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Par Éric
Ruiz
Dieu est lumière et il n’a jamais cessé d’éclairer les zones d’ombres des œuvres humaines. Alors, quand on parle d’interprétations, il est fréquent de pointer du doigt les nombreuses versions bibliques.
Un verset traduit différemment induit forcément une compréhension différente des évènements. Il est fréquent et juste aussi d’accuser les doctrines de tordre le sens de l’Écriture. Mais qui pense aux récits bibliques ? Parce que les récits sont reçus différemment par les uns et par les autres.
Chaque croyant ne retient pas la
même chose. Pour les uns ils resteront frappés par un aspect de la vie d’un
personnage tandis que d’autres retiendront un évènement particulier. Chacun ne retient que ce qui lui convient après tout. Et vous, que
retenez-vous des grandes épopées bibliques et des personnages importants, de
ces grands héros de la foi ?
LE RECIT
DE JACOB
Que
retenez-vous par exemple du patriarche Jacob, fils d’Isaac qui prendra le nom
d’Israël ?
Qu’il a
été trompeur comme le nom qu’il porte en volant le droit d’ainesse à son
frère Ésaü; un frère qui était semble-t-il prédestiné à l’exil ; Et
puis c’est sans connaitre la fidélité de Dieu, qui a finalement béni et reconnu
ce grand patriarche qu’est Israël comme son fils héritier, celui d’où sortira
une grande nation (Israël) à partir de ses 12 fils qui formeront 12 tribus.
Israël, c’est cette terre qui porte son nom aujourd’hui ; et de cette
nation sortira le sauveur du monde, le fils de Dieu Jésus de Nazareth.
Ou bien
retenez-vous plutôt que Jacob a été trompeur dès le départ, qu’il a volé son
frère, menti à son père, puis qu’il a lutté avec Dieu et que ce mauvais caractère
manifesté lui a valu des tribulations comme celle de servir 14 ans pour son
oncle afin de gagner Rachel son épouse. Que sa tromperie lui a valu de nombreux
autres déboires comme le fait de voir celle qu’il aimait, Rachel, devenir honteusement
stérile, et d’être amer et rongée par la jalousie envers sa sœur Léa ; Puis
après avoir mis au monde Benjamin, de voir Rachel l’élue de son cœur
mourir ? Comme aussi, retenez-vous d’Israël qu’il a subi la douleur causée
par sa seule fille Dina se faisant violer par un prince étranger, Sichem. Et
que dire de son fils préféré Joseph, que ses autres fils firent passer pour
mort, tué par une bête féroce ? Sans compter la suite, où Israël a dû lutter
avec ses autres enfants contre une terrible famine.
Doit-on,
alors retenir essentiellement les bénédictions associées au nom des héros ou
bien aussi leurs tribulations et leurs malheurs causés par leurs propres
désobéissances, sans oublié leurs crimes ?
Car c’est
vrai que l’histoire
d’Israël finit bien, qu’il retrouve son fils bien-aimé Joseph, qu’il
retrouve son héritage, sa terre promise (Canaan) et ses enfants au complet, mais le prix à
payer doit aussi nous enseigner que la bénédiction n’est pas un dû sans
contrepartie.
Alors se raccrocher à une interprétation du récit plutôt qu’à une autre ne montre-t-il pas en vérité la volonté d’escamoter ou de faire disparaitre ce qui nous gêne et nous déplait dans la foi ?
Ce qui nous déplait : c’est de vivre les conséquences de nos actes mauvais, c’est d’assumer toute la responsabilité de nos choix. Comme le fait de vivre aussi un long exil (rappelez-vous, pour Jacob 22 ans avant qu’il entre en Canaan) ; la famine, la trahison, l’esclavage, le crime de ses enfants, là aussi Jacob a dû vivre toutes ces épreuves les unes après les autres. Qui ose retenir ses évènements en se disant que l’histoire se répète pour celles et ceux qui désobéissent et se livrent au mal même s’ils ont la foi dans le Dieu d’Israël d’Isaac et d’Abraham ? Et pourtant selon 2 Timothée 3 :16-17
« Toute Ecriture est inspirée de
Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire
dans la justice, 17afin
que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre ». Tout concoure ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu
oui, comme (il faut bien l’admettre) tout concoure au mal de ceux qui luttent
contre Dieu.
Dieu ne cache rien des récits de ses héros.
Il nous montre la partie sombre (leurs mauvaises œuvres) comme la partie
lumineuse (les bonnes œuvres). Il nous montre que ses enfants comme ses héros,
ne sont pas à l’abri du mal, mais qu’il a toujours honoré celui qui se
positionnait en faveur du bien. N’a-t-il pas dit : « Car
j'honorerai celui qui m'honore, mais ceux qui me méprisent seront
méprisés » ? (1 Samuel 2 :30)
LE RECIT
DE JOSEPH
Que
retenez-vous du récit sur Joseph ? Qu’il a été abandonné, puis vendu par
ses frères mais qu’il a été surtout béni ensuite en devenant l’égal de Pharaon
en Égypte et qu’il a pu montrer ainsi, que Dieu place l’homme de foi au sommet
du pouvoir et qu’il le comble de connaissances et de richesse? Ou bien, vous
retenez que malgré le fait qu’il ait été trahit plusieurs fois et d’abord par
ses propres frères, Joseph n’a pas abusé de son ascension sociale pour écraser
ses ennemis. Il ne s’est pas vengé, mais il a plutôt pardonné et partagé avec
ses frères qui avaient comploté contre lui, toute la richesse qu’il avait
acquise ; et il a permis à son père de retrouver son honneur et une vie
comblée pour sa vieillesse et pour finir Joseph a pourvu en tout point pour que
des funérailles dignes du rang de son père soient faites.
LE RECIT
DE DAVID
Toujours
dans l’idée d’instruire dans la justice, l’épopée du roi David est un incontournable
des Bibles pour enfants. Mais que cherchons-nous à raconter à nos enfants sur
le roi d’Israël David ? Pourquoi les publications cherchent à mettre en
avant l’enfant prodige ; cet enfant qui faisait paitre ses moutons, et qui
s’engagea courageusement contre le plus grand ennemi d’Israel ? Il prit
une fronde et avec une seule pierre, et le nom de l’Éternel, il tua le géant
philistin Goliath ? Ce récit extraordinaire a-t-il plus de vertu à imiter
que de savoir comment David se repentait de ses désobéissances ? Par
exemple lorsqu’il a désobéit à Dieu en voulant plus que la bénédiction de
Dieu : recenser ses troupes pour agrandir son royaume.David se repentit de
son péché et ne chercha aucunement à se cacher loin de Dieu, mais à se faire
châtier lui et lui seul plutôt que son peuple. Et aussi, constatez comment déjà
David avait à cœur de respecter ses ennemis. Même les philistins l’on accueilli
à bras ouverts. David avait réussi à gagner les faveurs du roi philistin qui le
considérait comme un ange envoyé de Dieu.
Akish lui donna une ville pour qu’il y réside lui et ses troupes et
qu’il échappe aux attaques du roi Saül. D’ailleurs David ne chercha jamais à
nuire au roi Saül au point qu’il refusa même de lui ôter la vie alors que
l’occasion s’est présentée facilement.
Ce cœur est bien plus précieux à imiter, bien plus inspirant pour un
jeune que d’admirer les exploits d’un guerrier-roi où d’un roi qui a délivré
son peuple de tous ses ennemis.
L’admiration
pour ses combats devrait se faire à partir de l’amitié sans faille que David a
eu pour Jonathan. Son amitié avec Jonathan est un exemple à suivre pour un
jeune. Le cœur de Jonathan était sans partage et il allait au bout de ce qu’il
projetait de faire pour Dieu. David a reçu cette âme-sœur au point qu’il imita
le cœur et l’esprit de Jonathan dans ses combats contre ses ennemis. C’est ce
cœur vaillant et fidèle à Dieu qui lui valut d’être tant de fois victorieux.
En
réalité, les interprétations des différents récits nous montrent surtout ce que
notre cœur aime le plus et ce que notre esprit distingue le mieux.
Il y a
toujours ce dilemme entre la chair et l’esprit.
Notre cœur
préfère-t-il les héros super puissants prédestinés au salut ? Ou bien des
hommes et des femmes faillibles, qui se laissent corrompre parfois, qui luttent
avec Dieu et qui n’échappent pas à un destin tragique mais qui sont potentiellement
sauvé en confessant leurs fautes et en cherchant à les réparer dans leurs jours
favorables ?
LE RECIT
DE SAMSON
Dieu nous
montre qu’il est juste et qu’il ne privilégie pas une personne plutôt qu’une
autre.
C’est vrai
que Dieu a consacré dans le ventre de sa mère Samson, qui fut juge en Israël.
Sa force provenait d’un don surhumain conféré par l’esprit de Dieu. Personne ne
pouvait l’anéantir. Il déchira à main nue un jeune lion. Mais ce qui a rendu Samson fragile et
vulnérable, ce ne sont pas ses cheveux coupés, c’est évidemment son penchant
pour les femmes étrangères et en particulier pour la séductrice philistin
Délila. Et c’est aussi l’orgueil, un orgueil poussé à l’extrême qui l’a rendu
mégalomane au point de se prendre pour Dieu. Son don l’a rendu trop sûr de lui.
C’est à partir de sa passion pour les femmes et de son orgueil qu’il perdit la
bénédiction, et se retrouva même aveugle. Samson retrouvera toutefois la bénédiction
vers la fin de sa vie, et au prix de sa propre vie.
Ces récits
bibliques nous montrent que nous ne sommes pas si différents d’eux. Nous sommes
attirés par la force surhumaine, par les exploits, par le prestige, mais dans
les faits nous sommes fragiles comme eux l’étaient aussi. Nous avons nos points
faibles qui nous rendent soumis aux démons de la chair.
LES RECITS
BRISENT ou MONTRENT L’IDOLATRIE
C’est certain, il n’y a pas de surhomme de la foi.
Joseph bien que sa foi soit admirable n’était pas parfait non plus. Pour les Branhamistes son histoire a été élevée au rang d’idole : « la Joseph perfection ». Mais Joseph a manqué de sagesse et de discernement. Ah oui et quand ? Dans sa jeunesse, à l’âge de 17 ans. Quand il annonça à ses frères qu’ils se prosterneront devant lui. Et que le soleil, la lune et onze étoiles se prosterneraient aussi devant lui. Son père connaissait le caractère excessivement jaloux de ses frères et aussi le fait que ses frères vivaient dans la débauche, puisque Joseph lui-même venait raconter à son père, je cite « leurs mauvais propos ». Son père alors le réprimanda sévèrement. Parce que ses visions excitèrent au plus haut point leur jalousie et que Joseph ne discernait pas qu’en racontant ses visions à ses frères sans l’accord préalable de son père, il se mettait involontairement en très grand danger. «Ses frères furent jaloux de lui, mais son père garda le souvenir de ces choses » (Genèse 37 :11).
C’est un indice important qui nous montre que c’est à son
père d’abord que ses visions étaient racontables. Et puis Jacob lui avait
enseigné la foi, Joseph aurait dû se souvenir que la précipitation est
contraire à la sagesse et le conseil d’un père vaut plus que l’argent.
D’ailleurs, Jésus a prévenu ses disciples des conséquences du manque de
sagesse. Matthieu 7 :6 « Ne
donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les
pourceaux, de peur qu'ils ne les foulent aux pieds, ne se retournent et ne vous
déchirent. »
Joseph a été déchiré par ses frères qui agissaient comme de vulgaires animaux.
Mais Joseph a été gardé par Dieu. Et loin d’être anéanti, il a survécu pour
qu’il grandisse en stature et en sagesse. Dieu a honoré sa foi et sa fidélité.
Et les récits concernant Jésus-Christ ? Les versets les plus retenus concernent les
miracles que Jésus a faits. Je ne prendrais qu’un exemple avec un des plus cités,
celui des noces de Cana. Le premier miracle du fils de Dieu. L’eau changée en
vin. Pour beaucoup c’est le début de la gloire de Dieu manifestée. Christ est
le vin nouveau, c’est sa nouvelle identité qui prend forme à ce moment précis.
Or, ce côté glorieux du fils de Dieu ne doit pas cacher une
autre de ses missions principales. Pour cela le récit doit nous amener à ne pas
évincer les intentions, le mobile du miracle. Aux noces de Cana, Jésus fit un miracle
dans des vases d’ablution. Des vases destinés à la purification. Les uns se
sont réjouis du vin qui ne manquait plus et qui était meilleur que celui du
début, tandis que d’autres ont du se scandaliser que quelqu’un ait pu ainsi
profaner des ustensiles saints ainsi qu’une eau bénite. Jésus souhaitait c’est
vrai dépasser les anciens rites mais plus encore : il souhaitait mettre en
lumière les hypocrites qui placent le rite religieux au-dessus de la loi
d’amour et qui cachent des choses beaucoup plus honteuses que de profaner un
rite.
Les récits bibliques sont des écritures inspirées qui sont
utiles pour nous convaincre de changer. Les différents récits nous instruisent
sur nous-mêmes dans l’instant présent. Ils montrent dans tous les cas la vérité
dans le sens où ils nous révèlent à nous-mêmes. Ils montrent la vérité que chacun
s’est fait des récits. L’interprétation agit comme une lumière. Elle éclaire ce
que nous avons retenus et les idoles que nous avons gardés. Les idoles que nous
avons brisés et ceux que nous avons reconstruits. En fin de compte ce que nous
retenons des différents récits bibliques, nous aident à nous juger. Alors, que
chacun se juge soi-même afin de ne pas être jugé. Faire cette œuvre, c’est
honorer notre Seigneur.
Amen
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