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Par Éric
Ruiz
LA COMPARAISON
Dieu aime nous faire comprendre la vérité par la comparaison. Nombre de fois où Jésus commence sa phrase par « le royaume des cieux est semblable à… ».
Les paraboles sont de façon systématique l’occasion à la comparaison. Nous venons de le voir aussi la semaine dernière avec la comparaison des païens avec les disciples. « En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, ». Nous l’avons vu aussi avec les religieux. » Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, ».
La prière du notre Père montre le but de cette comparaison.
« Que ton nom soit sanctifié ».
Dieu sanctifie son nom par la comparaison. Sanctifier
c’est un verbe d’action qui consiste à amener à la pureté, en mettant à part, en
séparant, en dissociant ou encore en plaçant ce qui est saint dans un lieu
différent de ce qui est profane.
Eh bien pour la sagesse, Dieu utilise la même stratégie
qu’avec le royaume terrestre et le royaume des cieux, comme avec les païens ou avec
les hypocrites, il sanctifie ce qui lui
ressemble, en écartant ce qui ne lui ressemble pas. Par exemple : les païens s’inquiètent de
ce que sera leur lendemain, alors Dieu sanctifie l’absence d’inquiétude de ses
enfants obéissants. Des religieux montrent leur hypocrisie, alors nous sanctifions le nom de Dieu en étant sans
masque, transparent par nos paroles et par nos actes. La
sagesse c’est la puissance de Dieu. Et nous savons que l’ennemi s’est attaqué à
cette puissance, en imposant une fausse sagesse. Une sagesse qui ne cesse de
vouloir cacher ce qu’elle est. Alors, pour expliquer la sagesse qui vient d’en
haut, Dieu nous montre celle d’en bas : la sagesse du peuple, plus
généralement celle que tout être humain cherche par sa nature au travers de ce
qu’il est.
Maintenant pour la
sagesse, c’est à travers le Saint-Esprit que Jésus va nous donner cette
comparaison. A travers le Saint-Esprit qui anime Jacques, le disciple. Dans son
épitre au 3ème chapitre, Jacques pose la question à ses frères qui se livrent à
une convoitise pour prendre la place d’enseignant, (comme si enseigner
serait le graal de la sainteté). Et Jacques exhorte chacun à veiller sur sa
langue, à la contrôler ; Jacques pose la question suivante: « Lequel d'entre vous est sage et intelligent? « qu’il le montre par
sa bonne conduite, avec « la
douceur de la sagesse ». Et il enchaine sur la
comparaison : « La sagesse d'en haut est premièrement pure, ensuite
pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits, (Et
là il montre l’autre facette de la sagesse)
exempte de duplicité, d'hypocrisie. »
(Jacques 3 :17).
LA SAGESSE HUMAINE : LA PARTIALITE
Sans qu’il ait besoin de le formuler directement, la
sagesse humaine apparait clairement dans ce verset 17: N’est-ce pas celle
qui est pleine de duplicité et d’hypocrisie ? La traduction Louis Segond ,
elle s’arrête sur un synonyme d’hypocrisie, la duplicité (le caractère de ce
qui est double, qui joue double jeu).
Or d’autres versions comme celle de Darby, Ostervald, Semeur,
la Liturgique ou encore la dernière version Segond révisée préfèrent le mot « partialité » à
celui de duplicité. Un mot très différent qui est plus proche du grec littéral.
La
sagesse humaine est pleine de partialité et de dissimulation.
La partialité :
c’est d’emblée favoriser un camp plutôt que l’autre. Et c’est favoriser ce camp
par intérêt. Ce type de choix qui inclus le favoritisme est injuste, parce
qu’il sert un intérêt.
Cette sagesse-là saute aux yeux à notre époque où les
politiques, les élites, les savants, les décideurs servent un double intérêt et
…justement parce qu’il existe un conflit
d’intérêt, la vérité est bafouée.
Pourtant en ce qui concerne la foi, j’entends beaucoup de
chrétiens proclamer leur impartialité. Dieu les as rendu justes et objectifs. Ils
sont équitables dans leur jugement, ils ne tolèrent aucune discrimination. Ils
ne portent personne en aversion. Sont-ils aussi saints qu’ils le
prétendent ? Car nous l’avons vu avec Tartuffe ou les païens, beaucoup
trop abusent de leur statut de croyants pour opprimer ou combien font de
différences dans la pratique entre païens et eux-mêmes, et aussi entre
chrétiens et chrétiens ?
LA SAGESSE HUMAINE : LA GUERRE
Alors en voyant tout ce que possède la sagesse divine ;
nous savons par opposition ce que la sagesse humaine n’est pas.
Première chose : la
sagesse d’en haut est pacifique. La sagesse humaine n’est pas pacifique, elle
est guerrière.
Et Jacques met en garde aussitôt ses frères qui souhaitent
enseigner : « si vous
avez dans votre cœur un zèle amer et un esprit de dispute,…ne mentez pas contre
la vérité » Jacques 3 :14
Certes nous avons combien d’exemples d’élites ou de
prédicateurs de la foi, qui ne cessent de parler de paix. Ils ont ce mot collé
à leur bouche comme un slogan. Et ils en parlent si bien, avec une éloquence
qui trouble et qui séduit. Mais leurs mots sont-ils forcément exempts de
partialité et d’hypocrisie ?
C’est
la guerre, par un esprit de dispute que beaucoup cachent dans leur cœur. Ils
gardent un zèle amer, c’est-à-dire qu’ils gardent un enthousiasme, un dévouement
pour les autres avec en toile de fond, des regrets, de l’amertume, des échecs
mal digérés, de l’ingratitude, une absence de pardon.
Jacques le dit de la sorte. « D'où
viennent vos luttes, et d'où viennent vos querelles? N'est-ce pas de vos
passions qui combattent dans vos membres? 2Vous convoitez, et vous ne possédez
pas. ».
La frustration est à la base de cette guerre. Et cette
guerre est d’autant plus perceptible que les mots choisis dans le verset de Jacques
sont loin d’aller avec un esprit de dispute puisqu’il évoque un esprit de
douceur « modéré, conciliant, miséricordieux ».
La sagesse d’en haut est pure. Ce qui signifie que celle de
l’homme, parce qu’elle est impure, ne peut supporter très longtemps la
modération comme la conciliance.
D’ailleurs la
conciliance c’est quoi ?
C’est rechercher un accord, c’est trouver un moyen pour se
rapprocher de l’autre, trouver un terrain d’entente. C’est même chercher à
rendre compatible des choses, des âmes qui semblent complètement contraires ou
opposées. Par exemple concilier un membre de sa famille absolument réfractaire à
Dieu avec soi et sa foi. Une relation qui parait impossible …et pourtant Dieu
nous incite à agir avec sa sagesse, en trouvant des terrains d’entente avec les
païens.
Eh bien cette attitude échappe complètement à la sagesse
humaine qui plutôt que concilier cherche à imposer, à persuader, à faire
changer d’avis et à se séparer de l’autre si l’accord ne va pas dans son sens.
L’homme qui a la connaissance cherche à convaincre ou à
nier l’opposant. Il se bat pour ses idées. Il monte au créneau face aux contredisants.
C’est le cavalier du 1er
sceau de l’Apocalypse. Il monte un cheval blanc avec un arc pour aller vaincre
et pour gagner. Il cherche à remporter une victoire grâce à sa connaissance
supérieure. Ce cavalier rassemble des
partisans. Ceux-là se battront à leur tour pour gagner.
Les choses pourraient s’arrêter là et le mal stopper sa
progression. Mais la sagesse humaine possède d’autres cavaliers. Et des
combattants plus cruels que le premier. Le cavalier qui succède au cheval blanc
possède un cheval rouge. Il a le pouvoir d’enlever la paix sur la terre. Puis
vient le cavalier noir qui ivre de sa connaissance change les termes de la
Parole divine pour que son salut et le salut de ceux qui galopent à ses côtés
leur coute moins cher ; Et pour finir apparait le cavalier verdâtre semant
la mort avec lui.
Or, Changement de décor, la sagesse d’en haut ne montre plus de cheval, plus de course effrénée à la gloire ; mais elle montre un ânon marchant au pas et qui porte sur son dos un homme humble et paisible. Cet homme rentre dans la ville pour aller aimer, soutenir, concilier à travers la douceur de ses propos et de ses actes. Jésus entrant dans Jérusalem est assis sur le petit d’une ânesse avec ses intentions là. Sa sagesse n’a rien à conquérir. Pas de couronne d’or à avoir sur la tête. Pas de quoi attirer les regards, ni à engendrer des bouleversements et des révolutions. Et pourtant c’est ainsi que les plus grands changements intérieurs se font : dans l’humilité et la douceur.
LE DON DE LA SAGESSE
Mais comme le
souligne Jacques « La source fait-elle jaillir par la
même ouverture l'eau douce et l'eau amère?....De l'eau salée ne peut pas non
plus produire de l'eau douce » (Jacques 3 :11-12). La comparaison
entre ces deux eaux (douce et amère) ne montre-t-elle pas une sanctification
déjà faite ? Alors à quoi peut bien servir cette comparaison entre la
sagesse d’en haut et celle d’en bas, sachant que celle d’en haut n’est pas une
compétence à acquérir, mais un don qui vient du ciel. Soit on l’a… soit on en
est dépourvu.
Chercher par ses propres force à faire jaillir de sa bouche
une eau douce en étant impartial, miséricordieux, modéré, pacifique, ou encore conciliant…ça
va un temps. Le tartuffe ne peut que tricher un temps… Car l’eau sera de toute
façon une eau amère même en imitant à la perfection l’eau douce. Seul Dieu
change notre source. C’est lui le donateur.
LE VOLEUR DE SAGESSE
Oui, comme le don de la grâce, Dieu nous donne sa sagesse au
départ, mais comme tout ce qu’il nous donne, si on ne veille pas, l’ennemi
vient voler ce que l’on avait et on se retrouve avec ses anciens principes et sa
morale chrétienne de plus en plus dure, de plus en plus légaliste pour cacher
sa culpabilité.
Si nous avions tout s’en risque de perte, alors veiller et prier ne serviraient à rien. Or, le diable
est venu pour nous reprendre ce que Dieu nous a légué.
Et revenons à la comparaison du départ, mais ici en
comparant le voleur au bon berger divin.
« Le voleur ne vient que pour
dérober, égorger et détruire; moi, je suis venu afin que les brebis aient la
vie, et qu'elles soient dans l'abondance. »
(Jean 10 :10)
Si nous gardons notre foi comme un berger scrupuleux et
aimant qui veille sur son troupeau ou comme une sentinelle, ce soldat qui fait
le guet et qui veille sur son domaine du haut de ses remparts, rien ne peut
nous nuire.
Juda Iscariote n’a pas voulu veiller. Ses sentiments humains ont pris le dessus. Le
diable lui a volé sa sagesse. « vous êtes meurtriers et envieux, et vous ne pouvez pas
obtenir; vous avez des querelles et des luttes, et vous ne possédez pas, parce
que vous ne demandez pas. 3Vous demandez, et vous ne recevez
pas, parce que vous demandez mal, dans le but de satisfaire vos passions ». (Jacques 4 :2-3)
Les propos de Jacques dans son épitre montent
d’un ton au 4ème chapitre. Il ne parle plus de bouche à brider, ni d’une source d’eau différente mais il
hausse la voix « adultères que vous êtres ! », Il parle alors d’un esprit
meurtrier qui cherchent à se satisfaire charnellement par tous les moyens. Il a
en face de lui des frères qui n’ont plus la sagesse d’en haut. Ils se sont
livrés malgré eux au diable. Jacques leur dit d’ailleurs « Soumettez-vous donc à Dieu; résistez au diable, et il fuira
loin de vous. » et son exhortation prend elle aussi un ton
beaucoup plus grave et urgent : « Nettoyez vos mains, pécheurs; purifiez vos cœurs, hommes
irrésolus. 9Sentez votre misère; soyez dans le
deuil et dans les larmes… Humiliez-vous devant le
Seigneur, ».
Perdre
la puissance de Dieu se traduit par une soumission au diable. Et
qui sait vers quelle destinée meurtrière cette folie peut nous entrainer. Il y
a 4 cavaliers et 4 montures de plus en plus meurtrières qui se succèdent dans
le sixième chapitre de l’Apocalypse.
Une fois que la source d’eau douce s’est tarie, c’est la
source d’eau amère qui reprend vit. Et Dieu ne redonnera pas deux fois une
nouvelle source d’eau douce.
CONCLUSION
Alors pour garder la sagesse donnée par grâce, cette source
d’eau douce ; pour faire en sorte qu’elle ne se tarit pas, usons de zèle,
mais d’un zèle ardent comparé au zèle amer. Notre Dieu a préparé une place au
ciel pour celle ou celui qui est l’exception. Et l’exception rime avec la
persévérance à rejeter toute partialité et hypocrisie. N’arrêtons pas de prier
et de veiller et ne cessons pas les comparaisons. Comparons notre sagesse avec
celle qui vient d’en haut pour savoir si elle vient toujours du créateur;
Comparons notre royaume au royaume de Dieu pour savoir si nous sommes toujours
un serviteur bon et fidèle… Enfin, comparons pour garder les yeux ouverts sur ce
que nous sommes et pour sanctifier le nom de notre Seigneur Jésus-Christ. Et
pouvoir prier : Que ton nom est
sanctifié. Et que ton règne s’établisse.
Amen