dimanche 23 février 2020

LA LIBERTÉ EN CHRIST (le mensonge qui se cache derrière elle)

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Par Eric Ruiz

Que signifie : être libre en Christ ?
Quel sens pratique reflète cette liberté ? Est-ce vraiment l’objectif de chaque croyant ? Eh bien, laissez-moi en douter…

« Vous connaîtrez la vérité et la vérité  vous affranchira … Or le Seigneur c’est l’Esprit, et là où il y a l’Esprit du Seigneur, il y a la liberté. Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres. ».

J’entends souvent répétées ces paroles de la Bible comme des  justifications ; comme pour affirmer une évidence : j’ai reçu Christ dans ma vie, alors je suis libre du péché, ou un peu comme pour se persuader d’avoir mieux compris que les autres le sens de la foi, d’avoir acquis la vérité que les autres n’ont pas reçu.
La vérité qu’ils essayent alors d’exprimer n’est pas celle du Fils, ni celle de l’Esprit ou du Père… car ils ont la vérité qu’ils ont entendu d’un représentant de l’Eglise ou lu dans un des recueils de leur mouvement ou encore, ils n’ont fait que répéter « la messe » de leur tradition.
Ils n’ont, par conséquent ; pas la vérité venant directement du Père ; puisque cette vérité ne provient que de l’inspiration du Saint-Esprit.

Alors, constat très désolant ; ils ne sont pas affranchis, ils ne sont pas libre.
A qui la faute ?
Je suis désolé de le dire : beaucoup de croyants d’Eglise ne veulent pas au fond d’eux-mêmes de cette liberté en Christ.

Je ne dis pas qu’ils ne l’ont jamais goutté ; Je ne dis pas qu’ils n’ont pas reçu une onction à un moment donné ; je dis que cette liberté leur a fait peur ; Peur au point de revenir en arrière.

Est-ce un fait récent et nouveau lié à notre société décadente ?

Pas du tout, l’apôtre Paul mettait en garde déjà l’Eglise de Galates de ne pas retomber dans la servitude.
« C'est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurez donc fermes, et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude. » (Galates 5 :1).

Dans le contexte de l’époque, environ une vingtaine d’années après la crucifixion, des croyants voulaient pratiquer à nouveau d’anciens rites, comme la circoncision (on lit cela juste après, au verset 2 dans l’épître aux Galates).
Ils préféraient à nouveaux les liens religieux à la grâce.

Et aujourd’hui… c’est la même chose, les rites ont changés, mais les intentions sont exactement les mêmes.

Vivre selon des lois religieuses, après tout… cela rassure tellement, cela donne une sécurité affective, spirituelle et parfois même matérielle.
Cela procure même un confort moral, puisque cela vous permet de ne pas penser à ce que demain sera fait.
Paul donne une image concrète de ce qu’ils sont en train de faire :
« Vous couriez bien: qui vous a arrêtés, pour vous empêcher d'obéir à la vérité? »
Pourquoi autant de personnes sont prêtes à arrêter la course de la foi en acceptant une espèce de vie monastique, où tout est programmé dans leur journée ?
Du lever au coucher, on leur a organisé (un peu comme dans un club de vacances) les heures de prières, les moments de méditations, les versets à des écritures saintes à lire selon l’humeur ; les dons financiers (l’aumône). Leur vie chrétienne est rythmée par des actes répétés et ritualisées.

La religion de l’islam possède cette sorte de rituel, mystique, journalier, très planifiée ; la synagogue juive au fond  aussi ; et pour les autres religions ?...
C’est la même chose, à chaque nouveau mouvement il y a toujours plus de subversion.
Le christianisme s’est mélangé avec la culture des philosophes et des orateurs païens grec et romains, avec aussi des formes de la synagogue juive, puis à partir du septième siècle avec des principes de l’Islam ; bref cela a donné très vite une religion multiculturelle empreinte de cérémonies diverses et variées. Les fêtes religieuses illustrent d’ailleurs tellement ce cérémonial multiculturel ou tout est prévu d’avance.
Il y a toujours quelque chose à faire pour un chrétien...

A partir de Noël par exemple, tout s’enchaîne chez un catholique : l’Épiphanie, le carnaval, la Chandeleur, Puis Mardi-Gras suivi des Cendres.  Le Carême qui dure 40 jours, l’Annonciation, les Rameaux. 
De plus, on sait à quel âge se fera la communion, le baptême, quel jour se fera la messe, a quelle moment de l’année se fera le jeûne etc,.
Quand vous rentrez dans un bâtiment religieux quel qu’il soit, vous avez la même liturgie partout : Bénédiction, chants, sermon, collecte, prières.
Les réformes luthériennes, anglicanes, protestantes, baptistes ou autres n’ont fait que de réorganiser ce qui avait été déjà organisé. On a remis de l’organisation à l’organisation.
Chacun suit ses cinq piliers : Il y a les cinq piliers de l’Islam, il y a aussi les cinq piliers du christianisme, du judaïsme…( qui en fait sont pratiquement les mêmes).
Si on prend le pilier des 5 prières par jour des musulmans, nous retrouvons la même loi avec le judaïsme et le christianisme avec une incitation faisant office d’obligation de faire 3 prières par jour : matin, midi et soir, ou de rendre grâce devant chaque repas)

La place à l’imprévu, à l’aventure spirituelle n’existe pas.
La religion se refuse à laisser la place à l’inorganisé.
Car pour elle, l’inorganisé produit le désordre.

Votre mouvement religieux (quel qu’il soit d’ailleurs) se fait un devoir de tout organiser et de tout planifier pour vous !
Je vais aller même plus loin : même ce qui peut être imprévu doit s’organiser (comme les prophéties, les révélations…).

Quel que soit votre Eglise ou votre dénomination, observez bien vos habitudes ! et regardez ce que vous faites à heures fixes, au moment des repas, le jour sabbatique de la semaine, le soir avant de vous coucher, le matin au réveil, ou avant de manger, etc
Vous verrez que bien souvent, tous ces rituels, vous sécurisent et vous vous dites dans votre subconscient que cela vous procure même une certaine paix intérieure, cela vous déculpabilise.
Vous pratiquez régulièrement des actes religieux et votre équilibre intérieur s’en ressent ; vous êtes moins stressé, comme si votre devoir de citoyen des cieux était en ordre. Vous avez fait votre devoir, vous pouvez passer à autre chose.

Jésus, lui, n’a jamais donné d’heures, de jour ou de lieu pour prier. Il a donné un exemple de prière avec le « notre Père » mais surtout pas dans l’idée d’une récitation (quand tu pries : ne multiplie pas de vaines paroles). Jésus n’a pas donné de moment, ni de lieu pour prier.
Au moment de la cène, du repas, sa prière montrait l’importance de la communion juste, celle entre frères et sœurs, non pour qu’elle devienne un rite mais pour que ce moment de vie révèle la justice des cœurs.
Par contre il a insisté sur les prières religieuses qui détournent leurs sens. « ne faites pas comme les hypocrites qui aiment prier en étant vu, en faisant de longues prières….mais quand tu pries entre dans ta chambre, ton lieu secret,».
Oui, c’est vrai que Jésus priait à haute voixmais pourquoi ?
Notre Père nous parle dans un doux murmure et nous nous devons hausser la voix pour qu’il nous entende…
Non, Jésus élevait le ton pour que ses prières soient entendues, car ils enseignaient, ils témoignaient par elles.
Au moment de la résurrection de Lazare :
« Jésus leva les yeux en haut, et dit: Père, je te rends grâces de ce que tu m'as exaucé. Pour moi, je savais que tu m'exauces toujours; mais j'ai parlé (ou j’ai prié) à cause de la foule qui m'entoure, afin qu'ils croient que c'est toi qui m'as envoyé ».

A ce moment-là, il n’a pas prié pour lui, il n’a pas prié parce qu’il devait le faire, il a prié pour les autres afin qu’ils réalisent que c’est au Père que la gloire revient.
Pourtant, d’un autre côté Jésus montrait l’inverse aussi que « demeurer dans sa parole » s’était justement de se couper de l’extérieur et de tout ce qui rend esclave. On ne peut pas demeurer en lui et en même temps s’inspirer de l’extérieur.
L’extérieur nous enseigne des rites, des habitudes, des coutumes.

On nous enseigne du haut d’une chaire, comme d’un trône.
Or, c’est la table, la table de l’autel qui est plutôt centrale, la table de la communion, la table de la cène, la table du partage.
Je ne suis pas en train d’instaurer un nouveau rite avec la table au lieu de la chaire, mais de renvoyer les choses sacrées à leur réalité.  Il n’y avait pas une chair dans le lieu saint du tabernacle, mais une table recouverte d’or.
D’une manière générale, la loi nous montre que le lieu de vie correspondant à la liberté alors que le lieu sacré correspond à la servitude.

C’est pourquoi, l’absence de rites culpabilise et qu’elle rend mal à l’aise celui qui se dit croyant, ou pratiquant mais qui n’est pas disciple.
Il se demande comment pourrait-il justifier sa piété, sa sanctification, ou quelle sont ses œuvres de foi, alors ?
On en revient toujours à la culpabilité. A ce sentiment si incommodant. Le premier réflexe : c’est le rite, se rendre esclave d’un acte répété. Mais est-ce le bon réflexe ?

Je crois justement que la foi commence là ou s’arrête les rites et les coutumes.

Pourquoi ?
Parce qu’à ce moment-là on arrête de faire confiance à un système, que l’on avait reproduit machinalement, pour faire confiance alors à une inspiration, ou à un besoin soudain.
C’est l’amour notre guide. C’est lui qui procure la foi et non le rite.
Dans les faits : Ce n’est pas ma prière qui va procurer la foi mais c’est parce que j’ai la foi que je prie.
« Car en Jésus-Christ, ni la circoncision ni l'incirconcision n'a de valeur, mais la foi qui est agissante par la charité » dira Paul aux Galates.
Concrètement le moteur de notre foi, c’est l’amour et on se donne la possibilité de se faire surprendre par le Saint-Esprit.
On développe alors une autre sensibilité, une autre écoute, une autre relation.

Résumons : La vie religieuse sépare  par les rites, la vie normale ;
Alors que dans la vie du disciple, tout est intégré. Il n’y a pas de séparation.
-La prière est reliée aux événements vécus.
-La fête correspond aux réjouissances du moment.
-L’esprit parle au milieu d’une communion fraternelle, dès que deux personnes au moins sont assemblées en son nom ; il parle pour encourager exhorter ou délivrer.
Il n’y a pas d’un côté : la vie spirituelle, le culte, la maison de Dieu et de l’autre : la vie quotidienne avec le travail, la famille, les loisirs. Tout est inclue dans l’existence du disciple.
Les premiers disciples se réunissaient chez eux. Chez eux : c’était la maison de Dieu.
« Tout est pur pour celui qui est pur »
Voilà comment on brûle ses frontières : sin on est pur c’est qu’au préalable nous nous sommes séparés de ce qui est impur.
Si nous séparons les choses (spirituelles, matérielles), c’est que notre esprit est divisé, c’est que nous voyons encore des choses impures dans nos vies.
Les frontières se reconnaissent par nos coutumes religieuses ; nos devoirs de croyants.
Celui qui ne met plus de frontière entre ses droits et ses devoirs est réellement libre. Il n’est plus à juger le bien, du mal dans sa vie, ou du vrai et du faux. Puisque tout se révèle alors naturellement. Sa nouvelle nature fait elle-même le trie.

C’est pourquoi, avec la liberté en Christ il n’y a plus de frontière : plus d’endroit spécial, plus d’heures, ni de jour destinées à l’avance pour le service divin.
Rappelons-nous que le tabernacle lui-même était au centre des tribus d’Israël ; l’arbre de la révélation au milieu du jardin d’Eden ; l’Arche de l’Alliance voyageait avec les Hébreux. Dieu n’a jamais été mis dans un  endroit extérieur.
Le christianisme a mis les églises au centre des villes et des villages, mais Jésus comme le Saint-Esprit l’a mis ailleurs, lui, au centre des maisons et des cœurs.
Le Saint-Esprit, à la dernière Eglise de l’Apocalypse, celle de Laodicée, frappe à la porte des maisons et des cœurs pour venir souper avec celui qui entendra.
C’est cette liberté-là que Christ souhaite rétablir dans son corps, pas une autre.

« vous connaîtrez ce que je suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je parle selon ce que le Père m'a enseigné » disait Jésus. Ces paroles sont aussi les nôtres, à une seule condition : si nous n’avons plus de frontières.

La liberté en Christ, c’est faire les choses en Christ, c’est cela connaître Christ. Rien d’autres, ni personne ne peut remplacer ce rituel de se faire enseigner par le Père au moyen du Saint-Esprit ; Voilà le seul rituel qui existe pour un disciple !

Et puis, la liberté en Christ nous confirme notre héritage qui est celui du fils.
Nous, qui avons été comme le fils prodigue préférant les plaisirs de la chair à l’esprit de Dieu, au moment où nous revenons vers notre Père, nous recevons aussi son pardon et le même héritage que son fils unique Jésus-Christ.
Quel que soit notre parcours, si nous faisons ce que le Père nous enseigne, alors nous entrons dans la même promesse divine et l’héritage promis nous sera donné.
Arrêter sa course comme le dit Paul revient à se replacer dans la sécurité religieuse. Cette sécurité nous prive de l’héritage de la grâce.
Nous sommes alors victimes, mais victimes de nous-mêmes ; Car, c’est nous-mêmes qui nous coupons de cet héritage.
Nous le trouvons trop grand, trop imposant, trop difficile à gérer.
Imaginez que l’héritage corresponde à la grandeur de dix villes. Certains vont  rétorquer que c’est beaucoup trop qu’une toute petite ville leur suffira, voir même une simple maison.
Ils ne savent pas ce qu’ils demandent. Ils sont comme celui de la parabole des talents raconté par Jésus ; ils sont comme celui qui a reçu un talent et qui le cache parce qu’il ne veut pas l’utiliser, alors qu’il aurait pu le faire fructifier.
Quand j’entends des chrétiens me dire : « je ne désire pas grand-chose en Christ, un strapontin me suffira amplement ».
Ils rejettent tout simplement la Parole de Matthieu 25 :31
« Lorsque le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, avec tous les anges, il s'assiéra sur le trône de sa gloire. "

Ce n’est pas un strapontin, c’est un trône qui est réservé aux fils de l’homme, aux disciples accomplis.
Donc, cette fausse humilité de vouloir les miettes dans le Royaume, les renvoi à leur manque de foi et d’amour.
Ils ne prennent pas conscience alors que : pratiquer de petits rites religieux qui leur suffit, cela révèle leur état d’esclave de la loi qui est je le répète aux antipodes de la liberté en Christ.

Ils sont ce que la parabole nomme : des « serviteurs méchants et paresseux ».
Méchants : car ils sont toujours à regarder ce que les autres ont, à épier ce qu’ils font, à les critiquer et à les calomnier.
Paresseux : car ils savent que la liberté en Christ peut leur ouvrir un ensemble de possible qui les mettraient trop à découvert, (plus de camouflage possible) car en fin de compte : ils n’aiment pas le service divin ; un service qui se fait bien souvent vers des gens peu recommandables, qui se fait sans retour, dans l’ombre, dans l’anonymat, cachés du plus grand nombre.
Et puis ils se disent que développer des talents, c’est être trop ambitieux.
Est-ce être ambitieux que de vouloir la liberté en Christ ?
Non, l’ambitieux c’est surtout de préférer un esclavage qui profite à ses propres intérêts, à des intérêts charnels, égoïstes en fin de compte.

La vraie ambition : c’est surtout vouloir être comme Christ ; l’inverse c’est devenir tiède et se contenter de la loi alors qu’on avait la grâce.
On va alors se cantonner à un héritage lié à la loi plutôt qu’à un héritage lié à la grâce. Or l’héritage de la loi ce n’est même pas un strapontin, c’est la mort (et pour ceux qui connaissent mes anciens messages) c’est la deuxième résurrection.
Alors faisons comme ce que nous montre l’épître de Jacques :
Regardons notre visage naturel dans le miroir, pour ne pas nous accommoder de nos fautes mais pour nous séparer de ce qui nous souille. Si nous persévérons dans ce bon comportement, nous vivrons cette loi parfaite, cette loi de liberté et nous serons heureux dans toutes nos activités.
Amen

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