Par Eric
Ruiz
Je
constate qu’il y a un thème qui revient souvent et qui accapare les
pensées : celui des ministères du corps de l’Eglise.
Il y a
selon Éphésiens 4 :11, cinq ministères dans l’Eglise
« il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes,
les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs ».
Ces rôles sont bien réels, mais à quoi servent-ils
réellement ?
C’est le verset suivant qui nous donne leurs buts.
« pour le
perfectionnement des saints en vue de l'œuvre du ministère et de l'édification
du corps de Christ ».
Vous avez vu : Deux mots sont sans cesse répéter comme
des trophées dans les assemblées : « perfectionnement » et édification »,
comme si on amenait encore plus haut des athlètes, déjà arrivés à un stade de haute
performance.
Comme si l’édification consistait à finir de tisser un
habit de fin lin éclatant et pur.
Je vais vous montrer qu’on est très loin de cette apothéose ; et que ce bel habit
n’est encore qu’un vulgaire tissu rempli de tâches.
Car, stupeur, la majorité
s’arrête là, à ce verset, pour justifier l’absolu nécessité de ces
ministères.
Ils croient tous à cette « super-Eglise », et à
la venue de cette assemblée au summum qui doit manifester ces cinq
grands ministères ; et beaucoup attendent avec impatience que ces grandes
fonctions soient rétablies, déjà dans leur Eglise au retour du Seigneur.
Mais c’est
l’inverse qui doit se passer au retour de Christ. Si la foi est là, c’est qu’il
n’y a plus de ministères, ils ont cessé d’être utiles, puisqu’il n’y a plus de
captifs, alors à délivrer.
Les ministères sont pour redonner la santé à un corps mourant,
et pour délivrer des captifs prisonniers de leur passion.
Au
verset 8, il est écrit que le fils de Dieu est monté, amenant avec lui des
captifs, mais qu’il est aussi redescendu dans les régions inférieures de la terre ;
A votre avis pourquoi ?
C’est
pour chercher aussi des captifs et les ramener en haut.
Les régions inférieures de la terre, ne veulent pas dire :
sous terre, ici, mais c’est d’un sens spirituel qu’il s’agit.
Ces
régions, ce sont des groupes toujours vivants où règnent des esprits inférieurs
par leur soumission charnelle, par leurs rébellions à Dieu. Et
le but est de le les faire sortir de cet état, de les tirer vers le haut, alors
qu’ils sont tombés si bas.
Qui doit se charger de ces captifs-là ? Jésus-Christ ?
Le Père ?
N’est-ce pas plutôt le Saint-Esprit vivant dans une
personne, qui a cette vocation ?
Le verset suivant nous le montre clairement : Ce sont des
dons que Dieu donnent aux hommes qui servent aux captifs ; et ces dons sont
donnés aux apôtres, aux prophètes, aux évangélistes aux pasteurs et docteurs.
La preuve évidente
en tous les cas, que le corps de l’Eglise est dans un état lamentable, c’est
que ceux qui aiment les ministères, recherchent celui qui les incarneraient
tous les cinq. Ils recherchent la perle rare pour l’admirer et le suivre aveuglément ;
et combien prient aussi pour incarner tous ses ministères au complet (en
feignant bien-sûr, d’aimer l’Eglise comme Christ l’a aimé) ?
Alors, on comprend mieux pourquoi ils ne lisent pas la
suite, pourquoi ils s’arrêtent à Éphésiens 4 :12 et ne voient pas Éphésiens 4 :13
Car ce passage met une
limite, un point final à cette
mission divine.
Je reprends à partir du verset 11 :
« il
a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes …13 jusqu'à ce que nous
soyons tous parvenus à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu,
à l'état d'homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ, »
Avez-vous prêté attention au fait que ce corps spécial,
qu’est le ministère apostolique, prophétique, pastoral évangélique, a une fin ?
« Jusqu’à ce que nous soyons tous
parvenus… jusqu’à ce que»
Attention, c’est trop facile de faire croire à tous que
cette fin n’est pas sur cette terre. Et qu’il faudra attendre un passage au
ciel pour revêtir cette stature parfaite.
Excusez-moi cette image très peu flatteuse : C’est un
peu comme sur nos emballages, il y a une date limite de consommation.
Cette date de péremption, c’est lorsque les croyants sont
devenus des hommes faits, donc des hommes matures, qu’ils font unité (puisqu’ils
ont le même esprit qui les inspire), et qu’ils manifestent par leurs actes la
stature parfaite de Christ…alors, ces ministères n’ont plus raison d’être.
Ils deviennent inutiles.
Ce sont, par conséquent, des fonctions temporelles. Au
ciel, il n’y aura plus d’apôtre, plus de prophète, plus de pasteur…? Oui mais
pas seulement…Là, ici-bas, aussi (n’oublions pas cette prière « que ta volonté soit faite sur la terre comme
au ciel »).
Ce
qui veut dire clairement que ces ministères ne sont (surtout pas) un but à
atteindre pour le croyant. Ce n’est surtout pas une consécration.
Or, quel combat autour de nous ! Quelle compétition de
haute volée !
Tous ces croyants qui s’agitent pour que l’on reconnaisse
qu’ils sont pasteurs ou apôtres, prophètes ou docteurs ou évangélistes.
Certains portent déjà ce nom comme un titre de noblesse,
une couronne de gloire.
D’autres se battent pour savoir à qui appartient le rôle de
missionnaires qui s’apparente tellement à Paul (est-ce au prophète, à l’apôtre,
à l’évangéliste ?). Ils cherchent encore et toujours : une meilleure
couronne (celle qu’ils ont mise eux-mêmes sur leur tête).
Non ! Le véritable but à atteindre, l’apôtre Paul le
donne dans le verset que l’on vient de lire : C’est de parvenir à l’unité de la foi, être un disciple
accompli en ayant atteint la stature parfaite de Christ.
C’est cette stature qui vivra éternellement, pas les
ministères (voués dès leur conception à disparaître).
Cette stature n’est pas atteinte par les dons des ministres ;
mais par uniquement le don de l’amour qui est la seule voie par
excellence.
Le plus grand don est celui qui demeurera
éternellement : l’amour (1 Corinthiens 13) : c’est le
meilleur ministère !
D’ailleurs Paul le dit clairement « aspirer aux dons
les meilleurs…aspirez à l’amour ».
Donc, « les
ministères de la parole » (comme Calvin les nommaient) n’ont rien de glorieux en soi (là je
sens que j’en choque plus d’un). Oui je choque ceux qui convoitent (et le mot
n’est pas fort), mais ils convoitent une place d’honneur, une place meilleure
que les autres.
Lisons ce que dit Paul au verset 14 :
« 11 il a donné les uns comme apôtres, les autres
comme prophètes …afin que nous ne soyons plus des
enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des
hommes, par leur ruse dans les moyens de séduction ».
Voilà à quoi servent les ministres de l’Evangile : à
édifier des croyants immatures, qui sont comme des enfants instables, séduits
par des doctrines, trompés par ceux qu’ils aiment, manipulés par ceux qu’ils
réclament comme ayant autorité sur leur vie : des prophètes prédateurs.
Où se
trouve la gloire à édifier des enfants si rebelles ?
Paul ne s’en glorifie pas, bien au contraire.
Il use de patience, d’amour ; aucune parole blessante
ne sort de sa bouche.
Mais il juge spirituellement leur état, qui n’est pas
glorieux.
Paul a été souvent obligé de justifier sa fonction d’apôtre,
comme venant de l’Esprit seul, pour se faire respecter et éviter d’être encore
plus dénigré, son passé de persécuteur de disciples, le rattrapant sans cesse.
Ici, il se sent obliger d’employer des mots durs, afin de
secouer un peuple hostile :
A partir du verset 17, il montre comme ce nombre l’indique,
les malheurs, la ruine qui arrive sur ce peuple:
« Voici donc ce que je dis et ce que je déclare dans le Seigneur, c'est
que vous ne devez plus marcher comme les païens, qui marchent selon la vanité
de leurs pensées. 18 Ils ont l'intelligence obscurcie, ils sont
étrangers à la vie de Dieu, à cause de l'ignorance qui est en eux, à cause de
l'endurcissement de leur cœur. 19 Ayant perdu tout
sentiment, ils se sont livrés à la dissolution, pour commettre toute espèce
d'impureté jointe à la cupidité. ».
Voilà les gens d’Eglise décrits par
Paul :
Ils marchent comme les païens, ils
fonctionnent comme eux, ils sont orgueilleux, sans discernement, ils ne
connaissent pas Dieu, car ils ont le cœur dur, et ils commettent les pires
actes par amour de l’argent, parce qu’ils se soucient de leur richesses
intérieures, de leurs passions.
Ce sont les frères et sœurs d’Ephèse, mais
aussi ceux de notre époque, car l’histoire se répète.
Paul va même plus loin…il montre à qui il a à
faire : à des esprits diaboliques.
Lisons le verset 25 ( le nombre de
l’incrédulité et de l’aveuglement)
« C'est
pourquoi, renoncez au mensonge, et que chacun de vous parle selon la vérité à
son prochain; car nous sommes membres les uns des autres. Si vous vous mettez en colère, ne péchez
point; que le soleil ne se couche pas sur votre colère, et ne donnez pas accès au diable. ».
Les Éphésiens, comme les chrétiens ont
donné accès au diable et c’est pourquoi ils sont si ballottés, si inquiets, si
bourrés de questionnements, si colériques, si menteurs, si calomnieux, si méchants
et si attirés par les richesses de ce monde.
Paul n’en fait pas une petite exception ;
il en parle des versets 25 jusqu’à la fin du chapitre ; mais pas
seulement : tout le chapitre suivant aussi(Le chapitre 5 de la lettre aux Éphésiens).
Pourtant ne vous y fier pas, ce jugement est
loin d’être une condamnation, car les ministères de l’Eglise ont été justement
créés pour que la condamnation ne tombe pas sur un peuple ingrat et infidèle.
Sans ces ministres de l’Evangile, chacun
suivrait ses propres voies tortueuses et renieraient Christ, celui qu’ils ont tant
aimé au départ.
Donc
ces ministres ont une fonction salvatrice et pédagogique.
Ce sont des pédagogues, car ils professent la
loi.
« la loi a été comme un pédagogue pour nous conduire à Christ, afin que
nous fussions justifiés par la foi.» (Galates 3 :24).
Ces ministères ont pour vocation d’expliquer,
de montrer, ce qu’est la loi pour un chrétien aveuglé qui se croit sous la
grâce. Le but étant qu’il retrouve la vue pour marcher sur le bon chemin de
Christ (je vous le rappelle on le tire vers le haut avec force, on le fait
sortir des profondeurs de la terre).
Mais une fois le chemin de Christ
trouvé, » La foi
étant venue, nous ne sommes plus sous ce pédagogue. » nous dit Paul.
La liberté en Christ permet alors à chacun
d’exercer le seul rituel agréable à Dieu : se laisser enseigner et
conduire par l’Esprit du Père.
Le pédagogue terrestre doit donc disparaître.
Comment
sait-on que nous sommes passés de la mort à la vie, de la loi à la grâce, de
l’enfance à la stature parfaite de Christ ?
La question
est importante car nombreux sont ceux qui se croient déjà accomplis et autonomes
dans leur marche en Christ.
Qui peut
alors officialiser leur maturité ?
Eh bien,
ce sont justement ceux qui ont été oints comme apôtres et prophètes, ceux qui
ont réellement reçus ce don du Père. Eux seuls, savent si vous avez été
baptisés du Saint-Esprit.
Pourquoi
eux seuls ?
Car eux
ils le sont, sinon ils ne pourraient vous enseigner la vérité.
Ils
continueraient à vous perdre dans les mensonges.
Alors
attention, je le répète ne courrez pas après ces fonctions, après ce « service
divin de la parole », car il y a un prix fort à payer.
« Mes
frères, qu'il n'y ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se
mettent à enseigner, car vous savez que nous serons jugés plus sévèrement ».(Jacques 3 :1)
Il y a, là
aussi, « beaucoup d’appelés et peu d’élus ».
Comment
ça ?
C’est le
premier livre des Rois, le chapitre 13 qui nous montre bien le prix à payer en
cas d’infidélité.
Au temps
du roi d’Israël Jéroboam, « un homme
de Dieu se rendit de Juda à Bethel ».
Cet homme
reçu un message d’avertissement pour le roi, qui le prenant comme une menace
personnelle étendit la main et ordonna son arrestation. Jéroboam vit alors sa propre
main se paralyser et la prophétie se réaliser en voyant l’autel se fendre et la
graisse se répandre à terre.
Le roi demanda
alors à l’homme de Dieu d’invoquer l’Eternel, (ce qu’il fit) et sa main
redevint normale.
Aussitôt,
pris de remords, Jéroboam voulut récompenser l’homme de Dieu.
Mais ce
dernier refusa prétextant qu’il avait reçu un ordre de Dieu de ne rien recevoir
en retour, de personne, même la nourriture et l’eau.
Il
continua donc, son chemin et à Bethel, l’homme de Dieu rencontra un autre
homme, c’était un ancien prophète qui (ayant eu vent de son histoire) voulut
lui aussi le recevoir et compromettre sa consécration.
Il lui dit
un mensonge : qu’il avait reçu, d’un ange de Dieu, le fait de lui donner à
manger et de pourvoir à ses besoins.
Or, l’homme
de Dieu, malheureusement, accepta sa proposition.
Eh bien, sa
désobéissance lui coûta très chère :
Premièrement,
cela lui coûta la vie puisqu’il fut tué par un lion (et non dévoré, c’est
encore plus troublant ; et que son âne fut trouvé en vie à côté du lion,
encore une chose plus remarquable encore), mais ce n’est pas tout : elle
lui coûta aussi son héritage puisqu’il ne fut pas enterré dans la tombe de ses
ancêtres, comme Dieu l’avait prédit en cas de désobéissance.
Alors, combien
d’appelés, de pasteurs, de docteurs, d’apôtres, de prophètes, d’évangélistes
ont renié Christ en acceptant des fonctions, des cadeaux, des primes, des
offrandes qu’ils n’avaient ni à accepter, ni à prendre.
Cela
rejoint tellement mon premier message de l’année 2020, celui du 5 janvier
dernier sur : « le clientélisme » qui est entré dans
l’Eglise.
Celui qui
mange la graisse des offrandes s’exclue lui-même de l’assemblée de Christ.
Dans les
Eglises, ne voit-on pas l’autel brisé par cette graisse répandue au sol ?
Cette
graisse : c’est toute cette compromission des dirigeants et de leurs
disciples, elle se constate à vue de nez, elle est tellement évidente, pourquoi
la nier, alors que tout le monde l’a voit ?
Leur
récompense… sera la même que cet homme de Dieu du temps de Jéroboam.
Car cette
loi est valable pour tout homme de Dieu, appelé aux ministères de la parole.
Alors, je
sais qu’il n’y a rien de systématique et de définitif.
Certains
resteront sourds aux appels des apôtres, des prophètes, comme Jéroboam l’a été,
lui, qui a persévéré dans le mal, même après avoir été averti, malade puis
guéri miraculeusement.
Dans notre
siècle, notre génération, les choses seront pareilles;
On
n’échappe pas à son endurcissement, (ceux-là, les endurcis, en tous cas,
verront un miracle comme Jonas l’a vécu en revenant sur terre finir ce qu’ils
n’ont pu terminer) ;
Mais
d’autres reconnaîtront la voix du Père et se convertiront.
Ils
vivront, eux, un autre miracle : celui de recouvrir la vue comme Paul l’a vécu sur le
chemin de Damas.
Il y a
toujours eu deux destinés : la mort ou la vie ; et avec Christ
maintenant deux miracles : la première résurrection et la seconde mort (la
deuxième résurrection).
Prenons ce
que Dieu nous tend sachant que tout est éphémère sur terre ; mais que nos
renoncements témoignent réellement de la valeur de nos engagements.
Amen
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