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Par Eric
Ruiz
NUIRE A SON PROCHAIN
Commençons par le projet planétaire du nouvel ordre mondial. Tout projet d’un nouvel ordre mondial qui apporterait bonheur et prospérité est une gageure.
Ce mot « gageure » est sorti de ma bouche ce matin du 12 novembre et je ne savais plus ce qu’il signifiait exactement. Une gageure, c’est un défi impossible à relever, un défi insensé même. Pourquoi le défi de ce monde nouveau est-il voué à l’échec? Parce qu’il prétend instaurer le progrès tout en portant en lui la volonté de nuire. Il transporte la maladie, la souffrance et la mort. Or, tout projet qui vise à nuire à son prochain est par nature anti-Christ. Il n’y a pas besoin de chercher des versets pour s’en convaincre… Nuire à son prochain s’oppose au premier commandement de Dieu qui consiste à aimer son prochain comme soi-même.
L’être humain, souvent, se focalise sur ce qu’il croit être le mieux pour lui en s’acapant la lumière, la richesse et les honneurs. Et c’est ainsi qu’il oublie son prochain. Sa vision se fige. Elle se réduit, parce qu’il ne regarde que ce qu’il considère avec attention et qu’il méprise ce qu’il trouve moins attrayant, et qui a moins de valeur. Au début, c’est un simple désintérêt mais la pensée diabolique l’amènera à haïr et à exterminer qui lui fait obstacle.
Dans la
Bible, c’est un disciple de Jésus qui s’est retrouvé dans cette situation. C’est
un ange qui est venu réveiller Simon Pierre parce qu’il considérait toute
personne non juive comme dénuée d’intérêt et impropre au salut de Dieu. L’ange
lui montra son erreur par une vision, et ce qu’il devait voir avec les yeux de
Dieu. Une voix lui dit par 3 fois: « Ce que Dieu a déclaré pur, ne le considère pas comme
impur. » ; La
vision lui montrait qu’il n’y a rien d’impur dans ce que Dieu a créé.
Corneille,
par conséquent ce romain païen méritait comme le juif, son salut. Ah certes, il ne s’affichait pas comme les
pharisiens, mais il priait
régulièrement et faisait des dons aux pauvres. Alors Simon Pierre lorsqu’il se
retrouva devant Corneille et ceux qui l’entouraient eut cette réplique : « Vous savez, leur dit-il, qu'il est défendu à un Juif de se
lier avec un étranger ou d'entrer chez lui; mais Dieu m'a appris à ne regarder
aucun homme comme souillé et impur. »
Si aujourd’hui cette histoire nous a été rapportée dans les Ecritures, c’est que son importance est capitale. Le Saint-Esprit n’a qu’une intention, c’est de nous faire voir le monde avec les yeux de Dieu.
ALORS QUI EST MON PROCHAIN. Qui dois-je aimer ?
Pour
répondre, Jésus raconte l’histoire d’un homme agressé par des brigands, laissé
à moitié mort sur la route. Un prêtre et un lévite passent sans l’aider. Mais
un Samaritain, un étranger méprisé par les Juifs à l’époque s’arrête, soigne
ses blessures et prend soin de lui.
À la fin,
Jésus demande : « Lequel de ces trois te semble
avoir été le prochain de l’homme tombé aux mains des brigands ? » Le
docteur de la loi répond : « Celui qui a exercé
la miséricorde envers lui. » Et Jésus conclut : « Va, et toi fais de même. »
Quel est
le sens de cette parabole sur le prochain?
Ton
« prochain », ce n’est pas seulement ton voisin, ton ami ou quelqu’un qui partage
ta foi. C’est toute
personne que tu rencontres, parce que c’est Dieu qui te la mise
sur ton chemin ; et cette personne et d’autant plus ton prochain qu’elle
se trouve dans le besoin, même si elle est différente de toi, étrangère ou
considérée comme un ennemi.
Ce commandement
invite à une compassion irraisonnée et sans frontières. Il nous pousse à dépasser
les barrières sociales, culturelles ou religieuses pour reconnaître l’étincelle
divine en chaque personne. En résumé : laisse Dieu aimer à travers toi !
Ne te
limite pas à ceux que tu crois connaitre. Ne limite pas ta vision. Dieu voit ce
que tu ne peux voir. Il pèse ce que tu ne peux mettre dans la balance : l’âme,
il perce les cœurs. Il connait les besoins cachés.
Le
prochain n’est pas un “proche”.
Le prochain n’est pas celui qui me ressemble.
Le prochain n’est pas celui que j’aurais choisi. Le prochain est celui qui se présente à
moi, vulnérable, sur le chemin de ma liberté en Christ.
*A PROPOS DES RELATIONS IMPROBABLES
Or, le
problème avec notre prochain, c’est qu’il attire le jugement des autres. Il y a
toujours des proches qui vous dirons que votre fréquentation est mauvaise et
que vous devez rompre avec celle ou celui qui est jugé comme illégitime. La
Bible ne va pas toujours dans le sens du raisonnable. Et elle ne veut pas que
nous nous regardions comme sage à nos yeux.
Elle n’est pas donneuse de leçons non plus, mais elle nous montre ce qui est juste et injuste.
David
s’est attaché à Jonathan, fils du roi d’Israël Saül. Cet attachement était-il
raisonnable vu que Saül était devenu l’ennemi de David après sa victoire sur le
géant philistin Goliath ? Et que Jonathan était voué à succéder à son père
sur le trône ? En toute logique, et afin de ne pas s’exposer au mal, David
aurait dû sacrifier son amitié avec Jonathan. Mais le récit biblique nous
montre que David eut raison de faire confiance à Jonathan. Parce que le fils du
roi d’Israël était droit et intègre. Il prévenait son ami des stratagèmes et des
plans criminels de son père. Malgré les dangers, leur relation est un exemple
de l’amour désintéressé
et de la fidélité. Elle montre que les liens du cœur, quand ils
sont justes et guidés par Dieu, peuvent résister aux pressions de tout genre.
Fréquenter quelqu’un juste et fidèle, même si son entourage est hostile, peut
être une voie de bénédiction. A ce titre les voies de Dieu sont impénétrables
et surprenantes à bien des égards.
Alors,
lorsque nous rencontrons une relation que nous ne comprenons pas ; où les
tenants et aboutissants nous échappent ; Que nous ne voyons pas ce qui est
juste à faire, que rien ne nous saute aux yeux. Nous devons agir avec prudence
et sagesse. Ne pas faire comme le religieux qui cherche une loi pour juger de
la situation. Juger avec précipitation est contre productif. « Celui qui agit avec précipitation n’arrive qu’à la
disette « (Proverbes 21 :5). Nous devons attendre et voir
ce qui va se passer et plutôt nous poser la question : « Et si Dieu avait déclaré pure cette
relation ?»
Dans le cas
de Corneille et de Simon Pierre ou de Jonathan et de David, ce n’est pas la
doctrine qui a dicté sa loi. C’est un ange de Dieu qui a inspiré la relation de
David et Jonathan. Dès leur première rencontre, « l’âme
de Jonathan fut attachée à celle de David, et Jonathan l’aima comme son âme »
(1 Samuel 18:1) ; et c’est un ange de Dieu qui a prévenu Corneille. L’ange
lui dit : « Tes prières et tes aumônes sont montées
devant Dieu et il s’en est souvenu. Envoie maintenant des hommes à Joppé
chercher un certain Simon, surnommé Pierre. » (Actes
10 :4).
Ces deux exemples ont 3 points communs :
1°) La
relation entre deux personnes est décidée bien avant par Dieu.
2°) Ensuite,
c’est un ange de Dieu qui attire les deux personnes, l’une vers l’autre.
3°) Et
cette relation a pour but aussi d’enseigner la sagesse et la fidélité à tous, à
ceux présents et aux futurs croyants des siècles à venir.
QUAND LA TRAHISON DEVIENT
MISSION : Le mystère des relations toxiques.
Maintenant,
je sais que certains croyants en veulent à Dieu d’avoir mis sur leur chemin une
relation impure, une relation toxique. Ils ne disent pas que c’est Dieu, le
fautif, de peur de blasphémer. Ils préfèrent dire alors que c’est le diable qui
en a été l’instigateur. Parce qu’en plus, ils se sentent trompés par le fait
qu’ils n’ont pas été prévenus par un ange de ce qui allait leur arriver ;
ou alors qu’ils n’ont pas vu que les conseils d’une personne étaient en fait
ceux d’un ange. Alors ils se sentent intérieurement trahit d’une certaine
manière par Dieu. Là aussi, avoir ce ressentiment ou ses pensées négatives
témoignent de la cécité du croyant ; il ne voit plus le monde avec les
yeux de Dieu mais il juge son prochain sans la sagesse divine, par de faux
jugements.
Alors je
dirais ceci : Dieu a déjà prévenu tout croyant (quelque soit sa situation
et son temps), qu’ils auraient des relations toxiques. Judas Iscariote en est
le premier symbole. Jésus lui-même est trahit par un de ses proches. La
question est : pourquoi l’a-t-il choisi, alors qu’il savait qu’il le
trahirait ?
C’est pour
nous montrer que le traitre exerce une mission auprès du disciple sans qu’il le
sache. A son insu, il permet à l’homme pieu de réaliser sa mission.
Ensuite,
Dieu prévient aussi ses disciples : « Vous serez livrés même par vos parents, par vos frères, par
vos proches et par vos amis, et ils feront mourir plusieurs d'entre vous » (Luc 21 :16)
Si comme
le dit l’Ecriture « tout concoure au
bien de celui qui aime Dieu », eh bien, celle ou celui qui a le
regard de Dieu, voit dans son prochain qui vient de le trahir, non pas un
ennemi mais la bénédiction de Dieu. Or, cette confirmation de l’évangile de
Luc, n’apparait pas facilement comme une bénédiction… (Vous serez livrés, ils
vous feront mourir) et pourtant, pour le disciple la trahison est une couronne
de gloire à venir.
Le traitre le bénit en lui permettant
d’aller au bout de sa mission, comme Judas l’a fait pour Jésus.
Alors, je sais certains diront mais quelle mission, je n’en
ai reçu à présent aucune ?
C’est souvent à ce moment là, dans le feu de l’épreuve que
nous recevons notre mission.
Le proche, en étant même impur, permet au
disciple d’atteindre une piété supérieure. En cela le mal procure un bénéfice
plus élevé pour celui qui agit selon la justice divine. Tout comme la nature qui
nous révèle ses secrets. L’ivraie favorise la protection et la croissance du
bon grain.
Joseph,
fils d’Israël, après avoir été trahit par ses frères qui le vendirent comme
esclave, dira : « Vous
aviez médité de me faire du mal: Dieu l'a changé en bien, pour accomplir ce qui
arrive aujourd'hui, pour sauver la vie à un peuple nombreux. » (Genèse 50 :20).
Donc, parfois vouloir empêcher qu’une relation s’installe
entre plusieurs personnes a des conséquences qu’on ne peut imaginer. Vous
pensez faire une bonne action en interdisant une fréquentation, alors que votre
veto empêche le salut d’un grand nombre d’âmes. En cela Jésus nous a prévenus
des conséquences d’une telle division : « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites! Parce que vous
fermez aux hommes le royaume des cieux; vous n'y entrez pas vous-mêmes,
et vous n'y laissez pas entrer ceux qui veulent entrer » (Matthieu 23 :13).
C’est sa propre hypocrisie qui est mis en
cause, ici. Juger et interdire une relation place le donneur de leçons au même
niveau qu’un tartuffe. Le fait de s’opposer violemment à une relation montre que
l’on se bat avec ses propres péchés. Un combat qui se termine par une défaite.
Et par conséquent, une grâce divine qui échappe complètement à celui qui condamne
et qui divise.
Pour
résumer : Dieu place sur notre chemin des personnes inattendues qui aident
à nous construire, mais aussi des personnes qui vont nous blesser et nous faire
douter. Pourtant, dans sa sagesse, chacune a un rôle : l’une nous enseigne la
fidélité, l’autre nous enseigne la persévérance ; l’une nourrit notre foi, l’autre l’éprouve pour la purifier.
Ton
prochain, c’est celui qui partage ta foi, et aussi celui que tu crois avoir
choisis.
Mais avant tout, c’est celui que Dieu
place devant toi, pour être aimé, pour que tu sois son serviteur et que lui
aussi soit le tien.
Au
lieu de juger rapidement, apprenons à demander :
« Seigneur, que veux-tu
m’enseigner à travers cette nouvelle relation ? »
Car le
regard de Dieu transforme tout :
la relation improbable devient alliance,
la relation difficile devient purification,
la trahison devient mission,
et celui que nous croyions impur devient, peut-être, malgré lui un instrument
de salut.
Amen



