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Par Eric Ruiz
Mourir à soi-même, faire mourir le corps, ce n’est pas une démarche si
évidente que cela.
L’homme comme la femme ont des stratégies qui les dépassent au moment où le péché a été amorcé par leur propre convoitise.
J’orientai une personne récemment à choisir une version biblique parmi
plusieurs, mais je lui précisai que le plus important était de savoir avec quel
esprit elle lirait cette bible.
Parce que le plus souvent l’esprit est mauvais.
Avec un tel esprit, on comprend ce qui nous arrange.
On lit et on comprend ce qui nous permet de ne pas trop changer nos
habitudes.
Le démon est bien là, caché derrière nos intentions louables de comprendre la Bible. Comprendre, le plus souvent revient à cacher ce que nous sommes vraiment.
L’apôtre
Jean dans sa troisième épitre, nous rappelle les actes que
Diotrèphe un croyant, commet en tenant des propos méchants contre lui ; et au verset
10, il rajoute que : « non content de
cela, il ne reçoit pas les frères, et ceux qui voudraient le faire, il les en
empêche et les chasse de l'Église ».
Comment peut-on se dire disciple de Christ et agir de la sorte ?
Tout simplement parce qu’un croyant qui agit ainsi, est persuadé d’être
dans la vérité. Il voit chez les autres le mal qu’il a en lui.
Alors il accuse ses propres frères de jouer avec la piété, de porter un masque (comme lui le fait) et s’appuyant sur la Bible, il les congédiera violemment en ayant ce verset à la bouche : « ils ont l'apparence de la piété, mais renient ce qui en fait la force. Éloigne-toi de ces hommes-là ». (2 Timothée 3 :5)
Ce démon inspire à ne rien dévoiler de nous-mêmes, à ne rien dévoiler qui
briserait cette image que nous nous sommes faits de nous-mêmes.
Nous acceptons
inconsciemment tout ce qui alimente cette image et nous rejetons bien-sûr tout
ce qui viendrait déstabiliser le bel édifice que nous nous sommes construits.
La nature
humaine est ainsi faite, elle ne supporte pas la lumière qui viendrait éclairer
ses propres ténèbres.
Et quand
bien même une lumière viendrait l’éclairer, le « vieil homme » trouverait
toujours une explication logique pour se dédouaner : « J’ai été
poussé à le faire, je n’avais pas d’autres solutions … j’ai agi
pour le bien commun avant de chercher mon propre intérêt « J’ai toujours
agi comme mon éducation me l’a suggérée …» ;
Nos
excuses ne ressemblent-elles pas alors à une fuite en avant pour passer à autre
chose ?
Le bien comme le mal fait partie de nous ; et loin d’extirper le mal à sa racine, nous préférons naturellement jeter de la terre par-dessus pour nous rendre meilleur aux yeux des autres d’abord (d’abord aux yeux des autres).
Pourquoi faisons-nous ainsi ?
Parce que
notre inconscient l’a bien compris : Quand les autres sont persuadés que
nous avons progressé, que nous avons changé en bien, ou que nous sommes des
victimes et non des prédateurs, c’est alors que nous les croyons.
Nous avons besoin des autres pour
mentir et pour que notre mensonge devienne notre propre vérité. Ce faux miroir nous renvoie alors
une image déformée de nous-même, mais que nous avons appris à aimer parce
qu’elle nous rend bien des services.
C’est de
cette façon-là que l’on croit à son mensonge. C’est quand d’autres y croient.
Ils nous
renvoient alors l’image positive que nous voulons recevoir et garder de nous.
Le mal a juste été enseveli sous un amas de terre, mais nous préférons vivre avec, plutôt que de l’extirper.
Le but de tout cela, en fait : c’est inconsciemment chercher, l’expiation de nos fautes, puis leur rachat, afin de recevoir la rédemption.
Les autres,
nous voyant meilleur que nous sommes réellement, eh bien ils participent sans
en avoir conscience au rachat de nos fautes et ainsi notre culpabilité s’envole.
Il ne reste plus qu’à recommencer ce processus pour expier d’autres fautes.
Or, on ne parvient pas toujours à se racheter de cette manière, c’est pourquoi bon nombre deviennent violents vis-à-vis de ceux qui montrent cette faute. Ne pouvant être violent avec eux, ils le seront envers les autres.
Cette histoire de rédemption n’est pas à l’origine de petits faits divers isolés et rares. Elle est si importante, sinon pourquoi y aurait-il autant de criminels dans les Églises ? Pourquoi beaucoup de criminels sexuels sont de fervents croyants ?
Parce qu’ils sont là pour expier et racheter leurs fautes. Ils sont là pour que leur culpabilité soit effacée.
Quels sont les actes qui vont pouvoir effacer leur culpabilité ?
Bien-sûr une
grande fidélité aux rites religieux (prières, baptême, repentance, confessions,
collections d’objets de culte…) ;
Mais
aussi, tout ce qui les amènera a être bien considéré par les autres croyants, à
être reconnu, au sein d’une communauté comme des personnes dévouées et saintes.
Plus ils seront perçus comme de bons croyants, plus leur culpabilité s’effacera de leur vue. Voilà le contrepoids de leurs mauvaises actions.
Mais le diable, et les démons se multipliant, la convoitise sera plus intense et la culpabilité continuera à s’accroitre ; Alors la violence, l’immoralité fera de même.
Je vais
franchir un cap et parler de criminologie.
Combien de
criminels sexuels, sont des pères modèles, des maris pleins d’attention, qui
passent du temps avec leurs proches, qui multiplient les actes généreux à leurs
égards ?
Ils ont même cette tendance à en faire un peu trop.
Avant la
percée de la psychologie dans le milieu policier, des parents attentionnés, ayant
la réputation de parents modèles éloignaient d’eux, de façon mécanique, tout
soupçon d’immoralité (tout comme les gens d’Église avaient ce statut respectable collé à leur fonction).
Mais aujourd’hui, cette particularité n’est plus une norme, puisqu’on sait que les criminels mènent une double vie avec un côté attachant très prononcé, qui est là présent pour cacher un côté obscur : des addictions, des phantasmes non contrôlés.
Je ne suis pas en train de généraliser pour que l’on se méfie de tout le monde, mais le diable se cache dans la lumière. Lucifer est cet être angélique qui porte la lumière mais qui est noir à l’intérieur de lui.
Alors maintenant, je sais que je touche à un sujet très tabou dans les milieux chrétiens et religieux en général, puisqu’ils vouent, pour la plupart, une adoration sans borne à leur assemblée.
Mais qui
peut être à l’abri de défaillir ?
Même le roi d’Israël, David, n’a pas été épargné… lui, qui sauva Israël encore enfant des philistins en tuant le géant Goliath au nom de l’Éternel…lui qui ne voulut jamais toucher à un seul cheveu du roi Saül…(il honora même sa famille, après sa mort) ; Comment pouvait-il défaillir ?
Lui, si
prit en exemple parce qu’il est l’élu selon le cœur de Dieu, n’est-il pas lui-aussi tombé dans les scandales avec Bath-Schéba, la femme d'Urie, le
Héthien ?
L’ayant vu se baigner, il la courtisa et coucha avec elle. Elle tomba d’ailleurs enceinte. Et le péché de convoitise de David ne s’arrêta pas là. Ce démon l’entraina jusqu’au crime. Il fit tuer Urie le mari, au combat, pour pouvoir épouser par la suite sa veuve.
Pensez-vous que David fut tourmenté par ce qu’il avait
fait et qu’il chercha à se repentir?
Pas du tout, il avait maquillé son crime, ordonné à Joab, le fidèle commandant de son armée, de le placer aux premières lignes, au plus fort des combats pour laisser croire que seul le hasard des combats avait provoqué sa mort.
2 Samuel 11 : 23 nous montre aussi que la stratégie machiavélique de David avait poussé Joab à se culpabiliser de la mort d’Urie. Et David pensait racheter ses fautes en déculpabilisant Joab, jusqu’à lui offrir la victoire sur la ville, dont les soldats avaient pris la vie à Urie.
Vous
voyez comment les actes de bonté envers les autres peuvent (encore une fois) passer pour des actes
d’expiation.
En se souciant de l’état d’âme de Joab et en le faisant se
venger de la mort d’Urie, David avait couvert son crime et au passage, redoré
son blason.
David le roi au grand cœur ne laissait pas une pauvre veuve sans famille ; en plus il lui offrait le titre d’épouse du roi. Quelle générosité ! Quant à la vie d’Urie, elle ne valait à ses yeux plus grand-chose.
David en était arriver au point de mépriser ceux qui combattait
pour lui. Voilà ce qu’il dit à Joab :« Ne sois point peiné de cette
affaire, car l'épée dévore tantôt l'un, tantôt l'autre; ».
Eh bien, David avait réussi une autre prouesse : celle
de n’être plus à ses propres yeux un assassin.
Où le voit-on dans le récit biblique ?
C’est l’intervention dans le chapitre 12 du deuxième livre
de Samuel, de Nathan le prophète, envoyé par Dieu pour lui rouvrir les yeux.
C’est important de le souligner : sans Nathan, David aurait persévéré dans son péché et Dieu sait jusqu’où (et le chapitre 12 est révélateur, 12 c’est le nombre qui révèle le mal).
Regardez bien comment s’y prendre avec ceux qui sont devenus aveugle face à leur péché, comme David.
Nathan ne vient pas l’accuser de meurtre. Il vient, tout
d’abord lui raconter une histoire : celle d’un homme riche et d’un homme
pauvre et d’une terrible injustice faite au pauvre.
Afin de nourrir un voyageur qui passait, le riche refusa de
sacrifier une de ses nombreuses bêtes de son troupeau ; il préféra
sacrifier la seule brebis du pauvre, cette brebis que le pauvre avait pris en
affection la considérant comme sa propre fille ; elle mangeait sa
nourriture, buvait son eau et dormait près de lui.
David à la fin de l’histoire pris de colère contre cette injustice réclamait une dure réparation contre l’homme riche qui refusait de toucher à son immense troupeau de brebis et de bœufs ( vous voyez au passage, l’attitude violente que l’on manifeste quand on voit son péché chez les autres).
Nathan a réussi à faire réaliser à David qu’il est, lui, cet homme riche qui a besoin d’une sévère réprimande.
L’histoire de Nathan a un double objectif.
Le premier objectif, nous l’avons vu, est de faire prendre conscience du crime de David, qui avait oublié son attitude : il n’a fait aucun cas du pauvre Urie. Il s’est honteusement servi de lui comme d’une marionnette. David devait réaliser qu’il était devenu cet homme riche sans cœur et sans scrupules…
Ensuite dans un deuxième temps Nathan annonce que son crime rompt l’alliance qu’il
avait faite juste avant, avec Dieu ; et qu’il devra retrouver cette
alliance en passant par un terrible châtiment. Le même châtiment que l’homme
pauvre a eu en voyant sa seule brebis tant aimée servir de repas à un voyageur
de passage.
Eh bien David verra le fils, qu’il a eu avec Bath-Schéba périr lui aussi, en sept jours par la maladie et ce n’est pas fini…la guerre, l’épée rentrera dans sa maison.
David ne sera pas touché au corps, mais pire, ses femmes et sa descendance, celle de sa maison, seront fortement divisées, ébranlées, déshonorés.
- Voilà la pénitence de David, et son expiation.
Elle ne fut pas juste un petit moment de prière, quelques
jours de jeûnes et des actes de gratitude.
Non, à partir de là presque toute sa vie fut un brisement.
Son cœur connut brisement sur brisement, humiliation sur humiliation, trahison
sur trahison.
Et David ne dût son salut qu’au choix de subir la honte,
les deuils les déshonneurs, sans rien dire, sans chercher à se venger, en
reconnaissant que ce qu’il vivait était le juste châtiment de son péché et de son
alliance brisée avec son Seigneur.
Quand il reviendra à Jérusalem, il ne cherchera pas à tirer vengeance de ceux qui l’avaient maudit. Il acceptera leur repentance.
Alors voilà maintenant, un bref tableau de son
expiation que l’on trouve dans le deuxième livre de Samuel à partir du
chapitre 12:
Ammon, fils de David, tomba amoureux de Tamar sa demi-sœur.
Il la déshonorera en la forçant à coucher avec lui.
Absalom son autre fils l’apprenant fit tuer Ammon. David
avait alors une double peine : faire le deuil d’Ammon son fils, et voir
son autre fils criminel mais préféré, Absalom, se séparer de lui en prenant la
fuite pendant trois ans.
Mais David était loin d’être au bout de ses peines. Absalom
revint en Israël, mais pendant quarante ans, il complota contre son père pour
prendre sa couronne. Il corrompu une grande partie d’Israël et forma une grande
armée en Israël. David ne voulant pas l’affronter, quitta tout et s’enfuit de
Jérusalem.
Absalom, alors, assoiffé de pouvoir en profita pour coucher
avec toutes les concubines de son père, le déshonorant par le fait.
Cette histoire finira encore plus mal puisque Absalom perdra la vie en menant bataille contre l’armée de son père le roi. Même après sa mort, l’épée continuera à diviser sa maison. Le deuxième enfant de Bath-Shéba, Salomon, brisera l’alliance divine et divisera son royaume.
Quoi dire de plus. Quand on prend l’exemple du roi David, nous devons mesurer que son
grand cœur s’est révélé dans le sang de sa famille et l’opprobre.
Son expiation l’a amené à changer sa joie en deuil. Ses larmes et ses cris à l’égard de son fils Absalom ont montré combien il restait abattu et inconsolable après sa mort.
Combien de fois il aurait désiré prendre la place de ses enfants tués.
Rappelons-nous que le point de départ fut la convoitise puis l’orgueil de se croire au-dessus des lois divines ; de se croire invincible par son alliance faite avec l’Éternel et par ses victoires nombreuses.
David n’a jamais été une victime. Sa famille n’a jamais été
une malédiction. C’est lui et lui-seul qui a attiré la malédiction sur elle par
ses crimes.
Et en retour son cœur s’est révélé dans la souffrance. Il a souffert de justes tribulations qui l’ont amené à agir avec humilité et reconnaissance envers Dieu.
Mais son exemple est loin d’être compris de la sorte dans ceux qui se disent descendants de la maison de David. Ils tordent les Écritures saintes Regardez, combien au contraire continuent à s’enorgueillir.
Combien prenne l’exemple de David pour continuer à cacher
leur péché et à se vanter d’être sauvé par la grâce de Dieu, simplement parce
que Dieu met à part celui qu’il a oint.
Le mal qui persiste en eux est, qu’il ne supporte plus la lumière qui viendrait éclairer leurs propres ténèbres.
Ils
sous-estiment la pénitence, ils sous-estiment l’expiation. Ils veulent choisir
eux-mêmes leur rachat et c’est là qu’ils refont encore une immense
erreur.
On ne choisit
pas son expiation, on ne choisit pas par quoi ou avec quoi on se rachète.
C’est Dieu qui choisit le chemin de rédemption et le crime caché nous fera traverser des tribulations, des épreuves que personnes ne souhaiteraient traverser pour rien au monde.
Si vous êtes, vous, dans cette épreuve comme l’était le roi David ayez cette reconnaissance comme lui-même a eu, au moment où un homme du nom de Schimeï est venu le maudire. David rétorqua: » s’il maudit c’est que l’Eternel lui a dit :Maudit David !... et David plutôt que de le faire mourir dit à ses gens : « laissez-le car peut-être l’Eternel regarde-t-il mon affliction et me fera-t-il du bien en retour des malédictions d’aujourd’hui. ».
Ayons
cette intelligence de cœur qu’avait David ; celle de comprendre que ce que
nous vivons de terrible est justice et que notre temps d’humiliation aura une
fin, au moment seulement où nous aurons fini notre temps d’expiation. Et
que Dieu nous le fera savoir. C’est après seulement que la bénédiction
reviendra, comme elle est revenue à David.
Soyons
honnête et ne cherchons pas d’excuses auprès des autres, mais reconnaissons que
les démons n’arrivent qu’à ceux qui les ont attirés par leur convoitise leur orgueil
ou leur idolâtrie.
Et ayons
foi que ce que l’apôtre Pierre dit dans son épitre au chapitre 5 verset 6 est pour nous
aussi :
« Humiliez-vous donc sous la
puissante main de Dieu, afin qu'il vous élève au temps convenable; »
Amen
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