dimanche 12 septembre 2021

EVANGELISER LES FOULES : FOI ou INCREDULITE ?

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Eric Ruiz

 

Dans la conscience collective est admis depuis des siècles, un principe : celui que Jésus de Nazareth avait choisi ses 12 disciples dont un était un démon, Judas Iscariote ; et que les autres qui suivait Jésus, était tous, là à boire ses paroles et à lui obéir comme des gens conquis et prêt à tout pour lui.

Mais là aussi quel point de vue erroné. L’incrédulité n’était pas, d’un côté pour «  le monde » et la foi de l’autre côté pour ses disciples ; l’incrédulité était encore la norme aussi chez ses disciples.

Une preuve de cela se trouve dans l’Évangile de Jean chapitre 7 verset 5 : « Car ses frères non plus ne croyaient pas en lui. ».

Eh oui, parmi les disciples qui étaient restés peu avait la foi (beaucoup étaient partis après que Jésus ait prononcés certains mots sur le pain et le vin).

D’un côté les juifs de la Judée cherchaient à le faire mourir et de l’autre côté parmi ses proches on voulait qu’il se pavane en Judée, qu’il profite de la fête des Tabernacles pour se montrer et pour se faire valoir des autres, qu’il montre la supériorité de sa divinité.

« Et ses frères lui dirent: Pars d'ici, et va en Judée, afin que tes disciples voient aussi les œuvres que tu fais. 4Personne n'agit en secret, lorsqu'il désire paraître: si tu fais ces choses, montre-toi toi-même au monde. » (Jean 7 :4).

Vous voyez, le fait de pousser Jésus à agir publiquement, devant la foule, en Judée, à l’occasion d’un grand rassemblement religieux, montrait à l’évidence des disciples remplis d’incrédulité.

Pourtant, ils étaient animés par un désir légitime, par l’envie eux-aussi de gagner d’autres âmes, et qu’il se joigne à eux d’autres disciples.

Quand Jésus affirma qu’il était le pain de vie et qu’il se présentait alors comme une nourriture obligatoire, le verset 66 du chapitre 6 de Jean nous dit bien : » Dès ce moment, plusieurs de ses disciples se retirèrent, et ils n'allaient plus avec lui. ».

Si bien que le réflexe humain ne cesse de se répéter ; Afin de toucher beaucoup d’âmes, il vaut mieux s’adresser à une foule plutôt qu’à de petits corpuscules de personnes.

Les meeting politiques ont depuis longtemps saisi l’importance de tel rassemblement pour faire passer leur idéologie et susciter l’enthousiasme des sympathisants.

Les grands réveils religieux sont nés justement à partir du 18ème siècle, avec cette évangélisation des foules. John Wesley, le prêtre anglican a révolutionné les pratiques d’Église en sortant dans la rue évangéliser aux masses. D‘ailleurs un grand mouvement : les méthodistes s’en est suivi, preuve de l’efficacité d’une telle méthode.

Et aujourd’hui, pourquoi pousse-t-on encore les chrétiens à témoigner publiquement de leur foi, à ne pas hésiter à s’entourer de nombreuses personnes afin qu’on les remarque, eux, parce qu’ils sont la lumière du monde ?

Pourquoi ?...Parce que déjà il y a plus de mille ans, les disciples de Jésus le disaient comme une évidence : personne ne cache les œuvres de Dieu, on les montre au monde, on se montre soi-même au monde.

Eh bien, même si cette méthode  est efficace, elle reste une mauvaise méthode. Se montrer au monde pour montrer les œuvres de Dieu, ce n’est pas de la foi, c’est de l’incrédulité. Les disciples ne croyaient pas en Christ en disant cela.

 

Non, la façon de procéder avec le Saint-Esprit c’est d’agir en secret.

 

Vous savez, si le Saint-Esprit règne en vous, alors dans la foule, certains seront poussés à vous haïr pensant justement que vous êtes possédé, comme Jésus.

Il faut dire la vérité : une grande partie des gens de son époque pensait que Jésus était possédé du démon.

Au verset 20 du chapitre 6 de Jean : « La foule répondit: Tu as un démon. ».

Parce que la foule juge à l’apparence, elle hait la profondeur. Jésus montrant les ténèbres de la foule, celle-ci lui rendait en retour sa haine, son mépris et son désir de le supprimer.

L’épée de la parole, même à l’insu de celui qui la possède, va séparer, faire ressortir le mal qu’il y a à l’intérieur de l’être humain. Et cela ne va pas sans conséquences… des conséquences tragiques au final.

Siméon, prophétisa sur Jésus en disant à Marie sa mère : « et à toi-même une épée te transpercera l'âme, afin que les pensées de beaucoup de cœurs soient dévoilées. »

Eh bien, pour de nombreux croyants cette épée-là est insupportable ; Leur cœur dévoilé, c’est pire que tout.

Je me rappelle avoir été invité sur un salon de la foi et de la spiritualité en août l’année dernière et y avoir annoncé publiquement un message, (d’ailleurs je n’ai pas fait beaucoup de promotions, je n’en ai pas beaucoup parlé autour de moi). On m’a demandé d’intervenir derrière un micro dans une salle à une certaine heure et je ne savais rien de qui serait là. Plusieurs dizaines de personnes sont, au final, venues et j’y ai apporté le message reçu cette semaine-là qui concernait « la superstition et la foi en Christ ».

Je disais que la base de la superstition repose souvent sur l’exagération.

À la fin, j’ai demandé s’il y a avait des questions ou des réactions.

Un homme a pris la parole… en exagérant.

Il a accaparé le temps qui restait, il a exagéré ses propos en parlant de racines hébraïques de certains mots qui n’avaient rien à voir, enfin bref, il venait d’illustrer mon propos sur l’exagération et surtout il venait de montrait un cœur dévoilé, en se battant lui-même avec ses superstitions ; il voulait à tout prix s’opposer à mon message et il n’avait rien trouvé que cette forme d’exagération pour être insupportable.

Les rassemblements montrent indubitablement ce genre de réaction : les œuvres d’incrédulité sortent comme transpercées du cœur des gens.

Maintenant, attaquons-nous à une idée largement reçue, en nous posant la question suivante : quelle sorte de gens formait cette foule qui était avec Jésus ?

« Le monde », je l’ai toujours appris ainsi, le monde dont parle la Bible est formé par les païens, les non croyants, non ?

Je reprécise la question avec le contexte du chapitre 7 de l’Évangile de Jean : Qui d’après vous venait à la fête des Tabernacles ? Seulement des païens ?

C’était le haut du pavé de la religion juive. Des hommes et des femmes se disant très pieux, qui ne manquaient aucune fête, aucune tradition religieuse.

Aujourd’hui, il y a toujours de grands rassemblements comme lors de ces fêtes juives, même et surtout dans le milieu chrétien.

Que constate-t-on au contraire dans ces Méga Church, rassemblant des milliers de personnes, dans ces grandes conventions, dans les immenses séminaires organisés autour de la foi: dans les grandes émissions chrétiennes télévangélistes… oh, pas de la haine, mais plutôt une ovation généralisée pour les orateurs, pour les prédicateurs. Un plébiscite en forme d’Alléluia pour les thèmes évoqués. On en ressort regonflé, revitalisé par une huile soi-disant fraîche, un renouvellement de l’Esprit, comme l’immense majorité le confesse.

Esaïe dit au sujet de cette sorte de rassemblement : « Quand tu crieras, la foule de tes idoles te délivrera-telle ? »(Esaïe 57 :13)

Voilà nos grands réveils religieux !

Ils crient tous à la nouvelle effusion du Saint-Esprit. Mais ils lèvent leurs mains et leurs cœurs vers des idoles, qui dans l’épreuve, ne pourrons rien pour leur délivrance. Ce n’est que des manifestations d’allégeance. Mais d’allégeance à qui ?

Eh bien, je ne surestime pas mes mots : ce sont des adorateurs de satan. Ils prêtent allégeance à satan.

Dites-leur cela, vous vous ferez publiquement lapidés et injuriés, on vous jettera dehors. Et pourtant c’est la vérité, mais cette vérité-là, ils ne veulent surtout pas l’entendre.

Le message numéro 1 du disciple devrait être celui-ci (Jean 7 :7) :

« Le monde ne peut vous haïr; moi, il me hait, parce que je rends de lui le témoignage que ses œuvres sont mauvaises ».

Si vous êtes en Christ, les chrétiens d’aujourd’hui (qui forment « le monde ») …  devraient vous haïr lorsque vous rendez témoignage.

La question numéro 1 à se poser est : Pourquoi le monde chrétien ne me hait pas ?

Réponses :

-        Parce que je rends témoignage que ses œuvres sont bonnes.

-        Parce que je parle de la foi qui se répand autour de moi comme d’une bonne chose.

-        Parce que je parle de rassemblement de croyants comme d’un nouveau réveil,

-        Parce que j’emploie les mêmes discours théologiques que ceux qui se réclament de Christ,

-        Parce que je dis : Christ reviens bientôt, convertissez-vous ! et que je ne suis pas un modèle de foi pour demander aux autres ce que je n’ai pas fait moi-même.

Alors, c’est évident : « le monde des croyants » ne peut me haïr puisque je montre la même figure que lui, la même hypocrisie, la même mauvaise foi, le même levain.

Alors, c’est vrai, avec cette idolâtrie, je croise mille regards : Je croise des regards d’approbation par-ci,  je croise aussi des sourires en coin, des haussements d’épaules par-là, des gens qui m’ignorent ;  je croise aussi des gens qui veulent vraiment se convertir. Et celui ou celle qui agit ainsi se croit fort de son témoignage, sans penser une seconde qu’il est faux.

Oui, c’est vrai, dans ces immenses réunions des gens se convertissent réellement et se tournent vers Christ.

D’ailleurs, c’est pour cela qu’il ne faut pas s’en prendre aux organisateurs, ni aux orateurs et qu’il est nécessaire même de les laisser faire leurs œuvres.

L’incrédulité n’empêche aucunement de faire des œuvres productrices.

L’apôtre Jean voyant une personne chasser des démons au nom de Jésus, fut choqué que le fils de Dieu ne réagisse pas en l’en empêchant

« Ne l'en empêchez pas, répondit Jésus, car il n'est personne qui, faisant un miracle en mon nom, puisse aussitôt après parler mal de moi. Qui n'est pas contre nous est pour nous. ».(Marc 9 :39-40).

Les grands réveils religieux, ont ramené des âmes à Christ, c’est indéniable. Et il ne faut pas les blâmer, ils ont servi Christ.

Car ce qui est condamnable n’est pas le résultat, mais c’est le chemin que l’on prend pour y arriver ;

Ce chemin qui montre bien, qui était notre associé, de qui recevions-nous les ordres.

Le résultat de notre sauveur Jésus-Christ, trahi, puis mort et ressuscité sur la croix est glorieux ; ce résultat est glorieux, puisqu’il est voulu du Père ; mais ce qui est condamnable c’est de s’être associé au diable pour comploter son arrestation et son exécution.

Par conséquent le résultat d’une évangélisation en masse, comme cela se fait et comme cela s’est fait auparavant, n’est pas condamnable du tout. Cela rend gloire au Père, puisque des âmes s’y repentent. Mais, la manière dont les choses sont organisées et l’intention qui y est cachée le plus souvent, révèlent le mal, l’incrédulité…l’apostasie de Jean 6 :66 : des disciples qui ne vont plus avec Christ.

Maintenant, une contradiction semble poindre dans les Évangiles, puisque Jésus s’adressait quand même, à certains moments à de grandes foules. Il ne s’opposait pas à elles, il ne les rejetait pas.

Oui c’est vrai, mais il y a une nuance qui n’en est pas une :

Il était « suivi » par une grande foule. « Jésus ne pouvait plus entrer publiquement dans une ville. Il se tenait dehors, dans des lieux déserts, et l'on venait à lui de toutes parts» (Marc 1 :45)

Et si vous remarquez bien, Jésus n’était pas tendre avec les foules. Tantôt il les renvoyait pour parler à ses disciples, tantôt il se mettait loin d’elle pour guérir un malade.

Les foules faisaient de longues marches et ne mangeaient pas pendant trois jours, avant que Jésus, ému de compassion fasse des miracles pour la nourrir, comme ce fut le cas pour la multiplication des pains et des poissons qui a nourri alors quatre mille personnes éreintées et affamées.

La règle qu’il suivait était celle de son Père : Jésus ne provoquait pas l’évènement, ce sont les évènements et plus précisément sa réputation qui amenait les gens à le suivre. « Une grande foule le suivait, parce qu'elle voyait les miracles qu'il opérait sur les malades. » (Jean 6 :2).

Le mal, (il faut en convenir) n’est pas de s’adresser à une grande foule, le mal est de provoquer l’évènement, de faire de la propagande, ou de profiter d’une situation pour s’attirer de grandes foules.

Le mal : c’est de désir paraître , de vouloir se montrer soi-même au monde.

En fait, il s’agit toujours de respecter la suprématie du Saint-Esprit.

C’est lui, le Saint-Esprit qui doit créer l’évènement et non une méthode aussi efficace soit-elle.

Le rassemblement se fait par l’Esprit, sans bruit, sans roulement de tambour, sans tracts dans les boites aux lettres, sans cri dans les rues. C’est de cette façon que nous montons à la montagne de l’Éternel. C’est de cette façon qu’il nous enseigne ses voies, c’est de cette façon que nous marchons dans ses sentiers et c’est de cette façon que sa loi sort de Sion, et sa parole de Jérusalem.

Amen.

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