Par
Éric Ruiz
Nous
vivons dans une société où la compétition règne en roi. Il faut pour réussir
être meilleur que l’autre.
C’est ce
poison qui est d’ailleurs enseigné dès le plus jeune âge à l’école. Il insuffle
aux enfants l’idée que leur valeur se mesure non par rapport à eux-mêmes mais
par rapport aux autres, comme si la satisfaction se trouvait davantage dans le
dépassement des autres que dans son propre perfectionnement.
Ce poison s’appelle la comparaison.
Rappelons-nous
notre enfance à l’école : Dans une grande majorité de scènes d’enfance,
c’est la comparaison qui nous a fait souffrir.
L’école
française est une école de classements, de rangs, avec les copies rendues
devant tout le monde, elle sait (cette école) distiller le poison de la comparaison
dès le plus jeune âge.
L’Eglise, elle,
échappe-t-elle à ce lien social (je parle là aussi du lien comme d’une chaîne
qui paralyse, ou d’un fardeau lourd à porter) ?
A force de
comparaison, l’esprit du monde est entré dans l’Eglise.
Le croyant
est toujours en train de se comparer aux autres. On met dans la balance les témoignages des
uns, des autres. Certains sont tellement embellis ou romancés à l’extrême, et d’autres, sont si dévalués, si dévalorisés.
Alors des
chrétiens chevronnés, se voient plus saints que ceux qu’ils côtoient, ou qu’il
croit connaître, ou ils s’évaluent plus bénis que les autres et donc leur
estime de soi brille au grand jour.
Ils se sentent
d’une certaine manière par leur « meilleure connaissance », avoir reçu le don d’enseigner, celui d’instruire
l’autre, ou celui de pouvoir reprendre son frère comme ils le veulent.
A
contrario, d’autres croyants sont toujours en train de se sous-estimer, pensant
que les autres sont meilleurs, qu’ils agissent avec plus de foi, qu’ils sont
plus dans la vérité ; et pour certains ils sont même tombés dans un
fatalisme qui les pousse à dire que c’est leur façon de porter leur croix après
tout, c’est une souffrance nécessaire, et que dans le corps de Christ il doit y
avoir aussi, comme dans le corps humain, des organes moins importants que
d’autres (comme l’appendice, cette petite excroissance intestinale, par exemple) :
c’est horrible de penser cela de soi.
Et puis il
y a aussi (et je pense un bon nombre, pour ne pas dire la majorité) qui
oscillent entre les deux.
Ils sont
parfois bénis, au point où si Dieu revenait là, ils seraient immédiatement sauvés
et à d’autres moments ils se sentent indignes du salut et rejetés de la grâce.
Je ne leur
jette pas la pierre, je faisais moi-même parti de ce troisième groupe de
croyants il n’y a pas si longtemps.
Dieu bannit la comparaison, car elle
n’amène que de l’idolâtrie.
Pour le premier
cas, l’excès de confiance fait mousser, briller l’ego de la personne, on
devient le centre du monde.
Dans le
deuxième cas, se voir toujours en dernier, provoque une soumission vis-à-vis de
ceux considérés comme des gens de foi, des oints, des enseignants, des maîtres,
ceux appelés à un meilleur ministère.
Et dans le
dernier cas, l’instabilité montre une foi fragile et un état facilement
influençable qui pousse le croyant pour se sécuriser, à se construire aussi des
modèles, des étoiles de la foi.
Dans les Eglises, la bénédiction est vécue comme un
baromètre.
Sur l’échelle des degrés, celui qui est au plus haut se
croit béni plus que les autres ; et celui qui est au plus bas n’a
visiblement rien reçu.
Le premier se sent alors investi d’un devoir d’exhortation,
de moralisation sur le deuxième.
Ces trois cas
cités ici, sont des perversions de notre chair et par extension des productions
du système babylonien qui est un système de classement, qui distribue médailles,
diplômes et félicitations au meilleur et qui classent les plus riches et les
plus influent à la tête de la pyramide sociale.
Ce système
date, c’est vrai, de la nuit des temps.
Mais Dieu
nous met en garde contre les dangers qu’il porte.
Derrière
la comparaison se cache toutes sortes de fruits empoisonnés : la
convoitise, la jalousie, la frustration.
Ces
fruits, une fois consommés entraînent des réactions violentes : querelles,
animosités, conflits et pour finir la guerre.
Regardez le
roi David (quand il fit le dénombrement de ses troupes, alors que Dieu ne le
lui avait rien demandé) a sauté à pieds joints dans ce danger.
Il est
même écrit que : « Satan se leva
contre Israël, et il excita David à faire le dénombrement d'Israël » (1
Chronique 21 :1)
En quoi David pécha contre Dieu ?
Eh bien parce qu’il voulait par le recensement,
comparer l’état de son armée, donc mesurer sa puissance, à celle des autres.
C’est une pensée diabolique, qui enflamme la chair,
dans la sens où elle la pousse à dominer là ou Dieu n’a pas établi de droit.
Le roi David outrepassait ses droits en voulant par
lui-même étendre ses frontières. Il voulait alors plus de ce que Dieu avait
promis à Abraham.
Dieu nous met en garde des plaies, des souffrances
qui incombent à ceux qui se perdent dans la comparaison.
« " Lorsque tu compteras les enfants d'Israël pour en
faire le dénombrement, chacun d'eux paiera à l'Eternel le rachat de sa
personne, afin qu'ils ne soient frappés d'aucune plaie lors de ce
dénombrement. "(Exode 30:11-14).
Dieu
demandait, avant de faire l’acte de recensement, de racheter à l’avance sa
faute.
Pourquoi ?
Car
il savait que cette tentation serait évidente (pour ne pas dire inévitable)
pour chaque être humain.
Dieu
savait que Satan attiserait cette part de Lucifer qu’il y a en chacun de nous ;
C’est-à-dire que chacun aime se mesurer aux autres pour apprécier sa valeur,
pour apprécier sa lumière (une valeur superficielle bien-sûr, basée sur ses
propres forces…
Qui
n’aime pas porter une lumière artificielle qui brille pour soi-même, et qui n’aime
pas attirer la gloire à lui ?
Si
vous souhaiter davantage de détail, j’ai fait le 11février 2016 un message sur le
dénombrement).
Donc
dans le concret pour nous : Racheter à l’avance sa faute revient à vouloir
briser le pain chaque jour, c’est-à-dire, maintenir captif les envies de
briller et de se comparer aux autres.
Et
aussi, remettre dans la prière tout ce qui nous est apparu comme un
recensement. « j’ai fait ceci, j’ai fais cela pour Dieu…je mérite donc… ou
« je n’ai pas fait ni ceci, ni cela, donc je ne mérite pas ».
Ce
pain-là possède un levain, qui fait monter notre pâte, nos désirs, notre estime
de soi au-delà de toute maîtrise possible.
Le
résultat on le connait, on se fait davantage confiance ou on fait davantage
confiance à un ministre de Dieu et par là on devient suffisant, on ne cherche
plus la face de Dieu, mais on multiplie les actions « saintes ».
Ne pensons
pas que faire des actes généreux à répétition font de nous un meilleur croyant.
Nous ne
faisons pas pour avoir un cœur, c’est notre cœur qui nous amène à faire.
Alors, c’est
vrai, Jésus, donne un commandement nouveau: celui d’aimer les autres comme
soi-même.
Mais le nœud du problème est bien
là : comment s’aimer soi-même ?
Comment s’aimer autrement que dans le
but de briller davantage ?
La réalité, c’est que le
véritable amour de soi est incompatible avec la comparaison.
La
comparaison ne peut être que subjective et partiale, donc faussée.
Pour aimer
les autres, nous avons besoin de nous aimer tel que nous sommes réellement.
Cela
demande un jugement, dans le sens de discerner l’état de notre cœur.
Cet acte
correspond spirituellement à un tonnerre ; c’est le premier tonnerre.
L’éclair qui jaillit alors de ce tonnerre illumine complètement notre être
intérieur et nous nous voyons alors comme Christ nous voit.
Revenons
au départ :
Dans les
assemblées, rien de nouveau, on reproduit ce qui se faisait déjà à l’école. Le
prédicateur pense vous encourager en disant : « Soyez la tête et non
la queue !»
Il reprend à sa
manière (Deutéronome 28 :13), qui dit :
« L'Eternel
fera de toi la tête et non la queue, tu seras toujours en haut et tu ne seras
jamais en bas, lorsque tu obéiras aux commandements de l'Eternel, ton Dieu, que
je te prescris aujourd'hui, lorsque tu les observeras et
les mettras en pratique ».
Là aussi, qui ne se culpabilise pas avec ce passage en se
sentant à la queue, inutile pour l’œuvre de Dieu parce qu’il est en bas ;
ou au contraire, qui ne se sent pas pousser des ailes, parce qu’il se voit en
haut à la tête ?
C’est le Saint-Esprit qui fait de nous la tête et non pas
nous, à notre manière, et selon nos désirs.
Et la bénédiction ne ressemble sans doute pas à celle
qu’imagine notre vieille nature, comme de briller sur les autres ou d’être dans
une abondante sécurité matérielle).
« Fais de
l’Eternel tes délices et il te donnera ce que ton cœur désire ».
Avec ce verset des Psaumes, les Eglises ont flatté les
désirs charnels de leurs membres, en pointant en ligne de mire: la convoitise.
Qui n’a pas alors apprécié la réussite sociale des autres
comme des bénédictions ?
Qui ne s’est pas trompé de richesse en évaluant les signes extérieurs de richesse comme un sceau de Dieu sur des êtres en odeur de sainteté ?
Qui ne s’est pas trompé de richesse en évaluant les signes extérieurs de richesse comme un sceau de Dieu sur des êtres en odeur de sainteté ?
Voilà la pensée fausse qui a été véhiculée alors : Comme
ils ont fait de l’Eternel leur délice c’est normal, c’est logique, ils ont été
exaucés. (Une bien triste interprétation du Psaume).
Alors, à quoi fait référence notre Seigneur quand il promet
des bénédictions ?
On ne devrait même pas en parler… car l’Esprit saint en
nous créé nos désirs.
Le cœur d’un disciple n’aspire pas à la fortune et à la
gloire (même si les richesses matérielles ne lui sont pas exclues).
Il aime naturellement ce que son Père céleste désir et aime.
Il aime les choses d’en haut, comme :
·
voir des gens se libérer de leur péché, de la
maladie, de la souffrance.
·
voir le péché reculer et ne plus avoir
d’effet dévastateur sur eux,
·
il
aspire à voir sa famille recevoir le même héritage que lui, (l’héritage
spirituel : c’est l’esprit saint et les fruits qu’il procure)
·
il se réjouit de partager une communion
fraternelle vraie et authentique avec des frères et sœurs simples et sans masques.
Les
victoires sont bien là, plus dans la qualité de nos relations que dans le
chiffre et le nombre.
Remarquez bien une chose d’ailleurs, quand Dieu vient nous
réveiller, il le fait dans un environnement presque hostile, avec une communion
restreinte. On peut croire extérieurement à un abandon, alors que c’est un
travail en profondeur qui se réalise.
Gédéon après avoir échappé à son propre lynchage collectif,
a été préparé avec quelques membres de sa famille et une petite troupe de
soldats réputés pour leur humilité.
Mais ce n’est pas fini…le poison de la comparaison va
encore plus loin.
Le pire, je crois est d’avoir
comparé Christ à ses disciples.
D’avoir
mis Christ comme le maître et le disciple comme serviteur ; et à
partir de là, d’ériger cette relation comme un dogme absolu, une certitude
théologique.
Cette relation est fausse, Jésus lui-même affirme autre
chose : « Le disciple n'est pas
plus que le maître; mais tout disciple accompli sera comme son maître. »
Jésus
annonce lui-même une finalité d’égalité et non de hiérarchie.
Le dogme religieux (qui a toujours eut un problème avec la
pureté) part de la pureté du Fils né de l’esprit saint par une vierge… pour
aller plus loin : il le rend incapable d’aucune souillure.
S’il est incapable de péché, alors pourquoi a-t-il appris bien
qu’il fut Fils, l’obéissance au Père ; l’obéissance en souffrant, car c’est
un homme, comme les autres après tout ?
« Il a été
exaucé à cause de sa piété, a appris, bien qu'il fût Fils, l'obéissance par les
choses qu'il a souffertes » (Hébreux 5 :7)
« Il a été tenté
comme nous en toutes choses, sans commettre de péchés. »(Hébreux
4 :15)
Pour nous, hommes et femmes pécheurs, même si le départ est
différent (car nous ne sommes pas né par le Saint-Esprit d’une vierge),
l’objectif reste le même : finir la course à égalité sur la ligne
d’arrivée.
Car ce n’est pas pour Christ que nous courrons vers
le but.
Ce n’est pas pour Christ que nous souffrons.
La différence est cruciale : c’est EN Christ que nous gagnons la
course et c’est en Christ que nous souffrons.
Si nous faisons les choses avec lui, nous nous
comparons à lui. Si nous les faisons en lui, nous nous épousons
mutuellement.
Il n’y a aucune différence entre Christ et un disciple
accompli, c’est une égalité parfaite.
Christ
et son épouse c’est l’égalité parfaite.
« Christ en vous,
disait Paul, l’espérance de la gloire »
Oui, Christ en nous, pour partager sa gloire. « afin de présenter à Dieu tout homme, devenu
parfait en Christ »(Colossiens 1 :28).
Mais voilà, pour atteindre l’égalité avec lui, nous devons
auparavant atteindre un autre but.
Cet autre but c’est l’équité.
L’équité ce n’est pas l’égalité. L’équité précède l’égalité
Je m’explique :
L’équité : c’est que nous devons au préalable vivre
les mêmes souffrances, les mêmes injustices.
Parce que je le répète : nous ne devons pas souffrir
pour lui mais bien : souffrir en lui.
Alors, pourquoi comparer ce que nous sommes, nous disciple
impur mais purifié par Christ à Christ lui-même, qui est pur par essence et par
naissance ?
A quoi sert concrètement cette comparaison, sinon à refuser
de marcher sur le chemin de la purification ?
Toute
doctrine religieuse a un but charnel.
Quand nous ouvrons les yeux sur ce but, nous y voyons le
poison de la comparaison.
La comparaison, nous devons en être persuadé est née de
l’esprit diabolique.
La
comparaison est de naissance diabolique.
Un homme charnel sait en lui qu’il ne pourra jamais se
soustraire au péché. Il aime trop ses fautes qu’il essaye de cacher par toutes
sortes d’actes religieux.
Voir Christ parfait et inatteignable dans sa vie mortelle,
a pour intention et effet de se protéger et de faire admettre l’impuissance à
pouvoir devenir comme Christ, parfait, ici-bas.
Christ nous verrait-il parfait mais par la foi ? (un
parfait en devenir, au ciel seulement ?)
Cette idéologie religieuse est en fait un aveu
d’impuissance.
Qui est plus fort : la chair ou l’Esprit ?
Si la chair est plus forte, le Saint-Esprit n’est pas de
grande utilité, la résurrection de Christ n’est alors pas meilleure que la loi
mosaïque.
Non décidément, nous n’avons rien à voir avec cette
idéologie restrictive.
Le but bien réel est d’être participant à la nature divine,
d’atteindre la stature parfaite de Christ, pas une stature miniature ou
incomplète, non la stature, c’est-à-dire : la position humaine, la hauteur
de corps parfaite.
Mais comment vouloir atteindre la stature parfaite de
Christ sans la vertu ?
Pierre le rappelle : Nous devons joindre, à la foi la
vertu.
Tous ceux qui comparent (avec un but inavoué de se cacher)
ont choisi une foi sans vertu. Une foi sans les actes.
La vertu c’est (nous dit le dictionnaire) « un
comportement permanent et volontaire qui nous pousse vers le bien, et cela en
dépit des obstacles ».
Alors en tenant compte de tout cela, cessons de comparer ce
qui n’est pas comparable. Cessons de nous comparer nous qui aimons Christ et
qui voulons faire sa volonté.
Notre Dieu veut une relation qui suit une évolution
horizontale, égalitaire et non verticale et hiérarchisée.
La relation entre Jésus, Fils, Père et Saint-Esprit n’est qu’horizontale
et nous devons devenir des disciples accomplis, comme notre maître et suivre
cette logique dans nos rapports entre nous.
« Jusqu’à ce que
nous soyons tous parvenus à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de
Dieu, à l'état d'homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ »
(Éphésiens 4 :13)
Par conséquent, brisons le pain chaque jour en
reconnaissant nos fautes ; reconnaissons nos actes de comparaison et
bénissons le Seigneur qui nous permet d’être comme lui, un maître.
Amen
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