admirateurs venant de très loin et la bénédiction partagée parmi l’assemblée ;


Mais cette nourriture avait dans le ventre, quand même un goût amer.

Ce plat délicieux de bénédiction n’a jamais éloigné les malheurs comme les deuils, comme les souffrances à répétitions.

Non pas que cette bénédiction était fausse, mais elle montrait par celui qui l’avait reçu, le cœur trompeur (le sens du nom de Jacob), le cœur de la personne qui luttait avec Dieu.

C’est pourquoi de nos jours les larmes, le sang et la joie se sont entremêlées dans les assemblées. Car les assemblées sont pleines de Jacob, de croyants trompeurs.

Ésaü, lui, a suivi une autre voie ; D’abord, il n’a jamais cherché à lutter avec Dieu, comme son frère. Il n’a pas cherché à dominer sur son frère Jacob.

Hélas pourrions-nous dire, son malheur et de n’être pas entré dans l’histoire comme Israël l’a été.

Car ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire nous disent les historiens ; Et à l’évidence Israël est sorti vainqueur malgré sa traitrise ; car pour Israël, le récit biblique est abondant, et les personnages sont devenus illustres par leurs actions, alors que pour Esaü le vaincu, il n’y a pas grand-chose d’écrit autour de lui, il est celui qui ère dans les montagnes comme un nomade.

Si on se réfère à cette conclusion, c’est l’idée généralement retenue, le paradigme, et les choses pourraient en rester là…sauf que.

Sauf que Dieu, on le sait, laisse la vérité un temps enfouie, pour la révéler au temps convenable.

Alors pour Ésaü appelé Edom, sa postérité sera le peuple Edomites.

Et Ésaü avec ce peuple est-il finalement  bien considéré ?

Dieu ne l’a-t-il pas abandonné, en l’exilant ? Sa faiblesse, de s’être laissé berner par son frère Jacob, lui est-elle finalement préjudiciable ?

 Tout d’abord, Isaac, son père, lui dit qu’il ne pourra jamais retrouver la bénédiction qu’il aurait dû recevoir (en gros : tant pis, donner c’est donner).

Mais Isaac, va le bénir quand même autrement.

« Bénis-moi aussi, mon père! Et Esaü éleva la voix, et pleura.
Isaac, son père, répondit, et lui dit: Voici! Ta demeure sera privée de la graisse de la terre et de la rosée du ciel, d'en haut.

Tu vivras de ton épée, Et tu seras asservi à ton frère; Mais en errant librement çà et là, Tu briseras son joug de dessus ton cou. ».

A priori la théorie du perdant se confirme : c’est une bien maigre consolation pour Esaü.

Priver de la graisse de la terre, il ne pourra s’établir dans un lieu pour y prospérer ; et en étant privé de la rosée du ciel, il n’aura pas de paroles de Dieu au quotidien, pour lui et son peuple.

D’où viendra alors sa puissance ?

Parce qu’il ne fera pas comme Jacob en s’établissant dans un lieu ; il ne créera comme lui, ni maison de Dieu, ni autel et il ne dominera sur aucun de ses frères.

Cela signifie-t-il forcément une malédiction pour lui ?

Eh bien, en y regardant de plus près :

Isaac, lui montre comment il vivra sa foi : différemment: Il la vivra de son épée ;

C’est-à-dire qu’il aura de nombreux combats. Mais ces combats ne seront-ils pas au final des luttes personnelles ?

Spirituellement, c’est évident, ce sont des combats liés à sa chair.

Isaac, lui montre cette nouvelle voie, il lui montre qu’il pourra mettre fin à la servitude et à la domination de son frère, en brisant son joug : « En errant çà et là », bref en prenant des chemins différents et en s’éloignant de lui.

Esaü choisi d’autres voies… la preuve : il s’éloigne de son frère en s’abaissant plutôt qu’en cherchant à lui ressembler par l’ambition personnelle… et la première voie qu’il choisit est celle de la sagesse ;

Par exemple, après s’être fait avoir, 20 ans plus tard, on retrouve Esaü qui ne s’est pas vengé de son frère. Il n’est pas resté haineux et rancunier, il n’est jamais entré en rivalité avec lui pour récupérer ce qu’il lui avait usurpé.

Il s’est éloigné de lui, en se rapprochant du fils d’Abraham, Ismaël et en s’établissant dans les montagnes de Séir, au sud d’Israël. C’est là qu’il y trouvera une qualité de vie, ainsi qu’une grande famille.

A-t-il vraiment perdu au change ?

Eh bien contre toute attente, je ne le crois pas.

-Même si aujourd’hui, beaucoup pensent qu’Esaü a coupé définitivement avec ses racines juives ;

-même s’ils considèrent qu’Esaü, s’est joint au peuple arabe, parce qu’il a pris pour une de ses femmes une des filles d’Ismaël;

-Même si les montagnes de Séir, là où il s’est établi, correspondent à la Jordanie actuelle et non à Israël… Malgré tout cela, je ne crois pas du tout qu’Esaü soit répudié.

Alors, quels indices me font dire qu’Esaü serait encore joint à sa famille et à sa bénédiction ?

Reprenons son histoire au moment où après plus de 20 ans, Esaü retrouve son frère Jacob.

Que constate-t-on ?

Le désir de vengeance d’Esaü a disparu, il s’est transformé en compassion, en paix ; d’ailleurs lorsqu’Esaü est venu devant son frère, il s’est prosterné devant lui, refusant ses présents, lui disant qu’il ne manquait de rien, lui proposant même de lui laisser quelques-uns de ses hommes pour le raccompagner.

« Que je trouve seulement grâce aux yeux de mon seigneur! », voilà ses intentions (Genèse 33 :15) ;

C’est lui, Esaü qui a fait alliance par la paix avec son frère, n’exigeant aucun dédommagement pour son préjudice et pleurant même avec lui à leur rencontre.

Et puis Esaü, c’est Edom (Genèse 25 :30 ; Genèse  36 :1 ; Genèse 36 :8 et 9);

Edom est inscrit dans la loi de Moïse; Et c’est une confirmation officielle que Dieu ne l’a pas oublié : « Tu n'auras point en abomination l'Edomite, car il est ton frère; » (Deutéronome 23 :7)

Alors, on a l’explication du pourquoi Israël s’est très souvent refusée de lever l’épée contre ce peuple, lui aussi béni.

Moïse, comme Josué ont choisi de contourner leur territoire plutôt que de forcer leurs frontières et de s’attaquer aux édomites.

Nombres 20 à partir du verset 18: « Edom lui dit: Tu ne passeras point chez moi, sinon je sortirai à ta rencontre avec l'épée….Et Edom sortit à sa rencontre avec un peuple nombreux et à main forte. Ainsi Edom refusa de donner passage à Israël par son territoire. Et Israël se détourna de lui ».

Mais, il y a plus encore, j’en avais déjà parlé… des édomites se sont joints à Israël à des moments très précis (comme s’ils sortaient de leur caverne). Obed-Edom l’a fait avec le roi David.

David était complètement abattu, après que l’arche de l’alliance soit tombée et que le lévite Uzza soit mort ; C’est alors qu’il décida de s’arrêter chez Obed-Edom pendant trois mois pour qu’il abrite l’Arche de l’alliance, car il avait su que ce lévite-là était vraiment consacré et qu’il pourrait recevoir de lui l’enseignement dont il avait besoin pour retrouver la foi.

C’est après cette relation, que David a pu reprendre sa route vers la cité sainte, celle de Jérusalem, avec l’Arche de l’Alliance.

Alors, quels sont les enseignements à tirer pour nous, croyants ?

Eh bien, les fils de Dieu sont là aussi, où on ne les attend pas.

Ils ont pu, pendant un temps vivre sous la bénédiction de Jacob, en étant soumis à des prêtres trompeurs, en passant sans cesse de la joie aux larmes, ou des larmes à la joie… mais ils se sont écartés de cette bénédiction, à un moment donné.

En faisant cela, Ils semblent alors s’être écartés de la grande histoire, puisqu’on parle d’eux que comme des perdants, comme des croyants en marge de la société religieuse, parce qu’ils sont comme des nomades, ils errent çà et là.

Mais ils ont l’épée à la main.

Pourquoi ?

Parce qu’ils se battent contre leurs désirs charnels (ils brisent d’abord leurs vases d’argile) et c’est pourquoi à un moment donné, ils briseront leur joug.

Comme Ésaü, ils s’éloignent des sentiers connus des Eglises référencées, ils prennent leurs distances vis-à-vis des groupes religieux qui, avec leurs chefs dominateurs convoitent la bénédiction.

Ils sont retranchés mais préparés par Dieu pour agir.

Bien qu’ils ne vivent pas à Bethel avec Jacob, ils sont dans le désert de Paran, cachés dans des cavernes.

Mais attention, ils réapparaitront dans l’histoire d’Israël  ou de l’Eglise, pour traiter une alliance de paix (exactement comme l’a fait Esaü).

Dans la Bible, on ne parle pas d’eux sur de longs chapitres, mais il faut avoir l’œil ouvert sur des moments précis où ils sortent de leur tanière, où ils jaillissent de l’obscurité pour venir croiser la route de croyants plus connus.

Obed-Edom n’a pas la notoriété, c’est vrai d’un lévite comme Aaron, et pourtant, il est déterminant pour la consécration du roi David, qui le sera, grâce à lui, à son tour pour l’ensemble du peuple d’Israël.

Tout ça pour dire que : quel que soit votre attitude, le grand plan de Dieu, celui du salut se fait. Tout le monde sert Dieu à sa manière. Jacob a servi Dieu à sa manière, en luttant contre lui, en étant fourbe et arrogant ; et Esaü a servi Dieu en étant gentil (trop gentil), se laissant berner, mais si peu rancunier, si humble, pardonnant tout à son frère 20 ans plus tard. Quelle belle leçon d’amour !

Le premier a vécu de terribles épreuves, lui qui pensait avoir gagné contre Dieu et contre les hommes….mais pour le deuxième, rien dans la Bible ne nous montre qu’il ait été fortement éprouvé (bien qu'il eut de grands combats par l'épée c'est évident).

Esaü a eu une descendance nombreuse et un grand (grand) silence sur sa vie.  La Bible est très évasive sur les circonstances de son existence.

Les enfants d’Israël descendirent en Egypte pour y être esclave, tandis que les enfants d’Edom montèrent sur les montagnes de Séir (Josué 24 :4), près du désert de Paran ( Paran : qui signifie lieu de cavernes, c’est peut-être dans ces lieux désertiques qu’on finit par régner sur la tentation, après tout ?).

Il n’y a pas deux lignées, l’une plus bénie que l’autre mais, cette histoire c’est celle de l’entremêlement de deux peuples.

Deux peuples (qui, même si Edom barrait souvent la route à Israël), qui ont traité au final la même alliance de paix avec Dieu.

Qui sont les élus parmi les enfants d’Israël ? Comme : qui sont les élus parmi les enfants d’Edom ; d’où proviennent les rameaux du figuier fertile ?

Impossible de le savoir précisément. Les voies de Dieu sont impénétrables. Les élus d’Edom sortiront comme tirés au sort, c’est ce que nous dit Esaïe 34 :17.

Mais lisons d’abord le verset 5

« Mon épée s'est enivrée dans les cieux; Voici, elle va descendre sur Edom, Sur le peuple que j'ai voué à l'extermination, pour le châtier (comme Israël aussi)…Consultez le livre de l'Eternel, et lisez!. C'est son esprit qui les rassemblera. 17Il a jeté pour eux le sort, Et sa main leur a partagé cette terre au cordeau, Ils la posséderont toujours, Ils l'habiteront d'âge en âge ».

Lorsque Dieu tire au sort, il « rassemble par son esprit » verset 16, il rajoute, il greffe des rameaux sur le figuier fertile.

En bref, il rajoute des élus.

C’est ce qui a été  fait en rajoutant par tirage au sort Matthias aux autres 11 disciples de Jésus-Christ..

Par conséquent la Bible n’est pas si muette que cela au sujet de ceux qui ne sont pas dans la grande histoire.

Revenons à Esaü : il y a une bénédiction pour cette partie de lui qui est tirée au sort ;

Et disons-le : la bénédiction d’Edom est considérable et elle n’a surtout rien à envier avec celle de Jacob.

Lisons Josué 15 :21 :

Voilà « l'héritage des fils de Juda, selon leurs familles.
Les villes situées dans la contrée du midi, à l'extrémité de la tribu des fils de Juda, vers la frontière d'Edom, étaient: Kabtseel, Eder, Jagur, »

Les fils de Juda, qui je le rappelle, sont issu de la lignée d’Israël héritent de trois villes frontalières. Et Dieu a bien choisit leur nom :

Juda a hérité de Kabtseel qui signifie : « Dieu recueillera », de Eder «un troupeau » et de Jagur : «il demeure ».

La phase complète avec ces mots nous révèle l’intention divine :

Sur la frontière d’Edom, il demeure un troupeau que Dieu recueillera pour Juda.

Voilà la partie fertile du figuier d’Israël : elle est composée d’un rameaux du peuple édomite, descendant directement d’Esaü.

Alors, pour Esaü, pensez-vous encore qu’il soit le vaincu, le perdant de l’histoire ?

Non, il a été vainqueur, car en lui sa progéniture a été sanctifiée, elle a été mise à part par Dieu, pour la joindre au « bois de Juda ».

Revenons à nous, croyants de Christ, laissés pour compte, éloignés des "Temples chrétiens", et trompés par des Jacob sans scrupules, ou trompés par notre propre arrogance d’avoir cru dans ces temples: être les élus de Dieu ;

Ne sommes-nous pas, nous qui lavons les taches de nos vêtements, un peuple tiré au sort, préparé, pour édifier en dernier ressort ceux qui perdront pieds dans la tribulation ? (ces fameux ouvriers de la onzième heure)

Le bois de Juda où beaucoup de tribu seront rajoutées est encore bien mystérieux, mais pas si mystérieux que cela quand même.

Les livres qui font office de « Nouveau Testament » semblent eux aussi passer littéralement au-dessus d’Esaü et d’Edom ;

Or Paul, lors de sa lettre aux Romains, au chapitre 9, se voit obligé de souligner un fait très important : qu’il n’y a pas d’erreurs dans la parole de Dieu:

« Ce n'est pas que la parole de Dieu ait failli; car tous ceux qui descendent d'Israël, ne sont pas Israël; (et Paul rajoute) 7 Et pour être la postérité d'Abraham, ils ne sont pas tous ses enfants; mais il est dit: En Isaac sera une postérité de ton nom; 8 C'est-à-dire, que ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu; mais que ce sont les enfants de la promesse qui sont réputés être la postérité ». (Romains 9 :­6-8)

Il y a donc selon Paul, des enfants de la promesse qui ne proviennent pas de la chair, donc de la lignée généalogique d’Israël, de sa descendance logique, mais d’une autre famille.

De qui peut-il bien parlé Paul, d’autant qu’il parle d’Esaü quelque verset plus loin ?

Il dit : que l’on est enfant de la promesse non à cause de nos œuvres mais grâce à l’appel de Dieu ; et il dit (une chose qui a été complètement controversé) : « L’ainé sera assujetti au plus jeune. Selon qu’il est écrit : j’ai aimé Jacob, et j’ai haï Esaü. »

Alors, attention, Paul n’est pas en train de dire que l’enfant de la promesse saute aux yeux :  et que c’est celui qui est aimé et qui domine sur son frère aîné : Jacob ;

D’ailleurs Paul, plus loin, cite le prophète Osée de la manière suivante :

25Selon ce qu'il dit en Osée : j'appellerai mon peuple celui qui n'était point mon peuple; et la bien-aimée, celle qui n'était point la bien-aimée;
Et il arrivera, qu'au lieu où il leur a été dit : vous n'êtes point mon peuple, là ils seront appelés les enfants du Dieu vivant.
 »

Alors, non, Paul est en train de montrer l’inverse des choses qui sauteraient aux yeux naturellement , comme la prédestination qui ferait d’être un élu avant la naissance, sans avoir fait aucune œuvre, simplement par le choix des parents envers l’enfant.

Avec Rebecca enfantant Jacob et Esaü, il y a eu deux enfants jumeaux issus d’une même mère.

Ce qui veut dire spirituellement que d’une même assemblée, d’une même Eglise, il y a l’enfant de la promesse qui sera souvent le mal aimé.

Mais avec Abraham, il y a deux mères différentes et deux enfants différents : Isaac fils de Sara et Ismaël fils d’Agar. Là aussi Ismaël, qui est un laissé pour compte dans la famille, ne le sera pas pour Dieu.

En effet Dieu fera aussi alliance avec sa mère, la servante de Sara : Agar.

Ce passage de Romains 9 déplait fortement aux esprits religieux qui cherchent une élection dès le ventre de leur mère. La bonne Eglise, la bonne mère engendrerait naturellement les bons enfants, elle baptiserait les élus, tandis que la mauvaise Eglise, la mauvaise mère, y ferait pousser l’ivraie, les enfants de la perdition.

Cette fausse vison se retrouve dans les notes de beaucoup de Bibles, en bas de page, qui émettent la conclusion suivante : « Jacob est choisi par Dieu contrairement à Esaü ». Voilà le terrible faux Evangile annoncé aujourd’hui.

Dieu choisirait celui qui a trompé, et répudierait celui qui a dénigré ses droits et qui s'est endurci pour un temps? Nous avons bien-là, des aveugles enseignants d’autres aveugles. La grâce de Dieu est bien au-dessus de cela.

Mes frères et sœurs, quel que soit votre mère, quel que soit votre Eglise vous qui écoutez ce message n’endurcissez pas vos cœurs, mais revenez à la vraie vie, celle qui se fait par l’épée. Libérerez-vous du joug de votre chair et marchez selon l’esprit.

Nous montrerons, sans forcer notre nature, par nos actes, par nos bonnes intentions que nous sommes bien enfants de la promesse.

 Amen 

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