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Par Eric Ruiz
Une question
sur les réseaux sociaux m’a interpellée la semaine passée :
Qui a été oint en premier du Saint-Esprit dans la Bible, après la chute d’Adam et Ève ?
Encore une
question qui parait simple et surtout qui ne va pas apporter grand-chose à
notre savoir. Juste un petit quizz biblique, comme on en trouve maintenant, un
jeu de questions réponses sur la culture religieuse. Mais détrompez-vous :
Et si c’était une question débouchant sur une révélation ?
Alors à cette question, des chrétiens répondent comme par évidence, en général : Jésus-Christ. C’est Jésus-Christ le premier qui a reçu le Saint-Esprit. D'autres moins nombreux choisissent Moïse.
Personne ne pense au deuxième enfant d'Adam et d'Ève: Abel, Hebel son étymologie hébraïque qui signifie pourtant " Souffle. Respiration". L’esprit c’est ruwach [roo-arr] en hébreu, pneuma en grec, le souffle, la respiration.
L'esprit Saint est un
souffle avant d'être une onction. Abel
montre par ses fruits quel souffle le touche, de quelle nature il est. Il avait
un cœur contrit et repentant. Ses offrandes plaisaient à Dieu parce qu’elles
lui coutaient vraiment. « Il offrit les
premiers-nés de son bétail », « et
de leur graisse » (Genèse 4 :4).
Là le rédacteur insiste sur une offrande
supérieure, faite à partir de morceaux de choix, sans doute un
sacrifice de quelques jeunes agneaux sans défauts pris parmi les meilleurs.
Cela devait lui coûter beaucoup à Abel, parce qu'un berger s'attache à ses
bêtes.
Mais son choix était sans compromis,
puisque son cœur débordait d’amour et de reconnaissance pour Dieu.
L'inspiration qu'Abel manifestait montre qu'il avait reçu de la sagesse pour
plaire à Dieu.
Avez-vous remarqué qu’Abel a été le premier être humain à verser son sang. Il est mort comme
Christ dans l'injustice. Il a été méprisé par son frère Caïn, qui
avait le même esprit que Judas Iscariote (égocentrique, jaloux, mégalomane).
Tout coïncide, dans le récit biblique de la Genèse pour confirmer ce qui est
écrit dans l’épitre aux Hébreux 11:4 :
« C’est
par la foi qu'Abel offrit à Dieu un sacrifice plus excellent que celui de Caïn
; c'est par elle (la foi) qu'il fut déclaré juste, Dieu approuvant ses offrandes; et c'est par elle
(la foi) qu'il parle encore quoique que mort ».
Par trois fois le mot « foi »
est annoncé, comme pour montrer un témoignage complet. La foi d’Abel est parfaite, accomplie.
Alors, de cette manière, la voix d’Abel nous parle toujours aujourd’hui. Sa foi
nous enseigne encore.
D'une manière générale, Dieu répète
les situations pour que nous comprenions déjà qu'en face du mal, en face de Caïn, de Balaam,
de Coré, de Jézabel, de Judas, il y a toujours eu un homme oint de Dieu.
Parce que Dieu souhaite montrer aussi l'attitude de l'homme de Dieu face au mal.
Ce vis-à-vis sanctifié, c’est un homme de foi, un être juste parce qu’il agit
en donnant sa vie pour la justice.
Moi, je crois qu'Abel était rempli de l'Esprit saint dès le sein de sa mère, de
la même façon que Jean-Baptiste l’était. Et qu'il avait déjà l'esprit d’Elie (je le rappelle ce même esprit qui est en
Jésus-Christ), la même mission qu’Elie.
Abel avait pour mission de ramener le cœur de son frère Caïn vers son Père céleste ; Ramener son frère rebelle à la sagesse des justes. Qu’il ait un cœur bien disposé. (Luc 1:15-17). C’est la fonction de Jean-Baptiste.
Eh bien à l'évidence quel échec ! Abel aurait échoué dans sa fonction, puisque
Caïn n’a tenu compte de rien. Il a persévéré dans ses mauvaises voies et il a même
tué son frère cadet.
Où se trouve la victoire de l’esprit
prophétique ?
Si l'on pense ainsi, on pense alors que Jésus, lui aussi a échoué dans une
partie de sa mission. Il n’a pu ramener tous ces scribes et ces pharisiens à la
raison de la foi. On pense qu’Elie n’a pas pu ramener Achab dans la voie juste
et droite.
Or, on oublie que la mission des prophètes est d’annoncer aussi des jours de malheurs pour celles et ceux qui aiment le mal. Il n’y a pas de hasard, Dieu envoie ses prophètes, ses oints, là où le mal règne au plus haut.
Le prophète croise fatalement la route de l’impie.
En ce sens la destinée de Caïn et d’Abel était liée. En agissant bien envers l’autre, les jours se succédaient pour Abel, en étant heureux ; alors que pour Caïn puisqu’il agissait mal, le soleil perdait de sa clarté et le malheur s’attachait à sa vie. Pourtant, Abel n’a pas survécu, alors peut-on parler de bonheur ?
On pourrait se
dire que pour Abel le malheur est tombé sur lui à cause du crime de son frère.
Mais jusqu’au jour de sa mort, Abel se réjouissait parce qu’il se savait aimer
de Dieu. Il savait qu’il pratiquait la justice. Abel montrait à Caïn les
visages de l’amour et de la justice. Caïn, quant à lui en regardant son frère,
se voyait dans un miroir, il ne voyait que ce qu’il n’était pas. Et cela
l’irritait au plus haut point.
De plus, voir le martyr d’Abel comme un malheur, c’est oublier que la mission d’un prophète s’accompagne d’un état : celui d'être heureux lorsqu'il est persécuté pour la justice.
« Heureux serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu'on vous chassera, vous outragera, et qu'on rejettera votre nom comme infâme, à cause du Fils de l'homme! Réjouissez-vous en ce jour-là et tressaillez d'allégresse, parce que votre récompense sera grande dans le ciel; car c'est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes.».
Caïn,
en s’attaquant à Abel s’en prenait plus qu’à son frère. Il s’en prenait à un
prophète.
Oui,
il faut s’enlever de la tête tout ce qu’on a appris au sujet des prophètes. On
nous a montré des ministères qui ressemblent plus à des diseurs de bonne
aventure, à des guérisseurs, ou à de grands orateurs grecs qu’à des véritables
oints.
Un
prophète rétablit ce qui a été piétiné et sali. Il met la justice là où règne
l’injustice.
La mission
d’Abel n'était pas de convertir Caïn mais de lui montrer par son exemple qu'il
aurait dû agir autrement.
« Suis-je le gardien de mon frère ? » verset 9 ; À travers ce verset : C’est Caïn qui répond à Dieu, alors que le sang de son frère assassiné crie contre lui. Caïn, qui a compris, mais qui en désobéissant à Dieu n’a pas accepté cette mission qui était bien celle d’Abel et qui aurait dû être la sienne aussi. Caïn s’aime plus que Dieu, plus que son frère, plus que tout. En se manifestant ainsi, il montre que satan est son père.
Par contre Abel, le frère cadet, bien que plus petit par l’âge, se sentait le gardien de son frère ainé, comment ? Par sa foi ; Et comment le sait-on ? Par une simple déduction.
Tout simplement parce qu’un oint reçoit dans le cœur le désir de
veiller sur ceux de son entourage. Un frère prend soin de son autre frère. Il
devient son pasteur. Il l’exhorte à faire le bien, il le reprend en douceur. Il
l’avertit des malheurs s’il se lie au mal.
Abel était intègre, il n’était pas divisé. Sa parole ne
contredisait pas ses actes. Il manifestait la même intention pastorale pour
Caïn que pour ses brebis.
1 Timothée 5 : 7-8 : « Déclare-leur ces choses, afin qu'elles soient
irréprochables (Paul parlait des veuves). 8Si quelqu'un n'a pas soin des siens, et principalement de
ceux de sa famille, il a renié la foi, et il est pire qu'un infidèle. ».
Cette mission d’aider ses proches, ceux de sa famille tenait particulièrement à cœur à Abel. Sa foi le conduisait naturellement à prendre
soin des siens.
Mais que pouvait-il faire face à cette jalousie maladive et sans
limite de Caïn ?
Pouvait-il le convaincre d’arrêter de proférer la violence et la révolte ; l’empêcher de concevoir et de méditer dans le
cœur des paroles de mensonge ?
Rien de tout cela. Au mieux Abel pouvait juste lui manifester de
l’attention et de l’amour. Caïn l’a rejetté simplement parce qu’un être animé
du mal ne supporte pas la véritable sainteté. Elle ne fait que de lui renvoyer
son image négative, mauvaise, impure. C’est pourquoi le texte de la Genèse nous
dit que « le visage de Caïn fut abattu ».
Le malheur à partir de ce moment-là ne le quitta plus. Malgré les remarques que Dieu lui fit sur le
fait que son péché soit couché à sa porte, il ne put dominer sur ses désirs et
décider de prendre des sentiers droits.
Alors, le jugement est tombé et ce jugement commence là où des
frères demeurent ensemble. Si leur
communion n’est pas douce et agréable, c’est que l’esprit a soufflé, mais
l’onction a été retenue parce que pécher est naturel. C’est que les pieds
courent au mal sans connaitre la paix.
Abel a été enlevé des vivants,
pour que Caïn (c’est dur à dire mais c’est la vérité) puisse purger sa peine.
« Caïn dit à
l'Eternel: Mon châtiment est trop grand pour être supporté. » (Verset 13)
La disparition de son frère cadet allait être sans qu’il le sache,
un terrible fardeau pour lui. Dieu a
jugé qu’il n’était plus nécessaire
qu’Abel reste en vie.
Abel avait une mission précise. Certes il n’est pas le fils de
Dieu, celui qui devait ôter le péché du monde. N’empêche qu’Abel devait ôter néanmoins le péché de son frère. Et sa mission s’arrêta au
verset 8 du quatrième chapitre de la Genèse.
Au verset 8, nous lisons que « Caïn parla avec son frère Abel ».
Caïn fait la démarche d’aller vers Abel, sans doute pour essayer d’apaiser
sa colère contre lui. Caïn fait tous les efforts qu’il peut pour avoir une
attitude de repenti. Mais il est à nouveau confronté à son image impure. Sa
colère ne fait que de s’attiser et les circonstances favorables (en se
retrouvant seul avec son frère dans les champs) l’amèneront au crime. En
éliminant Abel, il croira inconsciemment chasser définitivement cette image trop
pure de son frère.
Mais, c’est l’inverse qui se produira, Abel continuera à vivre dans son esprit. Caïn recevra les effets de
son crime. Il sera fugitif et vagabond sur la terre et tout ce qu’il voudra
faire pousser ne portera pas de fruit.
Qui dira la vérité ? Que
la mission d’Abel a servi à montrer les conséquences du mal (causées par l’endurcicement,
l’opiniâtreté, l’oppression sur l’autre) ?
Qui dira que la mission d’Abel nous sert à comprendre l’évolution du
mal chez son frère ? Mais aussi à savoir pourquoi Caïn doit rester en vie
malgré son crime, et pourquoi une marque divine le protège de la mort ?
Ce n’est pas un privilège qu’il reçoit, mais bien une dure pénitence,
une très longue peine expiatoire imposée.
À chaque échec, qu’il vivra, Caïn
repensera à son frère.
La comparaison avec Abel ne cessera jamais. Abel sera pour lui une
éternelle image mentale qui le hantera jusqu’à la fin de ses jours. Abel sera un feu éternel, la marque de son
enfer sur terre.
Abel sera pour lui l’image du
Saint-Esprit qu’il a bannit de sa vie.
Pourquoi le texte biblique insiste davantage sur la vie misérable
de Caïn plutôt que sur la consécration d’Abel ?
Tout simplement parce nombreux seront ceux qui suivront la voie de
Caïn.
L’épitre aux Hébreux, la première épitre de Jean et l’épitre de
Jude, nous enseignent à nouveau à partir de Caïn.
Dieu reprend les impies de trois manières : par son esprit,
par ses prophètes, par ses écrits saints. Il ne les extermine pas
définitivement, il crée les dures conditions d’expiation et de rachat.
Alors oui, Abel qui est un exemple de foi et d’amour n’a pas un
rôle aussi excellent que Jésus-Christ, c’est vrai. Mais sa mission continue
toujours d’être d’actualité. Abel restera vivant dans tous les siècles aussi
longtemps qu’il y aura des frères comme Caïn qui suivront leurs mauvaises
œuvres.
Si bien qu’aujourd’hui soyez convaincu qu’il y a encore beaucoup
de Caïn sur terre car le mal sévit et se déchaîne partout; Et par
conséquent, s’il y a beaucoup de Caïn, il doit y avoir nécessairement des Abel
en vis-à-vis.
Esaïe chapitre 59 insiste sur
le but de Dieu : ceux qui ne craignent pas Dieu le craindront
forcément un jour ou l’autre ;
« 18 Il rendra à chacun
selon ses œuvres, La fureur à ses adversaires, La pareille à ses ennemis; Il
rendra la pareille aux îles.
19On craindra le nom
de l'Eternel depuis l'occident, Et sa gloire depuis le soleil levant; Quand
l'ennemi viendra comme un fleuve, L'esprit de l'Eternel le mettra en fuite. ».
Alors
mes frères et sœurs, notre rôle, si nous sommes animés du Saint-Esprit, n’est
pas de s’acharner contre nos frères et sœurs rebelles ; Notre fonction ne
se résume pas à ramener celles et ceux de nos familles dans le droit chemin en
ne cessant de leur prêcher l’Évangile ; Mais c’est l’amour et la justice
que nous manifestons envers eux qui auront un effet à très long terme.
Nous
serons sans doute considérés comme des démons, des diables par eux. Mais un jour,
leurs yeux s’ouvriront lassés, éreintés meurtris, d’avoir fait le mal et d’en
récolter de perpétuels tourments.
Alors
en ce jour, ils reconnaitront cet Abel que nous avons été pour eux… Et ils
reviendront vers celui qu’ils ont trahi : Jésus-Christ.
Amen
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