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Par Eric Ruiz
L’humilité est devenue la première vertu à acquérir de nos jours car elle est synonyme d’une grande sagesse.
On le sait : L’homme, la femme à qui on attribue l’humilité est
couvert d’admiration et de louanges.
Les croyants le savent aussi très bien, puisqu’ils sont aux premières loges : « celui qui est humble d'esprit obtient la gloire. » nous dit le livre des Proverbes au chapitre 29 et au verset 23.
« Ah ! Cette personne, elle est si humble, elle ne cherche pas à vous dominer, ou à vous imposer ses convictions, elle vous écoute et vous donne toujours un petit mot d’encouragement, elle reste dans sa condition modeste sans revendiquer quoi que ce soit. Quelle personne admirable ! ».
Est-ce cela l’humilité ?
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L’HUMILITE, LE
NOUVEAU GRAAL
En toute logique, il me semble que ce nouveau graal devrait être là présent
de façon naturelle chez le croyant qui croit dans le Dieu « Je suis »
parce qu’il en est le représentant
privilégié.
Eh bien être humble, est plus rare que l’on croit, pourquoi ? D’abord parce qu’il existe trois sortes de personnes.
1) Celle qui sont
hautaines et orgueilleuses, et qui le montrent sans le cacher…c’est d’ailleurs une
portion non négligeable de gens.
2) Ensuite, il
existe un grand nombre qui veulent manifester ce graal de l’humilité, mais qui le
sont en apparence seulement par leur paraitre (elles se trahissent lors d’évènements
inattendus).
3) Et enfin un petit nombre travaille à l’acquérir sans le rechercher pour autant et manifeste réellement cette vertu.
Intéressons-nous d’abord, à la deuxième sorte de personnes, celles qui
recherchent l’humilité et qui pensent l’avoir atteint par leurs efforts ou par leur
condition (un âge plus avancé ou un niveau spirituel supérieur ou un niveau
social modeste).
Elles se font elle-même petites.
Elles se rendent modestes, elles se forcent au pardon, elles s’empêchent de
donner une opinion qui les trahirait, elles cachent leurs addictions. Elles
vont mêmes jusqu’à montrer leur richesses matérielles comme étant le fruit de
leur humilité.
Éclabousser les autres de son humilité est passé dans l’art de la fausse
humilité.
Connaissez-vous cette citation très juste :
« Ne te
fais pas si petit, tu n’es pas si grand » ?
Il y a un salaire à se faire petit pour paraitre pieux ou
vertueux.
Le Proverbe 18 :12 nous donne le temps de
l’humilité :
« Avant la ruine, le cœur de l'homme
s'élève; Mais l'humilité précède la gloire ».
Que vient faire l’humilité, la gloire avec la ruine et l’orgueil ? Quels sont les effets d’une telle relation ?
Eh bien, quand tout va bien, quand les bénédictions et que
les biens s’accumulent, que les victoires nous remplissent de confiance, le
cœur de l’homme s’élève et l’humilité est facile à montrer.
Mais c’est bien dans l’épreuve, dans les moments les plus
durs que les masques tombent.
La ruine montre le cœur hautain de celui qui s’est paré
d’humilité. Se croyant humble, il va
d’un seul coup perdre sa patience, son calme et sa sérénité ; et se
retourner contre le destin, contre ses ennemis ou encore s’excuser de défaillir.
Sa bouche est alors prête à blasphémer.
L’orgueil vient refrapper à sa porte, ou plutôt l’orgueil tapi au fond de lui ressurgi comme un fauve prêt à dévorer.
Pourquoi ces gens perdent-ils pieds dès que la fournaise les saisie ?
Eh bien parce qu’ils pensaient avoir réprimé tout mouvement
d’orgueil, en mettant leur confiance dans la sagesse spirituelle ou dans
l’esprit de Dieu, alors qu’ils n’avaient placé leurs confiance qu’en eux-mêmes.
L’humilité c’est vrai précède la gloire, mais la ruine pointant son nez, la fausse humilité se dévoile.
La fausse humilité, avant d’être dévoilée, se confond souvent avec une
vertu, une force permanente, dans l’attitude, dans les paroles, dans les
relations aux autres… en fait, elle se fait voir quand tout peut être contrôlé,
maitrisé, anticipé.
Cultiver l’humilité revient à cultiver l’hypocrisie comme le disait le Mahatma
Gandhi.
Et certains sont passés maîtres dans le fait de se vêtir d’humilité comme de leur principal manteau.
Ils sont comme Amon, roi de Juda qui
régna deux ans à Jérusalem. « Il fit ce qui est
mal aux yeux de l’Eternel… il sacrifia toutes les images taillées qu’avaient
faites Manassé son père… » C’est-à-dire qu’il ne brisa pas
l’orgueil, l’arrogance, et le fait de chercher à s’élever au-dessus de Dieu.
Puisqu’il servit ces images taillées. Ce qui veut dire, qu’officiellement
par de beaux discours, il plaçait haut la bannière de l’humilité ; Mais
dans les faits, son cœur était rempli d’orgueil et de suffisance. Ces images de dominant, loin d’être brisées
étaient bien vivantes et choyées dans son cœur.
Au verset 23 du chapitre 33 dans le 2eme livre des Chroniques, il est
écrit : « Et il ne s’humilia
pas devant l’Eternel… il se rendit de plus en plus coupable ».
Quel fut son salaire ?
Verset 24 : « ses serviteurs conspirèrent contre lui, et le firent mourir dans sa maison. » ; voilà le salaire de la fausse humilité : la trahison pour le traitre, la mort pour l’hypocrite.
Alors, où se trouve la véritable humilité ? L’humilité est-elle une onction ?
Non l’humilité est un fruit provenant de l’onction.
Ce fruit vient avec le temps. Il lui faut braver le mauvais temps et mûrir
au soleil.
Car ce fruit est mélangé à la douceur, à la bonté et à la patience.
L’humilité se façonne avec le temps.
Il nous faut aimer ceux qui ne sont pas aimable, il nous faut supporter ceux qui se plaignent, comme il nous faut courber le dos aux injustices. Et pire… il nous faut accepter l’humiliation comme Christ l’a vécu.
De plus, sans l’intégrité, nous ne pouvons atteindre cet état d’âme. Car ce
n’est pas d’une imitation que nous devons tirer notre inspiration mais d’une
mise à nu complète devant notre Seigneur.
Et cette mise à nu demande de s’éloigner de tous péchés après les avoir confessés et cela pas une fois mais régulièrement ;
Et c’est pour cela que l’humilité nous rend conscient de notre état de racheté. Nous sommes des pécheurs graciés par Dieu et personne ne mérite sa grâce.
La conscience de la grâce divine sert à nous plonger dans l’humilité, car le mérite ne nous en revient pas.
Il ne s’agit pas de comprendre en quoi consiste l’humilité, puisque
l’intelligence n’a rien à voir dans la grâce. Il s’agit de briser notre âme
pour y laisser grandir l’humilité.
Car notre âme, tant qu’elle n’est pas débarrassée de toute souillure,
désire jouer avec l’humilité.
Un leader charismatique, par exemple, va y trouver une force, une stratégie
de communication, un objet de manipulation.
Rien de mieux pour attirer la confiance de l’autre que de se faire humble.
Regardez les films qui ont été faits sur Jésus… les acteurs qui ont joué le fils de Dieu ont tous sur joué l’humilité. Les scènes qui montrent des passages de l’Évangile insistent sur des positions figées qui ne sont pas naturelles. Les attitudes sont stéréotypées : la génuflexion, les mains levées vers le ciel, les yeux révulsés ou dans le vague, ou des paroles prononcées avec un détachement total et un ton calme monocorde et solennel. Toute cette caricature en devient même grotesque.
Vous voyez, cette mise en scène reflète ce que nous désirons le plus :
gérer nous-mêmes notre humilité, paraitre humble au lieu de l’être réellement.
Alors que dans les faits, nous devons nous affranchir de l’importance de
soi.
Car, seule la croissance de l’esprit en nous, nous amène à vivre cette vérité…Elle nous fait plus que comprendre, elle nous fait prendre notre position en Christ.
Mais voilà, l’orgueil est une tentation très forte et souvent trop
forte ; et l’onction reçue est bien vite étouffée par l’envie et par les
désirs de décider par soi-même.
L’homme tenté par le diable souhaite changer les pierres en pains.
Il est séduit pas les miracles plus que par le besoin des autres; il
préfère les biens de ce monde à la parole de Dieu.
Il n’a plus l’humilité de dire et de croire que « l’homme
ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de
Dieu »
Il préfère le pain à la parole. Il ne le dira pas forcément, il le
manifestera surement.
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NE PAS
SUCCOMBER À LA TENTATION AMENE A L’HUMILITE
Jésus-Christ, certes n’a pas été épargné par la tentation.
Même Jésus, le Fils de Dieu a dû s'abaisser. Même lui, Dieu incarné a dû
fléchir le genou pour recevoir la bénédiction du Père.
Ce moment correspond au corps brisé du Seigneur.
"Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le leur donna, en disant : Prenez, ceci est mon corps."
C’est bien en mangeant sa chair et en buvant son sang que nous rendons
grâce et que nous accédons à la véritable humilité divine, celle qui nous fait
franchir la porte des noces de l’agneau.
L’humilité, le corps brisé est le principal trait de caractère du royaume de Dieu. Tous ceux qui en sont dépourvus resteront derrière la porte à se lamenter sur leur sort même s’ils ont accumulé victoires sur victoires pour Dieu !
Être soumis les uns aux autres…regarder son
prochain comme supérieur à soi… que les jeunes convertis soient soumis aux
anciens, ce n’est pas un commandement nouveau.
C’est un rappel à être vigilant face à
l’orgueil qui est là prêt à emmètre des comparaisons et à changer les poids sur
la balance de Dieu pour que ces poids penchent en notre faveur.
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HUMILITE &
SAGESSE
Alors, maintenant, c’est vrai qu’il existe une relation entre l’humilité et
la sagesse.
Croire que la sagesse donne l’humilité revient à retomber dans l’orgueil.
Croire que la sagesse prend naissance en même temps qu’un comportement humble, c’est aussi contredire la parole et retomber dans le même péché de convoitise.
Dans la réalité, Dieu donne la sagesse à celui qui la demande ; Mais
attention, la sagesse de Dieu est une arme contre soi-même, surtout quand
elle vient couronner un être qui n’a pas persévéré dans l’humilité, mais qui a
changé l’humilité en orgueil.
Alors cette sagesse-là le fera tomber.
Le fils de David, Salomon a demandé la sagesse à Dieu.
Mais il lui a manqué l’humilité. Il a obéit certes à Dieu dans sa mission
de lui construire un Temple. Mais il lui a désobéi par orgueil en obéissant à
ses concubines étrangères et à leurs faux dieux ; en oppressant son peuple et en lui imposant
d’énormes taxes.
Trahissant Dieu, lui aussi a été trahi et son royaume a connu un schisme terrible séparant Juda d’Israël. Sa vie a été épargnée uniquement à cause de la fidélité de son père David.
Ce que nous devons tirer de toutes cela, c’est que le don de la sagesse ne peut grandir que dans un
récipient humble, sinon le récipient se prendra pour la sagesse même. C’est pourquoi tant de gens prennent leurs idées pour
de la sagesse.
En abandonnant l’humilité ils ont été aveuglés par le démon de l’orgueil. Ils ont pris alors leur propre pensée pour
celle du divin.
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HUMILITE ET
FAIBLESSES
Le sentiment d'importance de soi n’est pas un leurre, c’est
un égarement qui mène à notre propre perte.
Être
humble, c'est aimer la vérité plus que soi, au point de s’oublier soi-même.
L’humilité n’est pas dans le fait de se déprécier, de s’estimer médiocre, inutile et sans importance. D’ailleurs, c'est très souvent par manque d'humilité qu'un individu se dévalorise, en sous-estimant ses propres capacités. Le sentiment d’infériorité rejoint lui aussi celui de l’orgueil.
Non, aimer la vérité nous fait nous regarder en Dieu. Et
quand nous nous regardons en Dieu, nous prenons conscience de nos faiblesses et
nous les aimons.
La gloire de notre Père nous suffit et sa puissance s’accomplit dans la
faiblesse.
C’est pourquoi Dieu se complaît avec un peuple humble et soumis, car ce peuple ne regardera pas ses faiblesses comme des échecs, mais comme la manifestation visible de la volonté de Dieu, de Christ en nous.
L’apôtre Paul témoignait de l’humilité de cette façon:
« je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les calamités, dans les persécutions, dans les détresses, pour Christ; car, quand je suis faible, c'est alors que je suis fort ».
Vous voyez, tout sert à la gloire de Dieu, même nos apparentes
erreurs, nos oublis, nos hésitations, nos actes manqués, nos moments de
fatigue ou de lassitude, jusqu’à nos infirmités mêmes.
L’humilité, c’est juste reconnaître ce que nous sommes et rien de plus comme rien de moins. Et nous ne sommes rien sans Dieu.
Donc la vraie humilité, et là je reprends ce que disait Simone
Weil : « L’humilité, reine des vertus, c’est le refus d’exister
en dehors de Dieu ».
Je terminerai en disant que l’humilité, en fin de compte, n’a de limite que
ce que l’Esprit saint nous permet
d’exercer.
Il a encore de quoi nous surprendre alors.
Amen.
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