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Par Eric Ruiz
LES
FAUSSES CERTITUDES
Ce qui frappe dans beaucoup de prêches, c’est cette tendance à nous présenter la foi comme une suite de certitude.
« Crois en Jésus-Christ et tu seras en sécurité sur un chemin de grâce et de bénédiction ! Dieu t’a choisi. Tu es appelé, tu es mis à part, tu es déjà victorieux. Dieu a déjà tracé ton chemin. Il suffit de marcher dans Ses pas, et rien ne pourra t’arrêter. Ce que Dieu a promis sur ta vie, rien ni personne ne peut l’empêcher. Ta destinée est scellée dans le ciel. »
La foi,
ainsi conçue, nous installe dans l’assurance d’une destinée des plus heureuses, Un destin où le mal est déjà
réduit au silence et où le bien règne derrière ses remparts. La foi nous donnerait la garantie
d’un bonheur sans efforts sur les événements à venir.
En est-il réellement ainsi ?
Dieu nous
aurait-il fait renaître ici-bas pour nous engager sur les rails de la foi, vers
une destinée parfaite et prédéterminée ? Un destin que les païens et les incroyants
regarderaient avec envie et jalousie, tant il paraît jonché de pétales de roses. Une épouse sanctifiée
par Dieu, protégée sous un dôme de verre, image d’une pureté inviolable.
Ce type
de prophétie, trop souvent entendu, va à l’encontre de la foi.
Pourquoi alors émettre de telles fausses prophéties ?
Parce que les prédicateurs ont peur. Ils ont peur que leur
assistance leur échappe ; peur qu’elle se détourne de l’Eglise parce que
des membres y sont fortement éprouvés ; Si bien qu’ils leur présente un
Evangile séduisant où Dieu fait tomber leurs adversaires, où il aplanît leur
sentier, où Dieu empêche au croyant de trébucher. Il y a toujours cette
doctrine qui consiste à enlever le croyant quand tout prend feu, ou à ce que Dieu
le porte pour qu’il ne se brûle pas les pieds.
« Tu seras la tête et non
la queue. C’est toi qui relèveras les
autres » lui dit-on.
La foi est facile quand tout va bien, quand on est à la tête. La
confiance en Dieu est un miel doux lorsqu’elle ne demande pas de combat.
Or, la foi ne serait-elle pas plutôt la capacité à faire
confiance (justement) alors que notre avenir semble incertain, qu’il prend même
une tournure désastreuse ; alors que tout semble s’écrouler autour de
nous, alors que même ce que nous avons cru comme vrai n’était en réalité qu’un
échafaudage de mensonges. Bref, c’est un avenir qui rendrait n’importe quel autre
humain craintif, angoissé et terrifié face au mal qui le touche.
Dieu, c’est vrai nous fait plein de promesses. Mais il ne
nous promet pas une vie sans adversaire, sans ennemi, sans combat et sans
souffrance. Au contraire il nous informe que des temps seront difficiles, que
des trahisons se feront parmi nos proches, que parfois le découragement et la
lassitude pourront nous abattre.
Prenez courage car la foi se forge
dans l’incertitude
Mais, Le Dieu Sauveur nous dit deux mots essentiels :
« Prenez courage ! »
Dans Jean 16 :33 Jésus nous dit : « Je vous ai dit ces choses, afin que
vous ayez la paix en moi. Vous aurez des tribulations dans le monde; mais prenez courage, j'ai vaincu le monde. ».
Dans le livre des Actes 23 :11, Dieu apparait à Paul
pour le fortifier, l’incitant à prendre courage, car lui dit-il : « tu
vas aller témoigner de moi à Rome comme tu l’as fait à Jérusalem ». Alors
apparemment sa mission ne va pas être facile et sans embûches. Paul va c’est
certain rencontrer une très vive opposition et des combats qu’aucun chrétien
aujourd’hui souhaiterait traverser.
Le texte
biblique rapporte que, aussitôt, de fausses accusations furent portées contre
lui. Un complot d’une quarantaine de Juifs se forma, et un guet-apens fut
organisé pour le lyncher en public. Paul fut sauvé in extremis par un
commandant romain. Il fut ensuite transféré à Césarée, où il demeura deux
années en prison. Il comparut pour un interrogatoire devant le gouverneur
Félix, puis Festus, et enfin le roi Agrippa.
Lorsqu’il
embarqua sur un navire en direction de l’Italie afin d’y rencontrer César, une
violente tempête de plusieurs jours mit en péril sa vie ainsi que celle de
l’équipage. Miraculeusement, il échappa au naufrage et, arrivé sur l’île de
Malte, il fut mordu par une vipère (mais sans aucune conséquence). Enfin, il
atteignit Rome, où il put témoigner de sa foi.
A travers ces récits, Jésus ne nous dit pas autre chose que,
tout dans ce monde va aller dans le même sens : celui de te faire perdre ta paix et ainsi d’ébranler ta foi. Car le monde
est ennemi de la foi. C’est un ennemi redoutable. Mais Dieu nous demande de
prendre courage dans les tribulations, car au bout du compte en lui seul est
notre victoire. La seule certitude que
nous avons est cette victoire finale, pas parce que nous le méritons, mais
parce que cette victoire c’est la sienne. Et il veut que sa victoire soit la
notre aussi.
Alors cette promesse de victoire ne satisfait pas grand monde
dans les faits. Elle est si éloignée de nos préoccupations parce que dans ce
combat le temps est aussi un ennemi redoutable. Des questions nous rattrapent. Dans combien de temps
aurai-je ma victoire ? Elle tarde tellement à venir. Cela fait des années
que je l’attends. Elle est si longue à venir. Dieu m’aurait-il oublié ?
Ces plans sont-ils toujours pour moi ?
Pourquoi suis-je encore en retrais et non sur cette ligne
des vainqueurs ?
La réponse c’est lui seul qui l’a détient. Mais le temps
est une vertu. Une vertu qui doit nous amener à aller plus haut.
Car, si nous connaissons le plan qu’il a conçu de toute
éternité pour sa bien-aimée alors nous ne sommes pas surpris de ce qui nous
arrive. Etre déstabilisé, être malmené,
violenté ou se voir rendu vulnérable au point parfois de frôler la mort, être
troublé par une situation imprévue, c’est plus que de simples épreuves, c’est un statut de disciple.
La marche
du disciple est jonchée d’incertitude, et d’aléas en tout genre. L’aventure chrétienne c’est une confrontation
avec trois choses : l’inattendu, le risque et la découverte. Et puis, nous,
disciples, sommes une pierre précieuse pour notre Seigneur. Cette pierre doit
être polie, artistement travaillée pour que sa valeur augmente. L’apôtre Paul
en avait plus que conscience :
« …ne perdons pas courage. Et si notre homme
extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour. »(
2 Corinthiens 4 :16)
Le plan divin est rien d’autres que de nous amener à la
stature parfaite de Jésus-Christ.
SON
PLAN EST DE NOUS CONSTRUIRE UNE FOI INEBRANLABLE
Et comment acquérir ce genre de foi ? Est-ce une
capacité que certains ont plus que d’autres ? Une onction spéciale plus
forte que le Saint-Esprit ? Non….Ou alors cela demande t-il de bien
connaitre sa Bible et de la lire souvent, d’en suivre un plan bien précis, de la méditer pour apprendre les promesses de
Dieu et de s’en souvenir en toute occasion ? NON PLUS…
Ou la la,
une foi inébranlable est une foi ….qui a été secouée, mise à rude épreuve.
Cette foi s’est trouvée au bord du précipice, elle a fleuretée avec l’abîme,
elle s’est vue en grave danger. C’est l’épreuve du feu auquel doit être
confrontée la foi de chacun.
*Pour le prophète Jérémie, Dieu lui a fait cette promesse
qu’il nous fait à nous aussi disciple : « Je te rendrai pour ce peuple comme
une forte muraille d'airain; Ils te
feront la guerre, mais ils ne te vaincront pas; Car je serai avec toi pour
te sauver et te délivrer, Dit l'Eternel. ».
Ils te feront la guerre. Cela signifie que tu peux subir des
maltraitances, tu peux être blessé, emprisonné, rendu esclave, assujetti à des mercenaires,
mais au bout du compte Dieu te sauvera. Comme je le disais auparavant, Dieu te
laisse entrer en guerre. Il te laisse te confronter à de puissants ennemis.
Mais l’ennemi se cassera les dents contre la muraille invisible que Dieu aura
formée, car c’est dans ta faiblesse, là où tu es fragile que Dieu viendra te
sauver et te délivrer. Sa promesse concerne l’issu finale de ton combat. En
aucun cas il viendra combattre à ta place. Il combattra avec toi, à tes côtés. Mais
quand il jugera le moment favorable, il te délivrera.
Alors n’attendez pas un miracle ou un prodige unique pour acquérir cette foi inébranlable. Cette puissance ne s’acquerra jamais en chassant le diable une fois, c’est de l’avoir regardé en face maintes et maintes fois et avoir résister à tous ses pièges. 1 Pierre 5:9 : « Résistez-lui (au diable) avec une foi inébranlable, sachant que les mêmes souffrances sont imposées à vos frères et sœurs dans le monde ». Et résister aux pièges du diable c’est se confronter inévitablement à des souffrances. Des souffrances qui n’arrivent pas par hasard une seule fois dans notre vie. Elles arrivent autant de fois que Dieu le permet. Elles sont imposées à tous les frères dans le monde nous dit Pierre dans sa première épitre.
Mais ne surestimons pas nos afflictions, car elles sont
néanmoins légères. Légères parce que Dieu est notre compagnon dans l’épreuve ;
légères si on les compare aux résultats que Dieu obtiendra avec notre travail.
Oui, c’est un travail très rémunérateur, et pourquoi ? Parce que la foi
inébranlable fait référence à une couronne divine : la couronne de gloire.
Avec une telle foi voilà ce que nous obtenons : « Car
nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au delà de
toute mesure, un poids éternel de
gloire, ».
La Bible est remplie de ce genre de témoignage. Nos pères
dans la foi ont vécu des tribulations fortes, parfois à la limite du soutenable.
Mais Christ était présent. Il était là pour qu’à la fin sa gloire éclate au
milieu des épreuves. A chaque fois, il a secouru et triomphé avec celui qui lui
était agréable.
Mais l’apôtre Paul dit la chose suivante aux Ephésiens (Ephésiens 3:13) « Aussi
je vous demande de ne pas perdre courage à cause de mes tribulations
pour vous: elles sont votre gloire ». Dans le corps de Christ
l’épreuve ne touche pas uniquement celui qui l’a vit en premier. Elle touche
par ricochet les autres frères. Paul demande à ses frères de garder courage et
foi à cause de ce qu’il vit. Il sait qu’il est perçu comme un modèle et Dieu
éprouve ce modèle pour que la foi des autres grandisse aussi. Alors que les
épreuves de Paul déstabilisent leur foi pour un temps, c’est normal. Et si des disciples sont des modèles pour toi aujourd’hui,
toi aussi prends courage, leur épreuve est aussi la tienne.
Mais la leçon à retenir : c’est que loin de nous décourager, l’incertitude et le risque devient le lieu où Dieu nous façonne. Les tribulations ne nous disqualifient pas : elles nous construisent. Dieu nous donne la grâce de tenir ferme au cœur même de la tempête.
Alors la
foi inébranlable ne s’acquiert pas instantanément comme par magie. La véritable foi n’est pas
l’assurance d’un avenir radieux, mais la capacité à tenir debout quand tout
chancelle. Elle suit des degrés. Un cheminement propre à
chacun.
Trop
souvent un croyant qui est enclin à douter, qui est déstabilisé, qui se pose
des questions est jugé comme un croyant tiède qui a peu de foi. Mais, n’est-ce
pas juger trop précipitamment. Ce disciple n’est-il pas plutôt dans une phase
d’évolution qui va l’amener à manifester une foi inébranlable ? Alors, plutôt
que de voir les faiblesses des uns et des autres, nous devrions discerner
qu’elles servent à leur édification. Et que Dieu travaille là où il y a la peur,
l’incertitude, le danger, la perte de contrôle. Le fait de plier sous le poids
des problèmes n’est pas un échec, ni une capitulation, mais juste une
conséquence, une apparence. Car à la fin, la foi révèle de quel côté est la
victoire. Pour l’apôtre Paul, les complots, les guet-apens, les procès, la
prison, la tempête, le naufrage ou les serpents n’ont pas eu raison de lui.
Paul a accomplit l’œuvre du Saint-Esprit partout
au milieu des tribulations. C’est de cette façon qu’il partageait la
gloire de Dieu. Sa foi était inébranlable.
Amen
