Par Eric
Ruiz
Que
signifie : être libre en Christ ?
Quel sens
pratique reflète cette liberté ? Est-ce vraiment l’objectif de chaque
croyant ? Eh bien, laissez-moi en douter…
« Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous affranchira … Or le Seigneur c’est l’Esprit,
et là où il y a l’Esprit du Seigneur, il y a la liberté. Si donc le
Fils vous affranchit, vous serez réellement libres. ».
J’entends
souvent répétées ces paroles de la Bible comme des justifications ; comme pour affirmer une
évidence : j’ai reçu Christ dans ma vie, alors je suis libre du péché, ou un
peu comme pour se persuader d’avoir mieux compris que les autres le sens de la
foi, d’avoir acquis la vérité que les autres n’ont pas reçu.
La vérité qu’ils
essayent alors d’exprimer n’est pas celle du Fils, ni celle de l’Esprit ou du
Père… car ils ont la vérité qu’ils ont entendu d’un représentant de l’Eglise
ou lu dans un des recueils de leur mouvement ou encore, ils n’ont fait que
répéter « la messe » de leur tradition.
Ils n’ont,
par conséquent ; pas la vérité venant directement du Père ; puisque
cette vérité ne provient que de l’inspiration du Saint-Esprit.
Alors, constat
très désolant ; ils ne sont pas affranchis, ils ne sont pas libre.
A qui la
faute ?
Je suis
désolé de le dire : beaucoup de croyants d’Eglise ne veulent pas au
fond d’eux-mêmes de cette liberté en Christ.
Je ne dis
pas qu’ils ne l’ont jamais goutté ; Je ne dis pas qu’ils n’ont pas reçu
une onction à un moment donné ; je dis que cette liberté leur a fait
peur ; Peur au point de revenir en arrière.
Est-ce un
fait récent et nouveau lié à notre société décadente ?
Pas du
tout, l’apôtre Paul mettait en garde déjà l’Eglise de Galates de ne pas
retomber dans la servitude.
« C'est
pour la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurez donc fermes, et ne vous
laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude. » (Galates 5 :1).
Dans le contexte de l’époque, environ une vingtaine d’années
après la crucifixion, des croyants voulaient pratiquer à nouveau d’anciens
rites, comme la circoncision (on lit cela juste après, au verset 2 dans
l’épître aux Galates).
Ils préféraient
à nouveaux les liens religieux à la grâce.
Et
aujourd’hui… c’est la même chose, les rites ont changés, mais les intentions
sont exactement les mêmes.
Vivre
selon des lois religieuses, après tout… cela rassure tellement, cela donne une sécurité
affective, spirituelle et parfois même matérielle.
Cela
procure même un confort moral, puisque cela vous permet de ne pas penser à ce
que demain sera fait.
Paul donne
une image concrète de ce qu’ils sont en train de faire :
« Vous
couriez bien: qui vous a arrêtés, pour vous empêcher d'obéir à la vérité? »
Pourquoi
autant de personnes sont prêtes à arrêter
la course de la foi en acceptant une espèce de vie monastique, où tout est
programmé dans leur journée ?
Du lever
au coucher, on leur a organisé (un peu comme dans un club de vacances) les
heures de prières, les moments de méditations, les versets à des écritures
saintes à lire selon l’humeur ; les dons financiers (l’aumône). Leur vie
chrétienne est rythmée par des actes répétés et ritualisées.
La
religion de l’islam possède cette sorte de rituel, mystique, journalier, très
planifiée ; la synagogue juive au fond
aussi ; et pour les autres religions ?...
C’est la
même chose, à chaque nouveau mouvement il y a toujours plus de subversion.
Le
christianisme s’est mélangé avec la culture des philosophes et des orateurs
païens grec et romains, avec aussi des formes de la synagogue juive, puis à
partir du septième siècle avec des principes de l’Islam ; bref cela a
donné très vite une religion multiculturelle empreinte de cérémonies diverses
et variées. Les fêtes religieuses illustrent d’ailleurs tellement ce
cérémonial multiculturel ou tout est prévu d’avance.
Il y a
toujours quelque chose à faire pour un chrétien...
A partir
de Noël par exemple, tout s’enchaîne chez un catholique : l’Épiphanie, le carnaval, la
Chandeleur, Puis Mardi-Gras suivi des Cendres. Le Carême qui dure 40 jours, l’Annonciation, les
Rameaux.
De plus, on
sait à quel âge se fera la communion, le baptême, quel jour se fera la messe, a
quelle moment de l’année se fera le jeûne etc,.
Quand vous
rentrez dans un bâtiment religieux quel qu’il soit, vous avez la même liturgie
partout : Bénédiction, chants, sermon, collecte, prières.
Les
réformes luthériennes, anglicanes, protestantes, baptistes ou autres n’ont fait
que de réorganiser ce qui avait été déjà organisé. On a remis de l’organisation
à l’organisation.
Chacun
suit ses cinq piliers : Il y a les cinq piliers de l’Islam, il y a aussi
les cinq piliers du christianisme, du judaïsme…( qui en fait sont pratiquement
les mêmes).
Si on
prend le pilier des 5 prières par jour des musulmans, nous retrouvons la même
loi avec le judaïsme et le christianisme avec une incitation faisant office
d’obligation de faire 3 prières par jour : matin, midi et soir, ou de
rendre grâce devant chaque repas)
La place à l’imprévu, à l’aventure
spirituelle n’existe pas.
La religion se refuse à laisser la
place à l’inorganisé.
Car pour elle, l’inorganisé produit le
désordre.
Votre
mouvement religieux (quel qu’il soit d’ailleurs) se fait un devoir de tout
organiser et de tout planifier pour vous !
Je vais
aller même plus loin : même ce qui peut être imprévu doit s’organiser
(comme les prophéties, les révélations…).
Quel que
soit votre Eglise ou votre dénomination, observez bien vos habitudes ! et
regardez ce que vous faites à heures fixes, au moment des repas, le jour
sabbatique de la semaine, le soir avant de vous coucher, le matin au réveil, ou
avant de manger, etc
Vous
verrez que bien souvent, tous ces rituels, vous sécurisent et vous vous dites
dans votre subconscient que cela vous procure même une certaine paix
intérieure, cela vous déculpabilise.
Vous
pratiquez régulièrement des actes religieux et votre équilibre intérieur s’en
ressent ; vous êtes moins stressé, comme si votre devoir de citoyen des cieux
était en ordre. Vous avez fait votre devoir, vous pouvez passer à autre chose.
Jésus,
lui, n’a jamais donné d’heures, de jour ou de lieu pour prier. Il a donné un
exemple de prière avec le « notre Père » mais surtout pas dans l’idée
d’une récitation (quand tu pries : ne multiplie pas de vaines paroles).
Jésus n’a pas donné de moment, ni de lieu pour prier.
Au moment
de la cène, du repas, sa prière montrait l’importance de la communion juste,
celle entre frères et sœurs, non pour qu’elle devienne un rite mais pour que ce
moment de vie révèle la justice des cœurs.
Par contre
il a insisté sur les prières religieuses qui détournent leurs sens. « ne
faites pas comme les hypocrites qui aiment prier en étant vu, en faisant de
longues prières….mais quand tu pries entre dans ta chambre, ton lieu secret,».
Oui, c’est
vrai que Jésus
priait à haute voix…mais
pourquoi ?
Notre Père
nous parle dans un doux murmure et nous nous devons hausser la voix pour qu’il
nous entende…
Non, Jésus élevait le ton
pour que ses prières soient entendues, car ils enseignaient, ils témoignaient
par elles.
Au moment
de la résurrection de Lazare :
« Jésus leva les yeux en haut, et dit: Père, je te rends
grâces de ce que tu m'as exaucé. Pour moi, je savais que tu m'exauces toujours; mais j'ai parlé (ou j’ai prié) à cause de la foule qui m'entoure, afin
qu'ils croient que c'est toi qui m'as envoyé ».
A ce moment-là, il n’a pas prié pour lui, il
n’a pas prié parce qu’il devait le faire, il a prié pour les autres afin qu’ils
réalisent que c’est au Père que la gloire revient.
Pourtant,
d’un autre côté Jésus montrait l’inverse aussi que « demeurer dans sa parole » s’était justement de se couper de l’extérieur
et de tout ce qui rend esclave. On ne peut pas demeurer en lui et en même temps
s’inspirer de l’extérieur.
L’extérieur
nous enseigne des rites, des habitudes, des coutumes.
On nous
enseigne du haut d’une chaire, comme d’un trône.
Or, c’est
la table, la table de l’autel qui est plutôt centrale, la table de la
communion, la table de la cène, la table du partage.
Je ne suis
pas en train d’instaurer un nouveau rite avec la table au lieu de la chaire,
mais de renvoyer les choses sacrées à leur réalité. Il n’y avait pas une chair dans le lieu saint
du tabernacle, mais une table recouverte d’or.
D’une manière générale, la
loi nous montre que le lieu de vie correspondant à la liberté alors que le lieu
sacré correspond à la servitude.
C’est
pourquoi, l’absence de rites culpabilise et qu’elle rend mal à l’aise celui qui
se dit croyant, ou pratiquant mais qui n’est pas disciple.
Il se
demande comment pourrait-il justifier sa piété, sa sanctification, ou quelle
sont ses œuvres de foi, alors ?
On en
revient toujours à la culpabilité. A ce sentiment si incommodant. Le premier
réflexe : c’est le rite, se rendre esclave d’un acte répété. Mais est-ce
le bon réflexe ?
Je crois justement que la
foi commence là ou s’arrête les rites et les coutumes.
Pourquoi ?
Parce qu’à
ce moment-là on arrête de faire confiance à un système, que l’on avait
reproduit machinalement, pour faire confiance alors à une inspiration, ou à un
besoin soudain.
C’est
l’amour notre guide. C’est lui qui procure la foi et non le rite.
Dans les
faits : Ce n’est pas ma prière qui va procurer la foi mais c’est parce que
j’ai la foi que je prie.
« Car en Jésus-Christ, ni la circoncision ni
l'incirconcision n'a de valeur, mais la foi qui est agissante par la charité » dira Paul aux Galates.
Concrètement
le moteur de notre foi, c’est l’amour et on se donne la possibilité de se faire
surprendre par le Saint-Esprit.
On
développe alors une autre sensibilité, une autre écoute, une autre relation.
Résumons : La vie religieuse sépare par les rites, la vie normale ;
Alors que dans
la vie du disciple, tout est intégré. Il n’y a pas de séparation.
-La prière
est reliée aux événements vécus.
-La fête
correspond aux réjouissances du moment.
-L’esprit
parle au milieu d’une communion fraternelle, dès que deux personnes au moins
sont assemblées en son nom ; il parle pour encourager exhorter ou
délivrer.
Il n’y a
pas d’un côté : la vie spirituelle, le culte, la maison de Dieu et de
l’autre : la vie quotidienne avec le travail, la famille, les loisirs.
Tout est inclue dans l’existence du disciple.
Les
premiers disciples se réunissaient chez eux. Chez eux : c’était la maison
de Dieu.
« Tout est pur pour celui qui est pur »
Voilà
comment on brûle ses frontières : sin on est pur c’est qu’au préalable
nous nous sommes séparés de ce qui est impur.
Si nous
séparons les choses (spirituelles, matérielles), c’est que notre esprit est
divisé, c’est que nous voyons encore des choses impures dans nos vies.
Les
frontières se reconnaissent par nos coutumes religieuses ; nos devoirs de
croyants.
Celui qui
ne met plus de frontière entre ses droits et ses devoirs est réellement libre.
Il n’est plus à juger le bien, du mal dans sa vie, ou du vrai et du faux.
Puisque tout se révèle alors naturellement. Sa nouvelle nature fait elle-même
le trie.
C’est
pourquoi, avec la liberté en Christ il n’y a plus de frontière : plus
d’endroit spécial, plus d’heures, ni de jour destinées à l’avance pour le
service divin.
Rappelons-nous
que le tabernacle lui-même était au centre des tribus d’Israël ; l’arbre
de la révélation au milieu du jardin d’Eden ; l’Arche de l’Alliance
voyageait avec les Hébreux. Dieu n’a jamais été mis dans un endroit extérieur.
Le
christianisme a mis les églises au centre des villes et des villages, mais
Jésus comme le Saint-Esprit l’a mis ailleurs, lui, au centre des maisons et des
cœurs.
Le
Saint-Esprit, à la dernière Eglise de l’Apocalypse, celle de Laodicée, frappe à
la porte des maisons et des cœurs pour venir souper avec celui qui entendra.
C’est
cette liberté-là que Christ souhaite rétablir dans son corps, pas une autre.
« vous
connaîtrez ce que je suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je
parle selon ce que le Père m'a enseigné » disait Jésus. Ces paroles sont aussi les nôtres, à
une seule condition : si nous
n’avons plus de frontières.
La liberté
en Christ, c’est faire les choses en Christ, c’est cela connaître Christ. Rien
d’autres, ni personne ne peut remplacer ce rituel de se faire
enseigner par le Père au moyen du Saint-Esprit ; Voilà le
seul rituel qui existe pour un disciple !
Et puis,
la liberté en Christ nous confirme notre héritage qui est celui du fils.
Nous, qui
avons été comme le fils prodigue préférant les plaisirs de la chair à l’esprit
de Dieu, au moment où nous revenons vers notre Père, nous recevons aussi son
pardon et le même héritage que son fils unique Jésus-Christ.
Quel que
soit notre parcours, si nous faisons ce que le Père nous enseigne, alors nous
entrons dans la même promesse divine et l’héritage promis nous sera donné.
Arrêter sa
course comme le dit Paul revient à se replacer dans la sécurité religieuse.
Cette sécurité nous prive de l’héritage de la grâce.
Nous
sommes alors victimes, mais victimes de nous-mêmes ; Car, c’est nous-mêmes
qui nous coupons de cet héritage.
Nous le trouvons
trop grand, trop imposant, trop difficile à gérer.
Imaginez
que l’héritage corresponde à la grandeur de dix villes. Certains vont rétorquer que c’est beaucoup trop qu’une
toute petite ville leur suffira, voir même une simple maison.
Ils ne
savent pas ce qu’ils demandent. Ils sont comme celui de la parabole des talents
raconté par Jésus ; ils sont comme celui qui a reçu un talent et qui le
cache parce qu’il ne veut pas l’utiliser, alors qu’il aurait pu le faire fructifier.
Quand
j’entends des chrétiens me dire : « je ne désire pas grand-chose en
Christ, un strapontin me suffira amplement ».
Ils
rejettent tout simplement la Parole de Matthieu 25 :31
« Lorsque le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, avec tous les
anges, il s'assiéra sur le trône de sa gloire. "
Ce n’est pas un strapontin, c’est un trône qui
est réservé aux fils de l’homme, aux disciples accomplis.
Donc, cette
fausse humilité de vouloir les miettes dans le Royaume, les renvoi à leur
manque de foi et d’amour.
Ils ne prennent
pas conscience alors que : pratiquer de petits rites religieux qui leur
suffit, cela révèle leur état d’esclave de la loi qui est je le répète aux
antipodes de la liberté en Christ.
Ils sont
ce que la parabole nomme : des « serviteurs
méchants et paresseux ».
Méchants : car ils sont toujours à
regarder ce que les autres ont, à épier ce qu’ils font, à les critiquer et à
les calomnier.
Paresseux : car ils savent que la liberté
en Christ peut leur ouvrir un ensemble de possible qui les mettraient trop à
découvert, (plus de camouflage possible) car en fin de compte : ils
n’aiment pas le service divin ; un service qui se fait bien souvent vers
des gens peu recommandables, qui se fait sans retour, dans l’ombre, dans l’anonymat,
cachés du plus grand nombre.
Et puis
ils se disent que développer des talents, c’est être trop ambitieux.
Est-ce être
ambitieux que de vouloir la liberté en Christ ?
Non,
l’ambitieux c’est surtout de préférer un esclavage qui profite à ses propres
intérêts, à des intérêts charnels, égoïstes en fin de compte.
La vraie
ambition : c’est surtout vouloir être comme Christ ; l’inverse c’est
devenir tiède et se contenter de la loi alors qu’on avait la grâce.
On va
alors se cantonner à un héritage lié à la loi plutôt qu’à un héritage lié à la
grâce. Or l’héritage de la loi ce n’est même pas un strapontin, c’est la mort
(et pour ceux qui connaissent mes anciens messages) c’est la deuxième
résurrection.
Alors
faisons comme ce que nous montre l’épître de Jacques :
Regardons
notre visage naturel dans le miroir, pour ne pas nous accommoder de nos fautes
mais pour nous séparer de ce qui nous souille. Si nous persévérons dans ce bon
comportement, nous vivrons cette loi parfaite, cette loi de liberté et nous
serons heureux dans toutes nos activités.
Amen
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire