dimanche 5 octobre 2025

OÚ SE TROUVE LA LUMIERE DES RECITS BIBLIQUES?

594

 

Par Éric Ruiz

 

Dieu est lumière et il n’a jamais cessé d’éclairer les zones d’ombres des œuvres humaines. Alors, quand on parle d’interprétations, il est fréquent de pointer du doigt les nombreuses versions bibliques.


Un verset traduit différemment induit forcément une compréhension différente des évènements. Il est fréquent et juste aussi d’accuser les doctrines de tordre le sens de l’Écriture. Mais qui pense aux récits bibliques ? Parce que les récits sont reçus différemment par les uns et par les autres. 

Chaque croyant ne retient pas la même chose. Pour les uns ils resteront frappés par un aspect de la vie d’un personnage tandis que d’autres retiendront un évènement particulier. Chacun ne retient que ce qui lui convient après tout. Et vous, que retenez-vous des grandes épopées bibliques et des personnages importants, de ces grands héros de la foi ?

 

LE RECIT DE JACOB

 

Que retenez-vous par exemple du patriarche Jacob, fils d’Isaac qui prendra le nom d’Israël ?

Qu’il a été trompeur comme le nom qu’il porte en volant le droit d’ainesse à son frère Ésaü; un frère qui était semble-t-il prédestiné à l’exil ; Et puis c’est sans connaitre la fidélité de Dieu, qui a finalement béni et reconnu ce grand patriarche qu’est Israël comme son fils héritier, celui d’où sortira une grande nation (Israël) à partir de ses 12 fils qui formeront 12 tribus. Israël, c’est cette terre qui porte son nom aujourd’hui ; et de cette nation sortira le sauveur du monde, le fils de Dieu Jésus de Nazareth. 

Ou bien retenez-vous plutôt que Jacob a été trompeur dès le départ, qu’il a volé son frère, menti à son père, puis qu’il a lutté avec Dieu et que ce mauvais caractère manifesté lui a valu des tribulations comme celle de servir 14 ans pour son oncle afin de gagner Rachel son épouse. Que sa tromperie lui a valu de nombreux autres déboires comme le fait de voir celle qu’il aimait, Rachel, devenir honteusement stérile, et d’être amer et rongée par la jalousie envers sa sœur Léa ; Puis après avoir mis au monde Benjamin, de voir Rachel l’élue de son cœur mourir ? Comme aussi, retenez-vous d’Israël qu’il a subi la douleur causée par sa seule fille Dina se faisant violer par un prince étranger, Sichem. Et que dire de son fils préféré Joseph, que ses autres fils firent passer pour mort, tué par une bête féroce ? Sans compter la suite, où Israël a dû lutter avec ses autres enfants contre une terrible famine.

Doit-on, alors retenir essentiellement les bénédictions associées au nom des héros ou bien aussi leurs tribulations et leurs malheurs causés par leurs propres désobéissances, sans oublié leurs crimes ?

Car c’est vrai que l’histoire d’Israël finit bien, qu’il retrouve son fils bien-aimé Joseph, qu’il retrouve son héritage, sa terre promise (Canaan) et ses enfants au complet, mais le prix à payer doit aussi nous enseigner que la bénédiction n’est pas un dû sans contrepartie.

 

Alors se raccrocher à une interprétation du récit plutôt qu’à une autre ne montre-t-il pas en vérité la volonté d’escamoter ou de faire disparaitre ce qui nous gêne et nous déplait dans la foi ? 

Ce qui nous déplait : c’est de vivre les conséquences de nos actes mauvais, c’est d’assumer toute la responsabilité de nos choix. Comme le fait de vivre aussi un long exil (rappelez-vous, pour Jacob 22 ans avant qu’il entre en Canaan) ; la famine, la trahison, l’esclavage, le crime de ses enfants, là aussi Jacob a dû vivre toutes ces épreuves les unes après les autres. Qui ose retenir ses évènements en se disant que l’histoire se répète pour celles et ceux qui désobéissent et se livrent au mal même s’ils ont la foi dans le Dieu d’Israël d’Isaac et d’Abraham ? Et pourtant selon 2 Timothée 3 :16-17

 « Toute Ecriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, 17afin que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre ». Tout concoure ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu oui, comme (il faut bien l’admettre) tout concoure au mal de ceux qui luttent contre Dieu.

Dieu ne cache rien des récits de ses héros. Il nous montre la partie sombre (leurs mauvaises œuvres) comme la partie lumineuse (les bonnes œuvres). Il nous montre que ses enfants comme ses héros, ne sont pas à l’abri du mal, mais qu’il a toujours honoré celui qui se positionnait en faveur du bien. N’a-t-il pas dit : « Car j'honorerai celui qui m'honore, mais ceux qui me méprisent seront méprisés » ? (1 Samuel 2 :30)

 

LE RECIT DE JOSEPH

 

Que retenez-vous du récit sur Joseph ? Qu’il a été abandonné, puis vendu par ses frères mais qu’il a été surtout béni ensuite en devenant l’égal de Pharaon en Égypte et qu’il a pu montrer ainsi, que Dieu place l’homme de foi au sommet du pouvoir et qu’il le comble de connaissances et de richesse? Ou bien, vous retenez que malgré le fait qu’il ait été trahit plusieurs fois et d’abord par ses propres frères, Joseph n’a pas abusé de son ascension sociale pour écraser ses ennemis. Il ne s’est pas vengé, mais il a plutôt pardonné et partagé avec ses frères qui avaient comploté contre lui, toute la richesse qu’il avait acquise ; et il a permis à son père de retrouver son honneur et une vie comblée pour sa vieillesse et pour finir Joseph a pourvu en tout point pour que des funérailles dignes du rang de son père soient faites.

 

LE RECIT DE DAVID

 

Toujours dans l’idée d’instruire dans la justice, l’épopée du roi David est un incontournable des Bibles pour enfants. Mais que cherchons-nous à raconter à nos enfants sur le roi d’Israël David ? Pourquoi les publications cherchent à mettre en avant l’enfant prodige ; cet enfant qui faisait paitre ses moutons, et qui s’engagea courageusement contre le plus grand ennemi d’Israel ? Il prit une fronde et avec une seule pierre, et le nom de l’Éternel, il tua le géant philistin Goliath ? Ce récit extraordinaire a-t-il plus de vertu à imiter que de savoir comment David se repentait de ses désobéissances ? Par exemple lorsqu’il a désobéit à Dieu en voulant plus que la bénédiction de Dieu : recenser ses troupes pour agrandir son royaume.David se repentit de son péché et ne chercha aucunement à se cacher loin de Dieu, mais à se faire châtier lui et lui seul plutôt que son peuple. Et aussi, constatez comment déjà David avait à cœur de respecter ses ennemis. Même les philistins l’on accueilli à bras ouverts. David avait réussi à gagner les faveurs du roi philistin qui le considérait comme un ange envoyé de Dieu.  Akish lui donna une ville pour qu’il y réside lui et ses troupes et qu’il échappe aux attaques du roi Saül. D’ailleurs David ne chercha jamais à nuire au roi Saül au point qu’il refusa même de lui ôter la vie alors que l’occasion s’est présentée facilement.  Ce cœur est bien plus précieux à imiter, bien plus inspirant pour un jeune que d’admirer les exploits d’un guerrier-roi où d’un roi qui a délivré son peuple de tous ses ennemis.

L’admiration pour ses combats devrait se faire à partir de l’amitié sans faille que David a eu pour Jonathan. Son amitié avec Jonathan est un exemple à suivre pour un jeune. Le cœur de Jonathan était sans partage et il allait au bout de ce qu’il projetait de faire pour Dieu. David a reçu cette âme-sœur au point qu’il imita le cœur et l’esprit de Jonathan dans ses combats contre ses ennemis. C’est ce cœur vaillant et fidèle à Dieu qui lui valut d’être tant de fois victorieux.

 

En réalité, les interprétations des différents récits nous montrent surtout ce que notre cœur aime le plus et ce que notre esprit distingue le mieux.

Il y a toujours ce dilemme entre la chair et l’esprit.

Notre cœur préfère-t-il les héros super puissants prédestinés au salut ? Ou bien des hommes et des femmes faillibles, qui se laissent corrompre parfois, qui luttent avec Dieu et qui n’échappent pas à un destin tragique mais qui sont potentiellement sauvé en confessant leurs fautes et en cherchant à les réparer dans leurs jours favorables ?

 

LE RECIT DE SAMSON

 

Dieu nous montre qu’il est juste et qu’il ne privilégie pas une personne plutôt qu’une autre.

C’est vrai que Dieu a consacré dans le ventre de sa mère Samson, qui fut juge en Israël. Sa force provenait d’un don surhumain conféré par l’esprit de Dieu. Personne ne pouvait l’anéantir. Il déchira à main nue un jeune lion.  Mais ce qui a rendu Samson fragile et vulnérable, ce ne sont pas ses cheveux coupés, c’est évidemment son penchant pour les femmes étrangères et en particulier pour la séductrice philistin Délila. Et c’est aussi l’orgueil, un orgueil poussé à l’extrême qui l’a rendu mégalomane au point de se prendre pour Dieu. Son don l’a rendu trop sûr de lui. C’est à partir de sa passion pour les femmes et de son orgueil qu’il perdit la bénédiction, et se retrouva même aveugle. Samson retrouvera toutefois la bénédiction vers la fin de sa vie, et au prix de sa propre vie.

Ces récits bibliques nous montrent que nous ne sommes pas si différents d’eux. Nous sommes attirés par la force surhumaine, par les exploits, par le prestige, mais dans les faits nous sommes fragiles comme eux l’étaient aussi. Nous avons nos points faibles qui nous rendent soumis aux démons de la chair.

 

LES RECITS BRISENT ou MONTRENT L’IDOLATRIE

 

C’est certain, il n’y a pas de surhomme de la foi. 

Joseph bien que sa foi soit admirable n’était pas parfait non plus. Pour les Branhamistes son histoire a été élevée au rang d’idole : « la Joseph perfection ». Mais Joseph a manqué de sagesse et de discernement. Ah oui et quand ?  Dans sa jeunesse, à l’âge de 17 ans. Quand il annonça à ses frères qu’ils se prosterneront devant lui. Et que le soleil, la lune et onze étoiles se prosterneraient aussi devant lui. Son père connaissait le caractère excessivement jaloux de ses frères et aussi le fait que ses frères vivaient dans la débauche, puisque Joseph lui-même venait raconter à son père, je cite « leurs mauvais propos ». Son père alors le réprimanda sévèrement. Parce que ses visions excitèrent au plus haut point leur jalousie et que Joseph ne discernait pas qu’en racontant ses visions à ses frères sans l’accord préalable de son père, il se mettait involontairement en très grand danger. «Ses frères furent jaloux de lui, mais son père garda le souvenir de ces choses » (Genèse 37 :11). 

C’est un indice important qui nous montre que c’est à son père d’abord que ses visions étaient racontables. Et puis Jacob lui avait enseigné la foi, Joseph aurait dû se souvenir que la précipitation est contraire à la sagesse et le conseil d’un père vaut plus que l’argent. D’ailleurs, Jésus a prévenu ses disciples des conséquences du manque de sagesse. Matthieu 7 :6 « Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu'ils ne les foulent aux pieds, ne se retournent et ne vous déchirent. » Joseph a été déchiré par ses frères qui agissaient comme de vulgaires animaux. Mais Joseph a été gardé par Dieu. Et loin d’être anéanti, il a survécu pour qu’il grandisse en stature et en sagesse. Dieu a honoré sa foi et sa fidélité.

Et les récits concernant Jésus-Christ ?  Les versets les plus retenus concernent les miracles que Jésus a faits. Je ne prendrais qu’un exemple avec un des plus cités, celui des noces de Cana. Le premier miracle du fils de Dieu. L’eau changée en vin. Pour beaucoup c’est le début de la gloire de Dieu manifestée. Christ est le vin nouveau, c’est sa nouvelle identité qui prend forme à ce moment précis.

Or, ce côté glorieux du fils de Dieu ne doit pas cacher une autre de ses missions principales. Pour cela le récit doit nous amener à ne pas évincer les intentions, le mobile du miracle. Aux noces de Cana, Jésus fit un miracle dans des vases d’ablution. Des vases destinés à la purification. Les uns se sont réjouis du vin qui ne manquait plus et qui était meilleur que celui du début, tandis que d’autres ont du se scandaliser que quelqu’un ait pu ainsi profaner des ustensiles saints ainsi qu’une eau bénite. Jésus souhaitait c’est vrai dépasser les anciens rites mais plus encore : il souhaitait mettre en lumière les hypocrites qui placent le rite religieux au-dessus de la loi d’amour et qui cachent des choses beaucoup plus honteuses que de profaner un rite.

 

Les récits bibliques sont des écritures inspirées qui sont utiles pour nous convaincre de changer. Les différents récits nous instruisent sur nous-mêmes dans l’instant présent. Ils montrent dans tous les cas la vérité dans le sens où ils nous révèlent à nous-mêmes. Ils montrent la vérité que chacun s’est fait des récits. L’interprétation agit comme une lumière. Elle éclaire ce que nous avons retenus et les idoles que nous avons gardés. Les idoles que nous avons brisés et ceux que nous avons reconstruits. En fin de compte ce que nous retenons des différents récits bibliques, nous aident à nous juger. Alors, que chacun se juge soi-même afin de ne pas être jugé. Faire cette œuvre, c’est honorer notre Seigneur.

Amen

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire