dimanche 27 juin 2021

L’ENFANT ROI et LA GUERRE

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Par Eric Ruiz

 

Je me suis demandé pourquoi Dieu est-il obligé à un moment donné de se taire ? Pourquoi ne parle-t-il plus à ses enfants rebelles, un peu comme s’il ne s’en souciait plus ?


«  Oui je me détournerai d’eux, en ce temps-là, à cause de tout le mal qu’ils auront commis en adorant d’autres dieux ».

Ce verset 18 du chapitre 31 du livre du Deutéronome est la pire des sanctions que Dieu inflige à ses enfants idolâtres : Dieu se détournent d’eux ; dans d’autres versions, Dieu leur cache entièrement sa face.

Quand Dieu les abandonnent, il les livre à leurs envies les plus folles, qui consistent à devenir des rois, des régnants.

Ils les laissent assouvir toutes leurs passions. Curieux châtiment, le laisser faire.

 

Dieu les laisse s’enrichir par la ruse, s’élever socialement en trompant leurs frères, augmenter leur richesse en acceptant des faveurs, et asseoir leur pouvoir par la corruption.

Même, lorsque ses enfants bénissent l’Eternel pour ce qu’ils ont obtenu, louant Dieu pour leur réussite, levant les mains vers le ciel pour leur prospérité, Dieu reste impassible et regarde la corruption croitre et devenir la loi, sans rien faire, sans même bouger le petit doigt.

Il ne leur envoie pas un esprit de surdité ; non, ils se sont tellement pris pour des dieux qu’ils n’écoutent plus personne qu’eux-mêmes.

Suivant cette logique, pourquoi répondre à leurs prières qui demandent toujours plus de sagesse ?…cela ne servirait à rien, car justement plus rien ne peut les arrêter dans leur soif de conquête et de pouvoir.

Les voilà « ENFANT ROI ».

Dans notre société moderne, nous avons exactement les mêmes types de personnes : Ce sont les « adolescents hyperviolents ».

La violence nait quand la parole ne sert plus à rien.

Ils sont violents, car aucune parole ne peut répondre à leur besoin et ils ne peuvent exprimer leur rébellion que par la violence.

(une parenthèse pour signaler que la violence est pareille dans l’Eglise, dans l’assemblée des croyants ; elle arrive au moment où la parole ne sert plus à rien).

Rien, ni personne n’arrête ces jeunes délinquants, ils n’ont ni dieu ni loi.  Ils deviennent des criminels en puissance et n’ont aucun sentiment, ni aucun remord pour leur victime.

Le docteur pédopsychiatre et psychanalyste Maurice Berger dans son livre « sur la violence gratuite en France », (un ouvrage récent, édité en 2019) fait une analyse issue de son expérience de terrain très intéressante puisqu’il a travaillé avec des jeunes criminels en Centre Educatif Renforcé.

Je vous livre les points forts qu’il développe et je vous demande de faire le parallèle avec l’enfant roi, celui qui est rebelle à Dieu, car tous deux ont des points communs très frappants.

Ces jeunes, sont d’abord pour la grande majorité, incapables de comprendre ce qui leur arrive.

Vouloir leur expliquer la gravité de leurs actes est une perte de temps.

Ils se moquent de la moralité et de la loi.

Leur dire de ne pas faire aux autres ce qu’ils ne voudraient pas qu’on leur fasse, c’est leur parler chinois ou dans une autre langue ; cela n’a aucun sens pour eux puisqu’ils sont insensibles, sans empathie n’ayant plus aucune sensation de culpabilité.

De plus, ils ont perdu la crainte de la sanction.

Vous pensez que je vais un peu fort, en les comparants à des esprits religieux, mais ne tombons pas dans le sentimentalisme. Un cœur endurci a la même absence d’empathie. Jésus les nomme « race incrédule et perverse ».

Vous pensez qu’ils ne sont quand même pas bornés à ce point et qu’on peut essayer de les raisonner, car ils sont suffisamment instruits pour comprendre leurs erreurs et faire marche arrière.

Maurice Berger insiste : «  certains jeunes n’ont pas de pensée » et sont dans le déni complet concernant leurs faits et gestes délictueux.

Le pédopsychiatre nous dit, qu’il existe une violence de groupe très développée.

En groupe, on ne pense pas individuellement, on apprend  à penser en fonction d’un clan.

Le religieux est violant pour les mêmes raisons. Il bannit la pensée individuelle. Il bannit ensuite toute pensée différente de son groupe de référence, car par définition toute nouveauté est une hérésie, si elle ne provient pas des leaders du groupe (« des patriarches », nous dit Maurice Berger).

L’adolescent hyper-violent s’interdit donc de penser différemment de son clan. Il pense et parle à la première personne du pluriel : « nous ». « Vous êtes différents de nous, vous ne pouvez nous comprendre », nous les chrétiens, nous ne prions pas comme ça ; nous les juifs nous obéissons aux lois de Moïse, nous les musulmans, nous manifestons notre foi de cette manière-là, etc.

Cette forme de communautarisme  sectaire est d’ailleurs très violente, puisqu’elle n’accepte aucune vraie discussion avec ceux de l’extérieur.

Personne n’est prêt à écouter l’autre et encore moins à changer d’avis.

De plus, ce type de fonctionnement groupal anéanti toute curiosité sur leurs origines ou leur histoire familiale.

Pareillement, les croyants qui se sont identifiés à un groupe religieux ont pour beaucoup cette même absence de curiosité. Ils ont perdu tout esprit-critique sur ce qu’il croit avec les fondements de la foi.

Les jeunes violents ont souvent une mère qui est malade mentalement et qui a très tôt, dès les premiers mois, mis des distances avec son enfant. De plus elle leur tolère beaucoup de choses. L’interdit, le « non » est très souvent banni à la maison ; les jeunes sont livrés à eux-mêmes.

C’est l’illustration parfaite de Proverbes 29 :15 «La verge et la correction donnent la sagesse, Mais l'enfant livré à lui-même fait honte à sa mère. ».

Chez l’enfant-roi, la mère: c’est l’Eglise. L’Eglise est malade puisque la loi de Christ, celle de l’amour et de la justice n’y règne plus, les bornes de la foi ont été déplacées.

Et paradoxalement, l’Eglise malade avec ses lois rigoureuses et stricts se comporte comme un parent violent, qui châtie fortement celles et ceux qui s’écartent de ce qu’ils nomment et définissent comme étant « le bon chemin de la foi ».

Et dès sa nouvelle naissance un croyant est soumis à un règlement tyrannique, oppressant, sans amour, injuste et par conséquent violent.

 On retrouve cette particularité chez le jeune déviant qui a connu des parents maltraitants, négligents dans leur relation conjugale ou envers leurs enfants dès le plus jeune âge.

Alors maintenant, que ce constat est fait, que faire pour inverser la tendance ? Que faire pour rendre ses adolescents, allergiques à l’hyper-violence ou quoi faire pour que ces croyants enfants-roi soient touchés par la grâce et qu’ils se repentent ?

Maurice Berger, va à l’opposé des courants politiques, sociologiques et médiatiques actuels : lui, il prône la violence contre la violence.

Ce pédopsychiatre qui enseigne aussi à l’Ecole Nationale de la Magistrature affirme ne pas pouvoir discuter avec ces jeunes.

Tant qu’ils ne sont pas corriger, ils ne pensent pas.

La correction doit leur faire l’effet d’un nouveau choc émotionnel.

Souvent, alors qu’ils redeviennent violents, on obtient un début de dialogue après qu’on les ait plaqués de force au sol.

Donc, discuter avec eux au début, cela ne sert à rien. Il faut d’abord qu’ils rencontrent une forte opposition (je vous l’ai dit :un choc émotionnel) ;

Ils ont besoin d’être puni sévèrement et surtout que la peine soit automatique et pas individualisée, au cas par cas, comme cela se fait dans notre système judiciaire.

Une peine prévisible devrait être automatique. C’est ce qu’on trouve d’ailleurs dans la Bible. Pour chaque délit il y a son châtiment

Une agression à l’arme blanche, par exemple, c’est telle sanction et le jugement et sa mise en application sont immédiats.

Car, la prison avec sursis ne leur fait pas peur ; les placer dans des centres rééducatifs non plus…le sursis est perçu comme un effacement de leur peine ;

Alors quelle est la solution s’il en existe une ?

Ce pédopsychiatre prône pour un emprisonnement sans sursis et quasi-instantané (et très tôt dès l’âge de 11ans, puisqu’il existe un vide juridique à cet âge où la garde à vue n’est pas autorisée jusqu’à 13 ans).

La prison reste un moyen efficace, même et surtout si cette sanction ne dure que quelques semaines, car c’est cela que ces jeunes redoutent.

J’ajouterai qu’il leur faut aussi une cellule d’isolement pour ne pas retomber dans un autre système d’influence.

Ces jeunes criminels ne réalisent leurs crimes que s’ils sont condamnés par la justice et que si cette condamnation entraîne une incarcération. Là, curieusement ils reconnaissent leurs tords et la discussion ensuite devient possible.

Eh bien, on peut faire ce parallèle avec l’enfant roi de la religion. Il ne réalisera ses fautes que s’il est condamné par la justice divine et que cela entraîne une sanction immédiate.

Et on comprend l’attitude de Dieu, qui plutôt que de lui parler (à cet enfant-roi) à travers des prophètes ou des enseignements, se tait et se détourne de lui.

Il le laisse aller complètement à ses emportements et à ses élucubrations.

(Proverbes 22:15)

«La folie est attachée au cœur de l’enfant, la verge de la correction l’éloignera de lui ». 

Résultats : la verge de fer que Dieu emploie, c’est quand l’enfant-roi récolte tout le mal qu’il avait semé. Et la sanction peut s’avérer très dure car elle est proportionnelle au(x) crime(s) commis. Et donc celui qui a semé le vent au départ va récolter la tempête plus tard.

Dieu a placé cette loi de la semence qui agit sans qu’il ait besoin, lui, d’intervenir. Le mal attire le mal ; et le mal devient grandissant chez celui qui en fait usage. Il est brûlé lui-même par le feu qu’il utilise. Et la loi de la proportionnalité fonctionne aussi (œil pour œil, dent pour dent).

C’est depuis le meurtre de Caïn envers son frère, que la loi sur le crime est tombée : tout acte criminel sera vengé par d’autres crimes. « L'Eternel lui dit: Si quelqu'un tuait Caïn, Caïn serait vengé sept fois »

Revenons au chapitre 31 du livre du Deutéronome au verset 17 : « En ce jour-là, ma colère s'enflammera contre lui (ce peuple rebelle). Je les abandonnerai, et je leur cacherai ma face. Il sera dévoré, il sera la proie d'une multitude de maux et d'afflictions, et alors il dira: N'est-ce point parce que mon Dieu n'est pas au milieu de moi que ces maux m'ont atteint? ».

Vous voyez, Maurice Berger a raison : c’est seulement après avoir gouté l’amertume et la violence de la sanction que le jeune rebelle écoute. C’est dans la douleur qu’il se pose les bonnes questions ; et il en va de même pour tout croyant rebelle qui est devenu enfant-roi et qui était devenu sourd au bon sens et à la sagesse.

Pour cet enfant-roi se sentant tout puissant, ne supportant pas la contradiction, seuls la correction et le bâton vont lui ouvrir les yeux.

Tant qu’il n’aura pas vécu la fournaise de l’épreuve, une « multitude de maux et d'afflictions », il ne pourra réaliser ses fautes et s’en détourner.

Souvenez-vous comment Dieu répond au prophète Samuel : « Comme ils m’ont abandonné pour servir d’autres dieux, je leur donnerai ce qu’ils désirent : un roi ».  

Dieu a répondu à leur prière et les a abandonné à ce qu’ils désiraient le plus. Maintenant ils font leur volonté, et le pire, en croyant faire celle de Dieu.

Ils ont eu le roi Saül, roi injuste, oppressant, hyperviolent, et insensible, sans empathie, comme eux aussi l’étaient.  

Saül se sentait tout puissant et il se jetait sur tous les butins par la force, car pour ce roi aucune frustration ne lui était supportable.

Ils ont eu leur punition avec ce roi qui allait même en gagnant ses victoires les engager dans une grande guerre injuste et interminable ;

« Après que Saül eut pris possession de la royauté sur Israël, il fit de tous côtés la guerre à tous ses ennemis, à Moab, aux enfants d'Ammon, à Edom, aux rois de Tsoba, et aux Philistins; et partout où il se tournait, il était vainqueur…. Pendant toute la vie de Saül, il y eut une guerre acharnée contre les Philistins; et dès que Saül apercevait quelque homme fort et vaillant, il le prenait à son service. »

Ce roi faisait des alliances avec ceux qu’il considérait comme importants, avec ceux qui lui permettraient d’être encore plus fort à la guerre et d’être encore plus victorieux.

Vous me direz : oui, mais alors, où est la punition dans tout cela, où se trouve le terrible châtiment dans toutes ces victoires ?

Quand Dieu se détourne, il retire sa grâce même à ceux qu’il a oint (2Samuel 7 :15)

Eh bien, ce roi tyrannique, abandonné à ses caprices, a fini par tomber, et il a entraîné avec lui tous ceux qui l’ont suivi.

Saül, ses fils et ses troupes furent anéanties par les philistins à Guilboa et « Ceux d'Israël qui étaient de ce côté de la vallée et de ce côté du Jourdain, ayant vu que les hommes d'Israël s'enfuyaient et que Saül et ses fils étaient morts, abandonnèrent leurs villes pour prendre aussi la fuite. Et les Philistins allèrent s'y établir».

Ils ont même perdu leur terre, leur maison et leur bétail.

Aujourd’hui ; l’enfant-roi est une réalité quotidienne : dans les familles d’abord, où l’enfant est le tout puissant et dans la société ensuite, qui est devenue laxiste et immature (mettant la punition en sursis).

Cet enfant-roi est aussi le statut de ceux qui se réclament « inspirés et choisis de Dieu » dans les assemblées.

Ils agissent eux-aussi comme des enfants capricieux, voulant la bénédiction le plus vite possible et ne supportant plus la frustration.

Alors, ce n’est pas qu’il y a plus d’enfants-roi qu’avant ou de jeunes délinquants qu’avant, non la réalité, c’est que les actes de délinquance sont faits par des mineurs de plus en plus jeunes et par des actes violents de plus en plus fort.

Ces actes augmentent car la récidive s’est démultipliée (et là je ne fais que de reformuler ce que Maurice Berger a écrit).

Le crime augmente par la main des mêmes qui ont commencé.

Ils persévèrent dans leurs actes mauvais et n’ont plus aucune limite dans leur crime.

Donc, l’iniquité et l’impunité sont effectivement la loi dominante dans tous les domaines.

Cette loi est la porte ouverte à tous les excès possible.

Un croyant, qui suit cette logique, se croit sous une protection absolue, alors que la réalité, ce sont 7 démons plus forts qui sont venus l’habiter.

Il pense pouvoir se permettre tous les excès sous prétexte qu’il est inspiré et choisi par Dieu, donc que c’est un élu. Il commande à tout le monde : à son entourage, comme aux démons.

Il commande car il se croit investit de « l’autorité de la parole ».

Alors, il n’y a pas besoin d’être prophète ou médium pour voir se dessiner devant nous des rois, des gouvernants, des chefs d’Etats qui auront la même ambition que le roi d’Israël Saül et qui seront suivis par un peuple nombreux.

Pourquoi ?

Parce que pour un même crime, il y a eu, et il y aura toujours la même sanction.

Une sanction qui ne fait que de se répéter dans l’histoire de l’humanité : la guerre, la guerre avec un grand « G » et pour finir : la ruine pour ceux qui n’y avaient vu au début qu’un retour à la puissance et à la prospérité.

 

La civilisation de l’enfant-roi va disparaitre bientôt.

Mais ne perdons pas de vues les raisons de sa disparition.

La punition est terrible, mais n’est-elle pas en parfaite adéquation avec leur aveuglement tyrannique ?

Par conséquent cette civilisation va s’écrouler et disparaître (et c’est triste à dire) qu’avec la guerre. Et les victorieux d’aujourd’hui seront les grands perdants de demain.

 

Mais c’est à ce prix-là que nous aurons ce que Esaïe a prédit : « Une nation ne tirera plus l’épée contre une autre et l’on apprendra plus la guerre »

Amen.

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