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Par Eric Ruiz
On ne quitte pas un groupe religieux, une assemblée parce qu’on n’est pas d’accord avec elle ou avec les idées qui s’y proclament.
Ce n’est pas être d’accord ou pas d’accord envers des opinions qu’il s’agit.
On n’est pas justement au sein d’un parti politique avec d’un côté des
militants conquis et de l’autre des contestataires près à trahir ;
Si on agit ainsi, si on agit sur les idées, on agit par conviction intellectuelle, mais pas du tout selon la foi et l’Esprit saint.
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LE CORPS
MYSTIQUE DE CHRIST
Le corps mystique
de Christ dépasse largement l’individu,
la personne, son identité terrestre et par conséquent sa propre vision des
choses.
Car nos pensées ne font que de nous délier, pour nous enchaîner ailleurs ; elles ne nous libèrent pas vraiment.
Or, on est dans le corps de Christ qui lorsqu’il reprend vie, réclame ses
droits célestes.
Le Saint-Esprit a un autre mobile que le désaccord :
Et ce mobile se dévoile dans le livre des Chroniques : 2 Chroniques 11 :13-14 « Les sacrificateurs et les Lévites qui se trouvaient dans tout Israël quittèrent leurs demeures pour se rendre auprès de lui (Roboam); car les Lévites abandonnèrent leurs banlieues et leurs propriétés et vinrent en Juda et à Jérusalem, parce que Jéroboam et ses fils les empêchèrent de remplir leurs fonctions comme sacrificateurs de l'Éternel. »
Le premier roi d’Israël après le schisme, Jéroboam 1er et ses fils, avaient
choisi d’autres sacrificateurs que les lévites pour faire le sacrifice.
Donc les sacrificateurs étaient inactifs, ils perdaient courage. Leur foi
ne servait plus à rien.
Voilà la vraie raison de quitter une assemblée: c’est parce que là où l’on se trouve il n’est plus possible à l’Esprit saint de s’exprimer par soi.
C’est le besoin de l’Esprit qui pousse à l’action, qui pousse à partir, qui
pousse à quitter un lieu pour un autre.
Et ce n’est pas un esprit humain plus intelligent qu’un autre, plus
instruit, avec un QI supérieur qui le peut. La vérité n’est pas en accord avec
l’intelligence humaine.
« Je détruirai la sagesse des sages, Et j'anéantirai l'intelligence des intelligents. 20Où est le sage? où est le scribe? où est le disputeur de ce siècle? Dieu n'a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde? »
L’esprit de Dieu est bien au-delà de nos compréhensions humaines… « La vérité est autre chose que l’opinion ».
Mais Dieu n’est-il pas venu habiter parmi nous, en nous ?
Cet esprit, c’est cette parole pleine de grâce et de vérité qui est venue
faire sa demeure en nous (Jean 1 :14)
Un homme soi-disant sage et intelligent est sans qu’il le sache, dans une
prison.
« un homme intelligent et fier de son intelligence ressemble à un
condamné qui serait fier d’avoir une grande cellule » ( « La personne et le sacré » p51
Simone Weil)
Et je ne parle pas du langage, qui cherche des opinions et qui alors n’est que bien peu de chose dans l’expression de l’Esprit. Les pensées de l’Esprit vont bien plus loin.
On ne peut réduire l’Esprit Saint à la parole parlée, celle qui sort de la
bouche, comme on l’entend trop souvent dans les assemblées chrétiennes.
L’Esprit naît d’abord dans un être nouveau qui est passé par le brisement
et la repentance.
Les pensées de l’Esprit sont d’ailleurs très près de celui qui est passé très proche de son anéantissement, après avoir séjourné longtemps dans un état extrême et totale d’humiliation, comme le fut notre Seigneur Jésus-Christ à la fin de sa vie terrestre.
Un croyant vrai, attend, calmement dans les tribulations, au milieu de l’épreuve « il attend selon la promesse de Dieu, un nouveau ciel et une nouvelle terre ».
Le ciel, c’est l’esprit de Dieu qui sort d’un être nouveau, d‘un être
humain né d’en haut. L’esprit exprime alors un souffle nouveau, une énergie
différente, des expressions multiples et variées provenant de Dieu.
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L’ÉNERGIE DE DIEU
Considérons l’énergie divine :
Je le constate, personnellement quand je me lève le matin et que je suis
encore pris par le sommeil, et qu’il me faudrait du temps après un bon café
pour reprendre mes esprits et exprimer des mots intelligibles.
Or, je prends mon ordinateur et une énergie me traverse, une énergie qui vient d’ailleurs et qui me permet d’être efficace seulement pour les choses de l’esprit ; car je reste encore dans une brume matinale très forte et ceux qui m’entourent savent qu’une autre activité m’est alors très pénible, voire même impossible.
« Si le grain ne meurt … il reste seul». Si le grain ne
meurt, il ne peut renaître et porter du fruit.
Et Jésus rajoute ces trois petits mots « il
reste seul », il est abandonné à lui-même. Isolé, dans la
solitude, il meurt seul.
Porter du fruit demande donc de mourir.
Mourir à soi-même oui, mais aussi comme mourir d’inaction.
L’état d’énergie de Dieu demande au préalable une inaction, une inactivité,
une espèce de léthargie permanente
Nous sommes alors comme une eau stagnante, qui n’est plus renouvelée par le
courant.
Nous sommes alors, comme les ouvriers de la dernière heure qui mouraient d’inactivité et qui se sont d’un seul coup, remobiliser pour travailler à la
vigne de Dieu.
Mais l’énergie de ce grain qui porte du fruit, n’a pas qu’un seul sens de
circulation. Cette énergie circule encore différemment.
Jésus de Nazareth a senti une force, une énergie le quitter au moment où une personne atteinte d’une maladie grave touchait son vêtement. L’énergie est venue donner la vie, à la mort.
Cette énergie nous permet alors de vaincre la mort d’une âme desséchée. Et
c’est d’abord notre propre âme desséchée en premier lieu.
Par exemple, l’énergie permettra de n’être plus sourds aux cris muets, plus sourds aux souffrances dissimulés des personnes tourmentées, brisées et malheureuses que nous rencontrons. Cette énergie : c’est l’énergie de la compassion.
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LA COMPASSION
INCARNÉE
Il y a une compassion que nous ne pouvons atteindre ni par le langage, ni par
la relation aux autres ou par les sentiments.
Et Jésus-Christ nous a montré que, lui, pouvait dépasser ce seuil, ce
niveau d’amour ; Pas parce qu’il se mettait dans un état de pouvoir le
recevoir (on n’est pas du tout dans une forme de méditation hindouiste), mais
parce que l’énergie venant du Père le lui permettait.
Seule l’opération surnaturelle de la grâce amène à pouvoir entrer dans une
telle énergie.
Jésus ému de compassion, guérissait les malades. Jésus ému de compassion
nourrit la foule languissante et affamée. Jésus ému de compassion aima le jeune
homme riche qui se confiait plus en ses richesses qu’en Dieu.
Ces
différentes actions d’amour vont plus loin que d’éprouver de la pitié ou de
l’attention ;
Revenons à cette écrivaine philosophe des années d’entre-deux guerres :
Simone Weil.
Savez-vous que sa soif de vérité, sa compassion pour les déshérités l’a
amené à quitter son emploi de professeur d’université pour aller travaillé en
usine ?...pas une semaine, non, plus d’un an. Elle n’a pas été interviewée
les ouvriers sur leur misérable conditions de travail, non, elle a préféré
juger par elle-même en se mettant dans la peau d’un ouvrier des années 30.
Elle a connu le dur travail à la chaine, la faim, la fatigue, les cadences infernales d’un travail épuisant physiquement et moralement, le chômage partiel aussi qui l’a amené à vivre la précarité (des journées à 5 francs en poche).
Mieux qu’un stage, une incarnation ; Rien de mieux et de plus réel que de vivre la même situation que ces ouvriers pour mesurer leur souffrance, leur oppression, leur combat… d’autant plus qu’elle ira au bout de ses forces en s’arrêtant d’y travailler à cause de sa santé, qui deviendra défaillante.
Elle a en cherchant la vérité fait comme Dieu, elle s’est incarnée dans une
nouvelle situation.
Dieu, lui, a souffert l’humiliation en s’incarnant par son fils Jésus ;
il a souffert jusqu’à l’abandon total, pour terminer à la croix.
Dieu connait le sens de ce qu’abandonner signifie. Le Père n’a pas sauvé
son Fils de l’agonie menant à la mort.
Jésus souffrant sur la croix a crié « Père,
pourquoi m’a tu abandonné ? ».
Dieu, sait pour l’avoir vécu par son fils ce que vos cris de détresse signifient, alors. Votre déchirement est son déchirement alors.
En toute logique, la compassion de Dieu, se transmet d’abord parce que nous
vivons ou avons vécus de semblables souffrances… mais aussi, sa compassion se
transmet par notre fidélité.
À celui ou à celle qui lui est fidèle, Dieu s’immisce au centre de sa
communion, par un état intérieur qui lui
permet alors d’être au même niveau que le malheureux.
Compatir : c’est alors vivre ce que
l’autre éprouve ce qu’il éprouve dans son for intérieur, comme si on était lui.
Et on devient lui, réellement. On est incarné.
Notre âme s’associe à la sienne.
En ce sens, la compassion divine est un mystère pour ceux qui ne le vivent
pas. Parce qu’il n’y a qu’en esprit et en vérité que nous pouvons le vivre.
J’ai bien dit vivre et pas ressentir.
Parce que l’esprit de Dieu nous fait vivre un état intérieur qui n’a rien à
voir avec des sentiments, avec des ressentis. Cela tient du prodige.
Et cela ne vient pas de nous, cela vient du ciel, d’en haut.
L’attention que l’on porte à l’autre
n’a alors qu’un seul désir : le secourir, lui venir en aide. Parce
qu’à ce moment-là, en lui portant secours, on se porte secours à soi-même.
On est prêt à faire couler son propre sang, à faire comme Jésus, perdre de
la force si c’est le prix de la guérison de l’autre.
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PORTER SECOURS
Voilà la fonction d’un sacrificateur de Dieu. Voilà cette fonction que l’on a enlevée aux sacrificateurs qui étaient en Israël au temps du roi Jéroboam 1er : Porter secours.
Ils l’ont quitté pour une bonne raison, pour porter secours ailleurs. Pour exercer ce qu’ils sont au plus profond d’eux-mêmes, des briseurs de chaînes. Ils ouvrent la prison des prisonniers et ils libèrent les oubliés, les captifs, comme eux-mêmes ont été délivrés.
Car cet esprit nouveau, ce ciel nouveau doit aussi s’exprimer ailleurs, sur
« une nouvelle terre » ;
Rappelons-nous que les sacrificateurs quittèrent leurs maisons partout en Israël
pour aller vers Juda et Jérusalem.
Ils ont quitté une assemblée pour une autre. Ils ont laissé une ancienne terre
pour une nouvelle terre.
L’esprit pousse à agir ailleurs, mais pas toujours avec des mots. Il n’y a
pas forcément une parole formulée clairement qui nous le dit comme un prophète
le dirai « va ailleurs, où je te dirai, j’ai une mission pour toi » ;
Mais il y a, c’est certain, une
conviction. On est persuadé que c’est la bonne solution, la seule
solution ; et d’ailleurs les évènements vont tous dans ce sens. Les moyens
arrivent de partout.
La parole qui est devenue conviction agit alors là aussi comme une énergie
qui nous pousse à partir ; et le plan s’élabore de lui-même. Pas besoin de
préméditation. Le moment a été choisi par l’Esprit.
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MOURIR POUR
RENAITRE
C’est un peu comme une personne qui sent en elle que son heure, sa dernière
heure est arrivée. Personne, aucune voix ne lui a dictée sa fin. Elle a simplement
la certitude qu’elle va aller ailleurs, quitter ce monde ; Qu’il est temps
à son esprit et à son âme de quitter son corps.
Car toute renaissance commence par la mort. Rappelez-vous : « Si le grain ne meurt »…
Toute résurrection commence par quitter un ancien ciel, une ancienne terre
pour de nouveaux cieux et une nouvelle terre.
Être sacrificateur de Dieu suppose d’exercer sa fonction sacerdotale.
Laquelle ?
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SANCTIFIER LE
NOM DE DIEU
La prière que Jésus enseigne : « Que
ton nom soit sanctifié »
Le nom de Dieu n’est-ce pas celui de sauveur ?
Nous sanctifions, nous mettons à part son nom, lorsque nous sommes sauvés,
délivrés ; et après lorsque libérés, nous portons secours au malheureux.
Soigner la brebis blessée, la mettre hors de danger, veiller sur sa
sécurité physique et morale, l’encourager, compatir avec elle dans ses
souffrances, c’est le berger qui a une telle présence. Et cette présence je le rappelle
sanctifie le nom de Dieu (Sauveur).
Et Dieu, lui, sanctifie ses fils en les associant à son nom.
Ils deviennent alors, berger eux-mêmes, pasteurs en ayant non pas le titre
mais la fonction.
Alors comment ne pas finir sur la prophétie de Michée qui nous montre
l’Église renaissante :
Michée 4 :6-7
« En ce jour-là,
dit l’Éternel, je recueillerai les boiteux, Je rassemblerai ceux qui étaient
chassés, Ceux que j'avais maltraités.
Des boiteux je ferai un reste, De ceux qui étaient chassés une nation puissante;
Et l’Éternel régnera sur eux, à la montagne de Sion, Dès lors et pour
toujours ».
Amen
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