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Par Éric
Ruiz
Proverbes 29 :15 «La verge et la correction donnent la sagesse, Mais l'enfant livré à lui-même fait honte à sa mère. ».
L’enfant
qui est peu puni, ou libéré de la correction n’est pas sujet à une bonne
éducation selon ce proverbe biblique. Tôt ou tard, ce problème d’éducation fera
honte à la mère ou à l’éducatrice qui est en charge de l’enfant. En fait, liberté
et amour ne font pas bon ménage dans une famille qui croit dans les valeurs
bibliques.
Or, nous vivons dans une époque très particulière où l’amour
rime avec liberté. Où la correction (la violence verbale comme la violence
physique) rime souvent avec malveillance et maltraitance. En France, nous
pouvons aimer qui nous voulons, sans interdit, en brisant les anciens codes
moraux. Cet amour libéré est plus qu’’un droit, il est devenu un devoir aussi.
Le devoir d’accepter toutes différences. Aimer demande à reconnaitre
l’autre dans toutes ses particularités, même les plus honteuses. Aimer son
prochain, aimer sa famille, ses enfants, pour beaucoup de français c’est une
réalité qu’ils vivent au quotidien. Ils aiment comme les chrétiens, à leur
manière. Des parents qui se présentent au collège pour contester la punition où
les notes que leur enfant a reçu, se targuent pourtant d’aimer leur enfant
comme de bons parents le font.
D’autres pensent qu’ils vivent les valeurs de l’évangile en
aimant leurs proches, alors qu’ils se réclament athées. Et bien-sûr des
chrétiens habitués à obéir à des rites religieux, ne voient aucun manque
d’amour dans la relation qu’ils ont avec leur conjoint ou leur enfant, (Ils
sont stricts et sans compromis avec tout écart qui ne colle pas à leur vision
de la morale chrétienne).
Quelle confusion générale ! Babylone montre encore ses
hautes murailles.
Des murailles qui en s’écroulant dévoilent de nombreux
cadavres, car c’est un moment catastrophique où les enfants se retournent
contre leurs parents.
Matthieu 10 :21 « Le frère livrera son frère à la
mort, et le père son enfant; les enfants se soulèveront
contre leurs parents, et les feront mourir »
Matthieu 10:35 : « Car je suis venu mettre la division entre l'homme et son
père, entre la fille et sa mère ».
Michée 7:6 « Car le fils outrage le père, La fille se soulève contre sa
mère, La belle-fille
contre sa belle-mère; Chacun a pour
ennemis les gens de sa maison. ».
Cette prophétie si souvent répétée dans la Bible, pourquoi
prend-elle autant de lumière et de place aujourd’hui ?
La réponse tient en une seule phrase : Une société idolâtre aboutit à ce genre de
malédiction.
Paul le formulait ainsi dans sa lettre aux Romains :
« Ils ont changé la vérité de Dieu en
mensonge, et ils ont adoré et servi la créature au lieu du Créateur, ».
Quelle créature a été adorée ?
Eh bien pour que les enfants se soulèvent contre leurs
parents, ce sont eux les enfants qui
ont servi d’idole. Ce sont eux, les créatures adorées, eux qui
se font servir comme des maitres ou des princes, eux qui voient leurs parents
venir se prosterner ou se mettre à genoux. Leurs enfants sont des anges, ils ne peuvent
commettre de fautes intentionnelles. Et s’il leur arrive malencontreusement d’en
commettre, c’est forcément qu’ils n’ont pas eu de chances ou que gens mal
intentionnés les y ont contraints.
Même les pédiatres, les pédopsychologues, les
professionnels de l’enfance, le disent d’une même voix : Les enfants ne
sont plus aimés dans de nombreuses familles, ils sont adorés.
Une réflexion d’un enfant tyrannique reprise par un
neuropsychiatre donne cela : « Mon père m’adorait, j’aurai préféré
qu’il m’aime…Il vénérait tout ce que je faisais ; alors je l’ai méprisé,
je lui en veux ».
Les enfants ne deviennent pas des tyrans par hasard, ils le
deviennent stimulés par l’attitude permissive et passive de leurs parents. Ils
s’érigent en maitre absolu face à des parents dépassés.
Ne minimisons pas les mots ; Des adultes refusant de contrarier leur p’tit
bout de chou tout en le surprotégeant d’une manière étouffante et frustrante (puisque l’enfant est empêché de s’accomplir
personnellement) agit comme un démon le ferait ; le démon pousse à
l’opposition, au mépris, à la révolte et à la violence.
Alors, les parents maltraités sont souvent
entrainés dans une spirale infernale. Eux, n’osent en parler, ils ont honte de
la situation. Ils ont honte que leur progéniture adorée soit devenu un objet de
scandale ; et puis, ils ont honte d’être devenu des victimes et d’avoir échoué
là où d’autres réussissent parfaitement avec leur enfant. Ils passent aux yeux des autres
comme de mauvais parents, disqualifiés. Ils se sentent démunis et la société
actuelle ne les aide pas du tout. Elle maintient leur tête sous l’eau. La
société fait qu’ils ne peuvent plus changer l’état des choses. Notre société
progressiste est régit par les valeurs du wokisme qui prône l’écoute, le
dialogue raisonné, et la valeur sacrée de l’enfant.
Mon enfant m’insulte, me bouscule, me frappe, me menace. La pensée woke
leur dit : votre enfant cherche à vous faire passer un message. Discuter avec lui, ne le prenez pas en grippe.
Et puis, dans votre discours, employez des phrases comme « Je t'écoute, je suis
à ta disposition », « Je comprends que tu as besoin de moi (d'être écouté), je
suis là pour toi », « J'entends que tu te sentes blessé (tu es en colère) », «
J'ai envie de te faire un câlin, moi aussi j'en ai besoin ».
L’enfant à ce moment-là n’a-t-il pas plutôt besoin d’un adulte fort, qui
n’explique pas mais qui montre en étant strict et déterminé qu’il a posé les
limites à ne pas dépasser ? L’adulte n’est pas un copain, c’est un
référent. Et si l’enfant le maltraite c’est parce que les murs familiaux n’ont
pas été posés et que tout est branlant. Les parents ont changé l’usage naturel
en ce qui est contre nature. Très souvent la mère est devenue trop proche et
intrusive, tandis que le père a sacrifié son autorité.
Ce malheur touche tout le monde : chrétiens comme non chrétiens,
croyants comme athée. C’est une fatalité pour celles et ceux qui ont préféré
les plaisirs charnels à la bonté de Dieu.
Mais la
colère de Dieu s’enflamme surtout contre ses enfants idolâtres. Parce qu’ils
ont piétiné l’Evangile qu’ils ont reçu « puisque ayant connu Dieu, ils ne
l'ont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu grâces »
(Romains 1 :21).
Cela signifie clairement que la grâce n’est plus rendue par
celles et ceux qui devraient la rendre naturellement. Le fait de choyer ses
enfants à l’excès, d’en faire le centre du monde démontre un réel manque
d’amour et de communion avec Dieu d’abord. Le don de la grâce reçu gratuitement
n’est plus donné. Et paradoxalement sans ce don, nous ne sommes plus sensibles
à notre prochain. Nous ne voyons que notre enfant et plus personne d’autres
n’existe alors, ou ne réclame notre attention. C’est comme si on n’arrêtait pas
de rendre grâce uniquement pour son enfant, comme si la seule action de justice
ne pouvait que le concerner.
Matthieu 10 :37 : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas
digne de moi, et celui qui aime son
fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi; ».
Si les enfants dépassent les bornes avec leurs parents,
c’est que eux (les parents) en premiers ont franchi les bornes posées par les
préceptes divins. Par conséquent ce loupé des parents ne s’arrête pas juste au
manque d’éducation de leurs enfants. La racine du mal est beaucoup plus
profonde. C’est un apostat, un divorce au sens littéral avec Dieu.
Mais cette idolâtrie infantile s’étend encore plus. Elle détruit
adultes et enfants. L’enfant, puisque dans bien des cas, il est sacrifié. Il
est sacrifié dans le sens où il n’a pas d’identité propre. Il n’est qu’une
simple projection des désirs des parents. Il n’est pas lui-même ; mais ce
que son père et sa mère voient à travers lui.
Alors, loin d’être une terrible condamnation, je dirai
plutôt… heureusement, quel grâce encore de Dieu de venir avec l’épée de
sa justice séparer les familles, les diviser.
Matthieu 10 :35 : « Car je suis venu mettre la division entre l'homme et son
père, entre la fille et sa mère ». Cette division est salutaire en premier pour
le parent (le père ou la mère). En séparant les familles, Dieu est venu
arracher l’œil ou couper la main droite qui était l’occasion de chuter. Derrière le châtiment, se révèle
l’intention : Dieu vient révéler ainsi qu’aimer passionnément est
destructeur.
Ce nombre 37 de Matthieu 10 :37 est un empressement à
bien agir. Et nous voyons à travers ce verset qu’aimer son fils ou sa fille
plus que Dieu a obligatoirement (non pas des conséquences, mais) des causes
terribles : l’apostasie, puisque déjà dans le cœur la relation avec Dieu est
brisé. Mais ce brisement n’est pas une condamnation définitive. C’est un
empressement à la repentance, c’est un plaidoyer à la conversion. Le parent
martyrisé doit se rendre compte rapidement de sa folie à avoir préféré son
enfant à l’Evangile, pendant qu’il en est encore temps pour lui, car des
enfants possédés deviennent des meurtriers.
Cette semaine, j’ai lu un livre d’Honoré de Balzac, un
célèbre romancier français du 19ème siècle. Dans ce livre (un
classique), il met en scène l’histoire du père Goriot. Cet homme vertueux
montre qu’à l’heure de sa mort le bilan est une tragédie : Veuf et très âgé,
il a absolument tout sacrifié : fortune, vivres, ambition personnelle, sa
santé et jusqu’au dernier sou pour ses deux filles. Ces deux filles ont provoqué
sa mort en le rendant responsable de leurs dettes. Il réalisa qu’en retour,
elles l’avaient abandonné et n’avaient cessé de le méprisé. Il réalisa aussi qu’il
devait expier son péché de les avoir trop aimés, trop vénérés même, en les
plaçant au rang des anges. Ces filles c’était son vice. Vous voyez, l’amour
humain n’a pas de vertu, il tombe rapidement dans des vices et des travers
tragiques.
Maintenant, remarquez bien que le verset 37 du 10ème
chapitre de l’Evangile de Matthieu pose le problème aussi pour les enfants.
« Celui qui aime son père ou sa mère
plus que moi n’est pas digne de moi».
Combien d’enfants ne parviennent pas à couper le cordon avec leurs
parents. Même une fois à l’âge adulte, ils continuent à se préoccuper d’eux
comme s’ils étaient leurs propres enfants. Ils font tout pour ne pas les contrarier. Ils
s’imposent même des obligations, sous forme de coutumes. Ils ne prennent aucune
décision pour eux-mêmes sans qu’ils aient obtenu leur accord. J’ai vu cette
idolâtrie dans une famille chrétienne avec des enfants déjà mariés et eux-mêmes
parents. Leur mère faisait alors office de juge et partie sur tout. Leur mère était
une vraie caricature de la « mamma juive » qui joue avec la culpabilité
pour resserrer encore plus les liens autour d’elle. Cette idolâtrie est la même
pour les enfants que pour les parents.
Heureusement, à ce moment-là aussi, Dieu peut se servir de grandes
épreuves, de grandes tribulations pour faire réaliser aux enfants la folie de leur
passion destructrice. Dieu soufflera très fort sur l’édifice familial pour le
faire tomber.
Alors, pour
résumer, on pourrait dire aux parents : n’aimez pas vos enfants pour
vous-mêmes. Laissez-les trouver leur voie par eux-mêmes. Que votre piété leur
inspire la crainte du Seigneur. Lâcher prise, et soyez juste. Poser des limites
claires et rendez grâce à Dieu pour l’éducation qu’il leur donne avec
vous.
Enfants,
mettez votre confiance en Dieu. Soumettez-vous à ceux qui vous éduquent. Mais ne
remettez pas un lien qui a été brisé après l’enfance en dépendant de vos
parents.
Ils ne
décident pas de vos choix et de vos orientations d’adulte. Vous ne leur êtes
pas redevable. Vous leur devez néanmoins le respect, la reconnaissance et si
cela est dans vos possibilités, qu’ils ne manquent de rien. Mais aucun être
humain, enfant ou parent ne doit être l’objet d’adoration. Aimer son prochain
c’est le voir à travers l’amour de Christ qui aime sans passion, mais dans la
vérité.
Amen
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