dimanche 29 décembre 2019

COMPLOTEURS ET COMPLOTISTES : QUELLES DIFFÉRENCES ?

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Par Eric Ruiz

Je remarque que beaucoup mélangent les mots et cela fini par brouiller alors leur conviction.
Il faut différencier le complot du complotisme.
Comme le fait d’arrêter de croire au complotisme, ce n’est pas la même chose que d’arrêter de croire au complot ; car les complots, eux, ont toujours existé.

David demandait à Dieu : (Psaumes 64 :2) « Mets-moi à l’abri des complots des méchants, de la troupe bruyante des hommes iniques! ».

Nos manuels scolaires d’histoire, c’est vrai nous montre des complots à répétition. Ceux qui ont réussis comme ceux qui ont été déjoués. Combien de rois et d’hommes importants qui ont été assassinés ou qui ont échappé à un complot qui aurait pu leur être fatal !

Ceux qui ont les mêmes intérêts pour voir tomber quelqu’un se lie ensemble pour lui créer une embuscade, un piège. Mais leur stratagème finit toujours par être démasqué, tôt ou tard.

De nos jours, les complots qui sautent aux yeux sont différents : La guerre commerciale au quelle se livre les grands lobbys de ce monde, est façonnée par des complots pour obtenir la place de leader sur le marché. La jalousie et l’ambition démesurées sont le moteur principal de leur stratégie d’élimination.

Le meilleur exemple Biblique, quant à lui,  je crois, se situe dès la Genèse avec Joseph, fils de Jacob et ses neuf frères.
Ses frères, jaloux de lui, et ambitieux avaient comploté de le tuer. Au lieu de mourir, il a fini en fin de compte : abandonné dans une citerne du désert et vendu comme esclave à des marchands Madianites qui passaient par là.
Ce complot a longtemps été tenu secret, Israël croyait Joseph mort, puis le crime a fini par être démasqué, par Joseph lui-même, plus de vingt ans après.

D’autres complots ont mis des siècles à être dévoilés.
Mais, comme le dit l’Ecclésiaste à la fin de son livre : « Dieu amènera toute œuvre en jugement (en lumière), au sujet de tout ce qui est caché, soit bien, soit mal ».
Souvent notre Dieu permet au mensonge de prendre l’ascenseur, alors que la vérité prend son temps pour arriver, en prenant marche par marche, l’escalier (sans oublier aussi que la vérité s’arrête parfois à chaque palier).
Pourquoi ?
Parce le mensonge sert la cause de tellement de personnes et de tellement d’intérêts différents.
Mais la vérité, elle, finit toujours par triompher, car les projets iniques se forment avec des gens qui n’ont aucun sens moral et qui à un moment donné trahiront leur pacte pour quelques pièces de monnaies.
Ils échafaudent une statue au pied de fer et d’argile qui finira toujours par s’effondrer, car les alliances humaines sont vouées à l’échec.

La vérité arrive aussi avec la science et la technologie qui s’y mettent ; il aura fallu attendre le début du XXème siècle pour voir apparaître l’empreinte digitale, puis c’est au carbone 14 ou l’ADN qui ont déjà permis de résoudre bien des énigmes.

Et il y a aussi, et il ne faut pas les oublier : les « rats de bibliothèque » qui cherchent la vérité en fouinant dans les archives et les écrits du passé.

Jacques Génicot pour ne pas le nommer, (qui n’est pas un historien, mais un passionné d’histoire) a écrit sous forme de roman une version du complot auquel Jeanne d’Arc aurait été victime. C’est une version très novatrice et très intéressante.
Jacques Génicot met simplement en coïncidence des faits historiques connus (et qu’il cite en référence), pour montrer comment une France sans roi, sans défenseurs de la nation devenait de plus en plus colonisée est lâche devant l’envahisseur étranger (puisque la France était presque coupée en deux, avec en plus le duché de Bourgogne allié aux anglais).

Jeanne d’Arc (sa virginité, ses voix, sa piété, son appel) fut alors instrumentalisée, manipulée par son entourage et par des proches du dauphin Charles VII, pour redonner ce roi légitime à la France, et pour remotiver, troupes, peuple et notables, et faire reculer les anglais.

Mais le complot qui avait (en fin de compte au départ une figure légitime et honorable) vira au cauchemar pour la pucelle d’Orléans, mais aussi pour tout un pays qui montrait sa fierté, son identité et son indépendance par ses contés, par ses villages même…Que signifient alors dans le concret ses magnifiques bannières et ses armoiries uniques dans leur genre ? Où est passé cet esprit chauvin, bien français ?

Alors quelle chute ! Puisque le deuxième complot se retourna contre Jeanne d’Arc.
Quand le naturel qui sert les mauvais intérêts revient au galop… Quand le roi de France négocie face à la résistance anglaise… Quand les élites religieuses d’un seul coup changent de discours… Tous ceux qui avaient montré de la solidarité tournèrent leur cape pour montrer leur vrai nature faite de mensonges, de lâcheté et de compromis iniques (pour plus de détails, je vous renvoie donc à cette ouvrage excellent : « Jeanne d’Arc la théorie du complot »).

Alors, maintenant le complotisme, qu’est-ce que c’est ?...

Le complotisme, lui, c’est un comportement différent, c’est un comportement systématique dans le fait de s'opposer à la version officielle, ou la plus reconnue d'un fait, en croyant qu'il y a toujours un complot derrière et qu'on veut nous cacher la vérité, et que la vérité sert des causes secrètes voire diaboliques.
Le complotiste croit que tout est mensonge et que la conspiration est la règle dominante.
(Une certaine vision paranoïaque des choses !)
N’oublions pas le sens de la conspiration. « Tout ce qui arrive a été voulu par ceux à qui cela profite ».

Le complotiste voit des profiteurs partout, qui se rassemblent pour s’accaparer encore plus de gloire de richesse et de pouvoir.
Et tout ce qu’il voit coïncider fait office de preuve, même l’absence de preuve devient une preuve que le complot existe bien.
Sauf que : le complotiste est dans l’inquiétude ou alors, dans l’action brandissant sa magnifique bannière de la justice. Il a peur ou il combat, ou encore, il fait les deux : il combat la peur au ventre.

Pourtant : « L’Éternel renverse les desseins des nations, Il anéantit les projets des peuples; » (Psaumes 33 :10)
C’est Dieu lui-même qui détruit les projets iniques et démoniaques ;
Alors, pourquoi vouloir prendre sa place en prenant l’épée de la justice ; Pourquoi chercher à récupérer une lumière qui nous fait voir en fait… nos ténèbres ?
Et j’irai même plus loin …ce combat fait changer la lumière en ténèbres, le vrai en faux, la victime en coupable.

Prenons encore un exemple dans l’histoire de France : Henri IV a été assassiné par Ravaillac, un catholique jésuite fanatique.
La théorie du complot jésuite était facile a annoncée ; et de nos jours, c’est un peu facile de salir cette congrégation sans preuve.
Or, le procès de Ravaillac avait prouvé qu’il n’avait reçu ordre de personne ; de plus les jésuites après avoir été expulsés et après avoir connu soixante années de lutte avec le pouvoir, venaient officiellement et légalement d’être reconnu par Henri IV, qui s’était reconverti au catholicisme.
Les jésuites étaient enfin vainqueurs avec lui…
Les jésuites soi-disant coupables faisaient plutôt office de victime après l’assassinat du roi de France.
Le complotisme remet en cause la logique, comme le bon sens.

Un complotiste, par exemple, remettrait en cause la bonne foi et le bon sens de Joseph. Il verrait alors Joseph, non comme une victime, mais comme un profiteur.
Eh oui, Joseph a prophétisé, par ses visions, sa propre gloire, sa propre réussite sociale.
Une fois en Egypte, il a su séduire Pharaon en lui interprétant ses songes, pour devenir son bras droit ; il n’a fait qu’atteindre ses buts.
C’est lui le vrai manipulateur. C’est une victime trop sympathique pour être innocente.
La preuve : il met sa coupe d’argent dans le sac de son frère pour qu’on l’accuse de vol et à la fin il garde en otage Benjamin et met toute sa famille sous son contrôle qui ne peut survivre que par son bon vouloir.

Ce qui est grave, c’est que : celui qui est dans cet aveuglement-là est conduit alors à voir les bourreaux comme des victimes.
Il est persuadé que les frères de Joseph sont les vraies victimes de l’affaire.
Il ne voit pas que Joseph ne se venge pas, qu’il ne manipule personne, mais qu’au contraire, qu’il leur donne à tous, l’occasion de se repentir.
Dans le livre de la Genèse, l’histoire de Joseph ne fait aucun doute sur son statut de victime, mais imaginez que l’histoire ne nous soit parvenue que par Jésus, qui l’aurait raconté en paraboles, en terminant par une question : Qui a comploté, Joseph ou ses frères?
Eh bien, ne croyez-vous pas que certains (pour ne pas dire beaucoup) l’auraient analysé comme le complot de Joseph ?
Je sais, cette éventualité ferait sauter au plafond tout chrétien qui ne pense pas comme cela bien-sûr, pourtant…

Combien de croyants disent la même chose… lorsque nous affirmons que Dieu nous utilise. Lorsque nous prions même dans ce sens : En priant de cette manière : « Jésus je te prie : que je sois malléable dans tes mains et que tu m’utilises pour ta plus grande gloire ! »
N’agit-on pas là comme des complotistes. C’est sans doute choquant, je vous l’accorde, mais nous voyons Dieu, alors, comme le verrait un conspirationniste.
Eh oui, Dieu profiterait-il de ce qui nous arrive de bien ?!! Il profiterait alors de notre faiblesse, pour nous donner sa force ! Souhaite-t-il un peuple de sacrificateurs le craignant au plus haut point?

Ce qui signifierait qu’au moment où nous faisons sa volonté, alors nous devenons de véritables marionnettes prêtes à obéir aveuglément et à être dociles dans ses mains, comme  téléguidés par lui.

Mais, c’est oublié une chose essentielle : que Dieu n’est pas un profiteur, et au contraire, qu’il n’a que de bonnes intentions.

C’est lui qui s’est laissé profiter et  abuser de nous ; il s’est laissé mépriser et abandonner des hommes, maltraiter, humilier, opprimer, nous l’avons traité comme un malfaiteur, il s’est livré lui-même à la mort pour nous (Esaïe 53).

Si son intention était de nous manipuler (nous mettre dans sa main), pourquoi se serait-il abaisser plus bas que terre ? Pourquoi aurait-il souffert, lui, à ce point, par son fils, sa propre incarnation ?
Cette prière est un non-sens.
Le but divin est que son esprit se marie au nôtre, pour ne former qu’un, mais en aucun cas il viendrait violer notre temple intérieur, notre libre arbitre, en nous obligeant à le suivre.
Non, notre prière devrait être plutôt : «Père que je ne te considère pas comme un objet à mon service, en te priant de faire ma volonté, mais la tienne, Seigneur, Ta volonté !».

Alors, pourquoi priez Dieu pour la guérison d’un malade, en se disant que c’est déjà fait ? Et quant au final le malade reste toujours dans le même état ; pour enfin dire : c’est la volonté de Dieu !
Ah, alors, c’est la volonté de Dieu qu’il soit guérit et c’est la volonté de Dieu qu’il ne le soit pas ?!!!

C’est laisser croire en fin de compte, que Dieu a d’autres intentions, et qu’elles sont cachées.
L’idée complotiste naît (ne l’oublions pas) du fait de la croyance en ce que la vérité est toujours cachée, dans le but de masquer des intentions…mais des intentions mauvaises.
Dans un siècle ténébreux comme le nôtre, où le péché abonde, et où les croyants cachent leur réelles intentions ; le complotiste a encore de longues heures de gloire devant lui.

Mais, alors…ceux qui ne croient pas dans les méga-complots soi-disant sataniques sont-ils délivrés, eux, de leurs péchés ?

Je ne crois pas que les choses soient si simples.
Il y a des croyants, par exemple, qui ne croient pas dans les dogmes véhiculés par la bien-pensante religion, parce qu’ils pensent que la vérité est toujours cachée et que la théologie nous ment sans cesse.
Sont-ils délivrés de leurs péchés pour autant ?
Non ! Parce qu’ils sont pleins de jugement sur les autres.
Le complotisme cache en fait un autre trouble : «  suspecter toujours le mal » ; Il va jusqu’à suspecter même le bien, l’amour, comme cachant le mal.

En fait, comme on ne s’est pas totalement délivré du mal en soi, alors on le voit à répétition chez les autres.

Dans mon dernier message sur le complotisme, je parlais de convoitise et de jalousie. Ces deux tentations nous amènent toujours à voir dans la réussite de l’autre, des causes suspectes, un début de complot.

Voir le mal ; être jaloux : ces sentiments grandissent et finissent par nous brûler (dans tous les sens du terme, consumer physiquement et spirituellement).

Dès que l’on voit l’autre recevoir les honneurs ou la richesse, ou encore la reconnaissance, on a une fâcheuse tendance à le soupçonner de tricherie, de dopage, et même : qu’il ait comploté avec d’autres, sa propre réussite, comme aussi notre propre échec.

Combien de sportifs disent avoir été dopés à leur insu ; qu’ils auraient été trompé par d’autres (qui auraient comploté en versant dans leur boisson une substance illicite, par exemple).
Combien de politiques pris la main dans le sac à détourner de l’argent et des fonds publics, renvoient leurs délits sur les autres qui auraient complotés leur mort financière et politique.

La convoitise, est très accusatrice:
Elle renvoie d’un côté comme de l’autre la faute sur une tierce personne ou une organisation.
Et comme je le disais aussi ce jugement nous renvoie à notre propre jugement.

Alors, savoir qui est le plus enterré dans le mal ? Qui est l’homme pervers qui médite le mal en tout temps : est-ce le comploteur plus que le complotiste ?
Eh bien, dépenser son énergie pour trouver une réponse, c’est une recherche inutile.

Car les deux sont égarés et malfaisants. Le complotiste comme le comploteur est dans le monde, mais aussi de la même façon, dans l’Eglise hier comme aujourd’hui.
Il ne s’agit pas de le trouver pour l’exterminer, ou pour le fuir, il s’agit plutôt de voir si ce caractère n’est pas le nôtre.

Le prophète Jérémie disait dans le livre des Lamentations : que le peuple réfléchisse à ses voies (à ses choix), ensuite qu’il les examine (analyse) et qu’il retourne à Dieu, et enfin, pour finir : qu’il élève ensuite son cœur et ses mains vers le ciel.

Mais alors, réfléchir à quoi ? Et analysez quelles choses ?
Réponse :
A ce que dit Proverbes 6 :16 à 19
« ll y a six choses que hait l’Éternel, Et même sept qu'il a en horreur;
Les yeux hautains, la langue menteuse, Les mains qui répandent le sang innocent,
Le cœur qui médite des projets iniques, Les pieds qui se hâtent de courir au mal,
19 Le faux témoin qui dit des mensonges, Et celui qui excite des querelles entre frères
 ».

Vous voyez ces versets 16 et 19 :
16, rassemble un peuple sanctifié et 19, renvoie au lieu où se juge la loi de Christ.

Alors ne complotez pas dans le secret, réfléchissez, analysez et ne commettez pas le mal ! Vos cœurs et vos mains s’élèveront alors vers le ciel, car votre louange sera alors véritable.
Amen

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